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E FFET DESTRUCTEUR DE L ' OBSESSION DE LA PREUVE Toutes ces considérations théoriques sont d'importance vitale car

une preuve ?

E FFET DESTRUCTEUR DE L ' OBSESSION DE LA PREUVE Toutes ces considérations théoriques sont d'importance vitale car

elles influent sur notre vie de façon non négligeable. L'idéologie de la

"preuve" semble empêcher les Chrétiens de pratiquer la prière de gué-rison. Si je pars du principe que les guérisons sont des événements ex-traordinaires dans la vie d'un Chrétien, des preuves de sainteté plutôt qu'une œuvre Chrétienne ordinaire, j'hésiterai certainement à prier pour les malades de peur de me propulser moi-même au niveau des saints canonisés.

Contribuer au déficit de guérison dans la vie ordinaire des Églises est l'attitude de certains responsables ecclésiastiques qui soutiennent que nous n'avons pas besoin de pratiquer la prière de guérison au-jourd'hui parce que le Christianisme s'est suffisamment prouvé au cours de l'histoire : ils sont las des amateurs de sensations fortes en manque de miraculeux. Ces responsables, avec une telle attitude, n'en-couragent ni les services de guérison, ni les ministres du culte et les laïcs à se rendre à l'hôpital et à prier pour les malades(1).

Plus important que tout : si la guérison n'a de signification que comme signe et n'a pas de valeur en soi, alors elle doit être considérée comme extrinsèque au message de l'Évangile, comme une preuve poin-tant vers l'élément-clé : l'Évangile lui-même. Mais cette position ne permet pas de voir que la guérison fait partie intégrante du message de l'Évangile même : si la Bonne Nouvelle est que le Christ est venu sauver tous le monde, alors le pouvoirde sauver doit être bien présent.

Si le pouvoir de sauver s'étend à la personne dans son intégralité, une partie du message de salut lui-même est que le Christ est venu nous guérir : âme, esprit, émotions et corps. Nier ou minimiser le ministère de guérison revient à soustraire le pouvoirde l'Évangile et à lui substi-tuer un corpus de vérités dénué de vie. Comme l'a écrit St Paul :

…Je voudrais savoir non pas ce que ces orgueilleux ont à dire, mais ce qu'ils peuvent faire, car le royaume de Dieu n'est pas que paroles, il est pouvoir (1 Co 4, 19b-20).

Le Christianisme est plus qu'une doctrine. C'est le pouvoir de trans-former notre vie, de détruire le mal qui nous empêche d'aimer Dieu et notre prochain : Jésus est venu nous apporter une nouvelle vie, une place dans la vie même de Dieu. Nous avons toujours cru en ces prin-cipes, mais qu'en est-il de tout cela dans la réalité ? Où est le pouvoir qui change véritablement la vie ?

Ce que nous avons fait bien trop souvent a été de prendre la Bonne Nouvelle et de la changer en bon conseil. La Bonne Nouvelle est que le Christ est venu nous aider à entrer dans la vie même de son Père et, par son pouvoir, nous transformer en de nouvelles personnes, capables d'aimer, de se réjouir et d'aider les pauvres d'une façon qui se situe bien au-delà de nos capacités. Par contraste, le bon conseil est de bran-dir un idéal de vie et un service Chrétiens, puis de bran-dire : "Voici l'idéal : utilisez votre volonté, à présent, pour l'atteindre." En bref, nous sommes tentés de prêcher la loi plutôt que la grâce.

Une bonne façon de tester notre esprit Chrétien serait de répondre à la question : "Que feriez-vous si un toxicomane venait à vous et sol-licitait votre aide ?" Lui donneriez-vous simplement toutes sortes de bons conseils avant de l'encourager à faire usage de sa volonté pour rester à l'écart de la drogue ? Appelleriez-vous ensuite une antenne an-tidrogue locale pour aider l'aider à suivre un programme d'aide spé-cialisée ? L'inciteriez-vous à se faire hospitaliser ? Chacune de ces mesures présenterait un intérêt mais, en tant que Chrétien, ne

pense-riez-vous pas, avant toute chose, à prier avec ce toxicomane pour de-mander au Seigneur de le débarrasser de sa dépendance ? Si vous croyez que la prière peut permettre sa délivrance, alors vous avez réel-lement une bonne nouvelle à lui apporter : celle de la liberté pour le prisonnier. Jésus ne nous désigne pas seulement un idéal, il nous donne les moyens de l'atteindre. Le Christianisme n'est qu'un "rêve de l'im-possible" s'il n'apporte pas, en même temps, le pouvoir qui transforme, qui nous libère de nos chaînes.

