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PARTIE I CONTEXTUALISATION HISTORIQUE : LA PSYCHANALYSE DE

Chapitre 4 – La psychanalyse au 21 ème siècle 119 

3) Les acteurs 157 

Après avoir décrit les différents lieux qui accueillent la psychanalyse à Delhi, penchons- nous plus précisément sur le profil des deux protagonistes engagés dans la relation thérapeutique, les psychanalystes et les patients.

A – Les psychanalystes

a) Le nombre de psychanalystes

Il est difficile d’avoir une idée précise du nombre de psychanalystes installés aujourd’hui à Delhi. Le résultat trouvé dépend de la définition qu’on adopte du terme « psychanalyste ». Si l’on s’en tient à la définition la plus légitime et la plus officielle, celle qui s’adosse à la reconnaissance d’une société psychanalytique nationale, elle-même reconnue par une société psychanalytique internationale telle que l’Association psychanalytique internationale, on en arrive à des chiffres très limités : pour l’Inde toute entière, vingt-neuf psychanalystes sont membres de l’Association psychanalytique internationale et cinquante-deux y sont candidats mais n’ont pas fini leur

formation. A Delhi, sont recensés cinq psychanalystes membres et quatorze candidats37. Les psychanalystes indiens tendent à être très légitimistes et ne s’autorisent à employer le terme de « psychanalyste » que lorsqu’ils sont devenus des membres pleinement reconnus des institutions nationale et internationale. Comme on l’a vu, les autres praticiens se disent généralement « psychothérapeutes psychanalytiques » ou « psychologues d’orientation psychanalytique ». Si l’on essaie maintenant de dénombrer les psychanalystes de Delhi au sens large, c’est-à-dire précisément l’ensemble des thérapeutes qui se revendiquent de la psychanalyse – avec le flou que comporte ce type de définition –, nous sommes confronté au manque de recensements, d’annuaires ou d’une quelconque source fiable qui permette de fournir un chiffre précis. Les psychanalystes de Delhi eux-mêmes sont bien en peine de répondre quand on leur pose la question. Il semble ainsi impossible de dénombrer les psychanalystes sans les compter approximativement un par un. C’est le travail auquel j’ai essayé de me livrer, en cumulant toutes les sources auxquelles j’ai pu avoir accès : l’enquête ethnographique que j’ai menée à Delhi, la constitution d’une liste – très lacunaire mais qui a le mérite d’exister – des psychothérapeutes de la capitale qui a circulé dans les milieux « psy » et qui renseigne sur l’orientation clinique des thérapeutes, les listes de diffusion pour les conférences de psychanalyse qui me permettaient d’établir une liste de noms et de vérifier ensuite au cas par cas l’activité des personnes que je ne connaissais pas, telle qu’on peut en trouver trace sur différents sites, personnels ou professionnels, et sur les réseaux sociaux (Linkedin, Academia, Facebook, Practo ou les sites des hôpitaux). En suivant cette méthode artisanale, et forcément imprécise, je trouve une soixantaine de psychothérapeutes qui se revendiquent de la tradition psychanalytique ou psycho-dynamique à Delhi. Il est difficile de savoir si ce chiffre est proche de la réalité ou s’il est sous-évalué. Rappelons que l’université Ambedkar forme chaque année des psychologues d’orientation analytique, dans son master de psychologie ainsi que dans son Mphil de psychothérapie psychanalytique. Le master compte une quarantaine de places et le Mphil, qui renouvelle ses promotions tous les deux ans, une vingtaine. Chaque année, ce sont donc une cinquantaine de psychologues formées dans des cursus d’orientation psychanalytique qui sont susceptibles de rejoindre le monde du travail – ceux qui n’ont qu’un master ayant toutefois des opportunités d’embauche plus restreintes que ceux qui ont aussi un Mphil.

