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4.7.3 La place de la recherche

Dans les institutions de niveau tertiaire, la recherche occupe une place importante, dans le cahier des charges des professeurs et formateurs, ainsi qu’au niveau des cours. De plus, les étudiants doivent être sensibilisés à la conduite de recherches :

Une formation de niveau tertiaire se caractérise également par le souci de présenter aux étudiants les résultats de la recherche dans le domaine étudié. L'éducation n'y fait pas exception et un des enjeux essentiels de la formation des enseignants repose sur la nécessité d'intégrer les acquis de la recherche en sciences de l'éducation. (Documents HEP VD, sous-commission des études, principes de formation du plan d’études, 2007)

4.8 Des processus de professionnalisation et de tertiarisation en marche

« La préparation de l’instituteur est une préparation professionnelle, qui ne peut se faire dans n’importe quel établissement. Partout, on revient des sections pédagogiques et du mélange des programmes, pour organiser des Ecoles normales pures avec un caractère nettement professionnel. » François Guex, directeur des Ecoles normales vaudoises, 1900 (cité dans Une Ecole pour l’école, 1983, p. 122)

Dans cette partie, nous souhaitons mettre l’accent sur le processus qui conduit à une progressive tertiarisation / universitarisation de la formation des enseignants primaires dans la canton de Vaud. Pour ce faire, nous reprenons quelques moments-clés des EN et plus particulièrement de leur remise en cause.

L’universitarisation de la formation des enseignants – et la professionnalisation – sont, en fait, issus d’un long processus entamé au XIXème siècle. Durant ce siècle, de nombreuses voix s’élèvent dans plusieurs cantons suisses pour demander une élévation du statut professionnel des enseignants. Ainsi, différents acteurs des systèmes éducatifs « soutiennent les revendications visant à professionnaliser l’enseignement primaire au travers d’une formation

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de plus longue durée et de plus haut niveau qui permettraient un meilleur statut social et salarial. » (Lussi & Criblez, 2007, p. 247).

Citons à ce titre le canton de Genève qui dès les années 1870 connaît une importante effervescence pédagogique et la création d’une chaire de pédagogie à l’Université.

L’universitarisation progressive de la profession enseignante est alors liée au développement et à la reconnaissance des sciences de l’éducation :

Contrairement aux autres cantons suisses et à la plupart des pays européens, la discipline sciences de l’éducation connaît à Genève dès les années 1930 une institutionnalisation universitaire relativement avancée, tout comme la formation des enseignants primaires s’instaure à un niveau particulièrement élevé de semi-universitarisation. (Hofstetter & Schneuwly, 2000, p. 291)

A la fin du XIXème siècle, les débats sont aussi vifs dans le canton de Vaud. L’Ecole normale, créée en 1833, est critiquée par la Société pédagogique vaudoise (SPV). Comme l’indique Lussi Borer (2008) :

L’Ecole normale est sous le feu de critiques qui tournent autour de l’isolement intellectuel et moral dans lequel sont tenus les futurs instituteurs, ce qui les empêcherait d’acquérir une instruction satisfaisante. Par ailleurs, on reproche aux études de viser surtout l’amélioration de la culture générale de base et de n’offrir qu’une formation pédagogique restreinte. (p. 226)

En 1888, « les instituteurs remettent en question le principe de l’Ecole normale, en proposant d’inscrire la formation des instituteurs au sein d’une section pédagogique de niveau gymnasial, voire de la compléter par des enseignements académiques. » (Cicchini & Lussi, 2007, p. 74)

En outre, il est intéressant de mettre en lien ce débat sur les EN avec le débat qui agite l’Université de Lausanne et, plus particulièrement, la Faculté des Lettres relativement à la place de la pédagogie et de son enseignement. En effet, en 1890, « le DIPC prône l’adjonction de la pédagogie aux objets d’études de la Faculté (…) Sans consulter la Faculté des Lettres, le DIPC nomme François Guex professeur extraordinaire de pédagogie, lequel est au même moment chargé de la Direction de l’Ecole normale. » (Cicchini & Lussi, 2007,

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p. 75). Peu à peu, la chaire de pédagogie se structure et la discipline s’institutionnalise. De plus, les étudiants désirant enseigner dans l’enseignement secondaire sont tenus de suivre ces cours professionnalisant, ce qui n’est pas vu d’un bon œil par les Facultés, qui perdent de leur autonomie (d’après Cicchini & Lussi, 2007). En 1917, la chaire de pédagogie devient « la Section de pédagogie ». Celle-ci est détachée de la Faculté des Lettres et est rattachée à l’Ecole des sciences sociales et politiques. Cependant, cette nouvelle Section crée des tensions : « sa constitution bouscule des prérogatives disciplinaires que les différentes Facultés ne sont pas prêtes d’abandonner. » (Cicchini & Lussi, 2007, p. 81).

Malgré les réticences de l’Université de Lausanne face à l’institutionnalisation des sciences de l’éducation, une proposition d’un instituteur vaudois dans les années 1920 alimente le débat sur la formation des « régents » de l’école primaire. Ainsi, « Marcel Chantrens rédige en 1924 un rapport sur « l’école unique » en préconisant une préparation des maîtres primaires par l’Université, et donc l’obligation pour tout candidat à l’enseignement d’obtenir préalablement un baccalauréat. » (Bober, 1989, p. 26). Cette proposition n’est pas prise en compte par le Conseil d’Etat et l’Ecole normale pour la redéfinition des parcours de formation.

Dans les années 1980, un autre rapprochement est envisagé entre la formation des enseignants primaires ou secondaires non universitaires avec l’Université, plus particulièrement entre la Faculté des sciences sociales et politiques et le Centre de perfectionnement et de formation complémentaire des maîtres (CPF). En effet, Bober (1989) critique le cloisonnement des filières et esquisse des solutions quant à des collaborations possibles. Pour ce docteur en sciences sociales et pédagogiques : « il serait opportun d’envisager une collaboration avec la Faculté des sciences sociales et politiques, en particulier dans des disciplines comme la psychologie, la pédagogie ou la sociologie. » (p. 104).

Enfin, la promulgation en 1993 des Thèses sur les HEP (présentées au chapitre 3) accélère le débat sur la formation des enseignants. Il devient en effet nécessaire de tertiariser cette formation. Ainsi, un rapprochement entre les différents Etablissements de formation des maîtres (EFM) et l’Université débute, notamment pour la définition des programmes de formation. Ainsi, certains cours liés aux sciences de l’éducation et aux compléments de connaissance disciplinaire sont dispensés par l’UNIL ou l’EPFL.

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4.9 Une évolution par étape de la nature des établissements