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ième groupe (mixtes) est plus hétérogène par l’orientation de son système de

Essai de typologie et analyse par groupe

Le 3 ième groupe (mixtes) est plus hétérogène par l’orientation de son système de

production face à l’arrêt des quotas. Avec un âge moyen des exploitants de 38 ans, ce groupe est le plus jeune de l’échantillon. Nous pouvons retrouver ici, des JA, parfois en couple, qui ont recours à une main d’œuvre salariée régulière. Cela explique la présence moyenne de 3 UTH. La SAU reste importante mais diminue par rapport au groupe précédent, avec 84 hectares (échantillon 82 ha). Cette surface comprend une part relativement importante d’herbe (52 %) et de céréale (23 %), au détriment du maïs. Les exploitants de ce 3ème groupe ont le plus faible taux de maïs dans leur SAU (26 %). En

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valeur, ils arrivent cependant à la troisième place derrière les groupes 1 et 2. Ces derniers ont respectivement presque 20 et 10 % de plus de maïs sur leurs SAU. En comparaison aux autres groupes, le faible taux de maïs s’explique, en partie, par une plus grande taille de SAU.

Ce groupe reste intensif, nous y retrouvons le 2ième effectif moyen de VL, avec 86

têtes, pour une production de 7 500 litres, et une référence de presque 600 000 litres de lait. Nous sommes, ici, face à des structures en voie de spécialisation qui suivent la tendance des groupes 1 et 2. Néanmoins, ils affichent peu cette orientation productive car ils sont également attentifs à la maîtrise des coûts et à la planification des évolutions à venir.

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3.1) L’investissement : un vecteur nécessaire à la spécialisation, utile face à la fin des quotas

Avec la fin des quotas, les éleveurs attendaient une libération de la production laitière. Les exploitants du troisième groupe, ont anticipé cette évolution et l’ont associé à une chute des prix du lait. Pour maintenir leurs revenus, ils ont choisi d’investir. Ces investissements, comme pour les groupe 1 et 2, leurs ont permis d’absorber le surplus de lait qu’ils se sont mis à produire. Ces investissements ont pu être réalisés dans le progrès technique (ex : RDT) ou encore dans de nouveaux bâtiments. L’augmentation des volumes produits se fait, en même temps que des gains de compétence en matière d’alimentation, de pratiques culturales, ou encore, de conduite du troupeau. L’arrivée des nouvelles technologies sur les exploitations, fait partie intégrante de ce gain de compétence.

Jean-François : « Au point de vue lait, on a changé notre système, il y a 2 ans, on a robotisé l’exploitation. » (E5)

Fabien : « Nous, on a cherché du volume parce qu’on savait que les prix allaient baisser. Il fallait de toute façon produire plus pour un même nombre de personne. » (E12)

Les éleveurs se concentrent sur l’activité laitière et, comme le second groupe, ils réduisent la part des ateliers complémentaires pour ne garder que le lait. Ce « centrage » sur le lait se fait par l’augmentation de la production laitière au détriment d’autres ateliers. La sélection génétique permet, entre autres, d’augmenter la productivité par vache. Pour un même effectif, il s’agit de produire plus de lait. Elle permet, pour les exploitants qui ont fait le choix de ne pas investir dans un nouveau bâtiment, de continuer à évoluer sans bousculer leurs systèmes. Différentes stratégies productives peuvent se lire en fonction des choix opérés en matière de génétique. D’un côté, la spécialisation du cheptel, en Prim’Holstein, assure un gain de place (plus grande productivité par tête), moins d’épandage, moins de temps passé à la traite et moins d’infrastructures (ex : fumière). D’un

115 Ugo Legentil – Mémoire autre côté, un troupeau mixte, qui comprend des vaches Normandes, affichera une production laitière avec de meilleurs TBTP et QMU, et une valorisation du lait meilleure.

Gérard : « Etant donné qu’on a augmenté la production laitière, on a diminué les veaux de boucherie. » (E12)

L’alimentation peut également être un moyen d’augmenter la productivité par vache en travaillant sur la constitution de la ration (ex : part de complément azoté). La hausse de la production peut aussi être appuyée par la simple augmentation du nombre de vaches productrices de lait (sous-réserve de places disponibles). Dans cette voie, l’élevage des veaux femelles ou le maintien en place de vaches en fin de carrière, peuvent faire office de solution.

