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Essai de typologie et analyse par groupe

Groupe 3 Jean-François (entretien 5)

- 50 ans, installé en 1994 avec 170 000 litres de lait, 30 vaches et 34 hectares.

- EARL à 2, conjointe agricultrice. - Présence d’un mi-temps salarié.

- Dispose de 86 hectares dont 32 en maïs, 17 en céréales et 37 en herbe. - 100 vaches laitières recensées, à 70 % Prim’ Holstein, le reste en

Normande (environ 8 500 litres par vache et par an).  Un atelier taurillons supplémentaire.

- Dispose d’un droit à produire de 496 000 litres de lait pour un volume produit d’environ 550 000 litres, collecté par Agrial.

- Investissements importants dans 1 robot de traite.

groupe, nous avons l’impression d’avoir ici des systèmes de production, en perpétuelle remise en question. Les chefs d’exploitations sont « ouverts », et essayent de jaugé l’avenir du secteur laitier et de leur environnement. Ils ne prétendent pas rechercher l’investissement pour le volume. Ce qui caractéristique les trois premiers groupes, selon différents niveaux d’intensité, avec un gradient G2-G1-G3 est pourtant cette politique de volume (Cf. typologie). Le troisième groupe se détache des deux premiers, par l’attention qu’il porte aux coûts de production, élément qui définit le groupe suivant.

4) Groupe 4 – Les économes

Point statistique__________

Le groupe 4 (économes) regroupe des exploitants plus âgés d’une moyenne d’âge de 49 ans. Ce groupe se caractérise par la plus faible main d’œuvre avec seulement 1 UTH de moyenne. Cette situation se confirme par les 59 hectares de SAU, la plus petite moyenne des 5 groupes. On y retrouve la plus faible part de céréale (13 %) et la plus forte propension d’herbe avec 59 %. Le maïs reste présent (28 %) mais c’est clairement la culture de l’herbe qui est mise en avant et qui est travaillée. La valorisation de terres, difficilement

118 Partie 4 : analyse par groupes

labourables, par le pâturage explique en partie ces chiffres. Les systèmes de production sont réellement tournés vers une gestion autonome de l’affouragement et vers la pâture. Nous retrouvons souvent des ateliers en race mixte, qui sont à même de valoriser le pâturage par les taux. De plus, nous avons à faire à des parcellaires relativement groupés. Environ 67,5 % des parcelles groupées se trouvent autour du siège d’exploitation.

La production laitière est au diapason de l’exploitation : raisonnée. Nous y retrouvons un cheptel de VL relativement restreint autour des 50 têtes pour un droit à produire moyen de 352 000 litres. Ajoutons que la productivité des vaches est quasiment équivalente à celle du groupe précédent avec en moyenne 7 225 litres par vache.

* * *

4.1) Un travail sur les coûts de production accompagne la fin des quotas

Dans ce 4ième groupe sont rassemblés des systèmes qui travaillent principalement sur

les coûts de production. Réduire les charges sur le système permet d’avoir un meilleur revenu, sans avoir un nombre d’animaux ou d’hectares élevé. Nous retrouvons des systèmes de production basés sur une gestion économe des intrants. L’idée première est de produire un maximum sur l’exploitation afin de limiter sa consommation extérieure (ex : affouragement, alimentation). Le retour au pâturage, aux pratiques traditionnelles et à l’attention portée au troupeau, vont dans le sens d’une réduction des coûts (ex : sanitaires).

Ces exploitations sont relativement spécialisées dans le lait, avec la présence marginale de quelques bovins (bœufs, taurillons), similaire au groupe 2. Cette activité est anecdotique mais nécessaire, la majeure partie du revenu dépend de l’activité laitière.

L’adaptation à la fin des quotas se fait moins ressentir ici. Les 3 groupes précédents avaient vraiment anticipé la fin des quotas. Ils se sont engagés dans des évolutions techniques, organisationnelles, dans des changements visibles. Les éleveurs de ce 4ième

groupe sont plus sceptiques et travaillent sur leurs coûts de production. Il n’y a pas une absence d’adaptation ici, elle est cependant moins facile à saisir. En l’attente des conséquences de la libération des volumes, les éleveurs ont décidé d’aller plus en avant vers l’autonomie et l’autosuffisance. Les seuls investissements réalisés relèvent de la nécessité. Le contexte de crise du lait a renforcé cette situation de travail sur les coûts, dans l’attente de jours plus cléments.

