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2• L'amour est ressenti

S IGNES DE NÉCESSITÉ DE DÉLIVRANCE

Les signes indiquant une possible nécessité de délivrance sont les sui-vants :

• D'abord, cet élément de compulsion dont nous venons de parler.

Quand une personne essaie, dans la durée, de changer mais n'y par-vient pas, même après tous les efforts possibles d'autodiscipline, la ré-ponse peut être soit la prière de guérison intérieure, soit la prière de délivrance — ou les deux. Les problèmes les plus fréquents de com-pulsion intérieure comprennent la dépendance à la drogue, l'alcoo-lisme, l'obsession sexuelle, les tendances suicidaires à l'autodestruction.

Du discernement sera toujours requis pour déterminer quelle ap-proche convient à chacun de ces problèmes : repentir et autodiscipline, ou bien guérison, ou encore guérison intérieure pour les blessures du passé, ou enfin la délivrance. Mais la compulsion est l'un des signes que des forces démoniaques pourraient être agissantes.

• La personne qui sollicite la prière sait souvent que le problème est démoniaque et vous le dira. Bien entendu, ce peut être le fruit d'une imagination trop fertile qui, après la lecture d'impressionnants récits sur le sujet, aurait décidé que telle en était l'origine — un peu comme les gens influençables qui se croient atteints des maladies décrites dans les ouvrages médicaux qu'ils consultent. Si, donc, quelqu'un vient nous demander un exorcisme, nous ferons bien de l'interroger très précisé-ment. Il est vrai que nous avons, pour la plupart, été formés à trouver suspectes toutes ces histoires d'horreurs démoniaques et à les attribuer à des hallucinations ou autres aberrations psychiques. Parmi ceux qui relatent de telles histoires, certains sont psychotiques, ce qui n'aide pas à faire le tri. Mon impression personnelle est que de nombreux prêtres et pasteurs qui ont un solide bagage intellectuel tendent à n'apporter aucun crédit à tout récit relatif à une activité diabolique, alors que les exorcistes non officiels, qui ont peu ou pas de formation, inclineraient à croire mot pour mot ce qu'on leur raconte et à créer la confusion en voyant des démons là où il n'y en a pas. Le malheur est donc que ceux qui sont à même de pratiquer les exorcismes ou délivrances nécessaires

abandonnent le terrain aux moins qualifiés — puis en critiquent les résultats.

Mon expérience personnelle m'amène à penser que bien des gens ont eu des rapports avec le mal et qu'ils aimeraient en parler et en être libérés, mais que la réaction de scepticisme qu'ils ont si souvent ren-contrée chez leur prêtre ou leur pasteur les a conduits à taire leur in-time soupçon quant à l'origine réelle de leurs problèmes. Il est édifiant de constater que lorsque je demande à une assemblée combien de per-sonnes pensent avoir eu contact direct avec un esprit malin, un tiers en moyenne lève la main.

• Si la prière de guérison semble être inefficace, ce peut être le signe qu'une délivrance est nécessaire. Je pense aujourd'hui que la prière de guérison intérieure a, d'ordinaire, un effet perceptible. Si à l'issue de celle-ci, la personne déclare avoir encore l'impression d'être nouée à l'intérieur, cela peut indiquer la nécessité d'un supplément d'accom-pagnement psychologique, ou de prière de guérison intérieure — ou peut-être de délivrance.

A ce que j'ai pu constater de l'activité des démons, ceux-ci essaient ordinairement de convaincre la personne souffrante qu'elle ne vaut rien, quelle est indigne d'amour, vouée à l'échec, condamnée au désas-tre et à la mort, irrémédiablement coupable, haïe de Dieu. Ce syn-drome de "l'éternel perdant" peut aussi être provoqué par les blessures d'un passé malheureux. Il est clair, à ce niveau, que tout problème sonnel profond peut avoir une multitude de causes possibles. Telle per-sonne dépressive aura besoin de se repentir d'un péché secret qui pèse sur elle, telle autre souffrira de déséquilibre hormonal (dépression post-partum) et requerra attention médicale ou soutien psychologique professionnel. Une autre n'aura jamais connu l'amour d'une mère ou d'un père et relèvera de l'assistance psychiatrique et/ou de la guérison intérieure, une autre enfin, oppressée par des forces démoniaques qui l'enfoncent dans la dépression et le désespoir, aura besoin de la prière de délivrance.