Le Révérend David Wilkerson, qui est pasteur des Assemblées de Dieu — une Église qui met l'accent sur le pouvoir de guérison du Christ — a œuvré dans les milieux de la drogue à New York, après quoi il a fondé les centres Teen Challenge dans tout le pays afin de délivrer les jeunes de cette dépendance. Wilkerson croit profondément au pou-voir du Christ de guérir les toxicomanes. Mieux que cela, il en a la preuve : plus de 70 pour cent des toxicomanes qui ont suivi ce pro-gramme de prière ont abandonné durablement la drogue — comparés aux 5 pour cent de guérisons dans les hôpitaux fédéraux(2). Plus récem-ment, il a fondé une église à Time Square, pour atteindre les toxico-manes et les prostituées et transformer ce quartier défavorisé de la ville de New York.

L'Évangile n'est-il qu'un discours destiné à nous préparer à l'au-delà, ou bien Jésus y aide-t-il dès maintenant le désespéré ? Car pour le toxi-comane ou l'alcoolique, la guérison n'est pas juste un sujet de discus-sion académique : c'est une question de vie ou de mort. Pas seulement de vie ou de mort physiques : de vie ou de mort spirituelles aussi. Ce que la volonté humaine ne peut accomplir, le pouvoir de guérison du Christ le peut, et le fait(3). Pourquoi, dans ces conditions, davantage de

1) Heureusement, il y a de nombreux signes de changement dans des congrégations isolées, de diverses dénomina-tions, où les ministres du culte tiennent régulièrement des sessions de guérison.

2) Le compte rendu de ses travaux auprès des toxicomanes peut être lu dans The Cross and The Swichblade (New York : Spire Paperbacks, 1964) [paru en français sous le titre de La croix et le poignard, NdT].

3) "C'était un jeune homme blond, décharné, qui tremblait légèrement. Ses traits tirés et ses cheveux coupés ras ré-vélaient très clairement qu'il avait récemment été à la guerre et qu'il en avait rapporté une maladie transmissible : la dépendance à l'héroïne. Sous son bras, il portait une veste en treillis et deux couvertures de l'armée. Il se tenait tou-jours exclusivement à l'arrière du Tabernacle de Béthel, l'église Pentecôtiste blanche et basse de Redondo Beach, en Californie, où des miracles sont supposés se produire […] Alors le jeune homme se releva lentement de l'endroit où il s'était agenouillé et se dirigea, parmi les membres épars de la congrégation, vers les anciens militaires, au fond de l'église. - Salut, mon frère. (Une main se tendit vers lui. Il l'accepta timidement, brièvement.) Tu es le bienvenu, ici.

- Jésus peut t'aider […] Ce fut terminé en moins d'une minute. Les sanglots étouffés du jeune homme s'apaisèrent doucement et, presque comme s'il était hypnotisé, il vint se joindre à ceux qui l'entouraient et le soutenaient, dans des prières d'action de grâces toutes simples : "Oh, Jésus, merci, merci…" Une fois encore, la fameuse guérison de l'héroïne en trente secondes du Tabernacle de Béthel avait fonctionné. La garantie d'absence d'effets de manque, de suées, de douleur, si l'on accepte Jésus-Christ, avait été respectée. La congrégation de Béthel, de plus en plus nom-breuse et répandue, venait de s'enrichir d'un nouveau membre, complètement abasourdi mais totalement convaincu."

