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La fin des quotas, mise en perspective avec l’influence des laiteries

Contextualisation et analyse par thèmes

3) La fin des quotas, mise en perspective avec l’influence des laiteries

les laiteries privées puisque les coopératives disposaient déjà du système coopérative-coopérateurs. Par leur biais, les laiteries assurent leurs besoins et leurs débouchés (entretiens complémentaires – ANNEXE 1).

lisibles actuellement sont inédites et fugitives. L’annonce de la Loi Sapin 2 n’accélèrera-t- elle pas la vente de contrat d’ici à sa mise en place ?

3) La fin des quotas, mise en perspective avec l’influence des

laiteries

Le rapport entre éleveurs et laiteries semble, au regard des entretiens, avoir souffert de la fin des quotas laitiers. En effet, les laiteries ont progressivement pris le dessus concernant les décisions de fixation du prix du lait. La Loi de Modernisation de l’Economie (LME), actée en 2008, a donné aux centrales d’achats et à leurs fournisseurs (ici les laiteries) le pouvoir de fixer les prix. Les laiteries privées, dans l’obligation de présenter des contrats à leurs producteurs, ont pu rédiger des contrats servant leurs avantages (face à la menace de la grande distribution). Cette rédaction apparaît être unilatérale puisque les syndicats ne semblent pas avoir été écoutés. Aujourd’hui, la fin des quotas laitiers et le passage aux contrats, a transféré le pouvoir Régalien aux entreprises de collecte. Les OP, encore mal organisées, n’ont pas le pouvoir de discuter les prix avec force. Ainsi, les éleveurs se retrouvent démunis face à un système de collecte et de fixation des prix qui leur est imposé. Ils pointent alors du doigt l’hégémonie des laiteries.

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Dans une première partie, nous étudierons cette question de l’hégémonie des industries de collecte et de transformation. Dans un second temps, nous verrons les différentes stratégies d’actions menées par les laiteries. Dans une troisième partie, nous interrogerons les stratégies des éleveurs.

* * *

3.1.) L’hégémonie des laiteries : la naissance de tensions et de conflits

Au fil des entretiens, les éleveurs expriment une dissymétrie de pouvoir entre les producteurs et l’industrie de collecte-transformation. Il s’agit aussi bien d’une inégalité amont-aval, que d’un conflit d’échelle. Ils s’expriment au travers de la domination de l’industrie, à petite échelle, et de la fragilité du producteur, à grande échelle. Le droit à produire dont dispose chaque producteur est noyé dans la totalité du volume récolté par la laiterie. Sans réel pouvoir de négociation des OP, les laiteries peuvent imposer leurs prix aux producteurs. Ces derniers n’ont pas aujourd’hui de représentant fort. Le « groupe » des éleveurs laitiers se retrouve éclaté et dispersé en une multiplicité d’individus. Ce groupe n’est pas une entité prête à se faire entendre. La structuration actuelle des OP et la non- agrégation des producteurs pérennisent l’inégal rapport de force.

Eugène : « Qu’est-ce que tu veux faire, tout petit comme t’es. Même avec un bon quota, ça porte pas hein… […] C’est pas un mystère, les laiteries sont les reines » (E1– Savencia)

Francine : « …C’est eux qui commandent et puis c’est tout. On est les pions tu sais, on est les esclaves tu vois. [rires] » (E6 – Agrial)

Yohann : « Le lait là maintenant il appartient aux laiteries. En fait, on est mené par le bout du nez quoi ! » (E11 – Lactalis)

Ajoutons, que certaines laiteries, ont fait le choix de ne pas aider l’organisation de la profession. Elles préfèrent le lien individuel avec ses éleveurs, face à face un éleveur – une laiterie. Nous avons noté que cette situation de domination s’exprime tant pour les laiteries privées que pour les coopératives. Agrial a suivi la tendance proposée par les laiteries privées, en revoyant les contrats en faveur de la défense du groupe coopératif et non-pas de la défense des coopérateurs.

