• Aucun résultat trouvé

PARTIE I CONTEXTUALISATION HISTORIQUE : LA PSYCHANALYSE DE

Chapitre 4 – La psychanalyse au 21 ème siècle 119 

5) Positionnements théoriques et politiques 177 

La tradition psychanalytique de Delhi s’inscrit dans le prolongement des élaborations théoriques de Sudhir Kakar, décrites dans le chapitre précédent. L’accent est mis sur la nécessité de situer le fonctionnement psychique dans une matrice sociale plus vaste, dans une opposition explicite avec la dimension solipsiste d’une certaine tradition freudienne et des traditions empiristes (principalement comportementales et cognitives) qui prédominent dans les laboratoires de psychologie du sous-continent. L’importance des facteurs environnementaux est résumée à Delhi dans l’adjectif « psycho-social », qui définit l’approche théorique de l’université Ambedkar. Cette

approche théorique se distingue à plusieurs égards du tournant culturaliste opéré par Sudhir Kakar, bien que cette distance ne soit jamais revendiquée comme telle.

Alors que chez Sudhir Kakar, l’environnement extérieur qui doit pris en compte dans la compréhension de la psychè individuelle est la culture, l’accent est davantage mis aujourd’hui à Delhi sur la façon dont la réalité socio-politique informe les réalités psychiques. Tandis que la culture indienne, telle que comprise par Sudhir Kakar, se caractérisait par son caractère homogène et anhistorique, le social de l’approche « psycho-sociale », conçu comme une réalité pluridimensionnelle, permet de mettre en relief les divisions internes à la société indienne (castes, classes sociales, religions ou régions). Une réelle distance est ainsi prise par rapport au penchant essentialiste de la pensée de Sudhir Kakar et des psychologies culturalistes qui se sont développées dans le monde indien. Cela est en partie dû à l’influence sensible, sur le campus, de plusieurs courants intellectuels : la French Theory, avec l’exigence derridienne de déconstruire les formations discursives et l’exigence foucaldienne d’en faire la généalogie ; les études postcoloniales, qui cherchent à penser les constructions théoriques modernes et contemporaines en tenant compte des rapports de pouvoir façonnés par la période coloniale ; la psychologie critique, qui veut faire entendre des voix alternatives au sein des traditions de psychologie dominantes. Il existe donc une forte influence de la pensée critique au sens large, qui s’accompagne d’une réflexion sur le public auquel s’adresse la psychanalyse. Comme nous l’avons vu, un réel effort est fait à l’université Ambedkar pour ne pas confiner la psychanalyse dans un entre-soi élitiste, par le biais de la clinique à bas coûts et des multiples programmes « communautaires » que les psychanalystes ont commencé à mettre en place. Comme me l’a expliqué Honey Oberoi, la doyenne de la faculté de psychologie, les psychanalystes de Delhi ont le désir d’extraire la psychanalyse de sa zone de confort, tant théoriquement (confronter par exemple la théorie analytique aux traditions indigènes de soin (Siddiqui 2016)) que cliniquement (apprendre à pratiquer dans d’autres cadres que le cabinet feutré du psychanalyste). Aux yeux d’Honey Oberoi, l’histoire psychanalytique ne s’est pas beaucoup intéressée à l’altérité, sous la forme de la femme (qui tend à être confinée à sa fonction de mère), de l’individu non-occidental ou du pauvre. Il s’agit de confronter la pensée psychanalytique à ses marges et à ses impensés. Pour cette raison, dans les formations universitaires, l’accent est mis sur des auteurs marginaux de l’histoire psychanalytique comme Luce Irigaray ou Jessica Benjamin, ou des auteurs indiens comme Bose ou Ashis Nandy, qui sans être psychanalyste lui-même utilise la théorie analytique comme un outil de critique sociale. Aux yeux des psychanalystes de l’université Ambedkar, ouvrir la psychanalyse sur le social et ouvrir la psychanalyse sur l’altérité forment un seul et même projet, comme si la conception solipsiste de

l’individu s’accompagnait nécessairement d’une cécité face à la diversité et à la pluralité des existences humaines.

