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6.1. Résultats pour l’ensemble des propositions

Les 79 discours des représentants du gouvernement du Canada ayant maintenant été analysés, la section qui suit servira à en présenter les résultats.35 Des 135 propositions retenues, 806 termes ont été identifiés. C‘est la base argumentaire identitaire qui compte le plus d‘occurrences, 274 termes (34,00 %), suivi de sécurité & défense avec 250 termes (31,02 %), de économie, 193 termes (23,95 %) et finalement la base argumentaire environnementale avec 89 termes (11,04 %) :

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Tableau 8 – Occurrences totales des bases argumentaires pour les quatre représentants du gouvernement du Canada

En regardant les termes identifiés pour chacun des représentants, on remarque que l‘argument identitaire est plus fort que les trois autres pour tous les représentants, sauf pour le MDN, où l‘argument de sécurité & défense compte pour près de 60 % du total avec 98 termes, contre 26 pour les arguments d‘ordre identitaire, 21 économiques et 21 environnementaux. La base argumentaire économique ne domine chez aucun représentant, mais se situe pour chacun en deuxième ou troisième position. La base argumentaire environnementale est indubitablement la plus faible chez chacun des représentants puisqu‘elle figure au troisième ou dernier rang pour chacun, ne récoltant jamais plus de 20 % des termes chez chacun d‘entre eux et pour le total des quatre représentants, avec seulement 11,04 % des termes identifiés. Finalement, la base argumentaire sécurité & défense domine largement chez le MDN, est très importante chez le MINA (33,93 %) et le PM (25,77 %), mais est au dernier rang chez le MAIN avec seulement 13 termes identifiés (9,56 %) :

Tableau 9 – Occurrences des bases argumentaires pour les quatre représentants du gouvernement du Canada

6.2. Résultats des propositions normales

Ensuite, si l‘on se fie seulement aux discours de souveraineté que l‘on retrouve dans les propositions normales, soit 82,22 % des propositions totales, on découvre que tout comme dans l‘ensemble des propositions, c‘est l‘argument identitaire qui prend le dessus avec 35,76 % du total des termes identifiés. Cependant, au contraire de l‘ensemble des propositions, au deuxième rang on retrouve l‘argument économique (26,93 %), plutôt que sécurité & défense qui le suit de près (25,61 %). Quant à la composante environnementale, elle demeure en dernière place avec 11,70 % des termes de l‘ensemble des propositions normales. Les résultats des propositions normales ne nous permettent pas de tirer de conclusions différentes de celles de l‘ensemble des propositions :

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Tableau 10 – Occurrences totales des bases argumentaires pour les quatre représentants du gouvernement du Canada (propositions normales)

6.3. Résultats des propositions exceptionnelles

En ce qui concerne les propositions exceptionnelles, la catégorie environnementale se retrouve de nouveau au dernier rang avec 10,20 % des termes, mais cette fois, l‘argument le plus présent pour l‘ensemble des quatre représentants est celui de sécurité & défense (37,96 %), et ce, même si les propositions exceptionnelles du MDN ne représentent que 20,83 % du total. En deuxième et troisième place, on retrouve les arguments identitaires (31,73 %), puis économiques (20,11 %). Nous pouvons alors croire que lors de discours spécifiques sur la souveraineté du Canada en Arctique, les arguments identitaires cèdent leur place à ceux de sécurité & défense, témoignant peut- être d‘une vision particulière de la conduite des affaires arctiques par le gouvernement Harper :

Tableau 11 – Occurrences totales des bases argumentaires pour les quatre représentants du gouvernement du Canada (propositions exceptionnelles)

6.4. Résultats par termes identifiés

En ce qui concerne l‘occurrence des termes proprement dits, certains se démarquent plus que d‘autres dans les quatre catégories. Tout d‘abord, seuls deux termes se démarquent clairement des 806 occurrences. Il s‘agit des termes économie et forces avec respectivement 65 et 59 apparitions, soit 8,06 % et 7,52 % du total. Aucun autre terme ne dépasse 5 % du total. Les autres termes les plus fréquents sont environnement,

ressource, opération et défense avec respectivement 35, 34, 30 et 27 apparitions, soit

entre 3 et 5 % du total. Tous les autres termes apparaissent à moins de 23 reprises, soit moins de 3 % tu total des 806 occurrences.

