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Méthodologie de recherche

5.1. Population et échantillonnage de l’enquête

Nous présenterons dans cette partie le profil des apprenants participant à nos enquêtes. Seront abordées les critères de sélection de la population puis la présentation des échantillons et enfin, la justification du choix de nos terrains d’étude.

5.1.1. Choix de la population

Dans le but de connaître les points de vue des apprenants sur leur propre activité de lecture mais également leurs compétences en français, et pouvoir observer la progression selon le niveau d’études, nous avons choisi d’enquêter sur trois types de public de niveaux différents.

Le curriculum scolaire national de base 2001 permet l’introduction de l’apprentissage du français dans les programmes scolaires à partir du quatrième niveau d’études (M4-6)154. Ces apprenants lycéens de niveau élémentaire en français constituent notre premier échantillon. Nous supposons que l’enquête sur ce premier public nous permettra seulement d’observer le degré de compréhension conceptuelle globale car ils sont au début du processus d’appropriation de la LE. Ceci nous conduit donc à sélectionner un deuxième groupe d’enquêtés de niveau plus élevé en français, correspondant au niveau indépendant du CECR, composé d’étudiants d’une université thaïlandaise ayant le français comme spécialité. En raison du parcours d’études qu’ils

ont en partage, nous faisons l’hypothèse que ces deux groupes devraient raisonner d’une manière relativement semblable pour interpréter les textes.

Par conséquent, il est pour nous intéressant de connaître les points de vue d’apprenants qui poursuivent leurs études dans un système éducatif différent. Nous avons ainsi constitué un troisième groupe ayant également suivi leurs études dans le système thaïlandais mais qui ont un niveau de maîtrise plus élevé en français. À la différence des deux autres publics qui apprennent le français en milieu exolingue (par rapport à la langue cible), le troisième groupe, lui, est sélectionné en milieu endolingue. Ces apprenants de niveau expérimenté poursuivent actuellement leurs études en France. Notre hypothèse est que leur raisonnement sur le traitement textuel se distingue de celui des deux autres groupes d’apprenants. Nous supposons que le système éducatif français mais aussi l’environnement dans lequel vivent ces étudiants ont pour conséquence la transformation de leurs méthodes de raisonnement appliquées au processus de compréhension.

5.1.2. Présentation des échantillons

Nous avons décidé de mener notre enquête, constituée d’un entretien et de questions de compréhension textuelle en français auprès de dix-huit apprenants thaïlandais au total, répartis sur trois niveaux de compétences en français155. Nous soulignons que les apprenants de niveau élémentaire (ELE) ont un niveau A2 ; les apprenants de niveau indépendant (IND) ont un niveau B1 ou B2 ; les apprenants de niveau expérimenté (EXP) ont un niveau C1 ou C2. Nous présentons de manière plus détaillées chacun de ces groupes ci-après.

Le premier groupe, ELE 1 à 6, concerne six filles élèves de français au lycée qui sont en en troisième année du quatrième niveau d’étude (ce qui correspond à

mattayom 6). Elles ont atteint le niveau A2, ce qui signifie qu’elles comprennent à

l’oral et à l’écrit des mots familiers, des expressions courantes ainsi que des informations essentielles issues par exemple de lettres personnelles et de documents courants comme le journal, des publicités, des menus, des annonces, des horaires, etc.

En outre, elles sont capables de communiquer oralement sur des sujets familiers avec des phrases simples et des expressions courantes. Néanmoins, l’interlocuteur doit parler lentement, reformuler et répéter ses énoncés si nécessaire. En expression écrite, elles sont capables de rédiger des textes dont la structure n’est pas complexe comme des cartes postales, des notes, des messages simples et courts ainsi que des lettres personnelles156.

Ces compétences montrent que les habiletés langagières de ce public concernent la compréhension globale. Il serait donc incohérent de leur poser des questions portant sur une compréhension fine dans les exercices que nous leur proposons.

Le deuxième groupe, IND 1 à 6, se compose de six étudiants de quatrième année, en spécialité langue française (un garçon : IND 2 et cinq filles : IND 1 et IND 3 à 6). Ils ont tous appris le français au lycée. À l’exception de leurs compétences en compréhension orale, ce public possède un niveau B2157 en français. Leurs aptitudes à l’oral correspondent au niveau B1158. En réalité, les apprenants en Thaïlande n’ont pas beaucoup de contacts avec des francophones, leurs compétences orales sont donc inférieures à leurs compétences à l’écrit. Nous-même, nous n’avons eu, en tant qu’apprenante de FLE, la possibilité de travailler la compréhension et l’expression orale avec des enseignants francophones qu’à partir de l’université. Nous maîtrisons donc mieux la compréhension et l’expression écrite, principales aptitudes langagères pratiquées.

Généralement, les étudiants sont capables de comprendre les idées principales des messages oraux dans un registre standard, notamment sur des sujets familiers et sur des sujets qui les intéressent. Ce déséquilibre entre les aptitudes écrites et orales peut s’expliquer par leur manque de pratique et/ou d’occasions de pratiquer la LE : en effet, peu de supports audio ou vidéo sont mis à disposition des apprenants à l’école, pour des raisons économiques, et ils n’ont aucun contact avec des enseignants natifs avant l’université. À l’écrit, ils peuvent comprendre la structure et le contenu d’un texte plus complexe, par exemple la description d’évènements, l’expression de sentiments et de souhaits dans des lettres personnelles, des articles et des rapports sur

156 Ibid. : 26-27. 157 Ibid. 158 Ibid.

des questions contemporaines et des textes littéraires. À l’oral, les étudiants sont capables de faire face à la majorité des situations en s’exprimant relativement aisément et spontanément : ils peuvent donner, de façon claire et détaillée, des raisons, des explications, présenter et défendre leur point de vue. En expression écrite, ils sont capables d’écrire des essais, des rapports et des lettres qui mettent en valeur le sens qu’ils attribuent personnellement aux évènements et aux expériences.

Le troisième groupe, EXP 1 à 6, réunit des apprenants de niveau expérimenté (1 garçon : EXP 1 et 5 filles : EXP : 2 à 6). Nous rappelons que ces étudiants poursuivent leurs études en France et que leur apprentissage du français en milieu endolingue les distingue des deux autres groupes d’apprenants. En outre, la variété de leurs domaines d’études peut influencer leur manière de raisonner : ils n’ont pas tous choisi le français comme option au lycée, au contraire des autres publics. Certains n’ont commencé à apprendre le français qu’une fois arrivés en France.

Le tableau ci-dessous présente leur parcours d’études en Thaïlande et en France159. Nous remarquons que tous commencent par l’apprentissage de la langue française dès leur arrivée, dont la durée varie de quatre mois à deux ans.

Enquêtés Thaïlande France EXP 1 Baccalauréat option

mathématiques

Apprentissage du français : 8 mois Licence : Sciences du Langage

Master : Linguistique et traitement automatique des langues (TAL)

Doctorat : TAL EXP 2 Baccalauréat option