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en quoi elles touchent au ministère de guérison

D E QUELLE SORTE DE FOI AVONS - NOUS BESOIN ?

5. Ma foi est en Dieu — et non pas en ma foi

Ma foi n'est pas en ma foi, mais en Dieu. Cela paraît évident. Peut-être est-ce évident. Mais si chaque personne qui priait pour la guérison comprenait réellement le sens de ces mots, nous pourrions éviter de nombreux problèmes que les gens ordinaires rencontrent de nos jours dans le ministère de guérison.

Ma foi est en Dieu — dans sa fidélité à ses promesses, dans sa sagesse, dans son pouvoir et dans sa bonté.

• Dans sa fidélité à ses promesses d'entendre et d'exaucer mes prières.

J'ai une confiance absolue en le fait que Dieu les exaucera, que j'en voie ou non le résultat.

• Dans sa sagesse. Parce que sa sagesse est infiniment supérieure à la mienne, je suis convaincu qu'il connaît et comprend, à la diffé-rence de moi, tout motif, toute circonstance ayant trait à la prière de guérison que je fais pour telle personne en particulier. En raison de mon ignorance, il se peut que je prie pour une chose erronée, ou d'une manière erronée, si bien que je ne vois pas les résultats corres-pondre à ceux que j'attendais. Ceux-ci, pourtant, seront ceux que Dieu, dans sa sagesse, juge les meilleurs.

• Dans son pouvoir. Je crois qu'avec Dieu, tout est possible. Rien n'est donc impossible à la prière d'un Chrétien, même une résurrection d'entre les morts.

• Dans sa bonté. Parce que je crois en la bonté de Dieu, je m'efforce de voir toute chose comme un reflet de son amour. Tout ce qui ad-viendra en réponse à ma prière de guérison sera la manifestation la plus forte de son amour.

Tout récemment, je l'ai expérimenté de la façon la plus personnelle et la plus émouvante. Quelqu'un de très proche de nous a été hospitalisé trois fois, cette année, pendant des jours, et dans d'intenses souffrances.

Nous avons prié pour sa guérison sans qu'il se passe grand-chose. Mais le résultat final a été merveilleux : ces séjours forcés à l'hôpital ont abouti à une réelle conversion de sa part ainsi qu'à l'assainissement de nos relations, ce qui n'aurait jamais eu lieu sans ce cas de force majeure, avec tout son cortège de souffrances et de temps perdu. Quatre mois plus tard, le problème physique semble avoir mystérieusement disparu (la prière a été exaucée), et nous sommes à présent heureux de tous ces événements, aussi douloureux qu'ils aient pu être.

Mais ma foi n'est pas en ma foi. Ma foi débouche sur des doutes dès que j'en considère la qualité. Quand un aveugle, quelqu'un qui n'a vrai-ment plus d'yeux dans les orbites, s'avance et demande qu'on prie pour lui, je me demande si j'ai la foi requise pour une telle guérison. Nous devrions, pour la plupart, reconnaître nos doutes. En revanche, dès que nous commençons à nous référer à notre foi plutôt qu'à Dieu, nous nous concentrons sur notre propre insuffisance. (Parfois, ceux qui prétendent n'avoir pas de doutes semblent avoir davantage besoin de guérison que ceux pour lesquels ils prient : au lieu de remettre en cause leur propre ministère et de se poser la question, réaliste, de savoir pourquoi ils ne réussissent pas toujours, ils rejettent simplement la res-ponsabilité de la maladie sur ceux pour lesquels ils prient).

En bref, la foi ne me laisse aucun doute sur le pouvoir et le désir de guérison de Dieu, contrairement aux gens qui pensent que Dieu ne guérit pas ou qu'il le fait uniquement dans des circonstances extraor-dinaires. Ce dont je doute vraiment, en revanche, c'est de connaître toutes les conditions requises pour prier correctement pour une per-sonne donnée. Y a-t-il quelque chose que je ne comprenne pas dans sa situation précise ? Plus souvent qu'à l'inverse, je suis au moins en partie dans le noir, et donc, je ne sais pas toujours si la personne pour laquelle je prie se rétablira. À moins que le Seigneur ne me révèle tous les détails nécessaires de la situation en question, je ne sais tout sim-plement pas si cette fois la guérison interviendra. Cela signifie-t-il que je n'ai pas la foi ? Non, je ne le pense pas : cela signifie simplement que je suis humain. Ma foi est en Dieu, non pas en mes propres pouvoirs

— pas même en ma propre foi.

