• Aucun résultat trouvé

Essai de typologie et analyse par groupe

2) Groupe 2 – Les suiveurs, investisseurs spécialisés

Point statistique__________

Le groupe 2 (suiveurs) est presque aussi intensif. Les exploitants sont plutôt jeunes avec une moyenne d’âge de 41 ans. Ils évoluent à deux UTH avec une SAU moyenne de 95 hectares (2ième plus élevée). Sur leur SAU, nous comptons, en moyenne, 35 % de maïs (2ième)

et 20 hectares de céréales (juste en dessous de la moyenne de l’effectif). Nous retrouvons le second plus faible pourcentage de surface en herbe avec 41 % développés sur la SAU.

Nous observons, un effectif moyen de vaches laitières, beaucoup moins lourd que précédemment (74 V.L.) qui peut s’expliquer par la forte spécialisation de ces systèmes dans l’activité laitière. La diversification des productions bovines gonfle les effectifs. Cependant, nous trouvons des vaches qui ont une importante productivité moyenne, avec 8 020 l./V.L./an. Les systèmes de production sont basés sur un cheptel à dominante Prim’Holstein. Notons ici le troisième plus gros volume de droit à produire avec environ 550 000 litres.

111 Ugo Legentil – Mémoire Les groupes 1 et 2 se distinguent par la présence exclusive d’éleveurs, qui ont obtenu au moins 1 diplôme agricole au cours de leur formation.

* * *

2.1) Les investissements, outils essentiels à la hausse des volumes Ce second groupe se caractérise par des éleveurs, qui ont fait le choix de l’investissement, parfois à regret, face à la libération des volumes de production, annoncée depuis une dizaine d’année. Ces investissements sont en lien direct avec la volonté de produire plus et d’intensifier la production. Nous retrouvons des éleveurs qui ont misé sur les quantités produites et qui avaient, pour la plupart, négligé la chute des prix. L’augmentation des investissements, rendue possible par le recours à l’emprunt, lui-même basé sur un prix du lait favorable, a entrainé ces exploitations face à un mur de difficultés. Les montants d’investissement ont été calculés sur des prix du lait supérieur aux prix actuels (environ 250€ la tonne au prix de base en Avril 2016), et leurs remboursements s’avèrent délicats. Ces entreprises se retrouvent aujourd’hui en danger, puisqu’elles sont toutes face à des remboursements d’emprunt importants.

Ces investissements vont souvent dans le sens de meilleures conditions d’exercice du métier. Ils sont nécessaires pour faire face à un déficit de main d’œuvre et de place, lié à une inflation de la production. La saturation excessive des bâtiments d’élevage induit, quant à elle, une hausse des coûts sanitaires (promiscuité, développement bactériologique, etc.).

Pierre : « Le bâtiment n’est plus adapté donc, là je voulais en faire un, j’ai commencé les travaux mais j’arrive pas à obtenir de prêt auprès des banques. […] Là en quantité de lait je ne peux pas évoluer, alors que j’ai tout pour le faire, sauf l’outil de travail, le bâtiment. » (E8)

Nicolas : « On a une désileuse automotrice, c’est la première dans le coin… Comme y a de plus en plus de vaches, plus en plus de lait, moins de personnel, on essaye de trouver des moyens pour réduire le temps de travail. » (E16)

Ces systèmes se sont orientés vers une politique de volume, avec un sentiment de libération à la fin des quotas. Les techniques utilisées pour accroître le volume, ont pu être interne au système d’exploitation avec l’augmentation de la productivité par vaches (ex : alimentation, génétique) ou l’agrandissement du cheptel (élevage génisse, sexage). Cet accroissement productif s’est aussi fait par le biais de moyens extérieurs au système d’exploitation. Nous voyons alors l’originalité de ces systèmes qui ont recherché, par tous les moyens, à produire plus. Ces techniques d’acquisition de droit à produire ont été l’achat de contrats, la transformation de la référence matière grasse en droit à produire, ou encore les DJA (notamment dans le cas de l’installation d’un descendant sur l’exploitation familiale), etc.

