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4.6.4 Les maîtres d’une discipline spéciale : l’obligation d’enseigner une seconde branche

Cette formation, dispensée à l’époque par le SPES, s’adresse aux personnes ayant au préalable étudié, notamment, à l’Ecole cantonale d’arts de Lausanne ou au Conservatoire et qui souhaitent devenir professeur d’arts visuels ou de musique dans les classes du secondaire I et II.

« Pour répondre à une demande affirmée des services employeurs, il est prévu d’élargir le champ d’activités des maîtres enseignant une discipline spéciale par l’offre, souple et individulaisée, d’une formation à une double compétence dans le cadre d’une formation seconde ultérieure. » (Noverraz, 2008, p. 119).

Et Noverraz (2008) d’ajouter : « l’offre d’une seconde option de compétence pour les maîtres d’une discipline spéciale sera transformée par le Grand Conseil en exigence lors de l’examen du projet de loi sur la HEP. » (note n° 164).

Ainsi, tous les étudiants se destinant à enseigner la musique ou les arts visuels, doivent suivre, à l’instar des maîtres semi-généralistes, des compléments académiques dans une autre discipline scolaire, afin de disposer d’une seconde branche d’enseignement. Cette obligation du Grand Conseil a pour conséquence, entre autres, d’augmenter la durée de la formation de cette catégorie d’enseignants.

4.6.5 Quelques difficultés de la HEP version 1

Comme l’indique Perrenoud (2000), « réunir plusieurs institutions sous un même toit n’est pas facile, surtout sans moyen nouveau. » (p. 343). C’est à cette première difficulté que se sont heurtés les concepteurs de la HEP VD. En effet, le Conseil d’Etat ne souhaitait pas allouer un budget plus important à la nouvelle Ecole, alors que ses missions étaient augmentées (notamment pour ce qui concerne la recherche en sciences de l’éducation).

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De plus, le principe voulu par la CDIP avec la création des HEP est celui de l’universitarisation – ou du moins la tertiarisation – des formations enseignantes. Perrenoud (2000) oppose deux formes d’organisation : la scolaire et l’universitaire. Ainsi, il relève :

Si les HEP se développent entièrement du côté de la forme scolaire et dans la dépendance étroite de l’administration, le changement restera limité, le partenariat avec les universités difficile et il faudra remettre le dispositif sur le métier lorsqu’il aura atteint ses limites, notamment dans le cadre de la reconnaissance mutuelle des diplômes à l’échelle européenne. (pp. 345-346)

Revenons un peu en arrière, en 2000, plus précisément. Avant l’ouverture même de la HEP, le problème du transfert et de l’engagement des formateurs de la future institution suscite le débat et la polémique. Pour Roland Rapaz, ancien responsable du BUROFCO :

Toute réforme d’un système scolaire ou d’un système de formation pose la problématique du statut des enseignants. Avec la mise en œuvre de la HEP, le statut et le niveau de formation des formateurs est un des points qui cristallisent de nombreuses tensions. Il était demandé à toutes les personnes postulant à la HEP d’être détentrices d’un doctorat ou d’un titre universitaire. (entretien du 18 février 2010)

Comme l’indique Bober (2002), « le Département décide de mettre au concours tous les postes à repourvoir en HEP » (p. 195), c’est-à-dire que tous les formateurs des Etablissements de formation des maîtres (EFM) perdaient leur emploi. En outre, les personnes souhaitant enseigner en HEP doivent avoir suivi un cursus universitaire ou s’engager à le faire (obtention d’une licence en sciences de l’éducation, par exemple). Les autorités cantonales souhaitent ainsi renouveler en profondeur la formation des enseignants. Cette solution implique la création d’un organe de sélection et d’une charte de transfert. Le DFJ garantit que les formateurs dont « la candidature n’aura pas été retenue seront réorientés vers les établissements scolaires ou ailleurs dans l’administration publique vaudoise. » (Bober, 2002, p. 195).