Dans tout cela, il est clair que le don de discernementsera très utile pour découvrir ce qui ne va pas et déterminer la meilleure façon d'agir.

Étant donné la nature délicate de ce ministère, celui qui prie avec quelqu'un pour la délivrance aura, plus que nul autre ministre du culte, besoin d'avoir ce don. Quand vous priez pour une guérison, même si celle-ci n'intervient pas, le patient est malgré tout béni si le ministère

a été exercé dans un climat d'amour. Mais si vous priez pour une déli-vrance et que rien ne se produit, la personne peut se sentir couverte du voile de l'opprobre, croyant que vous avez trouvé en elle une activité démoniaque qui n'a pas été expulsée et qui y demeure installée.

La délivrance devrait être administrée, donc, avec grande précaution, normalement par une équipe expérimentée, et uniquement si vous es-timez qu'une activité démoniaque est présente et que le Seigneur sou-haite que vous priiez pour cette personne à ce moment précis.

La prière de délivrance diffère de la prière de guérison de deux ma-nières :

• Alors que la prière de guérison est adressée à Dieu, la prière de dé-livrance, ou exorcisme, est dirigée vers les démons oppresseurs.

• Alors que la prière de guérison est d'ordinaire une supplique, la prière de délivrance est un commandement. Pour celui qui a le don de la foi, la prière de guérison peut aussi être un commandement —

"Au nom de Jésus-Christ le Nazaréen, marche !" (Ac 3, 6b) —, mais la prière de délivrance est toujours un commandement fait aux forces démoniaques de partir au nom de Jésus, comme le fit Paul à l'esprit qui habitait la pythonisse : "Au nom de Jésus-Christ, je t'or-donne de sortir de cette femme" (Ac 16, 18b).

Le ministre de délivrance est donc celui qui, investi de l'autorité de Jésus-Christ, commande aux forces du mal de partir. Ce commande-ment n'a pas besoin d'être donné en criant, comme c'est bien trop sou-vent le cas, mais avec fermeté et autorité.

Pour toute une variété de raisons, ce ministère devrait être réservé à ceux qui y ont été appelés :

• Parce qu'il s'agit d'une prière d'autorité, ceux qui sont timides ou qui manquent d'assurance ne sont pas adaptés à ce ministère. De même que les enfants refusent d'obéir à un parent craintif, il ne se passera pas grand-chose si nous avons peur quand nous essayons d'ordonner à des esprits malins de partir. Ou alors nous masquerons notre manque d'assurance par des attitudes affectées qui donneront à notre ministère une apparence ridicule.

• D'un autre côté, parce qu'il s'agit d'une prière de commandement qui implique la confrontation, les personnes aux tendances agressives peuvent se croire appelées à cette tâche, alors que ce qu'elles aiment surtout, en réalité, c'est laisser libre cours à leur agressivité. Leur

motivation étant mitigée, les résultats de leur ministère seront vrai-semblablement mitigés. La sensibilité de ceux pour lesquels ils prient risque d'être profondément choquée par ce qu'un observateur qua-lifia un jour de "viol spirituel".

• Du fait de la nécessité de démêler l'écheveau complexe du bien et du mal, et de savoir quand et comment prier, l'exorciste doit posséder expérience, bon sens et discernement. Les gens à l'esprit simpliste, qui tendent à tout voir en blanc ou en noir, semblent souvent attirés par ce ministère de délivrance où, même s'ils aident certaines per-sonnes, ils font du mal à beaucoup d'autres. Cela, par voie de consé-quence, donne à la délivrance mauvaise réputation et effarouche ceux-là mêmes qui seraient les plus aptes à en exercer avec discer-nement le ministère. (C'est pour cela que le grand exorcisme, dans les Églises Catholique Romaine et Épiscopalienne, est réservé aux prêtres qui ont reçu de l'évêque autorisation de le pratiquer sur une personne donnée).