• Aucun résultat trouvé

Comme mentionnée précédemment, chacune des divisions de la section précédente, à l‘image des disciplines d‘étude, n‘est pas parfaite ni étanche aux autres. Elles nous permettent néanmoins de comprendre que les études de nature politique et juridique par exemple sont plus populaires que celles traitant de la construction de l‘idée de souveraineté, du moins par rapport aux questions arctiques canadiennes. Nous en comprenons aussi que les études en géopolitique traitent des questions de discours et d‘identité nationale de manière similaire à notre recherche, justifiant d‘autant plus l‘utilisation de cette discipline comme nous le verrons plus loin.

Comme nous le verrons dans les paragraphes qui suivent, le concept de construction sociale est présent dans le domaine des sciences sociales, mais très peu, sinon aucune étude ne s‘est attardée à combiner cette idée à la problématique de souveraineté canadienne en Arctique comme nous entendons le faire dans notre étude de cas. Voilà pourquoi nous formulons la question de recherche suivante : Comment le

discours politique du gouvernement du Canada construit-il l’idée de sa souveraineté territoriale sur l’Arctique?

Afin de répondre à cette question, nous allons faire appel à deux disciplines scientifiques dans notre mémoire. Celles qui à notre sens sont les mieux outillées pour accomplir cette tâche sont la science politique et la géographie. Plus précisément, c‘est un sous-champ de la science politique qui nous sera le plus utile, celui des relations internationales. (Forest, Tremblay et al., 2009: 1) Cette première discipline qui nous permettra également de toucher aux questions de politique étrangère presque omniprésentes dans les discours du gouvernement canadien par rapport à l‘Arctique, nous aidera à bien définir les thèmes centraux de notre recherche, soit la construction sociale, la construction de la souveraineté, la souveraineté territoriale, puis le discours.

Le recours à une seule discipline n‘étant pas suffisant à notre avis pour mettre au clair une problématique comme la nôtre, nous nous appuierons également sur une seconde, la géographie. Cette discipline regroupant aussi nombre de sous-champs, ce sera la géopolitique qui nous sera le plus profitable. Il convient ici de comprendre pourquoi. Que l‘on voie la géopolitique comme une « commode contraction » de géographie

politique, ou bien comme une discipline différente de la géographie (Lasserre & Gonon,

2008: 9), force est de constater que le caractère empirique, pragmatique et explicatif de la géopolitique, lequel « permet d‘intégrer de nombreux angles d‘approche dans le cadre d‘une analyse pluridisciplinaire, mariant les géographies physique et humaine, tout en rassemblant géographie, sociologie, sciences politiques, histoire, anthropologie », est tout indiqué pour notre recherche en études internationales. (Lasserre, 2006a: 371) Quelques définitions de la géopolitique seront présentées plus loin dans ce chapitre.

Ainsi, notre problématique de recherche a pour objectif de comprendre le rôle qu‘occupe le discours politique d‘un gouvernement dans l‘édification de l‘idée de souveraineté territoriale et plus spécifiquement par rapport aux discours de souveraineté canadiens sur l‘Arctique. L‘étude de cas servira à évaluer sur quelles bases argumentaires le gouvernement du Canada s‘appuie dans ces discours. L‘analyse qui suivra nous mènera à comprendre les différents facteurs participant à la construction sociale de la souveraineté. Nous y verrons également les autres rôles que pourrait servir le discours politique de souveraineté en Arctique.

La construction de l‘idée de la souveraineté territoriale par le discours politique, notre sujet de recherche tel qu‘annoncé, ne fait pas l‘objet d‘une littérature abondante. L‘idée même de ce sujet semble controversée. En réalité la revue de littérature spécifique à laquelle nous devrons nous livrer sera bidisciplinaire et peut être comprise comme une superposition des différents thèmes qui composent la problématique : construction

sociale, souveraineté territoriale et discours. La prochaine section nous permettra de

faire un survol des concepts clés qui seront au cœur de notre étude, ce qui nous permettra de construire notre cadre analytique.