Les psychanalystes de Delhi qui entreprennent de théoriser une psychanalyse à même de décrire leur vie et leurs expériences sont ainsi pris dans un entre-deux : entre la volonté de culturaliser la psychanalyse, dans le sillage d’un Sudhir Kakar, et la volonté de ne pas se rabattre sur une définition figée de l’indianité (souvent accompagnée d’un regard nostalgique sur une supposée pureté des traditions hindoues et d’un malaise vis-à-vis de la pluralité inhérente à la société indienne) ; entre la volonté de créer une psychanalyse locale, à même de répondre à des enjeux locaux, et la volonté de s’adresser au monde psychanalytique au sens large, de participer aux débats internationaux et de dire quelque chose du fonctionnement humain en général. Cette tension entre indigénisation et universalisme est résumée par Anup Dhar (2017), l’un des théoriciens les plus prolifiques de Delhi, par l’opposition entre une volonté de décrire « la logique de la psychè indienne » et une volonté de décrire « la logique indienne de la psychè ». En cela, la réflexion qui s’invente à l’université Ambedkar et ailleurs en Inde s’oppose aux deux traditions prévalentes dans la psychologie indienne : la psychologie dominante, dans les universités et les laboratoires, de tradition empiriste et positiviste, qui insiste sur sa scientificité et nie tout ancrage culturel, et le mouvement d’indigénisation de la psychologie, qui fait de l’ancrage culturel l’alpha et l’oméga des phénomènes psychiques. A bien des égards, les théoriciens de Delhi cherchent à retrouver dans la psychanalyse la double critique qu’y avaient perçue les psychanalystes de l’époque coloniale : la critique de l’Europe moderne et la critique du « monde sauvage » (Nandy 1995b : 124-125). Il s’agit aujourd’hui d’articuler une critique de l’universalisme et de l’ethnocentrisme supposés de la psychanalyse occidentale à une critique des définitions closes et défensives de l’indianité, qui tendent à se fonder sur l’exclusion de certaines parties de la population et à masquer les relations de pouvoir qui existent au sein de la société indienne.

Comme on le voit, la tradition psychanalytique de Delhi est très marquée à gauche, en particulier au sein de l’université Ambedkar. D’autres institutions psychanalytiques de la capitale comme le Delhi Chapter of Psychoanalysis semblent être moins préoccupées par la nécessité de démocratiser l’accès à la psychanalyse, tout comme nombre de psychanalystes en libéral peuvent être moins sensibles à la pensée critique que ne le sont les psychanalystes de l’université. Néanmoins, de façon générale, les psychanalystes de Delhi semblent construire leur identité politique en opposition avec l’idéologie véhiculée par la droite nationaliste hindoue. Selon cette idéologie, résumée dans la notion d’hindutva (hindouité), la nation indienne est intrinsèquement

hindoue, l’hindouisme étant compris comme une identité culturelle et non religieuse. Les minorités religieuses, musulmane et chrétienne – les Sikhs, les Jains et les Bouddhistes sont considérés comme faisant partie de la grande famille de l’hindouisme –, sont censées être acceptées du moment qu’elles reconnaissent le caractère hindou de la nation et qu’elles se soumettent à la culture majoritaire. Dans les faits toutefois, leur assimilation n’est jamais assez forte, et la droite nationaliste hindoue adopte très souvent un discours guerrier contre les musulmans et les chrétiens. Sa haine s’étend à toutes les « idéologies étrangères » – notamment le « gauchisme » et le communisme –, jugées « anti-nationales », ainsi qu’à l’occidentalisation supposée des valeurs et des pratiques qui pervertirait la société indienne. Les Indiens musulmans et chrétiens (respectivement 14,2 et 2,3 % de la population, selon le recensement de 2011) sont considérés comme un danger intérieur pour la population et la culture hindoues, et l’influence de la culture étrangère est perçue comme une forme de néocolonialisme (Jaffrelot 1993).