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Ces chiffres prennent appui sur l’annuaire de l’Association psychanalytique internationale, disponible sur le site de l’institution (http://www.ipa.world/en/copy_roster/aspx). Je les ai toutefois légèrement modifiés, le lieu de résidence des psychanalystes recensés n’étant visiblement pas à jour. Par exemple, Sudhir Kakar apparaît comme un psychanalyste de Delhi alors qu’il vit à Goa depuis de nombreuses années. De même, une psychanalyste qui travaille aujourd’hui à l’université Ambedkar est inscrite dans la liste des psychanalystes de Calcutta. J’ai corrigé les informations dans la mesure de mes connaissances, pour donner une image plus juste des chiffres avancés.

Hâtons-nous toutefois de donner quelques précisions. Tout d’abord, ces formations n’existent que depuis quelques années. Elles sont relativement récentes et n’ont donc pas encore eu le temps de former des bataillons de psychologues d’orientation psychanalytique. Ensuite, les étudiants qui sortent de l’université avec un master de psychologie – c’est moins vrai pour ceux qui font un Mphil, diplôme très professionnalisant – n’entament pas tous une carrière de psychologue. Dans les masters de psychologies, les filles sont bien plus nombreuses que les garçons. Un certain nombre d’entre elles n’exercent comme thérapeutes que quelques années avant se marier et de se consacrer à leur famille. Certaines même n’exerceront jamais. D’autres peuvent poursuivre en doctorat et faire de la recherche plutôt que d’investir la psychologie clinique. D’autres encore peuvent se diriger vers d’autres secteurs susceptibles d’apprécier les diplômés de psychologie (par exemple les ressources humaines), ou même bien sûr se réorienter vers de tout autres domaines. Ces précisions sont là pour rappeler qu’il existe un écart, et non des moindres, entre les détenteurs du titre de psychologue dont la formation a été psychanalytique et ceux qui exercent réellement en tant que psychologues d’orientation psychanalytique. Tout cela explique qu’il soit difficile de parvenir à évaluer avec précision le nombre de psychanalystes. Deux choses peuvent cependant être affirmées avec certitude. Tout d’abord, le nombre de psychanalystes – au sens restreint comme au sens large du terme – croît de façon très nette. Ensuite, le nombre de psychanalystes reste, même dans les estimations les plus hautes, extrêmement bas par rapport aux villes où la psychanalyse est implantée de façon profonde et de longue date (Paris, New York ou Buenos Aires), et relativement bas par rapport à l’ensemble des psychothérapeutes de Delhi, toutes orientations cliniques confondues. Même s’il est aussi difficile d’estimer avec précision le nombre de psychothérapeute que le nombre de psychanalystes, on sait que la grande majorité des formations de psychologues est d’orientation comportementale et cognitive.

b) Le ratio femmes / hommes

Le monde de la psychothérapie en général et de la psychanalyse en particulier est un monde très féminin. Dans les représentations collectives, la profession de psychologue est perçue comme une profession de femmes et dans les faits, les femmes sont effectivement bien plus nombreuses que les hommes à exercer ce métier. Comme nous aurons l’occasion de le voir, les hommes qui veulent se lancer dans cette carrière font souvent face à de grandes résistances de la part de leur entourage, qui considère que psychologue n’est pas une profession acceptable pour les hommes. Au sein du monde psychanalytique, donnons quelques chiffres : sur les vingt-neuf membres indiens de l’Association psychanalytique internationale, vingt-trois sont des femmes et six des hommes ; sur

