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en quoi elles touchent au ministère de guérison

N E DONNEZ PAS À UNE MÉTHODE OU À UNE EXPÉRIENCE UNE PORTÉE UNIVERSELLE

Il y a quelque chose en nous qui nous pousse à vouloir trouver la bonne technique pour toutes les tâches, la bonne formule de prière pour tous les besoins. Nous en sommes encore à chercher la pierre phi-losophale — une façon magique de contrôler ce que Dieu fait. Mais Dieu nous enseigne, encore et toujours, qu'il se situe au-delà de nos limitations et qu'il ne saurait être confiné dans nos petits comparti-ments bien rangés. À titre d'exemple, il y a ceux, mentionnés plus haut, qui affirment que la seule chose nécessaire pour obtenir la guérison est de "réclamer les promesses de Dieu dans la foi", et puis les autres qui n'admettent le concept de guérison que dans le cadre des sacre-ments. Comme les disciples, certains Chrétiens d'aujourd'hui, aussi, sont toujours à la recherche de la réponse parfaite : "Qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ?" Jésus, comme il le fait si souvent, extrait ses disciples de cette mentalité du soit l'un, soit l'autre : "Ni lui ni ses parents n'ont péché, il est né aveugle pour que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui" (Jn 9, 2-3). Très souvent, nous essayons d'appliquer à toutes les situations une technique qui s'est avérée fructueuse dans un concours de circonstances précis. (Nous connaîtrons probablement assez de succès, aussi, pour nous sentir en-couragés à proclamer que notre expérience nous donne raison.) Nous choisissons d'ignorer nos échecs et de publier de grands témoignages venant défendre notre façon de procéder.

1) Paul Tournier, The Person Reborn (New York : Harper & Row, 1966), pp. 20-21.

2) La distance existant entre le monde intellectuel et l'expérience de guérison est bien soulignée par Morton T.

Kelsey : "Soit il y a une place pour la guérison Chrétienne dans le monde d'aujourd'hui, soit il n'y en a pas, et seuls les faits peuvent le déterminer. Mais la théologie Chrétienne ne semble pas tenir compte des faits — bien que, comme nous l'avons vu, ceux-ci ne manquent certainement pas. On a au contraire l'impression de conclu-sions tirées d'avance. L'étude la plus complète de la théologie des temps modernes, celle de J. Maquarrie, Twen-tieth Century Religious Thought, le dit très clairement. Sur les 150 théologiens évoqués dans ce livre, pas un seul ne fait valoir l'effet de la vie religieuse de l'homme sur sa santé mentale ou physique, comme le font les plus perspicaces des psychiatres ou des étudiants en médecine psychosomatique. Peu de ces penseurs religieux, en fait, se préoccupent même des arguments présentés contre le ministère de guérison. Bien sûr, il en est certains qui, par la bande, tournent en dérision les fantaisies théologiques de Mary Baker Eddy et d'autres, ou qui dé-nigrent les extravagances des guérisseurs "par la foi". Mais les véritables raisons qui font passer sous silence la possibilité de guérison sont bien plus profondes que cela. Notre culture n'a pas de place pour de telles pratiques.

L'homme se sent désarmé quand il s'y trouve confronté, et la théologie ne lui donne pas de réponse. De fait, les penseurs Chrétiens ne peuvent pas, de nos jours, prendre en considération les pratiques de guérison à cause de l'acceptation tacite, en philosophie et en théologie, d'une vision du monde qui ne laisse aucune place à la sur-venance d'un pouvoir 'divin' dans l'univers de l'espace-temps" (Healing and Christianity, p. 307).

J'aimerais évoquer avec vous plusieurs exemples qui illustreront ce que je viens de dire. Tous se rapportent au ministère de guérison, du moins tel qu'il est pratiqué par quelques personnes aux États-Unis.

Premier exemple : la tendance qui consiste à considérer toutes les maladies comme des cas d'oppression démoniaque, et à les traiter en chassant les démons. Parfois, cela fonctionne (certaines maladies sont causées par des esprits malins), et ces succès encouragent l'exorciste à poursuivre avec la même bonne vieille approche, quitte à gravement traumatiser certaines des personnes pour lesquelles il prie. Des spec-tateurs sensés peuvent être effrayés par ce qu'ils voient, au point d'être définitivement prédisposés contre toute forme de ministère de guéri-son ou de délivrance.

Deuxième exemple : la pratique de la "proclamation de guérison", qui consiste à accepter de considérer votre guérison comme acquise dès lors que vous avez prié pour cela. D'après mon expérience, c'est parfois la bonne démarche sic'est ce que veut le Seigneur, et si la per-sonne malade a été véritablement inspirée d'accepter la guérison comme un fait accompli même si les symptômes perdurent. Je me rap-pelle une dame, lors d'un rassemblement, qui souffrait d'endomé-triose.(3)Elle avait demandé à tout le groupe de retraitants de prier pour elle. Le lendemain, elle mit son expérience par écrit :

Pour vous en dire davantage au sujet de la seconde guérison, la gué-rison physique (elle avait précédemment reçu une guégué-rison inté-rieure) : je n'ai pas ressenti de douleur depuis que les prières ont été faites pour moi, pas la moindre. Or pourtant, ces six dernières se-maines j'ai, à certains moments, souffert le martyre, surtout après les repas (et là, j'ai pris quatre repas sans douleur).

