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Choisir l’entrée par l’activité c’est s’engager à repérer certains courants se situant eux-mêmes, d’un point de vue théorique, à l’interface de plusieurs disciplines. On y trouve par exemple l’ergonomie francophone (Falzon & Teiger, 2004 ; De Montmollin, 1996 ; Leplat, 1993), la clinique de l’activité (Clot, 1999, 2001 ; Clot & Faïta, 2000), le cours d’action (Theureau, 2004), les théories de l’action (Baudouin & Friedrich, 2001), la sociologie clinique du travail (Jobert, 1999), l’ergologie (Schwartz, 1997), la didactique professionnelle (Mayen, 1999 ; Pastré, 2002 ; Pastré, Mayen & Vergnaud, 2006 ; Vergnaud, 1996), la psychodynamique du travail (Dejours, 1995, 2000, 2003). Ces champs de recherche, bien que distincts du point de vue épistémologique, sont délibérément axés vers l’action et, en ce sens, ils semblent pertinents pour comprendre et analyser l’activité des formateurs d’enseignants en interaction avec des formés. Le concept d’activité possède donc des liens multiples avec ces différents courants, lesquels entretiennent des relations d’interdépendance et présentent des points communs que nous tenterons dans ce chapitre de mettre en évidence tout en y apportant un point de vue critique.

Parmi les courants qui se sont saisis de ce concept d’activité ou selon l’expression de Jobert (1993) qui « s’efforcent de rendre compte de l’activité réelle des acteurs, en mettant à jour ce qu’ils mobilisent de leur psychisme, de leur affectivité et de leur intelligence pour répondre aux exigences de la tâche » (p.17), nous portons une attention particulière à l’ergonomie de langue française, la psychodynamique du travail, la clinique de l’activité et la didactique professionnelle. Nous faisons état de ces quatre courants car ils s’inscrivent dans l’univers du travail tout en prenant en compte la dimension de la formation. Nous voudrions insister sur l’idée d’une valorisation de la pluralité des regards autour de la notion d’analyse de l’activité. En effet, nous pensons pertinent de multiplier les regards et les cadres théoriques pour mieux comprendre la notion d’activité. Autrement dit, c’est à partir d’orientations théoriques diverses que nous souhaitons comprendre la notion d’activité. Les convergences et les divergences entre ces différentes approches nous intéressent particulièrement pour comprendre l’activité des formateurs intervenant dans des pratiques de formation en alternance. Plus spécifiquement, ces quatre courants des sciences du travail ont forgé des concepts que nous empruntons en tentant, pour notre part, de cerner l’activité des formateurs. En premier lieu, nous faisons état des concepts fondamentaux de travail prescrit, travail réel, activité et tâche en puisant dans l’approche de l’ergonomie francophone (section 2.2.1.) ; puis nous présentons les concepts de reconnaissance, jugement de beauté, jugement d’utilité mis en exergue par l’approche de la psychodynamique du travail (section 2.2.2) ; ensuite nous situons les concepts d’activité réalisée, réel de l’activité et pouvoir d’agir mis en lumière par l’approche de la clinique de l’activité (section 2.2.3) ; par la suite nous développons les concepts de compétence, schème et concept pragmatique produits par l’approche de la didactique professionnelle (section 2.2.4) ; en dernier lieu, nous nous confrontons à la question du langage au travail (section 2.2.5).

2.2.1. Travail prescrit, travail réel, activité et tâche

Ergonomie signifie « étude des lois du travail » (Teiger, 1993). C’est une science récente (20e siècle) qui s’appuie sur des disciplines scientifiques relatives à l’homme telles que la physiologie, la psychologie, l’anatomie, l’ingénierie, la sociologie, la cybernétique, etc. Sans entrer dans un débat sur la définition de l’ergonomie qui semble vif au sein de la communauté des ergonomes, on peut la considérer comme une « science interdisciplinaire » ou encore comme un « carrefour disciplinaire »

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012 (Falzon & Teiger, 1999). Il reste cependant quelques constantes que nous relevons ci-après : 1) elle met en œuvre des méthodes de mesures spécifiques pour analyser le travail réel dans son contexte naturel ; 2) elle étudie le sujet opérant dans une action, d’où l’usage du terme d’opérateur ; 3) elle est fondée sur l’analyse des pratiques effectives (Falzon & Teiger, 2004) ; 4) elle aide à comprendre les causes des difficultés rencontrées par les opérateurs sur le terrain ; 5) elle contribue à améliorer les situations existantes, à transformer des problèmes du travail, à éviter les erreurs lors de la conception de machines, d’outils ou de dispositifs ; 6) elle apporte également des résultats sur la formation et sur le type de management.