les cinquante-deux candidats indiens à cette même institution, quarante-six sont des femmes et six des hommes, ce qui suggère que la place des femmes dans le milieu demeure prépondérante, voire s’accroît, la proportion d’hommes étant plus faible chez les candidats en formation que chez les membres pleinement reconnus par l’institution. Ces chiffres portent sur la situation de la psychanalyse à l’échelle du sous-continent. Voyons désormais ce qu’il en est pour la ville de Delhi : sur les cinq psychanalystes membres de l’Association psychanalytique internationale, toutes sont des femmes ; sur les quatorze candidats, neuf sont des femmes et cinq des hommes, ce qui suggère qu’à Delhi, contrairement à la tendance nationale, la place des hommes est amenée à s’accroître dans le milieu psychanalytique, même si les femmes demeurent nettement majoritaires. Sur la soixantaine de psychothérapeutes d’orientation psychanalytique que j’ai recensés, une quinzaine sont des hommes, ce qui témoigne tout à la fois de la nette prépondérance des femmes et de la place non nulle des hommes. Par contraste, les villes de Calcutta et de Mumbai ont vu leur nombre d’hommes psychanalystes baisser – dans les deux villes, aucun homme n’est candidat à l’Association psychanalytique internationale alors qu’un homme à Calcutta et quatre à Mumbai sont membres de l’institution. Rappelons en outre que la psychanalyse indienne s’est initialement caractérisée par une quasi-omniprésence des hommes. A l’époque de Bose, parmi les fondateurs bengalis, il n’y avait aucune femme (Hartnack 2001 : 124). De même, les psychanalystes qui sont arrivés de Calcutta dans les années 1960 et ont implanté la psychanalyse à Mumbai étaient tous des hommes. Sudhir Kakar, qui a pour sa part fondé la tradition psychanalytique de Delhi, est bien entendu un homme. Dans toutes les villes – nous pourrions aussi le montrer pour Ahmedabad –, les fondateurs sont ainsi des hommes, et ce n’est que dans un deuxième temps que le milieu psychanalytique se féminise, au point parfois de ne plus compter presque que des femmes. Une troisième phase semble s’être enclenchée à Delhi, où la part d’hommes parmi les psychanalystes augmente à nouveau.

Comment comprendre cette évolution ? Tout d’abord, remarquons que les hommes psychanalystes sont très souvent médecins, alors que c’est très rarement le cas des femmes. La psychanalyse est généralement implantée dans une ville par un homme relativement puissant : Bose était médecin et professeur à l’université, les fondateurs de la psychanalyse à Mumbai étaient médecins et appartenaient à des familles de la grande bourgeoisie – souvent parsie –, Sudhir Kakar avait une formation d’ingénieur et une thèse d’économie obtenue en Autriche, il avait été l’assistant d’Erik Erikson à Harvard et avait effectué une partie de sa formation de psychanalyste à Vienne. En outre, tout au long de l’histoire de la psychanalyse indienne, les auteurs dont les théories ont eu un certain retentissement, en Inde et à l’étranger, ont tous été des hommes : Girindrasekhar Bose,

Sudhir Kakar ou encore quelqu’un comme Udayan Patel à Mumbai. Ce sont donc des hommes puissants, dans le monde médical ou universitaire en particulier, qui ont fondé les traditions psychanalytiques du sous-continent et contribué à donner une certaine légitimité au discours psychanalytique dans le monde de l’intelligentsia indienne. Derrière cette vitrine très masculine, le monde psychanalytique connaît toutefois progressivement, dans toutes les villes, une grande féminisation. Un profil s’impose fréquemment : celui de la femme au foyer issue de milieux très privilégiés, qui a souvent fait des études avant de se consacrer à l’éducation de ses enfants et qui désire s’investir dans une activité en dehors du domaine familial. Chez les femmes qui présentent ce profil, la pratique analytique semble se situer à la frontière entre le métier, la passion et l’activité engagée. Elle semble aussi apporter une forme de reconnaissance sociale et de capital culturel à des femmes qui seraient, autrement, confinées à la sphère privée et familiale. Cette dimension était parfois explicite dans le discours des psychanalystes, en particulier dans mon enquête à Mumbai. Une psychanalyste m’expliqua par exemple avoir entamé tardivement une formation de thérapeute parce qu’elle n’avait plus à s’occuper de ses enfants, devenus adultes, et qu’elle voulait se rendre utile et donner de son temps. Pour certaines de ces femmes, la psychanalyse semble être une façon de gagner un domaine de compétence qui leur soit propre, indépendamment de celui de leur époux, et de donner une dimension collective à une existence qui leur paraît trop strictement privée, individuelle, voire égoïste. Il n’en faut nullement déduire que ces femmes psychanalystes exercent en dilettante, comme si la psychanalyse n’était qu’un loisir pour elles ; au contraire, elles consacrent énormément de temps, d’énergie et de dévouement à leur formation – qui dure parfois pas loin de dix ans – et à leurs patients, lorsqu’elles commencent à en avoir. A l’inverse, on comprend que les hommes, qui doivent subvenir aux besoins de leur famille et cherchent à exercer des professions lucratives, ne voient pas l’intérêt de s’engager dans une formation très longue et très coûteuse au sein des instituts psychanalytiques de Calcutta ou de Mumbai, formation qui ne fournit de surcroît ni statut ni métier reconnus en dehors de ces instituts – puisque dans ces villes, la psychanalyse n’a pas réussi à s’imposer dans le monde de la santé mentale et ne se pratique presque qu’en libéral. C’est pourquoi, les seuls hommes qui s’intéressent à la psychanalyse sont souvent des psychiatres qui cherchent dans la théorie freudienne un autre regard porté sur la maladie mentale. Précisons aussi que le profil des femmes psychanalystes décrit plus haut ne semble pas propre à la psychanalyse. Lors de mon enquête à l’hôpital Vimhans, j’ai par exemple pu constater qu’on le retrouvait couramment chez les art-thérapeutes. Le monde associatif indien et les activités para- médicales qui se situent à la frontière entre l’engagement bénévole et la pratique professionnelle semblent s’appuyer en grande partie sur des femmes de ce profil. Le fait que la psychanalyse se soit marginalisée à Calcutta après la mort de Bose en 1953 et qu’elle n’ait pas réussi, dans la plupart des villes, à s’imposer comme une force qui compte au sein du monde de la santé mentale a ainsi

