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La présente section traite des évolutions du commerce international formel ; on y trouve aussi un examen des données sur le commerce intra-africain et des progrès accomplis dans la libéralisation des droits de douane, la facilitation du commerce et l’élimination des barrières non tarifaires.

Actuellement, il existe quatre zones de libre-échange fonctionnelles dans les communautés économiques régionales reconnues par l’Union africaine : le COMESA, la CEDEAO, la CAE et la SADC. En dehors de ces CER reconnues par l’Union africaine, il existe des mécanismes de libéralisation du commerce intra-africain : la zone de libre-échange panarabe, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et l’Union douanière de l’Afrique australe (SACU). La zone de libre-échange tripartite augmentera encore la libéralisation du commerce intra-africain, et on attend la même chose de la création de la ZLEC.

Les pays africains commercent surtout avec les autres membres de leur même groupement régional. Par exemple, dans la Communauté de l’Afrique de l’Est, un membre obtient 86 % de ses importations africaines des autres membres de la CAE. Pour la CEDEAO, le chiffre comparable n’est que de 64 %, mais il est de 90 % pour la SADC et de 78 % pour le COMESA.

Les figures 2.11 à 2.15 montrent la composition des importations africaines, par pays, avec une distribution des importations qui sont déjà couvertes par une

zone de libre-échange, les importations qui seraient couvertes par la zone de libre-échange tripartite et les importations venant d’autres pays africains qui seraient aussi couvertes par la ZLEC. Alors que les importations sont couvertes par les accords de libre-échange des communautés économiques régionales, certains produits sont pourtant exclus. Les taux d’utilisation des zones de libre-échange sont inférieurs à 100  %  : par exemple, le régime de libéralisation du commerce de la CEDEAO est pesant pour les négociants, de sorte que nombreux sont ceux qui paient encore des droits de douane (OCDE, 2010  ; Bossuyt, 2016). Les chiffres donnés ne permettent donc pas de se faire une idée complète de la libéralisation réalisée, mais reflètent surtout la couverture des zones de libre-échange des CER.

Les pays d’Afrique de l’Est sont déjà largement couverts par leur marché unique et par la zone de libre-échange du COMESA. Si l’on inclut la zone de libre-échange tripartite, les pays de la CAE obtiennent 99 % de leurs importations des autres pays d’Afrique.

La couverture de la CEDEAO est beaucoup plus restreinte, de sorte que la ZLEC aurait un intérêt potentiel important. La ZLEC pourrait aussi solidifier la liberté des échanges à l’intérieur de la CEDEAO, étant donné les contraintes signalées par les négociants dans l’application du régime de libéralisation du commerce de la CEDEAO.

La zone de libre-échange tripartite aura une importance particulière pour les pays membres du COMESA qui ne sont membres ni de la CAE ni de la zone de libre-échange de la SADC, ainsi que pour plusieurs autres pays qui n’appliquent pas encore le libre-échange prévu par une autre communauté économique régionale  ; c’est le cas de l’Angola, de Djibouti, de l’Érythrée et de l’Éthiopie. La zone de libre-échange tripartite sera également précieuse pour le Soudan car la zone de libre-échange panarabe ne couvre qu’une petite fraction du commerce intra-africain de ce pays. Pour les autres pays africains qui ne sont pas membres d’une zone de libre-échange opérant dans le cadre de leur communauté économique régionale, la ZLEC devrait apporter une forte impulsion à la libéralisation de leurs échanges intra-africains.

Ces caractéristiques du commerce intra-africain sont pertinentes, dans l’optique de la ZLEC, pour deux

raisons  : elles montrent que les pertes de recettes douanières attendues de l’avènement de la ZLEC sont faibles car la plupart des pays sont déjà couverts, dans leur commerce intra-africain, par une zone de libre-échange de leur propre communauté économique régionale; et en outre, la ZLEC aidera à couvrir le commerce intra-africain des pays qui ne sont pas encore à l’intérieur d’une zone de libre-échange opérationnelle

dans le cadre de leur communauté économique régionale.

Ces caractéristiques donnent à penser aussi que les effets immédiats de la ZLEC – positifs et négatifs – seront vraisemblablement peu spectaculaires dans beaucoup de pays. La ZLEC représente un pas, et non pas un bond en avant dans le sens de l’intégration africaine, et elle aidera tous les pays africains à progresser sur la voie Figure 2.11

Part des importations intra-africaines des États membres de la CAE couverte par des accords de libre-échange, 2015

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Accords de libre-échange CAE ou COMESA Accord tripartite Autres, Afrique Burundi

Kenya Rwanda Soudan du Sud Ouganda Tanzanie, Rép.-Unie de

Source : Calculs de la CEA.

Figure 2.12

Part des importations intra-africaines des États membres de la CEDEAO couverte par des accords de libre-échange, 2015

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Bénin Burkina Faso Cabo Verde Côte d’Ivoire Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Libéria Mali Niger Nigéria Sao Tomé-et-Principe Sénégal Sierra Leone Togo

Accords de libre-échange CEDEAO Accord tripartite Autres, Afrique Source : Calculs de la CEA.

Figure 2.13

Part des importations intra-africaines des États membres de la SADC couverte par des accords de libre-échange, 2015

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Zimbabwe Zambie SACU Mozambique Maurice Malawi Madagascar

COMESA ou Accord de libre-échange panarabe Accord tripartite Autres, Afrique À noter : l’Angola, la République démocratique du Congo et les Seychelles n’ont pas encore mis en œuvre l’accord de libre-échange de la SADC.

Source : Calculs de la CEA.

Figure 2.14

Part des importations intra-africaines des États membres du COMESA (qui ne sont pas parties aux accords de libre-échange de la SADC ou de la CAE) couverte par des accords de libre-échange, 2015

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Égypte Comores Lybie Seychelles RDC

Accords de libre-échange COMESA ou panarabe Accord tripartite Autres, Afrique Source : Calculs de la CEA.

Figure 2.15

Part des importations intra-africaines d’autres pays africains couverte par des accords de libre-échange, 2015

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Algérie Cameroun Rép. centrafricaine Tchad Congo Guinée équatoriale Gabon Mauritanie Maroc Somalie Tunisie Angola Djibouti Érythrée Éthiopie Soudan

Accords de libre-échange panarabe ou de la CEMAC Accord tripartite Autres, Afrique Note : À ce jour, Djibouti, l’Érythrée, le Soudan et le Swaziland n’ont pas appliqué l’ensemble des accords de libre-échange du COMESA.

Source : Calculs de la CEA.

d’une plus grande intégration commerciale. (Comme le montre le chapitre  5, cette démarche graduelle est un moyen de réduire les coûts d’ajustement structurel associés à la libéralisation du commerce et elle permet néanmoins des gains résultant du commerce, qui sont recensés au chapitre  4, notamment une amélioration des conditions de création des chaînes de valeur régionales, une meilleure valorisation des économies d’échelle, une diversification des exportations et la facilitation des échanges, autant d’avantages prévus par de nombreux modèles du commerce international.)