Cette idéologie, au pouvoir depuis 2014, dispose d’une large majorité au Parlement et son influence n’a jamais été aussi forte40. S’il n’est pas impossible que des psychanalystes indiens aient déjà voté pour le BJP – parce que, par exemple, ils adhèreraient à son programme économique –, je ne pense pas qu’il soit aisément possible d’assumer un tel positionnement politique au sein des cercles psychanalytiques indiens. En particulier, l’idéologie qui sous-tend ce mouvement politique est considérée par les psychanalystes comme une idéologie réactionnaire d’extrême droite. Il faut préciser que cela ne va pas forcément de soi au sein de la société indienne actuelle, en particulier au sein des franges supérieures et intermédiaires de la classe moyenne urbaine, où ces idées sont loin d’être marginales et peuvent s’afficher sans honte (Nussbaum 2009). Il est très courant de

40 Précisons un peu les choses. Le nationalisme hindou est un courant idéologique présent dans de nombreuses

organisations, rassemblées sous l’appellation Sangh Parivar (famille des associations). Ce réseau, dont l’organisation mère est le Rashtriya Swayamsevak Sangh (Organisation patriotique nationale – RSS), une organisation militaire fondée en 1925 sur le modèle des milices fascistes italiennes, comprend aujourd’hui un parti politique (le Bharatiya Janata

Party (BJP) – Parti du peuple indien), actuellement au pouvoir, un front religieux (le Vishva Hindu Parishad (VHP) –

Conseil hindou mondial), une association étudiante (l’Akhil Bharatiya Vidyarthi Parishad (ABVP) – Conseil de tous les étudiants indiens), un syndicat ouvrier, un mouvement de travail social dans les bidonvilles et de nombreuses autres associations qui diffusent l’idéologie nationaliste hindoue de bien des manières, depuis la réécriture de l’histoire indienne (qui présente l’Antiquité védique comme un âge d’or et la période de domination musulmane comme une première colonisation) jusqu’aux conversions forcées et aux agressions physiques, parfois meurtrières, de musulmans ou de chrétiens. Comme le montre Sylvie Guichard (2016), les différentes organisations du Sangh Parivar ont perçu l’arrivée au pouvoir du BJP comme un blanc-seing du gouvernement pour leurs activités, ce qui semble confirmé par l’inaction ou la lenteur des réactions gouvernementales lors d’attaques contre les minorités. Activement ou par son silence, le BJP soutient les activités du Sangh Parivar, du moins tant que les tensions causées par leur mise en œuvre ne deviennent pas politiquement contre-productives et ne remettent pas en cause sa réélection. En outre, dans sa volonté de dominer l’espace public et de faire taire les voix critiques, le Sangh Parivar utilise certes les pouvoirs de l’Etat, mais ses ressources sont en réalité bien plus larges. Il bénéficie du soutien d’institutions et d’individus travaillant dans le milieu des affaires, de l’éducation et des médias et est très influent auprès de la diaspora indienne, elle-même très active dans les domaines politique, économique et religieux. Ces acteurs jouent le rôle de sentinelles et lancent des attaques pour le compte du parti au pouvoir, conduisant à une banalisation croissante du discours nationaliste hindou et à une normalisation de l’intolérance et de la violence qui caractérisent cette idéologie.