contribué à faire de la psychanalyse une pratique à mi-chemin entre le métier et le bénévolat et, ce faisant, à en féminiser le personnel.

La psychanalyse à Delhi a toutefois pris depuis une vingtaine d’années une autre trajectoire, qui contribue à expliquer la plus grande masculinité du monde psychanalytique qu’on y a observée. En effet, comme nous l’avons vu, la psychanalyse a réussi à s’imposer à l’université et peut donc désormais former bien plus de thérapeutes que les instituts psychanalytiques et les doter de diplômes reconnus par l’Etat. La psychanalyse s’est aussi imposée dans certains hôpitaux et les thérapeutes d’orientation psychanalytique sont présents dans bien d’autres institutions, en particulier les établissements scolaires et les ONG. En définitive, la psychanalyse s’est fortement professionnalisée à Delhi, et cette évolution n’est sans doute pas achevée. A mon sens, c’est ce qui explique la part croissante prise par les hommes dans le monde psychanalytique. En effet, alors que la deuxième génération des psychanalystes de Delhi (les analysants et élèves de Sudhir Kakar) était avant tout composée de femmes, les hommes sont aujourd’hui davantage présents. La psychanalyse fournit plus de postes qu’elle n’en a jamais fourni auparavant : des postes de psychologue, une profession qui connaît de surcroît une expansion considérable ; des postes de professeur à l’université, un métier envié et reconnu ; des postes dans les ressources humaines ou la gestion du personnel, qui sont aussi des postes à responsabilité. Ce n’est pas un hasard si le corps professoral de l’université Ambedkar est assez masculin, davantage que le monde psychanalytique de Delhi au sens large : parmi ceux qui y enseignent la psychologie, on trouve sept femmes et six hommes, soit presque la parité. Parmi les femmes psychanalystes de la capitale, qui constituent la large majorité des thérapeutes en dépit de la percée des hommes, le profil décrit plus haut – la femme au foyer qui trouve dans la psychanalyse un lieu où s’investir en dehors du domaine familial – est en très net recul à Delhi. C’est là aussi une conséquence de la professionnalisation croissante du monde psychanalytique de la capitale : la psychanalyse n’est pas, à Delhi, cette activité à la frontière entre le métier, la passion, le bénévolat et l’activité engagée qu’elle peut être dans les villes où la psychanalyse reste très marginale et ne parvient pas à trouver sa place dans le monde de la santé mentale. C’est aussi, très probablement, la conséquence d’une différence générationnelle : les femmes psychanalystes sont tendanciellement bien plus jeunes à Delhi que ce n’est par exemple le cas à Mumbai – même si les choses sont probablement en train de changer dans les autres villes indiennes, sous l’influence de Delhi et de la faveur dont jouir la psychologie en Inde. Or, ces jeunes filles, nous aurons l’occasion de le voir dans les chapitres plus ethnographiques de ce travail, désirent le plus souvent travailler et sont plus réticentes que la génération de leurs mères à arrêter leurs études ou leur activité professionnelle après le mariage ou la naissance de leur premier enfant.

