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ième groupe concentre les exploitants les plus âgés, avec une moyenne d’âge de

4.5) Groupe 5 – Attentistes, ou la volonté du laisser faire

Le 5 ième groupe concentre les exploitants les plus âgés, avec une moyenne d’âge de

121 Ugo Legentil – Mémoire moyenne avec 59 hectares qui comprennent en moyenne, 28 % de maïs, 21 % de céréales et 51 % d’herbes. Ces systèmes sont à la fois classiques et intensifs et représentent les systèmes de production laitière du Sud-Manche ayant eu cours, les trente dernières années.

Les éleveurs ont le plus petit effectif de VL moyen, avec 44 têtes et un contrat de 288 124 litres, soit le plus petit des 5 groupes. La productivité par vache est aussi la plus faible des 5, avec 5822 litres par vache. Nous retrouvons souvent des cheptels orientés soit pur-Normand, soit pur-Prim’Holstein.

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5.1) La proximité de la retraite comme frein à l’adaptation

Les éleveurs de ce cinquième et dernier groupe ne se sont pas adaptés à la fin des quotas. Nous avons remarqué une attitude de laisser faire face à la fin de cette période. Contrairement au groupe précédent, leurs choix n’étaient pas d’attendre une meilleure visibilité mais seulement d’attendre tout court. La majorité d’entre eux arrivent à proximité de la retraite. Ils ne recherchent, ni le volume, ni l’investissement, ni le coût de production. Face à la libéralisation croissante de la production laitière et son inscription au sein du marché mondial, ces chefs d’exploitations, en fin de carrière, laissent faire.

Eugène : « J’arrête au mois de décembre, c’est la dernière ligne droite !» (E1)

René : « On va essayer de rester comme on est, on restera pareil sans trop puiser dans les réserves. » (E6)

Jacky : « Moi je vais de toute façon aller en roulette jusqu’à la retraite. » (E17)

5.2) L’absence de repreneur et la crise laitière : deux autres variables qui entérinent la situation

Cet immobilisme, face à un changement important au sein du secteur, aurait cependant pu être contré par un projet de reprise. En effet, l’idée de transmission (parfois générationnelle) motive les anciens. Elle ouvre une porte sur l’avenir et ils n’hésitent plus à s’engager.

Si nous revenons au groupe 1, nous remarquons toujours la présence d’un fils à la suite des parents. Cette situation peut expliquer, et justifier les investissements réalisés par les éleveurs du premier groupe, déjà avancés dans leurs carrières professionnelles.

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L’absence d’un futur repreneur, acte la décision de statu quo et de laisser-aller, face à un contexte maussade et changeant.

Jacky : « Je ne recherche plus rien du tout, non, non. […] J’arrive à la fin de toute façon, il n’y a pas de repreneur normalement… » (E17)

Philippe : « Ce n’est pas maintenant que je vais me mettre à faire du lait, à 55 ans comme je suis tout seul et qu’il n’y a pas de reprise.» (E24)

Ces agriculteurs proche-retraite se remettent toutefois en cause. La saturation des bâtiments et le besoin de réinvestir dans du matériel deviennent de vraies questions quand on aborde la dernière ligne droite de sa carrière. Cependant, nous avons pu noter que la situation de crise, appuie leur décision. Au-delà de les conforter dans leurs choix, la crise pousse certains éleveurs à anticiper la cessation d’activité.

Vincent : « J’avais prévu d’arrêter. Au départ pas forcément cette année. Puis comme l’occasion se présente, si je peux vendre mon quotas j’arrête. […] Moi si le fils était resté, je pense que j’aurais investi davantage, mais comme ça ne l’intéressait pas, le problème ne s’est pas posé. » (E2)

René : « Est-ce qu’il faut refaire un bâtiment 4 ans avant la retraite ? Tout se met en question. J’aurais 10 ans de moins, pourquoi pas. Tout de suite non, je ne le fais pas. » (E6)

Groupe 5 – Bis, éleveurs modestes en situation de grande difficulté.

Point statistique__________

Le sous-groupe 5-bis correspond à deux exploitations atypiques qui ne s’adaptent d’aucune manière à la conjoncture mais qui sont en grande difficulté. Ces systèmes ne tentent pas de résister mais subissent le contexte. Nous retrouvons des exploitants basés sur 2 UTH et 75 hectares de SAU en moyenne. Les chefs d’exploitation ont 53 ans d’âge moyen. Si l’on compare ce sous-groupe au reste de l’échantillon, nous notons les plus petites surfaces en maïs (21 % de la SAU) alors que paradoxalement, nous avons la plus forte part de surface destinée aux céréales (27 %). L’herbe représente quant à elle 52 % de la SAU. Nous avons des systèmes qui ont, a priori, des bases intensives. Cependant, il est à noter, que la productivité par vache est faible, avec une moyenne de 5 700 litres par vache. Le cheptel moyen est de 55 vaches (exclusif : soit Noire, soit Normande) et le contrat de 306 500 litres.

4.5.3) Genoux à terre

123 Ugo Legentil – Mémoire lesquelles l’appareil productif balbutie. Il nous est possible de l’inclure dans le groupe 5, car nous retrouvons des éleveurs en fin de carrière et qui ne se sont pas non-plus adaptés face à la fin des quotas. Ces critères objectifs nous poussent à les laisser au sein de ce groupe 5. A l’analyse des entretiens, ces deux exploitations, au profil similaire, apparaissent comme en déprise. Elles sont dans une situation de grande fragilité, avec un appareil de production très daté et une appréhension du travail différente des autres systèmes de production. La crise de 2009 a laissé des marques sur ces fermes. Ces exploitations sont marquées par d’importants problèmes sanitaires qui ont profondément bouleversé leur production laitière.

Ces éleveurs ont exprimé un malaise quant à l’agriculture d’aujourd’hui, qu’elle soit conventionnelle ou biologique. Ils ne se trouvent plus en phase avec celles-ci.

Claude : « Ça vivoche comme ça… […] Je ne sais pas comment ça va faire : soit je vends tout, je prends la prime pour le lait, soit je continu… […] ça ne sert plus à rien, écœuré du système. » (E22)

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Le cinquième groupe est caractérisé par la non-volonté d’entreprendre. La proximité de la retraite des éleveurs, conjuguée à l’absence de repreneurs et à la crise du lait, n’incitent pas les producteurs à réagir face à la fin des quotas. Bien au contraire, ces facteurs entérinent la décision de statu quo. Ajoutons que, dans ce contexte, l’attractivité du métier est faible. La reprise d’une exploitation nécessite, aujourd’hui, un endettement massif, peu engageant pour les JA. Au sein de ce groupe, notons une forte hétérogénéité de situation. Cependant, nous observons, dans leur rapport aux investissements et aux coûts de production, une relative diversité.

Concernant le groupe 5-Bis, il est à remarquer que ces éleveurs n’ont pas anticipé la fin des quotas. Ils se trouvent dépassés par l’agriculture qui les entoure et leurs situations témoignent d’une grande précarité.

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