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1. Population étudiée

Nous avons réalisé cette étude sur un panel de femmes vivant en Lorraine, choix restreint à ces 4 départements, par nécessité de faisabilité de notre enquête.

2. Les informateurs : concept de diversité sans dispersion

Le but de cette étude qualitative est de refléter le vécu des bouffées de chaleur chez les femmes ménopausées et le recours éventuel au médecin généraliste ou au gynécologue pour ce symptôme. Il s’agit d’explorer le maximum de situations différentes, afin d’enrichir cette étude de l’expérience de chacune de ces femmes. L’objectif recherché est donc d’avoir une population de patientes la plus diversifiée possible, tant sur le plan de leur situation familiale ou professionnelle, que sur leur milieu socioéconomique. Il n’est pas question ici de créer un échantillon qui serait à proprement parlé représentatif d’une population, comme c’est le cas dans une étude quantitative. Ce concept de diversité et non de représentativité, explique le fait que, dans une étude qualitative, on ne désigne pas le groupe de participants comme un échantillon, mais par le terme d’informateurs ou d’informants.

Pour obtenir cette diversité, il nous a donc paru indispensable de rechercher une variété des lieux de vie de ces patientes, en évitant toutefois l’écueil de la dispersion. Il s’agit en effet de « contraster au maximum les individus et les situations » en essayant toutefois « d’obtenir des unités d’analyse suffisantes pour être significatives ». [23]

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Nous avons donc choisi une vaste zone géographique, tout en nous limitant à la région Lorraine, et recruté des femmes dans chacun des 4 départements qui la constituent.

Par ailleurs, à l’intérieur de ces départements, différentes localités ont également été sélectionnées, afin d’illustrer le vécu de patientes vivant tant en milieu urbain qu’en milieu rural.

3. Mode de recrutement

Le constat-clé ayant motivé cette étude est la baisse du motif de consultation « bouffées de chaleur » dans le cadre de la Médecine Générale. De ce fait, il nous a semblé logique de sélectionner des patientes par le biais de leur médecin généraliste.

Par ailleurs, nous avons décidé de ne pas recruter les participantes par nous-même pendant une consultation médicale menée lors de remplacement en cabinet de Médecine Générale, afin de ne pas substituer la relation ultérieure interviewée - interviewer par celle de patiente - soignant déjà existante. En effet, nous avons estimé que la première rencontre avec la femme volontaire devait se faire dans le contexte de notre enquête, de manière à ce que le discours et le comportement de l’interviewée ne soit pas modifiés par le statut de l’interviewer. Nous souhaitons qu’elle puisse nous livrer son expérience et son vécu au-delà des simples symptômes et du cadre de la médecine conventionnelle allopathique, sans avoir le sentiment que la personne en face d’elle note ses propos comme dans un « test de connaissance ».

De plus, notre introduction auprès des patientes par leur médecin généraliste, nous est apparu comme étant une première étape, propice à l’élaboration d’un climat de confiance avec l’interviewée. En effet, être présenté indirectement à ces femmes par ce tiers, avec lequel elles ont noué un lien de confiance, nous a semblé être un critère favorable à la réalisation d’entretiens en profondeur et en sincérité.

De ce fait, les informantes de cette étude ont été sélectionnées par le biais de leur médecin généraliste, ceux-ci ayant été au préalable recrutés par nos soins.

4. Constitution du panel d’informateurs

Pour ce faire, nous avons consulté les Pages Jaunes via Internet à la rubrique Médecin Généraliste et ce, pour les 4 départements de Lorraine. Dans chaque département, nous avons choisi 4 médecins ayant des villes d’exercice dispersées sur le territoire, de manière à sélectionner des cabinets situés en milieux urbain et rural et respecter ainsi, la diversité géographique voulue.

Par ailleurs, la moitié de ces médecins étaient des femmes. Il a également été choisi parmi l’ensemble des praticiens 3 médecins pratiquant l’homéopathie et 1 médecin généraliste acuponcteur. Il nous a en effet semblé important de choisir autant de médecins généralistes homme et femme, afin de pouvoir éventuellement constater si les patientes abordaient plus le sujet de leurs bouffées de chaleur avec des médecins femmes, dans l’hypothèse d’une identification ou d’une quête d’approbation par une personne du même sexe, susceptible de connaître les mêmes troubles. Par ailleurs, il nous a paru important de pouvoir mettre en évidence une éventuelle différence d’approche thérapeutique en fonction du sexe du praticien. En outre, certaines pratiques non allopathiques, telles l’homéopathie ou l’acuponcture, étant utilisées dans la prise en charge des bouffées de chaleur, nous avons estimé qu’il serait utile de pouvoir sélectionner des patientes ayant plus facilement accès à ces pratiques, afin de pouvoir caractériser leur degré de recours à ces moyens thérapeutiques.