Brian Vachon, et Jack et Betty Cheetham, A Time to be Born, (Englewood Cliffs, N.J. : Prentice-Hall, 1972) pp. 1-2.

structures — tels les centres Teen Challenge et Alcooliques Anonymes

— qui sont basées sur une croyance en le pouvoir de la prière et le be-soin d'une communauté d'amour, n'ont-elles pas été créées au sein de l'institution qu'est l'Église ? Je pense que c'est parce que nous avons surtout voulu que le pécheur agisse par sa propre volonté, qu'il "fasse vœu de tempérance", en quelque sorte. Mais beaucoup d'entre nous n'ont jamais appris à prier dans la conviction que Jésus libérait les toxi-comanes et les alcooliques de leur dépendance, pas plus que nous n'avons constitué cette étroite communauté qui pourrait leur venir en aide et les empêcher de retomber dans leurs travers. Pourquoi a-t-il fallu des alcooliques pour redécouvrir ce que nous n'aurions jamais dû oublier : que nous sommes impuissants face au problème de l'alcool et qu'il faut nous tourner vers un pouvoir plus grand que le nôtre ?

Les Chrétiens ont toujours cru en la force de la prière et de la com-munauté. Nous avons parlé et écrit sans fin sur le sujet. Pourtant, quand vient le moment de la mise en pratique, croyons-nous vraiment que Jésus soit venu nous libérer et nous transformer ? N'avons-nous à proposer que de bons conseils, ou bien croyons-nous au pouvoir de Jésus de changer ce que nous ne pouvons pas nous-mêmes changer ?

Riches de cette foi, nous pouvons commencer à prier avec l'alcoo-lique que le Seigneur le débarrasse de son besoin de boire immodéré et maladif. Avec le drogué, nous pouvons commencer à prier que le Seigneur aide à son sevrage total et définitif. Nous pouvons même oser prier pour que l'estropié remarche.

Alors c'est notre expérience qui nous apprendra le sens de ces paroles de Jésus : "Je vous le dis solennellement, celui qui croit en moi accom-plira les mêmes œuvres que moi. Il en accomaccom-plira même de plus grandes, car je vais vers le Père" (Jn 14, 12).

Dieu est Amour 7

L

es Chrétiens, à cause de tout ce conditionnement qui leur fait croire que leurs souffrances sont envoyées par Dieu, se senti-ront sans doute coupables s'ils demandent guérison, et lâches s'ils demandent soulagement : en tant que Chrétiens, ils devraient être capables non seulement d'endurer leur croix, mais même de se préci-piter vers elle et de l'étreindre.

C'est ainsi que les gens estiment avoir besoin d'une excuse, d'une rai-son altruiste pour demander leur guérirai-son à Dieu. Celle, typique, de la mère de famille sera du genre : "Je veux me rétablir afin de ne pas être un poids pour ma famille." L'homme qui travaille dira : "Je veux être guéri afin de reprendre mon métier et nourrir ma famille."

Par contraste, si l'une ou l'autre de ces personnes allait chez le mé-decin, elle ne se sentirait pas obligée de trouver pareilles excuses.

L'homme, pour une colonne vertébrale endommagée, irait tout sim-plement voir un chirurgien orthopédiste, sans avoir à lui expliquer, pour se justifier, qu'une meilleure santé aiderait sa famille ou lui per-mettrait de mieux faire son travail : le seul motif d'avoir mal et de vou-loir guérir suffirait.

Comment se fait-il, donc, que tant d'entre nous croient devoir se dis-culper pour demander à Dieu de nous guérir ? C'est comme si nous ne parvenions pas à croire qu'il nous aime, comme si nous n'avions de valeur à ses yeux que par notre travail. Que nous sommes loin de l'en-fant qui demande à des parents aimants une faveur toute naturelle !

Une mère de famille britannique, réfléchissant à la spiritualité qu'on lui a enseignée, décrit son sentiment :

Bien qu'on nous ait explicitement appris que Dieu est notre Père, la véritable leçon que nous avons réellement retenue est que notre rap-port à Dieu est le plus éloigné qui se puisse concevoir d'un raprap-port normal d'enfant à père.

