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possibilités de l’économie politique : l’État développementiste

Le fait de voir l’intégration en Afrique et la ZLEC sous l’angle de la politique économique aide à expliquer

«  pourquoi les choses sont comme elles sont  ». Pour sortir de cette situation, il faut des mesures ciblées de la part d’États développementistes ayant à leur tête des dirigeants déterminés à réaliser les objectifs nationaux de développement et s’appuyant sur des administrations compétentes et professionnelles (CEA, 2011).

Un État développementiste peut être défini comme étant un État qui a « la capacité de déployer son autorité, sa crédibilité et sa légitimité de manière contraignante pour concevoir et mettre en œuvre des politiques et des programmes de développement permettant de promouvoir la transformation et la croissance, ainsi que d’améliorer les capacités humaines » (CEA, 2011). L’un des défis les plus critiques pour le développement de l’Afrique est la formation d’états développementistes.

Pour ce faire, il faut un « environnement socio-politique démocratique qui confère à l’État légitimité et autorité » (CEA, 2011). Il faut également un leadership politique et une administration capable.

Les questions d’économie politique détaillées dans le présent chapitre constituent le fondement sur lequel l’État développementiste doit inévitablement asseoir son approche de la ZLEC. Ces questions concernent des facteurs qui doivent être considérés comme acquis, du moins à court et à moyen terme. Ils doivent être pris en compte par l’État développementiste lorsqu’il assume la responsabilité de la conception et de la mise en œuvre de la ZLEC.

Par exemple, il faut prendre en compte les intérêts et l’influence des différents acteurs, de sorte qu’ils n’accaparent pas les avantages de la ZLEC et ne réduisent pas son potentiel de développement. Les décideurs doivent être vigilants afin que les intérêts des groupes vulnérables ne soient pas rendus inaudibles par la voix de lobbyistes aux moyens bien plus importants. De même, les changements dans le paysage commercial international peuvent compromettre les gains de l’intégration, exigeant que des mesures soient prises de manière plus urgente pour conclure la ZLEC.

Pourtant, certains éléments de l’économie politique peuvent offrir aux États développementistes des possibilités d’action. Par exemple, un héritage historique partagé peut aider à regrouper les pays africains en blocs pour négocier plus facilement la ZLEC.

Utilisée correctement, l’aide au développement peut permettre de financer la zone. Les dirigeants de l’État développementiste doivent également être conscients que la ZLEC se rapporte à des aspirations à réaliser des avantages futurs, ce qui pourrait entraîner un soutien moindre que celui accordé aux objectifs politiques

visibles et à court terme. Ces dirigeants peuvent également utiliser les États influents pour promouvoir la ZLEC.

L’économie politique de l’intégration en Afrique n’a pas besoin d’être déterministe. L’État développementiste donne l’occasion de saisir le gouvernail et de diriger le développement de l’Afrique à travers les méandres de l’économie politique de la ZLEC et de faire en sorte que le résultat soit propice au développement du continent.

Références bibliographiques

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New York.

Notes de fin de chapitre

1 Calculs de la CEA fondés sur les flux commerciaux ajustés CEPII-BACI 2015.

2 C’est à dire que tous les secteurs et activités sont soumis aux engagements de libéralisation à moins qu’ils n’en soient explicitement exclus, ce qui est en général plus favorable à une libéralisation substantielle.

3 Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce.

4 Dans le chapitre 4, nous nous attardons sur la ZLEC en tant qu’outil de diversification des exportations et d’industrialisation de l’Afrique. Cela souligne aussi l’attention que la CEA a accordée ces dernières années à divers aspects de la transformation structurelle dans son rapport phare, le Rapport économique sur l’Afrique.

Réfutant le déterminisme économique et structurel, cette série de rapports pose comme postulat de base que des choix politiques et des actions délibérés peuvent changer le statu quo (CEA, 2011, 2012, 2014)

5 Anglais, arabe, français et portugais.

6 Article 3 (3) du projet d’accord tripartite.

7 Communiqué final adopté par les chefs d’État et de gouvernement du Sommet tripartite COMESA-CAE-SADC d’octobre 2008.

8 Acquis signifie « ce qui a été convenu ». Dans le contexte de la ZLEC, cela signifie que les négociations devraient commencer au stade auquel étaient parvenues les négociations commerciales dans le cadre du COMESA, de la CAE et de la SADC. Les négociations tarifaires et l’échange de concessions tarifaires devraient avoir lieu entre États membres ou partenaires de la ZLEC n’ayant aucun arrangement préférentiel entre eux.

Cela permettra à la fois de préserver les acquis et de les exploiter.

Chapitre 4

Réexamen du bien-fondé de la Zone de