La gestion administrative des droits à produire, aujourd’hui privée, donne plus de pouvoir aux laiteries. Le lien entre ces dernières et les producteurs se délitent. Elles sont en perte de légitimité pour une partie du monde de l’élevage. Les différences de stratégie qu’elles mettent en place, avec la fin des quotas, attisent les tensions.

Les situations rencontrées révèlent des tensions exacerbées entre éleveurs et industriels. Le rapport, depuis longtemps défavorable aux éleveurs, devient de plus en plus délétère. Les producteurs ne comprennent pas les stratégies des laiteries d’autant plus qu’elles ne vont pas toutes dans la même direction. Les volontés des laiteries leur semblent déconnectées de leur réalité. Le contexte de crise participe à renforcer les clivages et les animosités. Nous sommes face à une incompréhension de la gestion des volumes par les laiteries.

Vincent : « Je ne vois pas pourquoi il nous redonne 3 % tous les ans sachant qu’il y a trop de lait. […] Le problème il est là, si tu produis plus et qu’il y a moins de débouchés, je ne vois pas l’intérêt. » (E2 – Agrial)

Ce conflit déteint sur les rapports entre éleveurs puisque qu’au sein de la coopérative Agrial, nous avons pu remarquer ces tensions. Certains éleveurs jugent que l’attitude de leurs collègues-coopérateurs, n’est pas collective. Les éleveurs qui produisent au-delà de leurs références participent à la surproduction. Ils ne jouent pas le jeu de la coopération, de la recherche d’un prix rémunérateur pour tous, et du maintien de la stabilité des prix. Ainsi, naissent des concurrences et des tensions entre éleveurs.

Nicolas : « [Agrial] Ils avaient annoncé 15 % sur 5 ans mais y en a qui sont à plus 40 % dans la coop. Agrial. Ces ceux-là qui font mal ! Tout le monde n’est pas… Coopératif. [rires] Y en a qui produisent à fond les manettes. […] Pour moi il devrait payer ces gens-là, ils font mal à tout le monde. » (E16 – Agrial)

3.2.) Une uniforme domination mais des stratégies d’action différentes entre laiteries

Les tensions observées sont nourries par la diversité des stratégies productives, employées par les laiteries. Les organismes privés ou coopératifs adoptent, en effet, différentes stratégies d’entreprise face aux marchés. Ces différences renforcent l’incompréhension des éleveurs face à la marche à suivre. Ils ne comprennent pas pourquoi Agrial et Lactalis vont dans des directions opposées. Ils se trouvent floués par ce jeu d’entreprise.

Ces choix stratégiques s’appliquent aux volumes alloués aux producteurs, à l’avis porté sur les contrats cédés et aussi au montant des pénalités. Ainsi, ils ont un impact direct sur les systèmes d’exploitation.

 Agrial, une politique d’export de produit industriel

L’entreprise Agrial, depuis trente ans, s’est spécialisée dans les produits industriels à faible valeur ajoutée (ex : beurre, poudre de lait). A petite échelle, la coopérative promeut la

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production d’un lait « minerai ». Elle oriente ses producteurs vers une production intensive, à faible valeur ajoutée. Elle a anticipé la fin des quotas par une libération de sa production. Depuis 2014, la coopérative a décidé d’allouer des volumes supplémentaires à ses coopérateurs. Le mot d’ordre général était l’augmentation de 15 % de la production sur 5 ans. Cette libération devait être progressive, avec une attribution de 3 % par an. Chaque éleveur-adhérant pouvait alors espérer augmenter son volume de 3 % par an, sur 5 ans, sans risquer de pénalité. Cette stratégie fut bien entendue par les éleveurs puisqu’en amont, Agrial a demandé à chaque producteur sa capacité à produire davantage. Cette promesse de volume a motivé une hausse de la production.

Cependant, après avoir promis du volume, et à la vue de la chute durable des prix des produits industriels, Agrial a décidé de geler les attributions de 3 %, pour les deux prochaines campagnes (2016-2017). Les producteurs qui ont travaillé, investi, pour répondre à cette demande de volume, se trouvent aujourd’hui lésés par le gel des attributions. De plus, les éleveurs qui dépassent se trouvent sous le joug de la pénalité. Ils vivent alors une double peine liée à ce revirement de situation. La flexibilité des décisions de l’entreprise est en inadéquation avec la flexibilité du système de production laitier. Une certaine inertie caractérise l’élevage laitier, contrairement à l’entreprise, elle est confrontée à la volatilité des marchés.