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Les médecins sélectionnés ont d’abord été contactés par courrier [Annexe 3], celui-ci leur précisant à la fois, notre statut d’interne en fin de cursus de Médecine Générale et le but de cette étude, à savoir la rédaction de notre travail de Thèse.

Sur le plan du sujet de cette enquête, nous avons choisi de rester évasif sur l’objet de cette étude, à savoir le vécu des bouffées de chaleur chez les femmes ménopausées. En effet, nous avons craint de biaiser la sélection des patientes en donnant un aperçu de nos attentes à nos recruteurs. De même, nous n’avons pas voulu permettre aux interviewées de débuter l’entretien avec des idées préconçues sur nos attentes et des réponses « toutes faites », l’intérêt d’un entretien semi-dirigé étant de découvrir l’état d’esprit de l’interviewé, au travers de ses réponses spontanées, sans imposer les structures et les suppositions de l‘interviewer.

Il a bien évidemment été précisé la population recherchée, les critères de recrutement et le déroulement de l’entretien, que nous expliciterons ultérieurement.

La collaboration des médecins généralistes volontaires a été définie comme étant de sélectionner dans leur patientèle 2 à 4 femmes respectant les limites définissant le panel d’informateurs, acceptant de nous rencontrer pour nous parler du vécu de leur ménopause, lors d’un entretien enregistré d’environ 30 minutes. Une fois leur consentement obtenu, ils devaient nous transmettre leurs coordonnées par mail, téléphone ou voie postale à l’aide des coupons fournis. [Annexe 3]

Une première vague de 16 courriers a été envoyée. Trois semaines après l’expédition de cette lettre, une seule réponse nous est parvenue spontanément. Cette réponse, envoyée par courrier, s’est avérée positive.

Nous avons contacté les 15 autres médecins par téléphone afin de nous assurer qu’ils avaient bien pris connaissance de ce courrier et de savoir s’ils nous apportaient leur collaboration. Sur ces 15 médecins :

 11 ont accepté de participer à cette étude

 2 ont refusé pour le même motif de manque de temps, tout en avouant un manque d’intérêt pour le sujet

 2 n’ont pas été joignables, malgré des appels itératifs.

Parmi les 11 praticiens collaborant à cette étude, 7 étaient des femmes et 2 pratiquaient l’homéopathie. Certains de ces médecins ont souhaité recevoir un courrier complémentaire par voie postale ou par mail, comprenant un document récapitulatif des critères d’inclusion et d’exclusion des informantes [Annexe 4], ainsi qu’une lettre informative destinée à être affichée en salle d’attente [Annexe 5] pour faire part de cette étude à leurs patientes. L’affichage de ce document a été laissé au libre choix du médecin et demeurait une option facultative. Ceux n’ayant pas jugé nécessaire d’obtenir ces documents ont toutefois bien noté les critères d’inclusion et d’exclusion reprécisés lors de notre entretien téléphonique.

Par ailleurs, 4 courriers ont été envoyés à d’autres médecins, en respectant les critères géographiques et la parité des sexes établis initialement. Aucune réponse spontanée n’a fait suite à ces courriers. Toutefois, après contact téléphonique, 3 de ces médecins se sont engagés à apporter leur collaboration à cette étude. A noter que l’une d’entre eux a tout de même objecté un certain scepticisme, quant à l’accord des patientes à participer « à ce genre d’étude, dont elles ne retireraient aucun bénéfice » hormis celui d’une action purement altruiste.

L’unique refus obtenu, après entretien avec le médecin joint, tient au fait que ce praticien n’exerçait pas en tant que médecin généraliste, mais uniquement en qualité d’acuponcteur. De ce fait, il ne rentrait pas dans le cadre de notre champ d’étude et ne se sentait pas concerné par celle-ci.

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Les trois praticiens nouvellement sélectionnés ont reçu les mêmes informations et courrier complémentaire que précédemment décrit.

Dès lors, nous avions recruté deux médecins « homme » de plus, dont un qui pratiquait l’homéopathie. Selon nos critères prédéfinis, nous n’avions simplement pas réussi à inclure dans notre effectif un praticien acuponcteur.

Au final, et après plusieurs relances de l’ensemble du groupe des recruteurs, 6 médecins généralistes nous ont communiqué les coordonnées d’une ou plusieurs patientes. Parmi ces médecins, 5 étaient des hommes et 2 étaient homéopathes. Les 4 départements de Lorraine ont été représentés.

