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Méthodologie, les différentes phases de construction de notre réflexion

1.) Approches théoriques ; construction idéologique de l’objet d’étude et formulation d’hypothèses explicatives

2) Méthodologie, les différentes phases de construction de notre réflexion

Prédominance de l’analyse qualitative au sein d’une Mixed-method

Tout au long de ce travail, nous avons établi un protocole strict et ordonné de la démarche méthodologique. Aussi, rappelons les différentes étapes de cette démarche rythmée en 3 grandes parties.

Ajoutons qu’un travail bibliographique est entrepris en amont de l’étude de terrain. Il nous a suivis transversalement tout au long de l’étude. Cette approche bibliographique nous a permis de mieux saisir le cadre multi-scalaire dans lequel évoluent l’agriculture et l’élevage d’hier à demain.

2.1) L’approche quantitative, première phase : analyses de données et productions cartographiques

Nous avons choisi de mener un diagnostic statistique territorial de l’élevage laitier Manchois. Cette première phase nous a permis de révéler, au fur et à mesure, les premiers mécanismes qui nous ont conduits à la formulation d’hypothèse de travail. En effet, le travail statistique, couplé à l’analyse cartographique, permet de dégager des dynamiques spatio-temporelles nécessaires à la compréhension de la structure de l’élevage laitier d’aujourd’hui. Ces premiers résultats ont su nous guider lors des entretiens, notamment auprès des professionnels des structures encadrantes de la profession. L’approche quantitative nous a donné de la matière pour les entretiens que nous avons menés. Elle apporte un bagage important pour pouvoir donner le change à nos interlocuteurs (spécialistes du monde agricole). Cette approche nous a permis de dresser un premier état

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des lieux de la situation précédant le terrain. Il s’agit de comprendre la structuration passée et actuelle, les dynamiques du monde agricole. Nous avons complété l’approche quantitative par une approche qualitative, elle-même divisée en deux phases. Comme le travail bibliographique d’amont, la phase quantitative a tenu le rôle de préambule à nos deux campagnes d’entretiens.

2.2) L’approche qualitative, seconde et troisième phase : l’enquête par entretiens

 Entretiens des professionnels de structures encadrantes (Cf. ANNEXE 1) En complément de l’approche quantitative, nous avons mené une première campagne d’entretiens auprès des professionnels des structures encadrantes de la profession agricole (Chambres d’Agriculture, SAFER, laiteries, Littoral-Normand, syndicats, etc.). Ces entretiens nous amènent à mieux saisir l’orientation de l’élevage laitier et les visées de développement sous-jacentes des politiques agricoles. En effet, ces structures orientent concrètement, par leurs activités de conseils et de services, les changements du monde agricole. Pour comprendre l’adaptation des éleveurs, il nous a paru nécessaire d’être informé du contexte politique, économique et social local actuel. Nous avons mené ces entretiens à trois échelles spatiales différentes. A petite échelle, nous avons questionné La SAFER, la Chambre d’Agriculture de Normandie, les laiteries, etc. Nous nous sommes donc intéressés au contexte de l’Ouest laitier, de la Normandie et de la Basse-Normandie. En second lieu, nous avons parallèlement interrogé le département de la Manche auprès de la Chambre d’Agriculture Départementale ou encore des syndicats. Enfin, nous avons, à grande échelle, travaillé sur le Sud-Manche et sur nos communes d’étude. Ce travail, composé de 22 entretiens, réalisés en amont de la démarche de terrain auprès des agriculteurs, a favorisé un « défrichage » du sujet. Nous avons dressé un premier bilan des évolutions récentes de l’élevage laitier dans le contexte de fin des quotas et de crise du lait (Cf. ANNEXE 1, entretiens complémentaires).