36 Dans un premier temps, nous allons explorer certaines définitions du concept de

construction sociale, puis de construction de la souveraineté en nous basant sur certaines

grandes lignes de la sociologie contemporaine. Dans un deuxième temps, étant donné l‘importance du concept de souveraineté pour notre recherche, nous la définirons de manière générale du point de vue de la science politique. Cela nous permettra de mieux approcher le concept de souveraineté territoriale tel qu‘apporté par la géopolitique critique. Dans un troisième temps, la notion de discours sera définie et comprise sous l‘angle de la théorie constructiviste des relations internationales.

1.1. Définition de construction sociale et de construction de la

souveraineté

L‘idée maîtresse de ce mémoire réside dans la construction sociale de la souveraineté d‘un État. Le concept de construction sociale est issu d‘un courant de la sociologie contemporaine qui a été popularisé par Peter L. Berger et Thomas Luckmann avec leur ouvrage The Social Construction of Reality. (1966) La réalité sociale selon eux serait construite puis institutionnalisée par les acteurs de la société. Certains concepts avec lesquels les membres d‘une société donnée font face régulièrement, par exemple le gouvernement, la monnaie ou la nationalité seraient en fait des réalités créées, reproduites et maintenues en vie par la société elle-même. La réalité serait donc un processus dynamique et vivant au cours duquel les membres de la société cautionneraient certains éléments élevés au rang de tradition pour l‘ensemble. Il s‘agit là de l‘institutionnalisation et de l‘habitualisation pour Berger et Luckmann, soit le fait de répéter les mêmes actions quotidiennement en les tenant pour acquises (2002: 278) :

[I]t is through the dual processes of habitualization and institutionalization that the systems of meaning and social institutions that human create act back on them as a fixed ―objective reality‖.

Ainsi, de dire que quelque chose est une construction sociale, c‘est de mettre en exergue la relation de dépendance qui existe entre un élément donné de la société et le fait qu‘il existe comme tel puisque la société en a décidé ainsi. Pour Paul A. Boghossian (2001: 1) : ―To say of something that it is socially constructed is to emphasize its dependence on contingent aspects of our social selves.‖ Cette « chose » n‘aurait alors pu

exister si la société ne l‘avait pas créée de cette manière. La même « chose » pourrait vouloir posséder une signification entièrement distincte pour une autre société ayant des valeurs, besoins ou intérêts différents. Le contraste évident exprimant le mieux la construction sociale est celui d‘un objet à l‘état naturel existant indépendamment de la société et où cette dernière n‘a eu aucun rôle à jouer dans sa création, ou dans sa « non- création ». (Boghossian, 2001: 1)

La souveraineté est également un concept qui existe en tant que construction sociale, tout comme celui d‘État par exemple. En effet, et comme nous le verrons dans la section qui suit sur les différentes définitions de la souveraineté, le concept de souveraineté existe parce que la société lui donne un certain sens (Biersteker & Weber, 1996a: 11):

A focus on the social construction of state sovereignty directs us to a consideration of the constitutive relationship between state and sovereignty; the ways the meaning of sovereignty is negotiated out of interactions within intersubjectively identifiable communities; and the variety of ways in which practices construct, reproduce, reconstruct, and deconstruct both state and sovereignty.

Plus encore, ―the practice of granting or withholding sovereign recognition participates in the social construction of territories, populations, and authority claims‖. (Biersteker & Weber, 1996a: 14) C‘est donc également le processus de reconnaissance de la souveraineté par les autres États, essentiel à la légitimité de cette dernière, qui existe comme construction sociale.

Par conséquent, la souveraineté du Canada serait actuellement en pleine construction sociale. D‘une part, c‘est le cas à l‘intérieur du pays où la population canadienne est de plus en plus consciente de la dimension nordique de son identité, de sa nordicité, ou plus simplement, de l‘existence de la portion arctique située à l‘intérieur des frontières du pays. D‘autre part, la souveraineté canadienne comme construction sociale se bâtit également à l‘étranger puisque le discours canadien arctique transcende les frontières du pays et entre en contact avec les discours des autres États arctiques.