Beaucoup de gens que j'ai rencontrés, cependant, et qui croient vrai-ment en la guérison, se sentent coupables de leurs doutes humains. Ils se replient sur eux-mêmes quand ils entendent ce défi : "As-tu la foi

pour être guéri ?" Au lieu de s'en remettre entièrement au pouvoir et à la bonté de Dieu, ils commencent à fouiller dans leur for intérieur pour déterminer s'ils ont entièrement libres de tout doute : neuf fois sur dix, leur réponse est non. Il s'ensuit un pénible conflit au cours du-quel germe leur sentiment de culpabilité, et plus ils examinent leur doute, plus il grandit. Dans leur lutte pour dépasser le doute, ils finis-sent par étouffer leurs véritables finis-sentiments.

Plus ils combattent, plus leur angoisse devient profonde. Ils peuvent, en fin de compte, essayer de surmonter leurs doutes par un vigoureux effort de volonté, d'aller au-delà du doute qui rôde toujours en dedans.

Mais la foi est un don que nous ne pouvons atteindre par nos seuls ef-forts. Comme le Dr Bogart Van Dunne, un spécialiste Méthodiste des Écritures, l'expliqua un jour dans un séminaire, "Les Protestants ont commencé par rejeter le Catholicisme pour ce qu'ils estimaient être sa croyance dans le travail pour le salut. Maintenant, pour certains Pro-testants, la foi est devenue le travail qu'ils s'efforcent de réaliser."

Cet effort pour "réaliser" la foi me rappelle ce qui se produit souvent quand je commence à perdre un match de tennis. Je me mets à trop forcer, à appuyer ma frappe de balle, à tenter des coups gagnants au lieu de reprendre confiance, à smasher mes services pour réussir au plus vite des aces impressionnants. Mais le résultat, en fait, est que je commence à sortir la balle du court et à rater mes premiers services.

Mes efforts excessifs dérèglent mon jeu. Alors j'essaie encore plus, je parle à mon partenaire, ou à moi-même, pour me donner un peu plus d'allant, j'essaie de courir plus vite pour raviver mon mental défail-lant(4). Mais je n'arrive qu'à me faire perdre. Mes efforts ne parviennent pas à compenser mon manque de coordination. De la même manière, dans les groupes de prière, je vois des gens qui, face à la défaite (quand la personne pour laquelle ils prient semble ne pas être transformée), se mettent à prier à plus haute voix et plus vite. Ils font pression sur la personne par des exhortations de plus en plus fortes à avoir la foi. Mais ils n'augmentent pas sa foi, ils ne font qu'augmenter la tension. Leurs efforts ne parviennent pas à compenser le fait que l'objet de leur foi n'est pas centré.

Cette approche anxieuse peut faire beaucoup de mal. Les personnes qui ne sont pas guéries partent soit avec l'impression de ne pas avoir

4) Rappelez-vous que ces lignes ont été écrites il y a quelque vingt-cinq ans. J'ai cessé de courir comme un fou sur les courts !

la foi qu'elles devraient avoir, soit que Dieu ne les aime pas autant que les bienheureux qui ont été guéris. Ils se sentent comme l'aveugle dans l'Évangile de Saint Jean, quand les disciples (pas les Pharisiens) argu-mentaient à son propos : "Qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ?" (Jn 9, 2).

Je me rappelle une femme, à une grande réunion de prière, qui avait été encouragée, plutôt que d'aller voir un médecin, à ne pas tenir compte de ses symptômes, à savoir des crises semblables à celles d'épi-lepsie. Au cours de la réunion, elle eut une attaque. Le conseil qui lui avait été donné n'avait eu pour résultat qu'une angoisse plus grande et des nuits sans sommeil qui, à leur tour, amoindrissaient sa résistance et augmentaient la fréquence des attaques. Loin d'intensifier sa foi, le conseil qu'elle avait reçu ne l'amena qu'à se blâmer elle-même de n'avoir pas une foi suffisante pour résister à ce qu'on lui affirmait être les attaques de Satan.

