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Il y a des multitudes de gens malades. Certains ne sont pas prêts à être guéris, même quand ils demandent la prière. Pour d'autres, po-tentiellement guérissables, je ne suis tout simplement pas la personne qui convient. Je ne peux pas me croire, à l'avance, apte à prier pour chaque personne malade que je rencontre.

Le Révérend Rudy Evenson, qui administre un centre de prière pour les alcooliques, raconte combien il était enflammé d'enthousiasme la première fois qu'il a entendu parler de guérison. En tant qu'ancien boxeur professionnel, Rudy attaque de front chaque problème, avec courage et détermination. Armé de sa toute nouvelle foi, il décida de l'essayer à l'hôpital local. Quand il entra dans le premier pavillon, il passa de lit en lit et pria pour la guérison des malades en imposant les mains. Quand les autorités de l'hôpital comprirent ce qui se passait, elles le firent jeter dehors. Cela ne dérangea pas Rudy outre mesure : les Chrétiens doivent s'attendre à être persécutés, après tout. Ce qui l'ennuya davantage fut qu'aucun des patients ne se leva de son lit : per-sonne n'était guéri. Dans sa chambre, cette nuit-là, Rudy pria dans

l'an-goisse : "Seigneur, j'ai cru en toi. Pourquoi m'as-tu abandonné ? Qu'est-ce qui n'a pas marché ?"

Il sembla alors à Rudy entendre une voix répondre : "Rudy, qui t'a dit d'aller prier pour les gens dans cet hôpital ? Me l'as-tu demandé ?"

"Non, Seigneur", fit Rudy. Et il retint la leçon.

Le premier discernement à avoir est de déterminer si nous sommes censés prier pour cette personne précise en cet instant précis. Certains le savent très clairement : ils détiennent un don de la foi spécial.

D'autres savent qu'ils sont censés prier pour quelqu'un par une sen-sation de chaleur, ou ce qui ressemble à un doux courant électrique dans leurs mains, signes pour eux que le pouvoir de guérison de Dieu est présent.

D'autres encore le savent de manière presque naturelle : un senti-ment de paix et de joie quand ils doivent prier, un sentisenti-ment d'obscu-rité ou de lourdeur quand ils ne le doivent pas. (Ce dernier point doit être soigneusement différencié de la sensation de lourdeur qui peut nous oppresser quand commence un exorcisme).

Ce n'est pas le devoir de tout Chrétien de prier pour tout le monde.

Nos prières en aideront certains, n'en aideront pas d'autres, pour des raisons qui sont hors notre entendement ou notre contrôle. Seul le Saint-Esprit peut diriger de façon sûre notre pouvoir de guérison.

Et si savons écouter la voix intérieure de Dieu, il nous sera montré pour qui prier. Dieu nous dirige avec joie à travers nos propres désirs.

La pulsion d'amour qui nous conduit à la porte d'un ami est la voix intérieure de Dieu, et nous ne devons pas craindre de la suivre.(3) Au tout début de mon ministère de guérison, on m'a présenté un homme connu pour être un réel faiseur de miracles. Je l'ai secrètement envié, jusqu'à ce que je m'aperçoive qu'il souffrait de dépression et d'épuisement parce que les gens avaient découvert la façon merveil-leuse dont Dieu l'utilisait. On l'appelait à toute heure du jour et de la nuit pour qu'il rende visite à des malades. Quelqu'un avait-il eu un ac-cident de voiture, les amis l'appelaient pour aller à l'hôpital en pleine nuit. Par compassion, il se levait, s'habillait, prenait sa voiture et se ren-dait sur place où il restait jusqu'au matin à prier avec la personne bles-sée. Au bout de quelques années de cette épuisante activité, il tomba

3) Sanford, p. 86.

en dépression et eut, lui-même, besoin de repos et de prière. Dieu veut réellement que nous priions pour savoir si, oui ou non, nous devons prier pour quelqu'un — même si les besoins de la personne sont criants et appellent notre sympathie. L'une des choses les plus difficiles que j'aie eu à apprendre est à dire "Non" à quelqu'un qui demande la prière et qui en a l'évidente nécessité.

Dieu utilise souvent nos intuitions et nos désirs naturels pour nous guider, si nous lui en laissons la possibilité. Ceux qui ont l'habitude de suivre ces signes reçoivent parfois la forte impression qu'ils nedoivent pasdire la prière de guérison pour une personne donnée. (On peut toujours prier pour la bénédiction de cette personne.) Après m'être entretenu avec de nombreuses personnes d'expérience dans le minis-tère de guérison, je suis impressionné de la multiplicité des voies par lesquelles Dieu guide les gens sur la façon et le moment de prier.(4)En tout cela, notre préoccupation majeure doit être de séparer les vérita-bles signes spirituels des inclinations résultant de pressions que d'au-tres peuvent avoir exercées sur nous. "Je vous paye l'avion pour Atlanta et ferai un don généreux pour votre ministère" : voilà une fort aimable invitation. Peut-être devez-vous y répondre. Mais peut-être pas.

Même ceux qui semblent n'avoir reçu aucune indication claire, par une voie ou par une autre, peuvent pratiquer la prière de guérison.

Quand rien ne vient nous guider, nous pouvons prier en toute sécurité, à condition de ne pas faire aux gens de demandes présomptueuses (comme celle de proclamer leur propre guérison, par exemple), si :

• nous prions pour des personnes qui se présentent spontanément et demandent la prière. Je suppose, là, sauf indication contraire, qu'ils effectuent cette démarche par inspiration divine. Jésus est présent dans les pauvres et les souffrants ;

• nous prions parce que notre sens de la compassion nous y incite, comme nous rendons visite à quelqu'un qui est malade.

Des manifestations extraordinaires du pouvoir de guérison — cog-nition, sensations de chaleur — seront intéressantes mais non néces-saires. De nombreuses guérisons remarquables ont lieu sans le moindre signe connexe inhabituel. Il s'est simplement passé qu'une personne s'est présentée pour demander la prière de guérison : le groupe a prié et la personne a été guérie.

4) Dans le chapitre 9, "Devoir dire non", de mon livre The Power to Heal (Notre Dame, IN : Ave Maria Press, 1977), je discute de façon plus extensive de ce problème du ministère de guérison.