C‘est cette idée selon laquelle nombre d‘éléments de la société seraient des constructions sociales qui nous incitent à voir comment la souveraineté peut également

38 être une construction sociale, notamment à travers les discours du gouvernement du Canada. Les définitions de souveraineté étant justement nombreuses, nous allons en explorer plusieurs dans la section qui suit.

1.2. Définitions de la souveraineté

Qu‘elle soit abordée par la science politique, le droit ou la géographie, la souveraineté est un sujet non seulement complexe, mais surtout polémique. Stephen D. Krasner, professeur de relations internationales à l‘Université Stanford, remarque d‘ailleurs que le premier problème auquel nous faisons face en abordant la souveraineté, c‘est son sens même, entre autres parce qu‘il diverge du point de vue du politologue, du juriste ou du sociologue par exemple. (Krasner, 2001: 1) Ensuite, si nous nous en tenons à une seule discipline, prenant l‘exemple de la science politique, Krasner lui-même répertorie quatre types de souveraineté : souveraineté internationale légale, souveraineté westphalienne, souveraineté nationale, et souveraineté indépendante. [Td. a.] (Krasner, 1999: 3) D‘autres comme John A. Agnew, Thomas J. Biersteker et Cynthia Weber, Martin Glassner et Chuck Fahrer, Christopher Rudolph ou Daniel Philpott, ont aussi leurs propres visions de la souveraineté.14

Pour Daniel Philpott, professeur adjoint au Kroc Institute for International Peace

Studies de l‘Université Notre-Dame, il serait utopique de croire à une définition de la

souveraineté. Nonobstant, c‘est précisément en raison de l‘évolution historique complexe du concept de souveraineté depuis le XIIIe siècle que la souveraineté requiert une définition. Malheureusement, la seule définition qui puisse regrouper les différentes significations de la souveraineté qui se sont succédé au fil du temps jusqu‘à aujourd‘hui s‘apparente davantage à un large concept ou encore, à une catégorie philosophique. Ce concept unificateur serait l‘autorité: ―the right to command and correlatively, the right to be obeyed‖. (Philpott, 1995: 354-355) De plus, citant Jean Bodin et Thomas Hobbes,

14 Agnew, J. A. (2005). ―Sovereignty Regimes: Territoriality and State Authority in Contemporary World

Politics‖; Biersteker, T.J. & C. Weber (sous la direction de). (1996). State Sovereignty as Social Construct; Glassner, M. & C. Fahrer (sous la direction de). (2004). Political Geography; Paasi, A (1998). ―Boundaries as social processes: Territoriality in the world of flows‖; Philpott, D. (1995). ―Sovereignty: An Introduction and Brief History‖; Philpott, D. (2001). ―Usurping the Sovereignty of Sovereignty?‖; Rudolph, C. (2005). ―Sovereignty and Territorial Borders in a Global Age‖. (Agnew, 2005; Biersteker & Weber, 1996b; Glassner & Fahrer, 2004; Paasi, 1998; Philpott, 2001; 1995; Rudolph, 2005)

Philpott ajoute que la souveraineté est conférée par une certaine notion de droit recommandant l‘assentiment plutôt que la coercition, comme une sorte de légitimité. Mais cette dernière n‘est rien sans la capacité de l‘exercer. (Philpott, 1995: 355) Un troisième élément de la souveraineté doit cependant s‘additionner à l‘autorité et à la légitimité : la suprématie. Celle-ci implique que le seul détenteur de la souveraineté est celui qui se trouve au-dessus de toutes les autres autorités légitimes d‘un État. Finalement, le dernier ingrédient qui compose la souveraineté serait la territorialité, laquelle accompagne la suprématie. (Philpott, 1995: 356) En une phrase, Daniel Philpott, comme politologue, définit finalement la souveraineté comme ceci : ―supreme legitimate authority within a territory‖. (Philpott, 1995: 357) Pour John A. Agnew, géographe à l‘Université de Californie (UCLA), la souveraineté pourrait se définir de manière similaire : ―the absolute territorial organization of political authority‖. (Agnew, 2005: 439) Notons que dans cette seconde définition, les concepts géographique et politique sont inversés à la faveur de leur discipline respective. Sans vouloir semer le débat entre les deux disciplines, ces deux définitions très semblables renforcent notre motivation de travailler de manière bidisciplinaire.