Si nous croyons réellement que Dieu se rend responsable des résul-tats de notre prière, nous pouvons accomplir notre part, qui est de prier, puis lui laisser faire le reste. Glenn Clark, fondateur des Camps Farthest Out, avait l'habitude de comparer le fait de demander un ser-vice à Dieu à une poule qui couve un œuf. Vous placez l'œuf sous la poule, et l'y laissez vingt-et-un jours. Si vous ne cessez de prendre l'œuf pour le regarder, vous allez interrompre le processus et, pour diminuer votre propre angoisse, vous risquez de tuer l'œuf. Pourquoi, deman-dait-il, ne pouvons-nous pas placer autant de confiance en Dieu qu'en une vieille poule ? Il avait aussi recours à une autre comparaison :

Quand vous amenez une paire de chaussures à ressemeler chez le cordonnier, vous les lui laissez, n'est-ce pas ? Comment le cordonnier pourrait-il faire son travail, autrement ? Pareillement, comment Dieu peut-il accéder à nos problèmes, si nous nous y agrippons en permanence ? Oui, la véritable difficulté, dans la prière, est de : "lâ-cher un peu, laisser faire Dieu".(5)

Quand j'essaie de faire taire mes doutes — d'avoir foi en ma foi — je me centre plus sur moi-même que sur Dieu. Je commence à analyser mes propres doutes et peurs, à m'en sentir coupable, puis j'essaie de m'en débarrasser par ma seule volonté. Je peux me faire croireque je sors de moi-même pour me centrer sur Dieu. En réalité, je fais

exacte-5) Under the Shelter of his Wings, p. 2. Un opuscule publié par Macalester-Park Publishing Co., St Paul, MN.

ment le contraire : j'essaie de me donner foi en moi-même, oubliant que la foi est un don de Dieu. Très souvent, une telle approche, loin de créer assurance et confiance en Dieu, aboutit à une sensation de peur et d'inutilité :

Quand je suis l'instrument d'une importante guérison physique, je suis morte de peur. Il n'y a pas d'autres mots pour décrire cela. En voici deux exemples, dans notre communauté. J'ai le sentiment qu'un enfant est resté dans son appareil orthopédique à cause de mon manque de foi. Et puis, mercredi dernier, un aveugle s'est pré-senté, tout imprégné de foi, à notre réunion. Nous avons prié pour lui et, malgré ma conviction que le Seigneur était en mesure de le guérir, je craignais en même temps qu'il ne le fasse pas. Je ne puis m'empêcher de penser que notre manque de foi, en tant que com-munauté, a pu empêcher cet homme de voir. J'ai prié là-dessus, et me suis sentie amenée à lire 1 Jean 5, si bien que je sais que Dieu veut que j'élimine cette peur. Comment puis-je renforcer ma foi en la matière ? Non pas ma foi dans la puissance de Jésus, mais dans le fait qu'il m'ait choisie comme instrument. Je n'ai aucune appréhen-sion à être utilisée pour la prophétie, cela ne m'effraie pas autant que pour la guérison. Pourquoi ?

Je dirais, pour ma part, que l'enseignement sur la guérison reçu par la rédactrice de ces lignes a été défectueux. Elle estime qu'elle devrait être capable de dire : "Cet homme va être guéri tout de suite." Comme, en toute honnêteté, elle ne peut croire cela, elle éprouve un sentiment de culpabilité. Ce qui l'amène à éviter la prière de guérison.

Le fait que je ne puisse me forcer à croire que cet aveugle sera guéri sur-le-champ signifie-t-il que je n'ai pas foi dans les promesses de Dieu ? Non, cela signifie simplement que je suis prêt à reconnaître que je ne possède pas tous les paramètres inhérents à cette situation parti-culière, à moins que Dieu ne choisisse de me les révéler. Reconnaître cela n'est pas un manque de foi de ma part.

Non, ma foi n'est pas en ma foi, mais ma foi est en Dieu — en sa bonté et en sa sagesse — en son infaillible pouvoir d'écouter et d'exau-cer mes prières. Prétendre à plus que cela, à moins qu'il n'ait été ex-pressément révélé qu'une personne précise sera guérie, est faire de moi-même une contrefaçon qui essaie de jouer à être Dieu.

La manière, alors, de prier dans la foi est la suivante :

• Se tourner vers Dieu avec l'absolue conviction qu'il sait ce qui est le mieux pour nous, qu'il nous aime plus que quiconque, qu'il a le pouvoir d'accomplir tout ce qui nous est nécessaire ;

• accepter comme normal d'avoir des doutes sur notre propre com-pétence et sur nos propres prévisions quant aux résultats ;

• voir que l'action de foi que nous devons entreprendre est de prier pour les malades (quand notre guide dans la prière nous l'indique) ;

• laisser les résultats à la discrétion de Dieu. D'ordinaire, nous n'avons pas à revenir à la charge auprès de la personne pour laquelle nous avons prié pour nous assurer de notre réussite(6).