De ce fait, le rapport entre coopérative et coopérateurs s’est profondément délié. La laiterie est clairement en perte de légitimité pour une partie de ses adhérents. Les motivations du groupe sont déconnectées de celles de certains producteurs, qui ne voient plus Agrial comme une agrégation de producteurs défendant leurs intérêts. Le groupe n’est donc plus une somme d’individus mais une tête dirigeante qui agit pour l’entreprise. La domination du groupe sur les coopérateurs, accroit le sentiment d’impuissance et de révolte qu’ont les éleveurs avec la laiterie.

Jean-François : « C’est la laiterie qui gère, c’est plus nous qui gérons […]. A l’heure d’aujourd’hui, on ne peut pas rallonger notre référence, ils nous redonnent pas de rallonge. […] Parce qu’au départ ils nous avaient dit : « vous pourrez produire 7-8 % de plus », puis tout de suite euh… » (E5 – Agrial)

Pierre : « Agrial c’est bien simple, y a encore un mois on m’a dit : « va falloir faire du lait ». Maintenant on n’attribut plus de lait [rires]. » (E8 – Agrial)

Patrice : « C’qu’est dommage c’est qu’Agrial, y a 2-3 ans ils sont venus nous voir pour savoir si on était prêt à faire 15 % de plus. […] Ils nous incitaient à produire plus. […] Et puis maintenant, on nous dit « stop ! ». Donc aucune perspective ! » (E9 – Agrial)

 Une gestion stricte des volumes par Lactalis

Le groupe privé Lactalis (Besnier) s’est tourné vers une politique d’entreprise opposée à celle d’Agrial. En effet, Lactalis agit en faveur d’un contrôle strict de ses entrées, c’est-à-dire une surveillance accrue des volumes collectés. Les attributions sont généralement plus exceptionnelles qu’ailleurs et la valorisation des produits est un point

principal à respecter pour l’entreprise. Lactalis s’est orienté vers des produits à meilleure valeur ajoutée comme le fromage, le lait de consommation ou les yaourts (qui représentent à eux trois,71 % du chiffre d’affaire du groupe en 2015 ; source : lactalis.fr). Ces produits sont bien valorisés. Les prix ont une plus faible volatilité. L’annonce du rachat de la fromagerie Graindorge par le groupe Lactalis, au 2 juin 2016, renseigne de cette stratégie d’entreprise. Aussi Lactalis tient à préserver ses débouchés et viabilise ainsi son chiffre d’affaire en restreignant la production de lait.

Les éleveurs collectés par Lactalis ont pu comparer cette stratégie rigide, avec la stratégie d’attribution d’Agrial. Ainsi, ils ne comprennent pas pourquoi, avec la fin des quotas, ils ne peuvent pas produire plus alors qu’on autorise à leur voisin 15 % sur 5 ans. Certains d’entre eux ont rêvé d’une libération des volumes et y ont crus avec la fin des quotas. Ils ont cherché à produire plus, sans connaître la stratégie de leur entreprise de collecte et se retrouvent aujourd’hui lésés, avec une régulation par les pénalités.

Catherine : « …Ils ferment les robinets maintenant, et ceux qu’ont dépassé bah va falloir qu’ils payent… » (E3 – Lactalis)

Didier : « Moi j’suis chez Sofralait, Besnier quoi. Ils ont toujours eu une politique de maintenir les prix. Maintenir les prix en réduisant la production. Parce que y a des coopératives et d’autres, qu’ont donné du lest, qui ont donné un peu plus à produire. » (E11– Lactalis)

Fabien : « Chez Lactalis les litrages sont assez rigoureux, donc ils nous disent de produire tant, on produit tant. On n’a pas trop le droit de dépasser. » (E12 – Lactalis)  Une nouvelle perspective ouverte par Savencia (Bongrain)

L’entreprise et l’OP Savencia n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Nos entretiens auprès des éleveurs Savencia précédaient la demande d’entrevue avec la laiterie. C’est pourquoi nous ne connaissons pas la stratégie d’adaptation de Savencia à la fin des quotas.