Elles considèrent donc la psychanalyse comme une profession au sein plein du terme, et non comme une activité complémentaire par rapport au statut de femme au foyer. La question générationnelle est loin d’être anodine dans les transformations actuelles du monde psychanalytique de la capitale, comme nous allons le voir à présent.

c) L’âge des psychanalystes

Trois générations coexistent aujourd’hui dans le milieu psychanalytique de Delhi. La génération du fondateur, Sudhir Kakar, qui a actuellement quatre-vingt ans et vit à Goa, n’est plus représentée, même si Kakar demeure un maître à penser respecté, qui préside chaque année la grande conférence de psychanalyse, qui remet à cette occasion un « prix Sudhir Kakar » à un jeune psychanalyste et qui est régulièrement invité par les institutions psychanalytiques de la capitale pour donner une conférence. Vient ensuite la génération de ceux qui ont aujourd’hui une soixantaine d’années et se trouvent à la tête du monde psychanalytique de Delhi. Ils ont pour la plupart été les analysants et les élèves de Sudhir Kakar, à l’exception de deux femmes psychanalystes, l’une formée à Calcutta, l’autre à New York. On trouve dans cette génération trois des cinq membres de l’Association internationale de psychanalyse qui vivent à Delhi (Madhu Sarin, Vinita Kshetrapal et Mallika Akbar) ainsi qu’Ashok Nagpal, le professeur qui est à la tête du département de psychologie de l’université Ambedkar. Cette deuxième génération a formé et continue de former les jeunes psychanalystes, en les recevant en analyse didactique et en supervision – pas Ashok Nagpal toutefois, qui n’est pas membre de la Société psychanalytique indienne et s’occupe de l’ancrage universitaire de la théorie freudienne –, en tenant des séminaires au sein du Delhi Chapter of Psychoanalysis et en contribuant à animer la vie intellectuelle des cercles psychanalytiques de la capitale. Certains analysants de ces psychanalystes de la deuxième génération jouent un rôle central dans la psychanalyse de Delhi depuis une dizaine d’années déjà et sont aujourd’hui devenus à leur tour des membres pleinement reconnus par les institutions nationale et internationale. C’est par exemple le cas d’Honey Oberoi, cofondatrice et actuelle doyenne du département de psychologie de l’université d’Ambedkar, ou d’Anurag Mishra, fondateur de l’Unité psychanalytique de la chaîne hospitalière Fortis. Ainsi, cette troisième génération, qui a aujourd’hui entre quarante et cinquante ans, est presque intégralement formée et rejoint peu à peu l’équipe des analystes didacticiens. Enfin, la quatrième génération est composée des psychanalystes en formation qui ont entre vingt-cinq et quarante ans et qui ont généralement été étudiants à l’université Ambedkar – ou à l’université de Delhi pour les plus âgés d’entre eux. Aujourd’hui, ils enseignent dans cette université, exercent

dans sa clinique, à l’hôpital ou en milieu scolaire, ou ont récemment créé un cabinet. Cette quatrième génération connaît un réel élargissement des effectifs du monde psychanalytique, et avec lui un flou croissant sur ce que signifie être psychanalyste. Si certains ont entamé une formation dans les termes les plus classiques qui soient, avec analyse didactique, supervision et séminaires, d’autres se revendiquent de la psychanalyse sans entreprendre tout le processus requis pour obtenir le titre officiel de psychanalyste, jalousement gardé par les membres de la Société psychanalytique indienne. D’autres encore, relativement nombreux, ont reçu leur formation de psychologue à l’université Ambedkar et exercent en ayant un regard clinique informé par la psychanalyse sans