5. Limites définissant le groupe des informants

a. Critères d’inclusion

Ces critères étaient volontairement simples :  femmes ménopausées,

 entre 45 et 65 ans,

 ayant comme médecin traitant le médecin collaborateur.

Nous avons en effet déterminé des bornes d’âge en lien avec l’âge moyen de la ménopause, dans le but d’inclure également des femmes ayant plus ou moins de recul vis-à-vis du début de leur ménopause.

En outre, il a été demandé aux médecins de choisir des femmes de leur patientèle « régulière », afin de s’assurer qu’elles avaient un suivi médical général par un médecin.

b. Critères d’exclusion

Nous avons choisi d’exclure les femmes ayant bénéficié d’une ménopause

chirurgicale car celle-ci concerne, en règle générale, des femmes jeunes qui, de ce fait,

bénéficient d’une prise en charge bien codifiée. Cette situation est en marge de notre étude. Par ailleurs, les femmes ne maîtrisant pas suffisamment la langue française ont également été exclues de cette enquête, pour des raisons de difficultés de communication et d’analyse évidentes.

6. Nombre d’informantes

Dans une étude qualitative, « les informations issues des entretiens sont validées par le contexte et n’ont pas besoin de l’être par leur probabilité d’occurrence », « Une seule information d’un entretien (pouvant) avoir un poids équivalent à une information répétée de nombreuses fois dans des questionnaires ». [23] Ce fait établi est en lien avec le concept de diversité, déjà développé antérieurement et recherché dans les enquêtes qualitatives et explique qu’il n’y a pas de justification à déterminer un échantillon qui serait représentatif d’une population, caractéristique dédiée aux études quantitatives.

Toutefois, le fait qu’une même information soit répétée plusieurs fois lors d’entretiens semi-dirigés a également un sens particulier. Bien que nous ne puissions pas conclure directement sur la causalité du lien, nous pourrons toutefois souligner certains évènements ou associations de faits qu’il serait intéressant de vérifier au moyen d’une étude quantitative.

La notion de corpus est définie comme l’ensemble des entretiens effectués. Ainsi, du nombre d’informantes dépend la taille du corpus.

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Selon les principes d’une étude qualitative par entretiens semi-dirigés, nous n’avons pas défini au préalable, un nombre d’informantes et donc d’entretiens à atteindre pour clore l’enquête. D’après les fondements de celle-ci, la décision d’interrompre l’étude s’impose d’elle-même, de par l’absence de faits ou d’attitudes significativement nouveaux, recueillis lors de la poursuite des entretiens. Cette relative redondance des résultats définit le concept de saturation des données qui garantit, parallèlement aux conditions de réalisation de l’étude, le critère de validité de celle-ci. [23] [24]

Toutefois, pour des questions évidentes d’organisation, il a tout de même été établi un chiffre minimal approximatif de 20 entretiens à effectuer, celui-ci n’ayant aucun caractère définitif et restant à moduler en fonction des résultats obtenus.

Au départ, 17 patientes ont donc été sélectionnées par l’intermédiaire de leur médecin généraliste. Après avoir réalisé ces 17 entretiens, nous avons effectué une première analyse afin d’évaluer l’étendue des résultats obtenus. Et, en reprenant les caractéristiques démographiques de ces patientes, il est apparu que certains critères de diversité désirés au niveau socio-familio-professionnel, comme le célibat ou la nulliparité, n’avaient pas pu être représentés. De plus, les entretiens les plus récents ne permettaient pas de conclure à une saturation relative des données.

Aussi, et afin de pouvoir avoir un panel de participantes le plus varié possible, 4 participantes nouvelles ont été recrutées selon un mode différent. Cette sélection a été effectuée de manière indirecte, donc pas par nos soins, mais par l’intermédiaire d’une connaissance de notre entourage. Nous n’avons en effet pas voulu déroger aux principes précédemment établis et donc garder un recrutement indirect.

Par ailleurs, celui-ci permet de conserver les bénéfices de l’introduction par un tiers auprès des participantes et de conférer ainsi un climat de confiance propice à l’entretien. Les critères d’inclusion et d’exclusion ont cette fois encore été scrupuleusement respectés, l’ensemble des participantes supplémentaires recueillies étant également suivies par un médecin généraliste, à ceci près que celui-ci n’avait pas eu un rôle de recruteur.

Ainsi, au total, nous avons rencontré 21 informantes résidant en Lorraine.