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TEXTE, LECTURE, COMPRÉHENSION

CHAPITRE 2 Notion de texte

3.3. Apprentissage de la lecture en langue étrangère

3.3.1. Compétences générales

Même si ces compétences sont indirectement liées au développement des compétences langagières, elles sont nécessaires à l’appropriation des langues. Nous nous référerons tout particulièrement à ces compétences au cours de l’analyse du curriculum scolaire national de base 2001 et des réponses à l’entretien et nous nous intéresserons à la situation d’apprentissage en général et à l’appropriation du thaï et du français en particulier. Les compétences générales se divisent en quatre types :

1) Savoirs ;

2) Aptitudes et savoir-faire ; 3) Savoir-être ;

4) Savoir-apprendre.

3.3.1.1. Savoirs

Premièrement, la culture générale ou connaissance du monde ou encore image

du monde se développe en effet corrélativement aux connaissances linguistiques,

depuis l’enfance. Elle s’enrichit par l’éducation et par l’expérience pendant l’adolescence et la vie adulte. Cette connaissance englobe la connaissance factuelle des lieux, des objets, des processus, des faits et des opérations dans différents domaines ainsi que les principales données géographiques, démographiques, économiques et politiques. La connaissance des LE permet donc aux apprenants de se documenter en utilisant des ressources plus variées que s’ils ne maîtrisent que la LM. De plus, la connaissance du monde consiste en des classes d’entités comprenant, entre autre, leurs propriétés et leurs relations au sujet. Il est à noter que la conception du sens d’un objet ou d’une notion dans une langue peut se différencier de la conception du sens du même objet dans une autre langue, en raison de l’impact culturel ou de la perception

divergente des propriétés de la réalité. Pourtant, cette différence n’est pas totale, elle est moins exclusive dans les relations à l’environnement physique ou à l’objet concret que dans le domaine social (par exemple les différents degrés de respect, la politesse, etc.) : nous supposons ainsi dans certains cas l’existence de simples nuances entre la représentation mentale construite par les apprenants et le contenu transmis par le locuteur.

Deuxièmement, si les connaissances culturelles peuvent influencer voire changer la perception du sujet sur la société de la langue traitée, le savoir socioculturel mérite une étude attentive. Ce type de connaissances peut être inconnu du sujet parce qu’elles sont déformées par les traits distinctifs de chaque culture, ce qui peut entrainer l’incompréhension de certains contenus exprimés dans le texte. Ces caractéristiques varient selon des paramètres85 tels que :

● la vie quotidienne :comme la nourriture / la boisson, les congés, les habitudes de travail, les loisirs, etc. ;

● les conditions de vie, qui se réfèrent au niveau de vie, aux conditions de logement, à la couverture sociale, etc. ;

● les relations interpersonnelles, à savoir les relations entre les différentes classes sociales, les sexes, les générations, les membres de la famille, etc. ; ● les valeurs, croyances et comportements, qui sont en relation avec certains

facteurs tels que les groupes socioprofessionnels, les cultures régionales, les arts, la tradition, la religion, l’humour, l’identité nationale, les pays étrangers, etc. ; ● le langage du corps, qui implique des connaissances conventionnelles

dépendant de la compétence socioculturelle ;

● le savoir-vivre, qui relève des conventions relatives à l’hospitalité, comme la ponctualité, les cadeaux, les vêtements, les conventions et tabous de la conversation, du comportement, etc. ;

● les comportements rituels, dans des domaines tels que la pratique religieuse et les rites, la naissance, le mariage, la mort, l’attitude de l’auditoire et du spectateur, etc.

Troisièmement, il se peut que la connaissance du monde de la LM et de celle de la LE s’établisse grâce à la compréhension des pratiques sociales de la communauté donnée. La prise en compte de ce point vise les réflexions sur les ressemblances et les différences entre la culture de la langue cible et celle de la langue source. Ce savoir interculturel porte également sur les diversités régionales. Il permet au sujet d’adopter le comportement adéquat dans un contexte social différent. En d’autres termes, cette conscience interculturelle relève en quelque sorte de la conception qu’a un sujet du monde d’où il vient vis-à-vis de celui des autres sujets. Pour notre recherche, étant donné que la culture thaïlandaise diffère très largement de la culture française, le transfert des connaissances est très improbable. Les apprenants doivent alors se documenter sur les traits caractéristiques en question, dans le cas où ils les auraient repérés, car ne partageant aucune ou peu de connaissances d’arrière-plan sur le sujet donné, il est vraisemblable qu’ils ne les remarquent même pas, comme dans notre exemple concernant « ces nourritures terrestres »86, au célèbre ouvrage d’André Gide.

3.3.1.2. Aptitudes et savoir-faire

La capacité à accomplir des tâches se décline en aptitudes pratiques et en aptitudes interculturelles. Dans notre cas d’étude, nous nous focaliserons sur les secondes qui peuvent, selon nous, entraver ou biaiser la compréhension textuelle. Les aptitudes pratiques sont les savoir-faire usuels et nécessaires dans la vie quotidienne et qui peuvent être les mêmes dans le monde d’origine et le monde étranger. Il peut cependant exister un certain nombre de nuances, ce qui exige la découverte et la pratique des savoir-faire interculturels. On peut diviser les savoir-faire pratiques en différentes aptitudes87:

● Les aptitudes de la vie quotidienne mettent l’accent sur la capacité à effectuer les activités courantes de la vie quotidienne : faire sa toilette, s’habiller, marcher, cuisiner, manger, etc. Même si tous ces actes se ressemblent en principe dans toutes les sociétés, une divergence culturelle peut faire émerger des différences plus ou moins importantes.