Imaginez que votre propre enfant sursaute nerveusement au son de

votre voix, qu'il refuse d'aller jouer avec les autres de peur de se salir, qu'il garde toujours un fond d'angoisse parce que même quand vous ne dites rien, vous le réprouvez ou le désapprouvez peut-être inté-rieurement. Imaginez qu'il redoute sans cesse de vous contrarier, qu'il hésite à vous demander quoi que ce soit parce qu'il pense que votre réponse sera que ça vous dérange, que c'est trop cher, pas assez bien ou trop bien pour lui — tout, sauf un simple "oui" affectueux.

Imaginez-le obscurément convaincu qu'au fond, vous n'aimez pas les enfants et que sa seule chance de se faire bien voir est d'être le moins enfant possible ?…

Nous savons qu'il nous aime… Mais ce que nous ressentons, c'est que son amour est du même genre discutable que celui qui nous obli-geait à manger des épinards ou qui refrénait nos penchants naturels.

Nous n'osons pas exprimer ce ressenti, car nous savons obscurément que si nous le faisions, nous en arriverions à une autre forme de concepts, du genre : Dieu est méchant […] Dieu essaie toujours de nous prendre en défaut, et ainsi de suite. Ces sentiments sont bien cachés et ne sont consciemment présents que sous forme de certaines attentes implicites…(1)

Une partie des raisons pour lesquelles les Chrétiens ordinaires ont un rapport à Dieu aussi craintif est qu'ils ont remplacé la révélation

— par le Christ — d'un Père qui apporte la guérison, par leur propre conception — plus ou moins païenne — d'un Dieu qui envoie la souf-france en guise de châtiment. La guérison est essentielle au message de l'Évangile : elle nous fait remonter très loin en arrière, jusqu'à l'idée même que nous avons de Dieu.Quelle sorte d'être est Dieu? Si nous croyons vraiment que Dieu est amour, alors il devrait être aisé de croire que la guérison est un signe ordinaire, et non pas extraordinaire, de sa compassion. Toute autre attitude envers la guérison dépouille l'Évan-gile de la réalité de la révélation de Dieu en tant que père aimant : "Si vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien de plus votre père, qui est aux cieux, en donnera-t-il à ceux qui le lui demandent !" (Mt 7, 11). Ce qui est en jeu ici, ce n'est pas quelque chose de lointain, d'à part, mais quelque chose qui est situé en plein cœur du Christianisme : quand je parle de l'amour de Dieu pour moi, est-ce que j'emploie des termes pouvant être compris par

1) Pamela Carswell, Offbeat Spirituality (New York : Sheed & Ward, 1961) pp. 219-223 et passim.

l'être humain que je suis ? Ou est-ce que j'évoque une sorte de concept abstrait d'"amour divin", de "charité", qui n'affecte pas ma vie réelle ? Je sais ce qu'est l'amour humain réel. Je suis certain que si je suis en souffrance, si je suis malade, ma famille et mes amis feront tout ce qu'ils peuvent pour me faire aller mieux. Ils m'emmèneront chez le médecin, m'achèteront des médicaments, me feront hospitaliser, m'ai-deront peut-être même à payer des milliers de dollars de soins. Leurs actes démontrent un amour et un souci qui me sont compréhensibles.

Mais si l'aumônier vient me voir sur mon lit d'hôpital pour, après quelques petites paroles de réconfort, m'expliquer qu'ordinairement Dieu ne guérit pas à travers la prière, je suis désorienté : il ne me pré-sente pas un sens de l'amour divin que je pourrai, en tant qu'humain, saisir. Ou bien Jésus exprimait quelque chose de bien défini quand il disait "Demandez et vous recevrez", ou bien l'Évangile doit être réin-terprété d'une manière telle que nous le trouvons difficile à compren-dre par rapport à ce que nous savons de l'amour humain.