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D‘autre part, étant donné que le nombre de termes références de notre grille d‘analyse n‘est pas égal pour chacune des quatre catégories comme on l‘observe dans le Tableau 12, nous avons retenu dans le tableau qui suit que les six plus importants pour chacune. On note tout d‘abord que même si la catégorie environnement n‘est désormais plus désavantagée par ses seuls six termes références, elle demeure au dernier rang avec 17,51 % des arguments de l‘ensemble des propositions. La catégorie qui souffre le plus de cette opération est identité, qui ne compte maintenant que pour 21,85 % du total. La catégorie sécurité & défense quant à elle domine avec 33,52 %, suivi par économie avec 27,12 % :

Tableau 13 – Occurrences des bases argumentaires par indicateurs pour les termes les plus fréquents

6.5. Résultats par année

En observant les résultats de notre étude de cas dans le temps, on observe que de 2006 à 2009, l‘utilisation de l‘une ou l‘autre des bases argumentaires est demeurée relativement constante. Prenant comme exemple l‘ensemble des représentants au cours de la période donnée, les arguments identitaires et de sécurité & défense ont fluctué le plus alors que les arguments économiques et environnementaux sont demeurés plus constants :

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Tableau 14 – Variation de l’utilisation des bases argumentaires pour l’ensemble des représentants du gouvernement du Canada entre 2006 et 2009

Prenant maintenant les résultats par année pour chacun des représentants, quelques faits marquants méritent d‘être décrits. Pour le PM, si les arguments de sécurité & défense étaient les plus importants en 2006 avec près de 45 %, on note qu‘au fil des ans les arguments identitaires et économiques ont pris plus d‘importance, devenant tous les deux plus fréquents que les arguments de sécurité & défense en 2009 (22,50 %). Pour le MDN, les arguments de sécurité & défense ont également diminué, mais de manière moindre, laissant davantage de place aux trois autres bases argumentaires. C‘est d‘ailleurs les arguments environnementaux qui ont connu la plus importante croissance. Pour le MAIN, l‘année 2008 indique des fluctuations significatives pour chacune des bases argumentaires, mais les résultats de 2007 et de 2009 sont très similaires. Finalement, pour le MINA, les fluctuations sont importantes en raison du fait que les discours de souveraineté ne sont apparus pour lui qu‘en 2008. Notons tout de même que les arguments identitaires et de sécurité & défense ont largement pris la tête devant les deux autres durant cette période :

Tableau 15 – Variation de l’utilisation des bases argumentaires pour chacun des quatre représentants du gouvernement du Canada entre 2006 et 2009

6.6. Analyse sommaire des résultats

En somme, la base argumentaire identitaire est dominante de façon générale pour tous les représentants du gouvernement du Canada. La base argumentaire de sécurité & défense est également très présente, mais de façon moins régulière. Les termes de nature économique sont quant à eux toujours présents en toile de fond et pour ce qui est des arguments environnementaux, ils sont généralement peu nombreux. Finalement sur la période étudiée de quatre ans et pour l‘ensemble des représentants, le tableau suivant résume les variations pour chacune des bases argumentaires. On note que si les arguments identitaires sont aujourd‘hui les plus nombreux, ils ont aussi connu la plus grande augmentation des quatre entre 2006 et 2009. Les arguments environnementaux se sont eux aussi multipliés. Ces deux augmentations se sont fait principalement au

84 détriment des arguments de sécurité & défense qui ont connu une baisse de 11,86 % durant cette période de quatre ans :

Base argumentaire Total en 2006

(%) Variation (%) Total en 2009 (%) Identité 22,73 +9,4 32,13 Économie 27,27 -2,02 25,25 Environnement 5,68 +4,48 10,16

Sécurité & défense 44,32 -11,86 32,46

Tableau 16 – Variation de l’importance des bases argumentaires pour l’ensemble des quatre représentants entre 2006 et 2009

6.7. Retour sur l’hypothèse

Afin de vérifier notre hypothèse, nous avions estimé qu‘un minimum de 40 % du total des termes identifiés devrait appartenir à une base argumentaire en particulier pour l‘ensemble des quatre représentants choisis. Nous infirmons donc notre hypothèse selon laquelle le discours politique du Canada entre 2006 et 2009 se baserait davantage sur une thématique identitaire plutôt qu‘économique, environnemental ou de sécurité & défense afin de construire l‘idée de souveraineté du Canada en Arctique. En effet, la base argumentaire identitaire, bien que la plus importante des quatre n‘obtient en définitive que 34 % du total. De plus, si l‘on applique les résultats de notre étude à chacun des représentants, aucun d‘entre eux n‘atteint la barre des 40 %. Seuls le PM et le MAIN la frôlent avec 39,54 % puis 38,97 % respectivement. La seule base argumentaire de toute l‘étude dépassant le seuil de 40 % est celle de sécurité & défense, et ce, uniquement pour le MDN, qui atteint 59,04 % du total :