112 Partie 4 : analyse par groupes

Yohann : « Comme on avait le droit, avec nos laiteries de traire ce qu’on voulait, moi comme j’avais les animaux j’ai trait quoi. » (E7)

Nicolas : « On avait acheté des p’tites génisses de 8 jours, et puis on avait acheté des vaches en lait. […] Pour être prêt à bondir au 1er Avril 2015. » (E16)

Franck : « Quand faut du volume faut d’la noire ! Quand il faut faire du volume et puis que les bâtiments ne sont pas suffisants, c’est la solution : plus de lait par vache. » (E18)

2.2) Une spécialisation laitière accrue, poussée par l’industrie ? Ce groupe rassemble des éleveurs globalement très-spécialisés dans l’élevage laitier et dont une grande part des revenus dépend de cet atelier. La production laitière est quasi- exclusive, les éleveurs ont abandonné les autres productions. La présence passée d’une production de viande (bœufs ou taurillons) est encore visible.

Ce second groupe poursuit le premier avec un idéal de volume-prix. Ce qui les différencie est l’envergure des investissements, leur nouveauté mais aussi leur maturation. Les éleveurs du groupe 2 anticipent beaucoup moins l’avenir et les mauvaises passes que les éleveurs du groupe 1. Nous ne retrouvons pas dans le groupe 2 des productions diversifiées, ni même la compétence technique associée, ou encore le travail sur les charges des premiers.

L’analyse des entretiens, met aussi en lumière un sentiment de pression aux volumes venant des laiteries. Comme nous l’avons vu, l’anticipation de certaines laiteries à la fin des quotas a favorisé une politique de volume incitative auprès des producteurs (ex : Agrial).

Yohann : « J’ai pris le choix d’arrêter de faire des veaux de boucherie, au lieu d’embaucher un salarié, et de me spécialiser dans le lait. […] On nous a fait croire qu’on aurait le droit de traire plus ou moins ce qu’on voulait… » (E7)

Pierre : « Si je veux faire ma référence, en 2019 normalement, j’ai 400 000 litres de lait à faire. C’est pour ça j’avais le bâtiment. » (E8)

* * *

Ces éleveurs sont, avant tout, motivés par une volonté d’entreprendre. Ils témoignent, par l’investissement, d’un réel dynamisme face à un contexte incertain. Ils ont fait le choix depuis quelques années, de réduire les ateliers complémentaires et de se spécialiser dans le lait. Cette spécialisation est mise en œuvre par l’investissement, dans un outil de production capable d’absorber une hausse importante des volumes produits. En effet, à la spécialisation s’associe une politique de volume calquée sur le modèle du premier groupe mais avec une moindre maturation des projets.

113 Ugo Legentil – Mémoire

Groupe 2

– Franck (entretien 18)

- 50 ans, installé en 1989, avec 118 000 litres de lait, 30 vaches et 25 hectares.

- EARL à deux, conjointe présente sur l’exploitation depuis 1996. Main d’œuvre salariée présente 1 jour par semaine.

- Dispose de 82 hectares dont 30 en maïs, 23,5 en céréales et 11,5 en herbe.

- Vente de blé (15ha/an) et d’orge (10t./an)

- Troupeau mixte d’environ 120 têtes, comprenant 60 vaches laitières, à 60 % Prim’ Holstein et à 40 % Normande (environ 8000 litres par vache et par an).

 Présence supplémentaire d’un atelier veaux gras et vente de génisses croisées.

- Un volume produit de plus de 437 000 de litres de lait, collecté par Savencia – Bongrain à un prix total de 298€ les 1000 litres (257€ du PDB au 29/03/16).

- Investissements dans une stabulation en logette.

3) Groupe 3 – Mixtes, une dynamique d’investissement conjointe au