La suite est amusante. Quand j'ai demandé au groupe de prier, mon idée était de continuer à prendre mon traitement toutes les deux se-maines jusqu'à épuisement de mon stock, en mai (la retraite se te-nait en février). Je verrais bien, alors, si j'étais guérie. Le Seigneur avait un autre plan. Pour me donner une indication de ce qu'il vou-lait, il fit cesser la douleur que j'avais depuis trois heures. Puis, et c'est là le point crucial, il m'a demandé tout doucement si je pouvais démontrer ma foi en arrêtant les piqûres. Tandis que tout le monde priait, j'étais en plein dilemme, car après trois ans et demi sans aucun soulagement, ces injections m'avaient été d'un immense se-cours pour m'empêcher de devenir encore plus gravement malade.

Comment pourrais-je m'en passer ?

Le Seigneur ne m'avait jamais fait songer à ne pas les prendre jusqu'à ce que le pas soit franchi. J'ai fini par lui dire : "Oui, Sei-gneur, j'irai jusqu'au bout. Maintenant, nous verrons bien si tu me guéris réellement."

Que j'aie reçu le courage de répondre dans la foi est déjà, en soi, une guérison, car il n'y a pas d'autre traitement à l'endométriose que la chirurgie.

Eh bien ça, c'est de la foi !

Exprimer par des mots la joie dans laquelle je suis ces jours-ci est impossible. Pour moi, une vie toute nouvelle a commencé.

Il semble que Mrs Clem ait été réellement inspirée de prendre le risque de la foi et de croire qu'elle était guérie — une guérison qui dure maintenant depuis plus de vingt-huit ans(4). Elle l'a fait sans avis d'au-cune autre personne, mue seulement par un élan intérieur. De la même manière qu'un ministre de guérison peut recevoir le "don de la foi", se fier à une révélation privée, et dire la prière de commandement, une personne malade peut recevoir une authentique inspiration et croire qu'il, ou elle, a été guéri(e) — parfois en dépit de symptômes réma-nents. Dans ces cas-là, l'obéissance à l'élan intérieur semble être la condition pour que la guérison intervienne.

Le danger apparaît lorsque cette inspiration particulière est érigée en principe général — quand le ministre de guérison affirme que c'est

3) Mrs Sophia Kania Clem, Delavan, WI.

4) Récemment, je lui ai écrit pour savoir si sa guérison était toujours complète, et voici sa réponse : "Pendant plus d'un an, j'avais été extrêmement mal sans qu'aucun médecin puisse en trouver la cause (à l'époque, on n'était guère renseigné sur l'endométriose). Mes supérieures [elle était à l'époque religieuse] soupçonnaient même que tout cela n'existe que dans ma tête, ce qui ajoutait à mon fardeau. Puis, en octobre 1966, j'ai eu une rupture de l'ovaire. Lors de l'intervention chirurgicale, on découvrit aussi une appendicite et un état d'endométriose que le dossier médical décrit comme très sérieux. Après l'intervention, je me rappelle que le chirurgien m'a dit que, pendant qu'il opérait, il avait hésité à pratiquer une hystérectomie, sachant que s'il ne le faisait pas l'endométriose reviendrait. Il décida de ne pas le faire car je n'avais que 28 ans. Il avait raison : pendant les trois ans et demi qui ont suivi, le processus d'en-dométriose s'est réactivé et mon état de santé s'est détérioré. Quand je vous ai rencontré en 1970, j'étais dans les affres d'une crise, en dépit du traitement que je prenais (Depro provera). Mon médecin et moi-même envisagions une hystérectomie pour l'été 1970. "Enlevons tout ça !», disait-il. La perspective d'une nouvelle intervention m'ef-frayait, tant j'avais mis de temps à me remettre de la première du fait de la fragilité de ma santé dès le départ. Votre prière pour ma guérison psychologique m'a aidée. Elle a apaisé mon âme après des années de chaos, et préparé le terrain pour ma guérison physique. Je me rappelle ce que nous avons échangé en privé, puis comment vous êtes passé derrière moi et avez placé vos deux mains sur mes épaules. Pendant que vous priiez, vous donniez l'image d'une mère poule abritant ses poussins sous ses ailes. Je ne l'ai jamais oublié. Ensuite, quand nous avons rejoint le groupe pour la prière de clôture de la retraite, j'ai demandé à tout le monde de prier pour ma guérison ou bien pour le succès de mon opération. Une dame âgée s'est alors écriée : "Choisissons la guérison !» J'ai apprécié son énergie.

