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4.5) Groupe 5 – Attentistes, ou la volonté du laisser faire

Groupe 5 Portrait du 9 e éleveur rencontré (entretien 6)

- 58 ans, installé en 1979 avec 90 000 litres de lait, 25 vaches et 27 hectares.

- GAEC à 2, conjointe exploitante sur ferme.

- Dispose de 90 hectares dont 32 en maïs, 16 en céréales et 40 en herbe. - Environ 150 bovins recensés comprenant :

 58 vaches laitières, toutes Prim’ Holstein (environ 7 400 litres par vache et par an). Présence de Brucellose sur le cheptel.

 Un atelier taurillons (20/an)

- Un volume produit de 430 000 litres de lait, collecté par Agrial (anciennement Elle-&-Vire) avec 271€ du PDB au 17/02/16. - Investissements nécessaires dans la mise aux normes (2008-2009) et

dans un tracteur.

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Notre grille d’analyse par groupe fonctionne car les éleveurs se trouvent au sein d’un même système de fixation des prix du lait et répondent donc à une même logique productive. Aussi, nous avons rencontré un éleveur en agriculture biologique. Il ne fait pas partie de la typologie. Il convient, dès-lors, d’analyser sa situation.

Agriculture biologique, améliorer la qualité

Sur la totalité des entretiens réalisés, nous avons croisé une unique exploitation en Agriculture Biologique (AB). Aussi, l’adaptation à la fin des quotas laitiers ne semble pas avoir eu d’incidence particulière sur ce système de production. En effet, la fixation des prix dans l’agriculture biologique est quasi-dépendante de celle du système conventionnel. La crise laitière qui s’applique à ce dernier, a aujourd’hui pas ou peu d’impact sur les exploitants en AB.

Ces exploitants mettent en avant leurs produits. C’est cette motivation qui guide leurs choix en termes de système de production. Les éleveurs rencontrés misent sur la

125 Ugo Legentil – Mémoire qualité de leur lait et non sur le volume produit. Ils ont meilleur compte de produire moins, mais mieux. Ils choisissent la rationalisation du système de production. L’idée est de produire avec le plus de qualité pour être bien valorisé auprès de la laiterie. Les éleveurs optimisent leurs systèmes en chassant les coûts de production. Ils investissent seulement quand c’est nécessaire et non pas en vue de l’agrandissement de l’exploitation.

Sébastien : « On cherche de toute façon au maximum la qualité, plus que le volume. […] On ne va pas dire qu’on sacrifie la qualité pour faire plus de quantité. […] On est dans un système où de toute façon on ne peut pas courir après le volume facilement, et c’est pas le but […], on cherche à optimiser notre système comme il est aujourd’hui, sans chercher à se développer forcément plus. » (E25)

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Point statistique – Tableau récapitulatif

Au travers de cette analyse, nous constatons des dissemblances entre groupe. Nous avons pu réellement lire différentes stratégies d’adaptation à la fin des quotas.

Le premier groupe, s’oriente sur les volumes, avec une recherche, par l’investissement, d’une référence maximale. Nous y retrouvons des éleveurs très techniques, diversifiés, qui réalisent des investissements novateurs. Le second, est tourné vers la spécialisation laitière par l’investissement. Ces éleveurs recherchent en priorité le volume. Ils semblent suivre les tendances du groupe précédent. Le troisième groupe est à mi-

Fig. 28 : Tableau récapitulatif de l’ensemble des

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chemin entre les deux précédents. Les éleveurs recherchent la performance par l’investissement et par les coûts de production. Le quatrième groupe se focalise cette rationalisation des coûts. L’optimisation du système par la réduction des dépenses, est une réelle voie trouvée face à la fin des quotas. Ces éleveurs recherchent la valorisation du lait. Enfin, le cinquième groupe, se caractérise par une attitude de laisser-faire. Il comprend une majorité d’exploitants proches de la retraite. Nous retrouvons deux exploitations en réelle difficultés (groupe 5 – bis), qui semblent dépassées par les évènements. Vous trouverez en ANNEXE 7, un autre exemple d’analyse croisée au sujet des contrats, des laiteries et de la typologie retenue.

Cette analyse s’est appliquée aux élevages dits « conventionnels ». L’unique élevage en bio rencontré sort du lot. Le contexte, dans lequel il évolue, est par nature différent de celui des conventionnels. Ainsi d’autres stratégies s’appliquent à cet élevage laitier.

A l’avenir, il serait intéressant de s’interroger sur l’élevage laitier bio, dans ses spécificités et ses points communs avec l’élevage laitier conventionnel.

127 Ugo Legentil – Mémoire  L’avis des professionnels des structures encadrantes

Les exploitants en fin de carrière ne recherchent pas l’agrandissement mais la performance de leurs systèmes par la maîtrise des charges. Une réduction de la productivité par vache entraîne une baisse de la production mais aussi une diminution du coût (ex : intrants, frais d’élevage). Le productivisme demande des investissements parfois difficiles à rentabiliser (ex : génétique, robotisation). Un éleveur qui dispose d’un cheptel en place, d’une bonne génétique et de surfaces pour produire son fourrage (autonomie protéique), sera en mesure d’augmenter sa productivité à un coût abordable.

Le travail sur le produit peut aussi être une voie à la rentabilisation du système de production. Les primes matières grasses et la vente d’animaux pour la viande (souvent les même races productrices de bon lait), sont des avantages non-négligeables quand on ne peut pas jouer sur les volumes. Ex 1 : race unique : Prim’Holstein = gain de place (plus productive), de temps et moins d’infrastructures (ex : moins d’effluents à stoker et à épandre).

Ex 2 : troupeau mixte : race Normande améliore les taux et valorisation plus le lait.

Les JA ont anticipé la fin des quotas par la recherche de volumes supplémentaires. Elle se traduit par un agrandissement de l’exploitation et par des besoins en investissements pas forcément anticipés (matériel, bâtiment, main d’œuvre, etc.). Agrandir, ne concentre pas l’exploitant sur son activité mais cela lui permet de diluer les charges de structure. Il se fait souvent par la mise en place de formes sociétaires de type GAEC. C’est la voie aujourd’hui privilégiée, par les éleveurs, face à la fin des quotas. Ce choix s’accompagne de surdimensionnement des investissements ou d’achat de contrat. Ainsi, depuis 10 ans, le volume livré a plus que doublé.

Le choix d’une activité diversifiée ou spécialisée peut faire office de levier d’action. Dans la diversification, les prairies, au loin, sont valorisées par l’élevage (suppléments trésorerie), mais il consomme de la surface. La spécialisation concentre l’éleveur sur l’atelier lait et induit des gains de charge et de productivité (environ 4-5€/1000 l.). Cette deuxième voie est la tendance actuelle (entretiens complémentaires – ANNEXE 1).

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