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Nous relevons, ci-après, quelques fondements méthodologiques sur lesquels repose notre recherche.

Ceux-ci se caractérisent par quatre approches : une approche qualitative (point 3.1.1), une approche

L

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012 inductive et heuristique (point 3.1.2), une approche descriptive et compréhensive (3.1.3) et une approche impliquée (3.1.4).

3.1.1. Approche qualitative

Par cette approche, nous cherchons à rendre intelligibles les phénomènes que nous rencontrons, c’est-à-dire à comprendre et extraire du sens au travers de l’analyse de l’activité des formateurs (F-HEP et FEE) engagés dans des pratiques de formation en alternance. L’approche qualitative se caractérise par des méthodes diversifiées. Notre recherche de terrain est dite qualitative d’une part, par les instruments/méthodes utilisés pour recueillir les données et, d’autre part, par les opérations choisies pour analyser les données. Nous empruntons la définition de Paillé & Mucchielli (2003) qui entendent par recherche qualitative : « la recherche qui implique un contact personnel avec les sujets de la recherche, principalement par le biais d’entretiens et par l’observation des pratiques dans les milieux mêmes où évoluent les acteurs » (p. 9). Par cette démarche, nous accédons à l’activité des formateurs et à sa compréhension. Les données récoltées sont donc essentiellement non paramétriques, dans la mesure où elles résultent des énoncés des sujets en situation de travail et d’entretien d’autoconfrontation. Autrement dit, il s’agit d’extraire du sens de nos données empiriques plutôt que de les transformer à l’aide de procédés mathématiques (statistique ou pourcentage). En ce sens, nous nous éloignons des recherches classiques qui prennent appui sur une analyse quantitative des données et plus spécifiquement sur une démarche hypothético-déductive.

3.1.2. Approche inductive et heuristique

Par cette approche, nous nous inscrivons dans le courant méthodologique de la théorie fondée et visons de fait une familiarisation progressive avec la réalité et avec la construction de cette réalité par les acteurs (« grounded theory » selon Glaser et Strauss, 1967). Ce courant repose sur le postulat selon lequel il s’agit de développer la théorie en partant des représentations aussi bien que des pratiques des acteurs, puisque ces derniers construisent leur réalité. L’approche se construit à partir d’un dialogue permanent entre l’observation des faits et une conceptualisation de la réalité (Wittorski, 1997). Contrairement à l’approche hypothético-déductive, il s’agit de générer des hypothèses au lieu d’en tester avec des outils stables. L’approche inductive est prégnante tout au long de notre recherche, elle reste selon Paillé & Muchielli (2003) une façon « générique, naturelle et logique d’aborder un corpus de données qualitatives de terrain avec un regard conceptuel » (p. 22).

Ceci s’explique par le fait que plutôt que de délimiter des catégories d’interprétation a priori et de les imposer comme cadre d’analyse, nous faisons émerger les significations de nos données empiriques.

Autrement dit, nous extrayons les catégories émergentes de nos données afin d’éviter un découpage qui serait uniquement prédéfini par la chercheuse. Cependant, cette façon de procéder ne va pas sans une sensibilité scientifique et expérientielle, au sens où la chercheuse ne peut pas totalement nier son propre bagage conceptuel et les connaissances issues des théories précédentes. Nous nous rapprochons en partie des travaux de Baslev & Saada-Robert (2006) lorsqu’elles soutiennent l’idée et la nécessité d’un double mouvement dans l’interprétation des données, celui qui procède par déduction en se référant à des connaissances théoriques préexistantes et celui qui s’inscrit dans un mouvement inductif qui demande de la part du chercheur une mise à distance de ses cadres théoriques et une ouverture empathique vers les acteurs.

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012 3.1.3. Approche descriptive et compréhensive

Nous nous inscrivons dans un double paradigme descriptif et compréhensif. Nos travaux de recherche se préoccupent de décrire et de comprendre l’activité des formateurs en situation quotidienne de travail. Pour ce faire, nous nous concentrons non sur les tâches prescrites, mais sur les actions réalisées. C’est ainsi que nous portons une attention à comprendre ce que font les formateurs d’enseignants tout en prenant en compte ce qu’ils disent de ce qu’ils font dans la perspective de rendre compte de la complexité de l’humain au travail. Autrement dit, la compréhension de l’activité est effectuée du point de vue de la chercheuse et de celui de l’acteur.

C’est la rencontre des points de vue qui fait émerger une réelle compréhension. Comprendre l’activité ne peut se suffire d’une observation extérieure, elle doit être conjuguée à une observation interne de l’acteur pour rendre compte et comprendre l’activité. Par conséquent, l’activité doit être étudiée en situation réelle et en situation d’autoconfrontation. La perpétuelle recherche de sens des phénomènes caractérise cette approche descriptive et compréhensive. Pour atteindre le sens, il faut donc autant décrire que comprendre le travail et l’acteur au travail.

3.1.4. Approche impliquée

Notre approche est impliquée dans un double sens. Premièrement, elle est impliquée dans le sens que nous pouvons faire état de notre fonction actuelle de formatrice d’enseignants. C’est bien à une partie de notre activité professionnelle que se rattache notre motivation à comprendre l’activité des formateurs (F-HEP et FEE) intervenant dans des pratiques de formation en alternance. Plus précisément, la recherche s’inscrit dans le cadre de l’institution dans laquelle nous exerçons notre profession depuis plus de dix ans à titre de formatrice et professeure en sciences de l’éducation. La place que nous occupons en tant que chercheuse et formatrice en formation d’enseignants compte dans le processus de recherche. Notre souci est de maintenir un dialogue constant entre notre propre vision du monde en tant que chercheuse/formatrice et les visions du monde des formateurs d’enseignants impliqués.

Deuxièmement, notre approche est impliquée dans le sens que nos résultats de recherche peuvent produire des retombées positives pour le milieu professionnel, voire stimuler les formateurs à poursuivre une démarche initiée par la recherche. L’engagement dans la recherche est, en ce sens, impliqué et contribue à répondre à des préoccupations d’évolution et de changement. Il s’agit donc de provoquer une prise de conscience, de produire un savoir praxéologique, voire de provoquer un changement. Notre recherche prend ses sources en partie dans la recherche participative telle que décrite par Anadòn (2007) du fait qu’elle se caractérise par un processus de production de connaissance et de reconnaissance de l’activité des formateurs en formation d’enseignants et des formations dites en alternance et, ceci de concert avec les acteurs de terrain.

Relevons que le dispositif méthodologique est adapté - dans un souci de cohérence – à l’objet étudié et aux spécificités du champ des sciences de la formation et du travail.

Thèse no 505- version finale du 30 juillet2012