C’est un groupe privé qui mise lui aussi sur la valeur ajoutée de ses produits (notamment fromager). Il apparaît que l’OP semble beaucoup plus impliquée, que chez Lactalis, dans la fixation des prix du lait et dans l’orientation productive de la laiterie.

Nous avons noté une stratégie relativement récente concernant la gestion et la régulation des volumes entrants. Face à la crise des prix du lait et à un volume collecté trop important, l’entreprise s’est trouvée dans l’incapacité de valoriser l’ensemble de son volume sur les marchés. Ainsi, pour faire marche arrière et revenir à un rapport volume collecté/produits valorisés cohérent, Savencia propose à ses producteurs 20€/1000 litres de lait, au-delà de 6 % sous-produit. La laiterie rémunère l’éleveur pour qu’il réduise sa production et qu’il ne lui fournisse pas sa référence. Ici aussi, cette stratégie, en réponse à la crise du lait, interroge les éleveurs face aux choix de la laiterie et aux stratégies des

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entreprises et des élevages concurrents.

Claire : « Si tu veux avoir la prime de 20€ par 1000 litres, il faut faire -6 % de ton contrat…

Franck : … C’est un peu dommage, les Irlandais, les Danois, les Hollandais ils n’hésitent pas à faire 30 % de plus… On est obligé de compenser en faisant -6 %. C’est quand même pas normal ! » (E18 - Savencia)

3.3.) Les stratégies des éleveurs sont-elles en lien avec les stratégies des laiteries ?

Face aux surproductions et à la chute des prix du lait, les entreprises de collecte envisagent ou mettent en œuvre un régime de pénalité. Tout volume produit au-delà de sa référence est passible d’une pénalité par tranche de 1000 litres. Pour Lactalis, le dépassement induit une pénalité de 286€/1000 litres. Agrial envisage la pénalité si le droit à produire mutualisé est dépassé. Si le volume mensuel total de l’entreprise est dépassé, alors les éleveurs pourront être pénalisés. Cependant, chez Agrial la communication au sujet des pénalités semble assez floue et les éleveurs se retrouvent dans une situation incertaine, sans visibilité.

Les stratégies des entreprises de collecte, au sujet des pénalités, influencent directement le système d’exploitation. Produire durablement un supplément de lait qui coûte plus qu’il ne rapporte n’est pas tenable. Ainsi, les éleveurs agissent et tentent de restreindre leur production. Le montant des pénalités peut d’ailleurs faire varier la production. Une pénalité inférieure ou égale au prix d’achat du lait ne ralentira pas autant la production qu’une pénalité supérieure au prix d’achat.

Jacky : « L’année dernière ils avaient dit « produisez du lait ! » et en fin de compte moi j’ai freiné parce qu’ils m’ont dit : « pénalité ! ». Alors on ne sait pas comment ça va faire les pénalités. […] On ne sait pas grand-chose aujourd’hui de toute façon. » (E17 – Agrial)

Jean-Michel : « Là je crois qu’ils ont dû changer le montant des pénalités, ils les ont revues à la baisse. Ils s’offrent toujours des portes de sortie et donc ils s’imposent toujours. » (E23 – Lactalis)

Les stratégies individuelles des éleveurs avec la fin des quotas, sont en lien avec les choix des entreprises qui les collectent, notamment en matière d’achats de contrats. Une entreprise comme Lactalis, qui pénalise fortement les dépassements et qui n’attribue pas de pénalité, incite les éleveurs voulant augmenter leur droit à produire, à acheter du contrat. Il devient aussi rentable pour ces éleveurs d’acheter du contrat plutôt que de payer des pénalités.