Nous avons principalement abordé les thématiques du contexte agricole général et local, de la fin des quotas laitiers, avec le passage à la contractualisation. Les techniques d’élevage, les stratégies d’adaptation des laiteries et agriculteurs ou encore l’avenir du secteur laitier ont également été questionnés. Il nous a paru essentiel de comprendre le contexte agricole, à plusieurs échelles, pour saisir les dynamiques dans lesquelles s'inscrivent les éleveurs laitiers du Sud-Manche.

Nous avons construit un guide d'entretien semi-directif. Nous avons alors orienté le discours vers notre sujet, tout en laissant les enquêtés libres de nous emmener vers leurs domaines de compétences. Nos relances et questions ont fait office de recentrage autour de notre problématique, afin de ne pas trop détourner la conversation.

L’écoute dirigée n’a pas été suffisante pour que la parole se libère de façon « naturelle ». Il nous a donc fallu faire appel aux relances : réitérations, échos (reflets), compléments, interprétations, interrogations, reformulation ou déclarations. Enfin, il a été nécessaire de s'engager activement dans l’entretien pour améliorer l'implication des enquêtés. Des questions polémiques ont été abordées afin de ne pas rester dans un simple question/réponse et de rentrer dans un vrai débat. Nous avons également pris parti dans nos interventions. Sur des questions d'actualité (ex : promotion du modèle productiviste) nous avons toutefois essayé de partager le point de vue de l'enquêté, pour le mettre en confiance et motiver la parole. Les professionnels des structures encadrantes sont formés à la communication, ils se sont montrés relativement prolixe (KAUFMANN J-C., 2014). Le premier guide d'entretien est simple dans sa structure (Cf. ANNEXE 1). Il met en confiance l’interviewé par la description de son statut, du rôle qu’il occupe, des missions qu’ils mènent au sein de sa structure. Progressivement il se resserre autour de la fin des quotas laitiers et du Sud-Manche. Il cherche à traduire les hypothèses de recherche en réponses concrètes ou encore à reformuler les questions de recherche (BLANCHET A. et al, 2012). Il s'agit de structurer le discours de l'enquêté par anticipation et/ou de l’orienter de façon à l'amener vers notre problématique. Ces premiers entretiens nous ont donné une vision extérieure du métier d’agriculteur. Les enquêtés étaient toutefois très imprégnés et hyperspécialisés dans l’évolution du milieu agricole.

Ces entretiens, nous ont permis de formuler des hypothèses concernant les adaptations potentielles des éleveurs laitiers face à la fin des quotas dans ce contexte de crise agricole (adapté d’après GUEDES E., MELLET C., LEGENTIL U., 2014, « Etude de la vente non-déclarée en agriculture à grande échelle : intérêts et pratiques », in Dossier de GEO554, p. 16, hors-annexes).

Les entretiens auprès des éleveurs, le cœur de la démarche (Cf. ANNEXE 2 et 3)

De Février à Avril 2016, nous nous sommes rendus dans 24 exploitations laitières de deux communes ciblées du Sud-Manche. Nous avons rencontré une multiplicité de personnes qui vivent dans des situations opposées, du confort à la détresse.

Tout comme le premier guide d’entretien, le second se voulait semi-directif et progressif. Dans un premier temps, nous avons voulu libérer la parole. En effet, nous nous sommes parfois retrouvés face à des éleveurs peu prolixes. Aussi, le début d’entretien a été conçu pour entrer en douceur et sans complication dans le dialogue. Les questions, sur l’âge de l’exploitant, sur sa date d’installation ou sur les caractéristiques de son exploitation à l’installation, allaient dans ce sens. Parler du passé, a favorisé l’entrée dans le présent. Par la suite, nous avons articulé le guide autour d’une présentation de l’exploitation (surface, cheptel, productions) puis, par effet d’entonnoir, il nous a fallu aborder les évolutions passées et à venir du système productif, la crise du lait et, enfin, la fin des quotas. Revenir sur le contexte maussade, nous a permis une fois de plus de motiver la parole. Les éleveurs avaient des choses à dire et il a fallu parfois détourner le sujet pour pouvoir obtenir les

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informations voulues.