rencontrer à Delhi, comme dans bien d’autres villes indiennes, des jeunes gens sympathiques, apparemment ouverts, tolérants et parfois enthousiasmés par la mondialisation, qui n’ont rien en commun avec les milices fascistes du RSS mais qui conviennent toutefois que l’identité indienne est en danger, que la réaction de ceux qui veulent la préserver à tout prix est parfois excessive mais compréhensible, et que le BJP a de toute façon un bon programme économique qui mérite d’être soutenu. Les psychanalystes hindous ou sikhs – une majorité d’entre eux, mais pas la totalité – appartiennent ainsi massivement aux franges de la population qui sont réceptives au discours nationaliste hindou. En outre, dans le domaine de la psychologie culturaliste, ceux qui veulent adapter la psychologie à l’identité indienne peuvent avoir tendance non seulement à donner une définition homogène de cette identité, mais aussi à mettre explicitement la psychologie au service d’une angoisse identitaire sur l’être indien / hindou, angoisse qui est elle-même susceptible de conduire aux positions idéologiques de la droite nationaliste. L’alliance entre la psychologie culturaliste et l’attachement à l’identité hindoue existe depuis les débuts de la psychologie en Inde, comme nous avons eu l’occasion de le constater dès la période coloniale. Aujourd’hui, il semblerait que le gouvernement ait le projet de rendre les enseignements de psychologie à l’université conformes à son idéologie. La University Grant Commission, chargée de réguler et de surveiller l’enseignement supérieur, a par exemple affirmé en 2017 son désir de créer un cursus et un programme communs à tous les départements de psychologie du pays, les programmes existant n’étant à ses yeux pas assez « enracinés dans l’ethos national ». Le programme proposé par cette Commission classe des auteurs comme Aurobindo ou Vivekananda, qui sont des maîtres spirituels hindous du début du 20ème siècle, au rang des penseurs fondamentaux de la psychologie indienne que les étudiants doivent étudier (Iftikhar 2017). Les départements de psychologie de plusieurs universités, notamment l’université de Delhi ou l’université musulmane Jamia Millia Islamia, ont vivement réagi à ces propositions. Le pouvoir pourrait ainsi chercher à instrumentaliser directement les formations universitaires de psychologie à des fins idéologiques. Plus globalement, comme nous aurons l’occasion de le voir, le développement des psychothérapies s’inscrit dans le développement plus vaste d’un ensemble de techniques de soi qui visent à faire acquérir aux individus des savoir- faire et des savoir-être en phase avec les valeurs d’autonomie promues dans le monde professionnel depuis le tournant néolibéral des années 1990. Or, ces techniques de soi sont aussi très souvent teintées d’un hindouisme qui se pense mis en danger par les transformations de la société indienne. Ce cadre d’analyse constitue un terreau favorable à la réception des idées nationalistes hindoues. Le positionnement politique des psychanalystes de Delhi, désireux de penser une psychanalyse en contexte indien tout en étant hostile au nationalisme hindou, n’a donc rien d’évident dans le contexte actuel. Face à ce climat idéologique, les psychanalystes de Delhi défendent la conviction que la psychanalyse peut constituer – à son niveau, c’est-à-dire très restreint – une autre réponse que le nationaliste hindou à l’angoisse identitaire qui traverse la société indienne. Nombre d’entre

eux sont idéologiquement proches d’un auteur comme Ashis Nandy, qui utilise la théorie analytique comme un instrument de démystification et de critique sociale et qui voit dans l’immense diversité des pratiques religieuses et culturelles du sous-continent un antidote à la rigidité intolérante de l’hindutva.