La coopérative Agrial a redonné une rallonge de contrat. Cependant, la rallonge est aujourd’hui gelée et l’entreprise adopte une stratégie floue face au régime de pénalité. L’achat de contrat est une opportunité, pour le coopérateur, de sécuriser un volume de production supplémentaire. Universellement, l’achat de contrats est voué à être encadré, que ce soit par les laiteries ou par l’Etat. Ce marché, encore ouvert, est perçu comme une chance par les éleveurs qui cherchent du volume et qui ne veulent pas payer de pénalités.

Fabien : « On a eu l’opportunité et on les a saisies parce que chez Lactalis… Chez Agrial ça n’aurait pas été pareil. Chez Lactalis on sait que le litrage on ne peut pas l’avoir. Ils ne donnent pas de litrages comme ça. […] Comme on avait l’opportunité de reprendre du lait, on l’a pris, parce qu’on l’aura peut-être pas d’autres fois avec Lactalis. C’est par rapport à eux qu’on l’a fait. » (E12 – Lactalis)

Damien : « A mon avis on a encore pour cette campagne-là où tu peux acheter du lait de ferme en ferme, mais après les laiteries vont avoir la main dessus. C’est leur but. » (E20 – Agrial)

Le régime de pénalité ou encore l’achat de contrat laitier influence directement les stratégies des éleveurs. Les choix d’entreprises en matière de contractualisation ou encore de pénalisation des dépassements, impactent l’évolution des systèmes d’exploitation laitiers.

* * *

Pour conclure, nous avons vu la grande domination des laiteries, privées ou coopératives, sur les éleveurs. L’organisation des producteurs en OP fortes, pouvant agir sur le prix du lait, est une solution pour renouer le dialogue et ne pas s’enfermer dans le conflit. Le pouvoir dans la main des laiteries représente, à notre sens, un risque majeur quant à la structuration et à la répartition future de la production laitière.

Sylvie : « On a eu le sentiment qu’ils mettaient le lait un peu où ils avaient envie de le mettre. » (E5 – Agrial)

Gérard : Avec les contrats, est-ce que la laiterie ne va pas décider, au coup par coup, si elle est favorable à la reprise d’un contrat ou pas ? Ça on ne sait pas. » (E12 – Agrial)

Les idéologies sous-jacentes à cette recomposition seront-elles la préservation des territoires vulnérables et des petites structures d’exploitation, ou encore des modèles alternatifs ? Il y a des raisons de douter que ce modèle de développement soit celui des laiteries. Le transfert du pouvoir de l’Etat aux entreprises ne sera-t-il pas le signal d’une nouvelle hémorragie de l’élevage laitier ? La gestion du marché des contrats par l’Etat semble alors primordiale afin d’assurer un avenir durable et soutenable aux éleveurs.

74 Partie 3 : Contextualisation et analyse par thèmes  L’avis des professionnels des structures encadrantes

Les laiteries privées ne cherchent pas à avoir face à elles une OP forte. La situation actuelle leur permet d’avoir le contrôle. Elles ont pris le pouvoir que l’Etat et les OP leur ont offert. Les OP n’ont pas de poids et sont trop nombreuses pour pouvoir participer à la négociation du prix avec les laiteries. Les industries de collecte décident de l’avenir de la localisation de la production laitière. Elles se concentrent, dans le Grand-Ouest, à proximité des lieux de transformation.

Il existe un manque de dialogue (rôle de l’OP) entre laiteries et producteurs, pour réfléchir à l’adaptation du système de production en fonction des besoins des laiteries. Certaines jouent plus le jeu du dialogue que d’autres. L’évolution des stratégies des laiteries privées et des coopératives est hétérogène face à la fin des quotas (respectivement restriction/volume). Les coopératives, avec leur politique de volumes, misent sur des marchés industriels très volatiles et tirent les prix vers le bas.

Quant au lait bio, il ne semble que peu impacté par la fin des quotas. Cependant, le prix du lait bio est calculé sur la base du prix conventionnel et la chute de ce dernier peut donc avoir un impact sur le développement du secteur lait-bio (entretiens complémentaires – ANNEXE 1).

4) La crise agricole et la fin des quotas laitiers :