Cette façon de procéder déplaît aux formateurs des EFM qui se sentent floués et mis de côté.

En outre, la procédure de mise au concours est entâchée de différentes affaires d’irrégularité ou de soupçons de partialité dans les choix opérés par la commission ad hoc et le Chef du

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Service de l’enseignement secondaire supérieur et de la formation (SESSFO) (voir à ce propos, Bober, 2002).

Les premières années de la HEP sont chaotiques. L’organisation interne ne convainc pas, les formateurs ont parfois de la peine à collaborer, les plans d’études et les parcours de formation ne donnent pas satisfaction. Marc-Alain Berberat, ancien Doyen du SPES et directeur adjoint HEP de 2001 à 2002, parle de « refonte au pas de course des plans d’études à la demande du DFJ et à la suite de débats au Grand Conseil. La motion Félix (ndrl : demandant la création d’un stage en responsabilité pour les étudiants de dernière année ; comme c’était le cas au SPES) pousse à restructurer l’organisation de la formation pratique. » (entretien du 17 février 2010).

Aux problèmes organisationnels, d’entente entre les formateurs, de réorganisation des formations, s’ajoute celui de la suspension de la procédure de reconnaissance des diplômes de la HEP par la CDIP en été 2004.

Ainsi, un constat de la Commission de reconnaissance de la CDIP de 2004, relève justement :

« le positionnement légal et réglementaire enferme la HEP dans un rôle d’établissement

« secondaire-plus » sans l’ancrer dans le domaine tertiaire, du fait notamment des contraintes imposées par la LHEP et des attentes des services employeurs. » (Documents HEP VD, sous-commission des études, constats de la CDIP 2004).

En outre, la gouvernance de la HEP « version 1 » n’était pas efficiente. Elle est structurée en 4 sections (avec à leur tête un directeur-adjoint) et 2 secteurs (dirigés par un responsable), placés sous le contrôle du Directeur HEP. C’est également ce que constate la même Commission citée précédemment : « l’organisation actuelle de la HEP rend impossible la bonne intégration des 10 institutions de départ. Elle obère la construction d’une institution dotée d’une approche systématique. » (Documents HEP VD, sous-commission des études, constats de la CDIP 2004).

De plus, « le plan d’études doit être remanié, complété et corrigé. Les apports de chaque module doivent être clarifiés et communiqués de manière transparente. » (Documents HEP VD, sous-commission des études, conditions de la CDIP 2004). La CDIP relève, entre autres, qu’il n’y a pas suffisamment de cohérence entre le référentiel de compétences, les cours et les

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stages, que l’articulation entre la théorie et la pratique n’est pas adéquate et que la recherche n’est pas assez présente dans l’institution.

C’est ainsi qu’en avril 2005, le Conseil d’Etat propose d’abroger la loi sur la HEP et d’entamer une refonte totale de ses structures, en instituant un régime transitoire de trois ans.

Un communiqué de l’Etat de Vaud du 22 avril 2005 précise :

L'ensemble des mesures présentées dans le projet a pour but de permettre à l'institution de continuer ses missions tout en offrant le temps nécessaire à un large débat sur sa refondation complète. Portant tant sur le plan organisationnel que pédagogique, cette refondation doit conférer à la HEP un positionnement fort, permettant au Canton de Vaud de jouer le rôle important qui est le sien dans le domaine de la formation. Par ailleurs, pendant la période de transition, la HEP sera confrontée à d'autres impératifs : obtenir la reconnaissance des titres dès 2006 par la Conférence des Directeurs de l'instruction publique (CDIP) ; mettre en œuvre les changements liés au processus de Bologne ; intégrer l'institution dans le futur paysage des hautes écoles suisses 2008.

A ces exigences s’ajoutent celles du nouveau règlement de reconnaissance de la CDIP, adopté en 2005, qui supprime le titre de maître semi-généraliste autorisé à enseigner dans certaines voies secondaire I.