L’ergonomie de langue française s’est écartée du taylorisme sans renoncer pour autant à comprendre et analyser le travail, et plus particulièrement, à étudier le comportement de la femme ou de l’homme dans son travail. Elle a comme finalité, d’une part, d’améliorer et de transformer le travail des opérateurs en contribuant à la fois au bien-être et à la santé des sujets et, d’autre part, à l’efficacité pour l’organisation dans l’idée d’obtenir des résultats. Ces deux objectifs sont indissociables et complémentaires précise Guérin et al. (1997). Le premier objectif de l’ergonomie (bien-être et santé) doit être compris comme une recherche de mesures palliatives (compenser les déficits de la personne) et préventives (éviter l’occurrence des situations pathogènes). Ces mesures évitent la dégradation de la santé, mais aussi favorisent la construction de la santé (Falzon et Teiger, 2004). La santé doit être perçue dans une vision large. Ainsi, il est tout aussi important de parler de santé psychique et cognitive que de santé physique.

Le deuxième objectif de l’ergonomie (efficacité pour l’organisation) se mesure sous les dimensions de la productivité, de la qualité et de la fiabilité. L’efficacité pour l’organisation est dépendante de l’efficacité humaine, l’une ne va pas sans l’autre. Pour cela, il est fondamental d’analyser le travail réel, de faire comme le suggère Wisner (1995) « des expérimentations sur ce que les opérateurs font vraiment ». Le contraire serait la méthode expérimentale qui se base plus sur le travail prescrit « sur ce qu’on croit que les opérateurs font », nous dit Wisner (1995). Il est intéressant de relever que c’est le point de clivage épistémologique essentiel entre l’ergonomie nord-américaine, plus marquée par les travaux expérimentaux menés en laboratoire, et l’ergonomie francophone, fondée sur l’étude des conditions favorables à la santé, la compréhension de l’activité en situation réelle et sa transformation. Cette dernière s’est ancrée dans une tradition « d’intérêt pour le travail humain » (Teiger, 1993).

Les sujets opérants sur le monde intéressent les ergonomes. Ces derniers tentent de comprendre et d’agir dans une perspective de transformation des situations de travail. Ainsi la qualité scientifique de l’ergonomie réside dans son application. L’observation des activités quotidiennes dans leur propre contexte ainsi que l’analyse de ces activités constituent la base du travail d’une recherche ergonomique. Elle a un souci d’exhaustivité dans l’observation des comportements, ce qui la conduit à obtenir des données objectives qui font l’objet de mesures très précises. Pour cela, l’ergonome dispose d’une multiplicité de méthodologies, et selon la nature du problème à analyser, il peut soit retenir une seule pratique dans un cadre théorique exclusif ou soit préconiser l’adaptation de la méthodologie au problème rencontré. Cette dernière position semble davantage convenir à Wisner (1995), qui conçoit l’ergonomie comme « un art nourri de méthodes et de connaissances issues de la recherche scientifique » (p. 125).

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012 À présent, tentons d’une part, de définir quelques concepts fondamentaux qui nous seront utiles pour analyser le travail et, d’autre part, de saisir l’apport de l’ergonomie à la formation.

Analyse du travail et concepts fondamentaux

L’ergonomie de langue française oppose, dans son cadre théorique, les concepts de travail prescrit et travail réel, de tâche et activité ou encore de tâche prescrite et tâche effective. Commençons par la notion de travail.

TRAVAIL PRESCRIT / TRAVAIL RÉEL

La notion de travail est selon Rabardel et al. (1998) « une activité finalisée d’un homme concret et socialement situé » (p. 13). Cette notion se caractérise par les concepts de travail prescrit et de travail réel. Il y a toujours un écart entre ces deux concepts. D’une part, il y a impossibilité de prescrire en détails le travail d’où une dimension parfois obscure ou lacunaire de la prescription chez les concepteurs. D’autre part, l’opérateur va devoir prendre en compte la variabilité (intra-individuelle de l’humain, de la situation de travail) et la diversité (intra et inter population, des situations de travail). Selon Rabardel et al. (1998, p. 23) :

o Le travail prescrit renvoie à tout ce qui est défini par avance par l’entreprise (et naturellement par ses personnels) et donné à l’opérateur pour définir, organiser, réaliser et régler son travail.

o Le travail réel renvoie au travail tel qu’il se réalise concrètement dans le bureau, l’atelier ou le service.