La guérison n'a, pour moi, fait aucun doute parce que la douleur s'est estompée pendant la prière. Au fil des jours, mon corps a retrouvé une sensation de bonne santé qu'il n'avait plus connue depuis des années. Un immense sen-timent de joie et de confiance s'est réinstallé en moi. Le 15 février 1998, j'ai célébré le 28ème anniversaire de ma gué-rison, intervenue quand j'avais 32 ans. Je n'ai jamais subi d'hystérectomie, et plus aucun signe d'endométriose n'est apparu dans les années qui ont suivi. Quel miracle !"

précisément ce qui doit se passer à chaque fois et que quiconque s'en remet à la promesse divine sera guéri.

J'assistais un jour à un rassemblement où un homme en fauteuil rou-lant, qui avait eu une fracture de la colonne vertébrale lors d'un acci-dent de moto, s'entendit déclarer par les dirigeants du groupe de prière qu'il serait guéri s'il avait tout simplement la foi. Ils avaient prié et jeûné pour lui, certains promettant même de ne pas rompre leur jeûne jusqu'à ce qu'il soit guéri. Quand toutes ces personnes bien intention-nées s'assemblèrent autour de lui pour prier en toute sincérité pour sa guérison, il fut évident que ce paraplégique ressentait une oppression et d'une angoisse considérables. Il faisait tout son possible, entouré de ses parents et amis, car tous savaient qu'il faudrait un véritable miracle pour que les nerfs sectionnés soient remis en place. Pendant qu'ils priaient et l'encourageaient à se lever de son fauteuil et à marcher, la tension monta dans la pièce. À la fin de la soirée, il n'avait toujours pas quitté le fauteuil et, comme vous pouvez l'imaginer, son décourage-ment n'avait fait que croître. Cet incident — qui est loin d'être isolé

— est déplaisant à relater dans un livre destiné à encourager la guéri-son. Mais de tels pénibles événements se produisent, et sont néfastes à la fois pour le malade et pour le groupe de prière. Ils contribuent vrai-ment, en outre, à ternir la bonne image du ministère de guérison en général. Quand des lois universelles sont indûment érigées à partir d'inspirations particulières, la grâce devient elle-même une loi. Par conséquence, le ministère de guérison — qui devrait être l'un des plus resplendissants, des plus exaltants, des plus réconfortants qui soient au sein de l'Église — a occasionnellement été transformé par certains de ses praticiens, bien intentionnés mais mal avisés, en un ministère engendrant blessure et condamnation.

Il est raisonnable de dire que pour certains, la "proclamation de leur guérison" est ce qui libère en eux le courant du pouvoir de guérison de Dieu. Mais affirmer que cette méthode est valable pour toutesles personnes malades occasionne, à mon avis, un grave dommage pasto-ral. Tournons-nous de nouveau vers le Dr Paul Tournier :

Il est aisé de bâtir des théories, d'opposer à ses adversaires une lo-gique implacable, de rassembler des adeptes enthousiastes à partir d'un corpus de doctrine cohérent et intransigeant. Mais quand on en vient à la pratique quotidienne, combien d'impénétrables mys-tères, combien de paradoxes, combien d'échecs et, pareillement, de réussites inattendues ! J'en découvre toujours davantage sur la com-plexité, la subtilité, la délicatesse de l'esprit humain. On effectue

quelques expériences, mais dès qu'on essaie, à partir de ces expé-riences, de bâtir une théorie, on s'aperçoit que la vie refuse d'être li-mitée par elles et qu'on ne peut pas obtenir les mêmes résultats une seconde fois. D'un autre côté, il est exact que souvent, au moment où on se trouve impuissant, perplexe et désespéré face à une catas-trophe dans la vie d'une personne, survient soudain, on ne sait com-ment, une "expérimentation" en direct.

[…]Ainsi chacun de nous tire de ses expériences personnelles un tème de pensée qu'il érige en vérité et en opposition à tout autre sys-tème de pensée.

Chacun de nous prend à témoin son expérience personnelle pour étayer le système auquel il croit devoir l'attribuer. Chacun soutient les vérités que le système dont il est partisan lui a révélées, et en conclut que ceux qui ne sont pas de son avis sont dans l'erreur[…]

Chacun de nous cache ses faiblesses secrètes, ainsi que les douloureux échecs qui persistent dans sa vie, de peur que les reconnaître ne l'oblige à remettre en question le système qu'il tient pour vrai. Cha-cun pointe du doigt les erreurs des autres et utilise leurs incohérences et leurs insuffisances comme preuve de la non-valeur de leur ensei-gnement […]. D'après la formule célèbre de Leibnitz, tous les sys-tèmes sont vrais dans ce qu'ils affirment, ils ne sont faux que dans ce qu'ils nient.(5)

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EMANDEZ À

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IEU AVEC CONFIANCE DE RÉPONDRE À