Patrice : « La libération des quotas, j’appréhendais un peu, je n’étais pas confiant. De ce fait, je n’ai pas investi, j’ai produit au maximum sans investir de trop. » (E9)

Pascal : « On fait tout notre aliment nous-même. […] ça fait un an et demi au moins qu’on n’a pas eu le véto, pas une mammite de l’hiver ! Pourquoi changer ? » (E14)

119 Ugo Legentil – Mémoire 4.2) Une démarche à la qualité en opposition à l’idéologie du volume

Ajouté à la réduction des coûts, ce groupe s’inscrit dans une démarche qualité importante. L’anticipation de la chute des prix, a motivé ces éleveurs à travailler sur la qualité. Indépendamment du PDB, ils peuvent jouer sur la qualité du lait et sur sa valorisation auprès de la laiterie. Même dans la crise, la prime à la qualité ne connaît pas de diminution similaire à celle du prix de base. Une conjoncture défavorable, motive la démarche qualité. Cet aspect marque le groupe et le distingue des 4 autres.

Ce travail, appuyé par la génétique ou la sélection, peut s’effectuer au niveau du renouvellement du troupeau. Les races rustiques, comme la Normande, sont alors privilégiées puisqu’elles assurent une bonne qualité du lait et une bonne longévité. Les éleveurs, ayant moins de capacités de financement, peuvent se retrouver dans cette voie. En effet, l’investissement est faible et sur le long terme. L’élevage des veaux femelles, en génisses, puis en vaches laitières, peut devenir une bonne alternative.

Patrice : « Je Normandise plus que je Steinise […]. C’est une race qui est moins fragile et qui produit quand même du lait, des taux, de la qualité meilleure, plus élevée que de la Prim’Holstein. Là en période de crise, c’est intéressant, on a quand même une plus-value sur le lait. » (E9)

Didier : « Je me suis mis à élever un maximum de génisse […]. Elever des génisses c’est aussi pour essayer de produire du lait de qualité. On est toujours payé à la qualité donc plus on s’améliore techniquement, meilleur on est. » (E11)

Ces éleveurs s’inscrivent également, en opposition au modèle conventionnel intensif. Ils préfèrent s’éloigner des investissements massifs et des productions à gros volumes. Ils appréhendent la fin des quotas laitiers, comme une possibilité de promouvoir un type d’agriculture raisonné, à grande échelle, et socialement durable. Aussi, ils promeuvent des pratiques, notamment culturales, plus respectueuses de l’environnement et traditionnelles. La tradition n’est pas vue comme un archaïsme mais plutôt comme une opportunité retrouvée, de produire mieux. Ils travaillent la culture de l’herbe et l’autonomie protéique. De ce fait, nous sommes tentés de rapprocher ce groupe des agriculteurs biologiques.

Pascal : « Est-ce qu’on veut vivre avec 50 vaches ou on en veut 100 pour ne pas vivre ? […] L’ensilage d’herbe, on est reparti là-dessus. […] On est une région ou on devrait avoir plus d’herbe que ça. Le problème c’est que l’herbe il faut être toujours en train de surveiller… Le maïs quand c’est fait, les gens ils sont tranquilles. […] Mais bon ça réduit les coûts aussi l’ensilage d’herbe, c’est ce qui coûte pas cher l’herbe. » (E14).

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Groupe 4

– Patrice (entretien 9)

- 41 ans, installé en 1996 avec 250 000 litres de lait, 40 vaches et 70 hectares.

- EARL simple, conjointe travaille à l’extérieur. - Recours à une main d’œuvre de remplacement.

- Dispose de 72 hectares dont 22 en maïs, 10 en céréales et 40 en herbe. - Compte 57 vaches laitières, à 75 % Normande, le reste Prim Hosltein

(environ 7000 litres par vache et par an) ; intérêt pour la génétique et le génotypage.

- Volume produit de 400 000 litres de lait, collecté par Agrial à un prix total de 310-320€ les 1000 litres (270€ du PDB au 23/02/16).

- Agrandissement du poste de traite, de la stabulation (1 travée) et réaménagement des boxes de vêlages.

Ce quatrième groupe de producteurs est clairement orienté vers un travail sur les coûts de production. Dans cette logique, la recherche d’indépendance vis-à-vis de l’extérieur est primordiale. Ces éleveurs s’éloignent, par l’idéologie qu’ils portent, en adoptant ces systèmes économes, de l’agriculture conventionnelle. Face à la fin des quotas, ils se sont dirigés vers la rentabilité de leur système productif, sans investir, et sans rechercher de volumes.