Le travail prescrit et le travail réel s’analysent en termes de tâche et d’activité sans toutefois être confondus. Selon la jolie expression de Valléry & Amalberti (2006), l’analyse du travail est considérée comme « un des joyaux de l’ergonomie francophone » qui comporte deux concepts fondamentaux : ceux d’activité et de tâche. Falzon & Teiger (2004) les définissent ainsi :

o La tâche est une prescription externe à l’opérateur.

o L’activité est ce qui est fait, ce qui est mis en jeu par le sujet pour réaliser la tâche.

TÂCHE / ACTIVITÉ

Plus spécifiquement, l’ergonomie distingue plusieurs tâches regroupées en deux groupes : soit des tâches élaborées sans l’intervention de l’opérateur (tâche à réaliser, tâche prescrite, tâche attendue), soit des tâches élaborées par l’opérateur (tâche redéfinie, tâche effective). Distinguons-les en nous référant à Rabardel et al. (1998).

1) Tâches élaborées par l’organisation ou les concepteurs sans l’intervention de l’opérateur : o La tâche à réaliser est celle que l’organisation et/ou les concepteurs conçoivent sans qu’elle

soit suffisamment représentée dans sa réalisation.

o La tâche prescrite est celle que l’opérateur doit réaliser selon des buts et des conditions particulières définis et présentés par l’organisation et/ou les concepteurs.

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012 o La tâche attendue est celle dont la réalisation est réellement attendue. Elle n’est pas toujours

précisée en raison de son caractère évident et partagé par tous.

2) Tâches élaborées par l’opérateur :

o La tâche redéfinie est la tâche prescrite et/ou attendue interprétée par l’opérateur en fonction des moyens dont il dispose et des contraintes qu’il se fixe ou qu’on lui fixe. Cette tâche ne peut qu’être formulée par l’opérateur.

o La tâche effective est la tâche réelle ou la tâche redéfinie réalisée par l’opérateur en fonction des exigences de chaque situation singulière. Nous pouvons la décrire à partir de l’observation de l’activité.

L’activité est ce qui se fait dans une situation singulière. C’est ce que met réellement en œuvre l’opérateur pour réaliser la tâche. Cette dernière est couplée aux propres caractéristiques (compétences et état fonctionnel) de l’opérateur et c’est à partir de ce couplage (tâche et caractéristiques de l’opérateur) que l’activité va se déployer. Il faut relever ici toute l’importance des caractéristiques de l’opérateur: sexe, âge, acquis de formation et expérience mais aussi : A-t-il une bonne estime de soi ? A-t-il confiance en lui et en autrui ? A-t-il conscience de soi ? Est-il motivé ? Attribue-t-il du sens à son travail ? A-t-il du plaisir dans son travail ? Il faut aussi prendre en compte l’état instantané (fatigue, rythmes biologiques, vie hors du travail). Ces caractéristiques personnelles et l’état fonctionnel sont à privilégier tout autant que les caractéristiques cognitives selon l’approche ergonomique.

Ainsi l’activité va produire des effets de performance liés aux objectifs de la tâche (résultats) et des effets propres à l’opérateur comme de la satisfaction, de la fatigue et de l’expérience. Ce dernier effet est important et contribue au développement des compétences professionnelles. Ainsi, tout au long de son activité, l’opérateur va évaluer son travail dans la perspective d’une double régulation.

La première régulation contribue à comparer les résultats avec les objectifs visés. Si ces derniers sont atteints et conviennent, l’activité est arrêtée. Si les objectifs ne sont pas atteints et sont insatisfaisants pour l’opérateur, l’activité sera modifiée.

La deuxième régulation contribue à comparer l’état initial de l’opérateur, en cours, et en fin d’activité. Si l’opérateur est soumis à des astreintes physiques, psychiques ou cognitives excessives, il va adapter son mode d’organisation et ceci dans l’idée d’une convergence entre efficacité et préservation de son bien-être et de sa santé. Cette double régulation devrait se réaliser dans un idéal, mais elle ne peut pas toujours se mettre en place. En effet, les astreintes peuvent être très lourdes et l’opérateur va alors privilégier les effets de performances au détriment de son bien-être et de sa santé. Ce type de situation fragilise l’opérateur et peut avoir des effets très négatifs sur sa santé physique, psychique ou cognitive.