D‘autre part et d‘un point de vue pratique qui se rapporte à la souveraineté du Canada en Arctique, Franklyn Griffiths, spécialiste des questions arctiques canadiennes, définit la souveraineté dans ces mots (Griffiths, 2008: 3):

Sovereignty is the ability of the State to exercise recognized rights of exclusive jurisdiction within a territorially delimited space. There is a lot packed into these few words. But it comes down to the capacity to do two things: to secure recognition of one‘s rights, and to act on or enact these rights. Recognition and enactment – the latter understood not as legislation but as performance – are interconnected. The more secure the recognition of one‘s rights or claims to exclusive jurisdiction, the more effective their enactment will be; the more potent one‘s ability to act on the same rights or claims, the greater the likelihood they will be acknowledged by others.

Ensuite, pour Martin Glassner et Chuck Fahrer, auteurs de Political Geography, il est généralement accepté que l‘État soit « souverain » ou qu‘il « possède une souveraineté », bien qu‘il n‘y ait pas d‘accord sur ce que la souveraineté elle-même représente. Selon eux, le sens général de souveraineté peut être défini comme étant : ―power over the people of an area unrestrained by laws originating outside the area, or

40 independence completely free of direct external control‖. À leur avis, les nombreuses définitions du concept feraient donc en sorte que les mots souverain et souveraineté devraient toujours être mis entre guillemets. (Glassner & Fahrer, 2004: 32) Michael Ross Fowler et Julie Marie Bunck, auteurs de Law, Power, and the Sovereign State: The

Evolution and Application of the Concept of Sovereignty, abondent dans le même sens

affirmant que la seule signification précise de la souveraineté ne peut qu‘être dérivée du contexte dans lequel on y fait référence. (Fowler & Bunck, 1995: 4) D‘autre part, comme le mentionne James Caporaso du Département de science politique de l‘Université de Washington, malgré l‘existence de nombreuses recherches sur le concept de souveraineté, les progrès en la matière sont entravés par le manque de clarté et d‘accord sur les concepts de base. (Rudolph, 2005: 2) Ce qui en résulte, c‘est l‘incapacité d‘accumuler les efforts qui y sont mis, et donc, l‘incapacité d‘en arriver à une définition.

Le débat sur les définitions de la souveraineté est donc bien vivant. Notre intention n‘étant pas de poursuivre le débat sur la question, lequel pourrait à notre avis facilement être au cœur d‘une problématique de thèse de doctorat, nous allons approcher le concept de souveraineté comme une représentation, une construction, plutôt que comme une fin en-soi. Le fait qu‘il y ait justement un débat sur la signification même de la souveraineté nous encourage à la concevoir comme une construction sociale. L‘ouvrage de Thomas J. Biersteker et de Cynthia Weber, State Sovereignty as a Social

Construct, nous sera d‘ailleurs d‘une grande utilité pour en faire la démonstration

(1996b) :

Traditionally, sovereignty has been characterized as a basic rule of coexistence within the states system, a concept that transcends both ideological differences and the rise and fall of major powers, and it is frequently invoked as an institution that must be both protected and defended. Sovereignty provides the basis in international law for claims for state actions, and its violation is routinely invoked as a justification for the use of force in international relations. (Biersteker & Weber, 1996a: 1)

Voilà pourquoi, dans leurs mots, ces deux auteurs considèrent que la souveraineté est un concept intrinsèquement social. Les revendications de souveraineté des États construisent un environnement dans lequel ils peuvent interagir comme une société internationale d‘États. De plus, la reconnaissance mutuelle des revendications de souveraineté des États est un élément important de la construction même des États.