86 G. Fumey, op. cit. : 170.

● Les aptitudes techniques et professionnelles dépendent de la tâche à réaliser ou du domaine professionnel où se situe le sujet. Il s’agit non seulement des actions physiques spécialisées mais aussi des actions mentales considérées comme productrices de toute action.

● Les aptitudes propres aux loisirs comme les arts, le bricolage, l’artisanat, consistent en des compétences spécifiques; toutefois ces aptitudes se distinguent des précédentes par le statut des activités (professionnel ou privé). Les savoir-faire interculturels relèvent de la capacité à mettre en relation la culture d’origine et la culture étrangère. Le sujet est ainsi sensibilisé à la fois à la notion de culture et à la capacité à reconnaître et à adopter des stratégies pour établir et entretenir le contact avec des sujets de l’autre culture. La conscience de l’interculturalité permet au sujet de gérer la situation de communication, en évitant au maximum les conflits culturels, par la reconnaissance des points communs et des divergences et de tendre à l’harmonisation.

3.3.1.3. Savoir-être

En plus des connaissances, de la compréhension et des aptitudes nécessaires, l’appropriation des langues a pour but de faire ressortir certaines qualités ou traits personnels qui se caractérisent généralement par les attitudes, les motivations, les valeurs, les croyances, les styles cognitifs et les types de personnalité. Ces facteurs personnels et comportementaux impliquent le rôle du sujet dans l’acte de communication ainsi que sa capacité à apprendre.

Ces aptitudes englobent la volonté et la capacité non seulement de relativiser son point de vue et son système de valeurs culturelles mais aussi de prendre ses distances par rapport aux attitudes conventionnelles relatives aux différences culturelles. Donc, lors de l’interprétation d’un texte en français, les apprenants doivent dans la mesure du possible comprendre l’état d’esprit de l’auteur, ce qui inclut son appartenance culturelle, pour réussir à comprendre le contenu exprimé. De plus, le savoir-être dans l’apprentissage des langues cible l’ouverture d’esprit vers de

nouvelles expériences, les autres, d’autres civilisations, etc. Le CECR88 nous en donne quelques exemples, tels que : les motivations peuvent dépendre du désir et de la nécessité d’obtenir un résultat pour une tâche donnée ; les valeurs concernent des sujets tels que l’éthique, la morale ; les croyances éthiques concernent les sphères religieuses, idéologiques, philosophiques, etc. ; les styles cognitifs peuvent être convergents ou divergents, ou d’esprit holistique, analytique, synthétique, etc. ; les types de personnalité seront silencieux, bavard, optimiste, pessimiste, spontané, retenu, soigneux, négligent, industrieux, paresseux, etc.

3.3.1.4. Savoir-apprendre

Ce savoir se focalise sur l’activité d’apprentissage qui vise à modifier les connaissances antérieures par les informations en cours. En s’appropriant de nouvelles connaissances, l’apprenant doit participer à des activités d’apprentissage variées, en adoptant les connaissances préalables qu’il pense nécessaires aux opérations. Nous insisterons sur ces aptitudes au cours de l’analyse des réponses d’entretien dont les questions incitent les apprenants à exprimer leurs expériences d’apprentissage de la lecture. L’autonomie des apprenants est le principal but à atteindre. Le savoir- apprendre comprend quatre composantes89.

● La conscience de la langue et de la communication renvoie à la prise en compte (par la connaissance et la compréhension) des principes d’organisation des langues en unités significatives (les compétences linguistiques) ainsi que des règles d’usage dans les situations réelles (les compétences pragmatiques). Grâce à la conscience de ces deux facteurs, l’acquisition de nouvelles langues peut être plus rapide et efficiente. En outre, pour mieux agencer ou s’approprier les contenus, le sujet doit être capable de coordonner les connaissances préalables aux informations en cours de transmission. Toutes vont être organisées et interprétées selon le point de vue et le niveau de connaissance du sujet ;

88 Ibid. : 84-85.

● La conscience et l’aptitude phonétiques se distinguent de la capacité à prononcer une langue donnée. Les aptitudes phonétiques mobilisent dans un premier temps la capacité à apprendre à distinguer et à produire des sons inconnus. Dans un deuxième temps, le sujet doit être capable de produire et d’enchaîner des séquences de sons inconnus. En tant qu’auditeur, il doit parvenir à diviser les dispositifs enchaînés en éléments significatifs ;

● Les aptitudes à l’étude consistent en quatre types de capacités dont le fondement est la reconnaissance des points forts ou faibles et des besoins :

- La capacité à bénéficier de la situation d’apprentissage en adoptant des stratégies conformes à la situation. Par exemple, face à une lecture donnée, l’apprenant commence par essayer de saisir le but de la tâche avant de commencer les démarches.

- La capacité à se concentrer sur des informations complexes.

- La capacité à se servir de tout le matériel disponible, ce qui correspond à un apprentissage autonome.

- La capacité à organiser le processus ainsi qu’à adopter les stratégies, soit un apprentissage autodirigé.

● Les aptitudes heuristiques concernent la capacité à découvrir de nouvelles connaissances. Dans une situation d’apprentissage, le sujet mobilise des compétences, par exemple observer, interpréter, mémoriser, etc., dans le but de s’adapter à des expériences nouvelles. La langue cible lui permet de s’enrichir et de communiqué avec un nombre plus grand d’interlocuteurs. Les technologies de l’information et de la communication sont aussi un moyen favorisant l’appropriation de nouvelles informations.