De façon plus strictement théorique, outre la volonté de repenser la psychanalyse à l’aune du terrain indien – dans ses dimensions culturelles, religieuses, familiales, mythiques, politiques ou économiques –, la psychanalyse de Delhi se caractérise par un grand pluralisme, piochant principalement dans les différents courants de la psychanalyse anglo-saxonne – même si un petit nombre de psychanalystes regarde du côté de la tradition française (Lacan pour l’un d’entre eux, André Green pour un autre). Par-delà ce pluralisme théorique, certaines tendances dominantes apparaissent. Tout d’abord, la psychanalyse est conçue comme une discipline appartenant aux humanités, plus proche de la philosophie que de la médecine, du côté du mythe et non de l’histoire, du côté d’une vérité de l’expérience et non d’une vérité objectivable. On se souvient par exemple que, contrairement à d’autres pays, il n’est nullement besoin d’être médecin pour être psychanalyste, et la grande majorité des analystes ne sont de fait pas médecins. Cela s’accompagne, comme l’a dit maintes fois Sudhir Kakar (1982a : 62-63), d’une conception romantique de la vie, plus sensible à la magie de l’existence humaine en dépit de la noirceur du monde qu’aux perspectives tragiques et ironiques du projet freudien, plus attirée par ce qui relève de la pulsion de vie que par ce qui relève de la pulsion de mort. Ensuite, la psychanalyse de Delhi se caractérise par un désintérêt assez marqué pour la métapsychologie – contrairement aux premiers temps de la psychanalyse indienne, où Bose a cherché à produire sa propre métapsychologie –, par la faible importance de la référence aux instances de la topique freudienne et la préférence pour une description du fonctionnement psychique en termes de modèles intériorisés de relations d’objet. Cela s’accompagne d’une très grande importance donnée à la relation, à la fois dans le cadre de la séance et dans une compréhension plus large du fonctionnement psychique, ainsi que d’un rejet très insistant des dimensions solipsistes de la théorie freudienne. Comme dans d’autres psychanalyses postfreudiennes, la dimension pulsionnelle passe au second plan et une place centrale est donnée aux affects ainsi qu’à l’analyse de ce qui se passe en séance, en particulier les agirs transférentiels et contre-transférentiels des deux protagonistes de la cure. En cela, la psychanalyse de Delhi est proche d’une certaine psychanalyse américaine, notamment les courants relationnels et intersubjectivitstes par lesquels certains psychanalystes de Delhi se disent très attirés. Quelques-uns d’entre eux sont d’ailleurs en supervision avec des psychanalystes américains appartenant à ces courants.

Ces tendances théoriques sont aussi sensibles dans l’atmosphère qui règne dans les milieux psychanalytiques de Delhi. Ce sont des milieux globalement très contenants et très empathiques, qui font une large place aux affects et aux émotions. Dans les conférences, il n’est pas rare que les psychanalystes partagent publiquement des expériences intimes, confient avec une sensibilité à fleur de peau leurs doutes et leurs difficultés ou analysent en détails les effets contre-transférentiels d’une relation thérapeutique complexe. Telle jeune psychanalyste hindoue présente une réflexion psychanalytique sur la relation amoureuse qu’elle vit avec un garçon musulman et sur le rejet social et familial auquel elle se heurte, telle autre jeune femme explique avec émotion avoir été profondément affectée par le départ précipité d’une patiente psychotique en grande souffrance. Parallèlement, une grande place est souvent accordée à la poésie et à l’art dans les conférences et les réunions : un poème de Kabir ou de Ghalib est lu pour illustrer une vignette clinique, un psychanalyste se met, dans le repas qui suit une conférence, à chanter une célèbre chanson d’amour d’un vieux film de Bollywood, à quoi une psychanalyste de Calcutta répond en chantant à son tour un chant communiste bengali. L’intérêt pour l’art, dans ce qu’il exprime de la sensibilité humaine et ce qu’il met en scène de la complexité des rapports humains, est très apparent, non seulement dans les lieux de rencontre formels et informels mais aussi dans les séminaires de psychanalyse, à l’université d’Ambedkar ou ailleurs, qui s’appuient régulièrement sur des films, des romans, des chansons. En somme, comme dans d’autres traditions psychanalytiques, en particulier américaines, l’empathie apparaît comme une valeur cardinale du monde psychanalytique de Delhi.

Cette longue description des lieux et des protagonistes de la psychanalyse nous a permis de présenter un tableau d’ensemble de la pratique psychanalytique aujourd’hui à Delhi. Nous avons ainsi eu l’occasion de constater que la psychanalyse et les psychothérapies de façon plus générale s’étaient fortement développées à Delhi dans les vingt dernières années. Cette première étape descriptive était nécessaire : elle a permis de poser le cadre extérieur dans lequel s’insèrent des thérapies individuelles. Elle ne nous dit toutefois rien de la façon dont les individus investissent l’expérience de la thérapie. Pour essayer de saisir de l’intérieur la façon dont la thérapie trouve place et sens dans des vies singulières, j’ai décidé de réaliser une série de trois portraits. L’heure est venue de faire la connaissance de Madhvi, de Monika et de Bhanu.