(Biersteker & Weber, 1996a: 1-2) Par ailleurs, Robert Jackson, auteur de différents ouvrages sur la souveraineté, évoque que peu importe les divergences d‘opinions et les diverses définitions de la souveraineté, elle demeure au cœur des relations internationales et fixe les limites des acteurs qui en font partie, en occurrence les États. (Jackson, 1999: 1) Notre conclusion sur les définitions de la souveraineté serait donc que la souveraineté ne possède pas de définition unique. Il faut plutôt et justement se rabattre sur plusieurs approches et théories pour comprendre la souveraineté et ses différentes facettes. C‘est pourquoi dans la prochaine section nous allons voir les liens unissant la souveraineté et le territoire, tels que proposés par la géopolitique critique.

1.3. La souveraineté territoriale sous l’angle de la géopolitique critique

Dans un premier temps, nous reprenons la description que nous donne Martin Müller de l‘Université de St-Gall (HSG) de la géopolitique, en contraste avec la critical

geopolitics, dans son article ―Reconsidering the Concept of Discourse for the Field of

Critical Geopolitics: Towards Discourse as Language and Practice‖. (Müller, 2008) S‘appuyant sur des chercheurs de renom comme Klaus Dodds, Gearóid Ó Tuathail, John A. Agnew et Simon Dalby, Müller débute sa définition de géopolitique en assumant que : ―classical geopolitical reasoning constructs, administers, and organizes space through language‖, alors que la critical geopolitics cherche plutôt à comprendre la géographie ―as imbued with power and to deconstruct the hegemonic fixations of spatial imaginations associated with it‖. (Müller, 2008: 323) Ainsi, la géopolitique peut être vue comme « un processus de construction de frontières spatiales, politiques et culturelles afin de démarquer l‘espace national ». [Td. a.] (Müller, 2008: 323) Par ailleurs: ―[a]dopting a constructivist perspective, critical geopolitics examines the very construction and social effects of geopolitical imaginations and geopolitical identities − the imaginary spatial positioning of people, regions, states and the shifting boundaries that accompany this positioning‖. En d‘autres mots, tel qu‘avancé par J. P. Sharp, sachant que le discours géopolitique que l‘on associe avec la critical geopolitics crée un lien important entre la notion de pouvoir et d‘espace: ―Strategies of power always require the use of space and, thus, the use of discourses to create particular spatial images, primarily of territory and

42 boundaries in statecraft, is inseparable from the formation and use of power‖. (Müller, 2008: 323)

En somme, la géopolitique critique permet d‘approcher le discours et le langage comme des éléments centraux du territoire, de l‘État et de l‘identité nationale. En ce sens, nous estimons qu‘elle est une discipline nous permettant de comprendre le rôle que peut avoir le discours politique dans la construction de la souveraineté, ou de l‘idée de la souveraineté d‘un État, en occurrence, du Canada. Cette notion de discours ou de langage qui nous permet de concevoir, de nous représenter ou de nous imaginer quelque chose comme une construction sociale, nous amène au rapprochement qui existe entre souveraineté et territoire, lequel nous traduisons par le concept de souveraineté

territoriale.

Faisant suite au concept de souveraineté, lequel est intimement lié à celui de territoire, le concept de territorialité peut également nous aider dans notre réflexion. Tel que défini par Frédéric Lasserre, la « territorialité est le rapport, individuel et collectif, à un territoire, autrement dit, la somme des représentations qui lui sont associées et des pratiques dont il est l‘objet ». (Lasserre & Gonon, 2008: 18-19) De plus, toujours selon Lasserre (2008: 19) :

La territorialité est un concept vaste, englobant, qui synthétise les relations établies entre un acteur et son territoire, relations qui peuvent parfois l‘amener en compétition avec d‘autres acteurs du fait de pratiques antagonisantes ou simplement différentes, ou du fait de représentations divergentes au sujet de ce territoire.

Le concept est en effet vaste. Pour Robert David Sack du Département de Géographie de l'Université de Wisconsin-Madison, la territorialité doit être vue comme étant : ―a spatial strategy which can be employed to affect, influence, or control resources and people, by controlling area‖ (Paasi, 1998: 72), alors que pour John A. Agnew : ―the use of territory for political, social, and economic ends, is widely seen as a largely successful strategy for establishing the exclusive jurisdiction implied by state