Fabien : « On a élevé beaucoup plus, depuis déjà un bon moment. Donc techniquement, on a raccourci les âges aux vêlages, on a réformé un petit peu moins… On a aussi augmenté nos litrages par vaches... » (E12)

Marie : « On a plutôt tendance à noircir le troupeau pour avoir moins d’animaux et produire plus de lait avec le même effectif. » (E15)

3.2) Le début de l’autarcie, voyage vers les coûts de production Ce qui différencie ce groupe du précédent, c’est l’accent porté sur les coûts de production. Malgré les investissements et la recherche de volume, ce troisième groupe ne les laisse pas de côté. Les éleveurs opèrent des choix éclairés vers la réduction des charges. Tout ce qui vient de l’extérieur et qui coûte, tant à être réduit. Le moment d’achat des intrants (ex : aliments, compléments, engrais, semences) ou encore la vigilance sanitaire, sont des leviers d’action qui permettent de réduire les coûts, sans trop impacter la production. Contrairement aux deux groupes précédents, nous ne sommes pas dans une logique de réduction des coûts unitaires par le volume (économie d’échelle).

La recherche des coûts de production s’opère parfois de façon plus drastique sur ces exploitations, avec une restructuration du parcellaire et/ou de la production. Au-delà de la spécialisation, certains on fait le choix de supprimer une activité agricole adjacente pour limiter les coûts de production. La rentabilité de l’activité supprimée n’est pas jugée assez bonne. L’éviction d’une activité présente sur le foncier, induit une réorganisation des assolements, ou une révision des types de cultures utilisées, sur la surface disponible. La gestion du parcellaire, notamment la préoccupation d’un parcellaire groupé, témoigne aussi d’une volonté de réduire les coûts de production. En effet, un parcellaire groupé autour du siège d’exploitation permet des gains de temps et d’argent.

Sylvie : « On a fait le choix de rationaliser notre travail en limitant deux productions. On a supprimé deux productions…

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Jean-François : … Le seul souhait qu’on pourrait avoir, c’est d’essayer encore de mieux restructurer […]. Si c’était dans un ilot compact, ça permettrait de mieux rationaliser le travail et d’éviter les coûts. » (E5)

Fabien : « On travaille sur les charges. […] On essaie d’avoir un coût alimentaire pas trop cher.» (E12)

Marie : « On économise par tous les bouts, sur les intrants […]. On joue un peu sur tous les bords : sur les frais vétos, sur l’achat de paille, on a beaucoup travaillé sur l’achat au bon moment. » (E15)

Ce troisième groupe se caractérise par des systèmes souvent relativement « fermé ». Nous avons ressenti la volonté des exploitants de s’auto-subvenir. La production du blé est pensée pour les besoins en paille. Les aliments sont produits sur l’exploitation et l’achat de compléments à l’extérieur est réduit au maximum. De même, dans la conduite du troupeau, l’éleveur recherche l’autarcie. Il cherche à se prémunir du développement de maladie venant de l’extérieur. Nous retrouvons alors une idéologie s’écartant du productivisme, à la recherche d’une production laitière relativement raisonnée par rapport aux 2 premiers groupes. Dans cette optique, le groupe 3 se rapproche du groupe 4.

Jean-François : « Avoir une autarcie sur l’exploitation, c’est mieux pour éviter de trop acheter, de toute façon, on voulait éviter de faire de l’achat extérieur en animaux pour éviter les maladies. […] C’est une priorité pour nous ça. » (E5)

Les exploitants mettent en place une organisation du système de production, à même de valoriser le lait et le foncier au mieux. Un petit atelier complémentaire de veaux de boucherie ou de taurillons, consomme la place et surface disponibles. Il fait office de variable d’ajustement face aux fluctuations des prix. Quand le prix du lait est bas, les éleveurs gardent plus d’élèves pour faire consommer le lait impur, qui contient une QMU importante. Cela permet de livrer un lait de bonne qualité à la laiterie et d’avoir une prime sur les taux (TBTP) et les cellules (QMU).

Gérard : « [Veaux de boucherie] 20 en continu c’est pas mal. Ça permet de faire consommer le lait, qui quelques fois ne peut pas être livré. » (E12)

Marie : « Je préfère produire un peu moins mais maintenir mon coût de production et puis que ça fonctionne à peu près proprement, plutôt que de vouloir absolument faire du volume, du volume. » (E15)

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Les exploitations, de ce troisième groupe, se trouvent à mi-chemin entre les groupes 2 et 4, tiraillées entre l’investissement et les coûts de production. Comme pour le premier

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