Clive S. Lewis, auteur de The Problem of Pain [Le problème de la souf-france, NdT], expose l'ensemble des réflexions que son brillant esprit a pu rassembler sur le mystère et l'angoisse de la souffrance. Quelque temps après la rédaction de cet ouvrage, son épouse décéda. Confronté à cette terrible peine, ses propres raisonnements ne lui furent d'aucun réconfort : il devint furieux contre Dieu qui lui avait pris sa femme.

Dans son incontrôlable chagrin et pour échapper à sa douleur, il utilisa un moyen d'écrivain : il rédigea un journal décrivant sa bataille quo-tidienne avec le désespoir. Lorsque, enfin, il se reprit et revint à nou-veau à la lumière, il décida de publier ce journal : mais quand il s'aperçut que sa réponse émotionnelle à la douleur endurée était bien différente de sa position antérieure sur le sujet, il ne le signa pas de son vrai nom et choisit le pseudonyme de C. N. Clerk (le livre fut néan-moins publié plus tard sous son vrai nom). Étant donné la réputation de C. S. Lewis, défenseur intellectuel du Christianisme, il est particu-lièrement révélateur de lire ses réactions à la souffrance personnelle et aux tentations de renier sa foi :

[…] Mais allez vers Lui quand vous en avez un besoin désespéré, quand toute autre forme de secours est vaine, et que trouvez-vous ? Une porte qui vous est claquée au nez, un bruit de verrouillage à double tour de l'autre côté. Après cela, le silence. Vous pouvez repar-tir. Plus vous attendrez, plus ce silence deviendra criant. Pas, non plus, de lumières aux fenêtres.

Ce n'est pas (je pense) que je risque vraiment de cesser de croire en Dieu. Le véritable danger est d'en venir à penser des choses affreuses de Lui. La conclusion que je redoute n'est pas tant de dire "Donc Dieu n'existe pas, après tout", mais "Donc il est comme ça, Dieu.

On ne m'y reprendra plus."

Il n'y a pas de réponse. Juste une porte fermée, un rideau de fer baissé, le vide, le zéro absolu. "Celui qui demande, il ne reçoit pas."

J'ai été fou de demander.

Une overdose de somnifères serait la solution. Ce qui me fait encore plus peur, c'est que nous soyons, en fait, des rats dans une souricière.

Ou, pire encore, dans un laboratoire. […] Tôt ou tard, il faudra que je me pose brutalement la question en termes simples : quelle raison avons-nous, si ce n'est que nous le souhaitons désespérément, de croire que Dieu est, selon des critères à nous compréhensibles,

"bon" ? Toutes les apparences, au premier abord, ne suggèrent-elles pas le contraire ?

Nous avons le Christ pour prouver que non. Mais s'Il s'était trompé ? Ses presque dernières paroles peuvent avoir un sens parfaitement clair : Il s'était aperçu que l'Être qu'Il appelait son Père était affreu-sement et infiniment différent de ce qu'Il avait supposé. Le piège, si longtemps et minutieusement préparé, muni d'un appât aussi subtil, venait de se refermer sur la croix. L'ignoble farce était jouée.

J'ai écrit cela la nuit dernière. C'était un cri plutôt qu'une pensée.

Laissez-moi essayer encore. Est-il rationnel de croire en un Dieu mauvais ? En tout cas, en un Dieu aussi mauvais que cela ? Un Sa-dique Cosmique, un sinistre abruti ?

Le plus terrible est qu'un Dieu parfaitement bon est, à cet égard, à peine moins redoutable qu'un Sadique Cosmique. Plus nous croyons que Dieu fait souffrir uniquement pour guérir, plus nous trouvons inutile de demander de la tendresse. Un homme cruel pourrait être amadoué, pourrait se lasser de son triste amusement, pourrait avoir un éphémère accès de pitié, comme les alcooliques ont des accès de

Le plus terrible est qu'un Dieu parfaitement bon est, à cet égard, à peine moins redoutable qu'un Sadique Cosmique. Plus nous croyons que Dieu fait souffrir uniquement pour guérir, plus nous trouvons inutile de demander de la tendresse. Un homme cruel pourrait être amadoué, pourrait se lasser de son triste amusement, pourrait avoir un éphémère accès de pitié, comme les alcooliques ont des accès de