Le choix d’une approche à grande échelle auprès des éleveurs s’est révélé pertinent. Il s’agissait de choisir une échelle adaptée à nos moyens et « à la pertinence du problème à résoudre » (BAILLY A. et BEGUIN B., 1982, p. 89). Suite, aux avis et conseils exprimés au cours des premiers entretiens menés, nous avons choisi, pour la seconde phase de notre approche qualitative, de nous arrêter sur deux communes du Sud-Manche. Nous avons alors effectué un « ratissage » communal (quasi-exhaustif) et tenté d’interroger un maximum d’éleveurs laitiers afin de ne pas seulement suivre nos réseaux de relations. Nous nous sommes prémunis d’un biais méthodologique induit par la poursuite d’un réseau- social. Suivre un réseau peut conduire à l’oubli des marges. Nos connaissances ont créé un lien indispensable pour obtenir des rendez-vous chez certains éleveurs.

 L’intérêt de la mixed-method pour l’analyse géographique des transformations sociales

Les méthodes d’analyse quantitative, renforcent, à notre sens l’analyse des discours collectés lors d’une campagne d’entretiens. L’analyse statistique et cartographique permet de mieux cerner la conjoncture socio-économique et technique du monde agricole. Elle nourrit l’élaboration et les échanges pendant le temps des entretiens. Elle permet de lire les dernières (ou premières) tendances d’un monde agricole très réactif et mouvant. Enfin, elle assoit ou remet en cause l’approche qualitative et, de facto, devient un outil indispensable à la recherche scientifique.

Le choix est de s’inscrire dans cette double approche méthodologique. En tant qu’apprentis-chercheur, appartenant à l’école de Géographie Sociale Caennaise, nous voulons découvrir et utiliser ce principe de méthodologie « mélangée » (par ailleurs enseigné en cours à l’Université).

2.3) Sources d’inspiration atypiques à la recherche scientifique Au sein de notre bibliographie, nous faisons figurer des films et bandes dessinées qui apportent un regard singulier sur la réflexion menée ici. Ces supports visuels, trouvent leur place au sein de ce travail. Ils nous ont renseignés de points de vue toujours engagés, subjectifs, au sujet de l’élevage. La filmographie employée ici, repose sur un bon nombre de documentaires plus ou moins scientifiques. Ces sources sont complétées par une approche tout aussi atypique. En effet, au cours de cette année, nous avons construit et réalisé un documentaire scientifique dans le cadre des Ateliers Films, mis en place grâce au programme FRESH (Formation et Recherche En Science Sociale), en collaboration avec la Maison de l’Image de Basse-Normandie et la Maison de la Recherche en Sciences Humaines de L’Université de Caen-Normandie. Cette approche scientifique et artistique nous a fait réfléchir quant à la construction de notre objet d’étude. Le documentaire apporte pour le chercheur un regard décentré concernant sa thématique de recherche. L’accessibilité de la science par la vidéo nous pousse aussi à réfléchir quant à notre

approche ci-présente. La photographie est utilisée dans cette voie. Les clichés capturés et présentés ici, sont des arguments et n’ont pas comme seule vertu l’illustration. La photographie est alors vue comme un réel outil scientifique. Lorsque ce qui est présenté, est en adéquation avec la réalité observée, alors, la photographie rend l’information plus directe. Elle ouvre également la réflexion scientifique à un public plus large.

Nous voulons rendre la forme du mémoire assez ouverte, en faisant régulièrement appel aux croquis, schémas, cartes, tableaux ou encore photographies. Pour appuyer cette démarche, vous trouverez en dernière annexe un récapitulé de presse. La compilation d’articles journalistes locaux et sur une période longue (Ouest-France – 2014-2016) apporte, lui aussi, un autre regard sur le sujet. Les articles recensés débutent en date où la conjoncture était encore favorable aux éleveurs laitiers et se terminent aujourd’hui, où la situation a profondément évolué.