Tableau 17 – Vue d’ensemble des bases argumentaires pour chacun des quatre représentants, en pourcentage du total pour chacun

6.8. Facteurs ayant pu influencer les résultats de l’étude de cas

De nombreux éléments internes et externes auraient pu influencer notre étude de cas et affecter nos résultats ainsi que les conclusions qui suivent. Nous tenterons ici d‘identifier ceux qui nous paraissent les plus importants. Tout d‘abord, la manière dont les discours sont préparés pour les différents représentants du gouvernement du Canada est un premier élément ayant une influence sur notre recherche. En effet, ceux-ci sont pour le PM et ses ministres souvent très semblables d‘une fois à l‘autre. Souvent, les discours sont en réalité presque les mêmes avec quelques mises à jour ou modifications. Par exemple, la Stratégie pour le Nord qui repose sur quatre piliers : exercer la souveraineté dans l‘Arctique, protéger le patrimoine naturel, promouvoir le développement social et économique, ainsi qu‘améliorer et décentraliser la gouvernance dans le Nord. Cette stratégie et les mots clés qui lui sont propres font en sorte que des termes comme économie, patrimoine, ou naturel reviennent très régulièrement dans chacun des discours. Autrement dit, certains mots clés analysés dans notre étude reviennent très souvent dans la même forme étant donné que les textes sont sans cesse repris dans les déclarations publiques et discours.

Un facteur propre à l‘étude de cas qui aurait pu influencer nos résultats est le choix que nous avons fait de ne pas retenir les bases argumentaires politique et juridique.

86 Différents motifs expliquent cette décision. Tout d‘abord, en ce qui concerne les arguments politiques, les termes y étant associés étaient plus difficiles à déterminer que ceux des quatre catégories retenues. D‘autre part les termes politiques considérés étant souvent trop inclusifs, généraux ou peu nombreux, auraient probablement eu effet de diminuer la justesse de notre étude. Les termes juridiques quant à eux auraient été très faciles à identifier étant donné la nature même du langage juridique. Néanmoins, après une vérification rapide, cette base argumentaire n‘apparaissait que dans très peu de discours et de manière très discrète. Seuls les discours du MINA contenaient des références importantes au droit international ou au droit de la mer. Puisque c‘est ce corpus qui est le plus limité, notre étude de cas aurait pu être affectée par cette seconde base argumentaire. En somme, étant donné les résultats obtenus, nous croyons que le choix de garder que quatre bases argumentaires était justifié.

Dans la quatrième et dernière partie de ce mémoire, nous nous pencherons dans un premier temps sur la nature des discours de souveraineté présentés en poussant plus loin l‘analyse des résultats. Nous serons ensuite en mesure de voir si les discours étudiés ont contribué davantage à la construction de la souveraineté canadienne en Arctique que d‘autres facteurs, par exemple les actions politiques et juridiques prises par Ottawa depuis 2006. Nous pourrons finalement observer si les discours de souveraineté arctique du Canada pourraient servir d‘autres rôles que la construction de l‘idée de souveraineté.

CHAPITRE IV

ANALYSE DES RÉSULTATS ET CONCLUSIONS

Laissez-moi clarifier ce point : le Canada est une nation arctique et une puissance arctique.

Lawrence Cannon, 17 décembre 2008. (MINA76)

Dans ce dernier chapitre, nous verrons comment s‘articule le discours politique dans la construction de l‘idée de la souveraineté territoriale pour l‘ensemble des représentants d‘Ottawa, puis pour chacun d‘entre eux. Ensuite, puisqu‘il est aussi probable que cette construction puisse s‘opérer grâce à l‘influence d‘autres facteurs, nous tenterons de voir comment les différentes actions, nommément politiques et juridiques prises par Ottawa depuis 2006, ont elles aussi influencé la construction de l‘idée de la souveraineté territoriale au Canada. Nous pourrons alors voir qui des actions ou des discours ont été les plus importants dans ce processus. Nous nous pencherons également sur les autres objectifs que pourrait avoir le discours de souveraineté du gouvernement du Canada par rapport à l‘Arctique. Nous terminerons le chapitre avec les conclusions finales de notre recherche.

1. Nature des discours de souveraineté du gouvernement du Canada