Ce modèle met en évidence l’activité comme étant le résultat de l’interaction entre l’opérateur et la tâche. L’activité est donc la résultante du système tâche-opérateur. L’activité consiste d’une part, à modifier l’environnement matériel et symbolique (effets de performance) et, d’autre part, à transformer l’opérateur grâce à sa propre pratique (effets pour l’opérateur). Nous verrons par la suite, qu’à partir des travaux de Clot (1995, 1999), ce modèle sera complété par une dynamique collective de l’activité.

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012 Figure 1 : Schéma général pour l’analyse de l’activité (d’après Leplat, 1997)

Analyse du travail et formation

L’analyse du travail devrait être un préalable à toute formation (Falzon & Teiger, 2004). Cela signifie que pour démontrer leur efficacité, les formations professionnelles devraient être conçues après une analyse des activités réelles du travail des opérateurs expérimentés (objectifs, compétences, comportements, traitement de l’information). C’est à partir de cette analyse minutieuse que les contenus de formation sont élaborés et qu’une démarche pédagogique est pensée. Ce principe est loin d’être appliqué dans les formations professionnelles et, pourtant, c’est un moyen efficace pour éviter de s’éloigner du travail et de ses besoins réels.

L’analyse du travail peut également se concevoir comme un outil de formation (Falzon & Teiger, 2004). Dans ce cas, elle devient un dispositif pédagogique dans lequel le travail est rapporté, pensé et analysé en interaction avec un sujet. En décrivant son activité et en la commentant, le travailleur prend conscience de la complexité du travail au travers des questions formulées par l’ergonome. En ergonomie, il est d’usage de dire que les opérateurs, en cours et du fait du travail, construisent des savoirs et développent leurs compétences dont ils n’ont pas conscience (Falzon & Teiger, 2004). Pour déclencher des actions de transformation, il s’agit de concevoir des espaces réflexifs favorisant le développement des compétences. A l’inverse, la formation constitue un objet d’étude central et organisateur de l’activité scientifique (Durand & Plazaola Giger, 2007). Pour ces auteurs, l’approche de la formation centrée sur l’activité permet de se positionner par rapport à la dynamique de la construction des compétences professionnelles, à l’optimisation des dispositifs d’alternance, à la place des savoirs dans la formation, au travail des formateurs d’enseignants et à leurs compétences, à l’intervention conjointe des formateurs, etc.

2.2.2. Reconnaissance, jugement de beauté et jugement d’utilité

Selon Wisner (1995), l’analyse ergonomique du travail n’est pas à confondre avec la psychopathologie et la psychodynamique du travail, elle en représenterait même un antagonisme. En effet, la psychodynamique chez Dejours (2000) s’intéresse à la problématique de l’interprétation de faits dans les discours et les comportements alors que celle de l’ergonomie a pour mission d’agir sur les conditions de travail afin de les adapter à la femme ou l’homme dans la perspective d’écarter les dangers pour l’opérateur, tout en respectant l’efficacité de la production. Selon Davezies (1993),

Caractéristiques de l’opérateur

Couplage Tâche

Effets pour l’opérateur

Activité de l’opérateur

Effets de performance

Symbole de comparaison ou pluslargement de diagnostic

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012 l’analyse psychodynamique du travail a pour objet « l’étude des relations entre plaisir et souffrance au travail d’une part, organisation du travail de l’autre » (p. 33).

Si l’on considère la personne dans sa « globalité », il est judicieux, d’explorer hormis la charge physique et cognitive (domaine d’intervention privilégié de l’ergonomie), la charge dite affective. La prise en compte de cette dimension affective a pris beaucoup d’ampleur grâce aux apports de la psychodynamique et de la psychopathologie du travail qui se centrent sur la mobilisation subjective.

La psychodynamique du travail est issue de la psychologie, de la psychiatrie et de la psychanalyse, mais elle s’inspire également de l’ergonomie. Elle a été initiée par Christophe Dejours au début des années 80. Elle est « fille » de la psychopathologie du travail qui se définit comme « l’analyse de la souffrance psychique résultant de la confrontation des hommes à l’organisation du travail » (Dejours, 2000, p. 204). Son objet est de s’intéresser plus particulièrement à la dynamique de la souffrance au travail, aux névroses et aux psychoses, structures qui président aux pathologies mentales et aux contraintes de travail qui peuvent être menaçantes pour l’équilibre psychique des femmes et des hommes. Loin d’être mise de côté, cette discipline, « spécialisée dans le champ de la santé » (Dejours, 2000), s’est élargie, en considérant également les destins de la souffrance, la dynamique du plaisir au travail, les différentes stratégies individuelles et collectives de défense que les travailleurs déploient pour lutter contre la souffrance. C’est aussi la « normalité » (Dejours, 2000) qui intéresse la psychodynamique. Elle se présente comme le résultat d’un compromis, construit par les femmes et les hommes qui travaillent pour éviter de basculer dans la maladie mentale. Et enfin, cette discipline met en avant le principe d’une « rationalité subjective des conduites et des actions des travailleurs » (Dejours, 2000) qui ouvre des perspectives plus larges que la psychopathologie du travail qui semble dédiée à l’analyse, au dépistage et au traitement des maladies mentales. Ainsi la dénomination de psychodynamique s’est substituée à la psychopathologie.

L’approche psychodynamique du travail a pour objet l’analyse des « processus intersubjectifs mobilisés par les situations de travail » (Dejours, 2000). Elle ne se focalise plus sur les maladies mentales, mais porte son regard « en deçà ». Sa recherche montre en quoi l’inquiétude, l’insatisfaction, le risque, voire la peur font partie du travail et comment les travailleurs élaborent des stratégies défensives leur permettant d’alléger la souffrance physique, psychique et morale ou de la rendre quelquefois productive pour tenir le coup et ainsi continuer à travailler. De même, il est possible que le travail procure des sources de satisfaction sublimatoire lorsqu’il est librement organisé ou qu’il correspond aux besoins de la personne et que le fonctionnement organisationnel plaît. Le bien-être au travail est une réalité qui repose sur les contacts sociaux que la plupart des gens nouent pendant le travail et sur le fait que l’activité professionnelle fournit de multiples occasions de vivre des expériences positives. Le sentiment suprême de plénitude pouvant aller jusqu’à un état euphorique où le sujet ne fait plus qu’un avec l’activité exercée peut ressembler à un état d’ivresse dans lequel le sujet se complaît et oublie les soucis quotidiens, les pensées négatives et désagréables. Le travail se situe bien dans ce cas entre plaisir et souffrance, expression usuellement utilisée dans la littérature qui porte sur cette approche.

RECONNAISSANCE /JUGEMENT DE BEAUTÉ / JUGEMENT DUTILITÉ

La psychodynamique, perçue comme une « praxis » (Dejours, 2000) s’efforce de faire valoir les attentes que les sujets vont investir dans un espace de travail qui a la particularité de structurer et de déployer la personnalité. Il s’agit pour cet auteur d’un lieu privilégié où la personne au travers de son

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012 action et de la résistance du réel, va se reconnaître et se faire reconnaître. Il s’agit donc d’un merveilleux terrain offrant de multiples occasions de conquête de la reconnaissance de soi et de développement de l’estime de soi. Dans ce cas, le travail peut être, dans un certain idéal, considéré comme un moyen de promouvoir la santé, au sens large, de contribuer à la transformation du sujet, à sa construction de l’identité, au développement des compétences et à sa reconnaissance sociale. Il devient, en ce sens, un véritable objet nécessaire à l’équilibre psychique de la personne et de la collectivité. Le travail est donc un lieu de construction identitaire et de reconnaissance. Selon cette

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012 action et de la résistance du réel, va se reconnaître et se faire reconnaître. Il s’agit donc d’un merveilleux terrain offrant de multiples occasions de conquête de la reconnaissance de soi et de développement de l’estime de soi. Dans ce cas, le travail peut être, dans un certain idéal, considéré comme un moyen de promouvoir la santé, au sens large, de contribuer à la transformation du sujet, à sa construction de l’identité, au développement des compétences et à sa reconnaissance sociale. Il devient, en ce sens, un véritable objet nécessaire à l’équilibre psychique de la personne et de la collectivité. Le travail est donc un lieu de construction identitaire et de reconnaissance. Selon cette