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■ Enrichissement des connaissances (2) dans divers domaines

1.5. Situation d’apprentissage en établissement scolaire

1.5.1. Contexte général d’apprentissage

En Thaïlande, les cours ont lieu du lundi au vendredi dans tous les établissements scolaires, les horaires de début des cours varient entre 7h30 et 8h et ceux de fin des cours entre 14h30 et 16h. Pour tous les niveaux, les classes, constitués de 30 à 50 élèves chacune, sont prises en charge par un enseignant par matière, sur une période d’environ 50 minutes. Néanmoins certaines matières comme le thaï, les mathématiques et le français peuvent se dérouler sur deux périodes consécutives. Dans la salle de classe, les tables sont généralement alignées en rangées. Une place est attribuée à chaque apprenant, qu’il gardera toute l’année25.

D’après nous, cette organisation spaciale présente des inconvénients, relatifs aux stratégies d’apprentissage. Pendant le cours, si les élèves veulent poser des questions, ils ont tendance à interroger leurs voisins plutôt que l’enseignant. Ce dernier

ne pourra pas, par conséquent, savoir si ses élèves ont compris la leçon. C’est

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seulement après l’évaluation sommative26 que l’enseignant peut savoir si les objectifs visés ont été atteints. En outre, parce que les effectifs sont importants, l’enseignant ne corrige pas individuellement les activités pratiques, la correction est commune, soit à haute voix (l’enseignant donne des réponses.), soit par distribution de la photocopie des réponses. La conséquence est que l’enseignant ne peut connaître le niveau d’appropriation réellement atteint par ses élèves qu’à la fin du processus d’apprentissage. Seule une minorité d’enseignants fait l’effort de corriger individuellement les activités.

En ce qui concerne les outils d’apprentissage, l’enseignant utilise un manuel et un cahier d’activités qui contiennent les leçons, les activités pratiques et les corrigés, ainsi que des conseils méthodologiques. Les apprenants ont aussi leur manuel et leur cahier d’exercice que l’enseignant doit corriger régulièrement. Toutefois, si les propositions méthodologiques ne conviennent pas à la classe, l’enseignant est totalement libre d’employer d’autres stratégies, à condition de respecter les objectifs visés. Nous jugeons pertinente cette flexibilité méthodologique qui permet la prise en compte par l’enseignant des particularités du groupe d’apprenants.

Dans certains établissements scolaires existent des salles de ressources où les élèves peuvent perfectionner leurs compétences langagières, notamment en LE, grâce au matériel d’apprentissage sur support audio, vidéo, CD-ROM, Internet, etc. La classe de langue peut également se tenir dans ces salles de ressources, l’enseignant employant ces outils pour faire pratiquer principalement la compréhension orale et écrite, à partir de ressources pédagogisées. Cependant, en raison de son prix élevé, la documentation n’est pas toujours actualisée, mais elle reste néanmoins utilisable.

En général, une séance de cours est presque toujours composée d’un cours magistral pendant lequel le monologue de l’enseignant est rarement interrompu par les apprenants. La majorité d’entre eux n’osent pas poser de questions à l’enseignant ni à leurs camarades par peur de commettre une erreur qui leur ferait perdre la face. S’ils n’expriment pas leurs difficultés, les apprenants ne peuvent pas bénéficier de l’aide de

26 Le CECR définit l’évaluation sommative ainsi « l’évaluation sommative contrôle les acquis à la fin

l’enseignant. Nous pensons donc que l’enseignant devrait inviter et encourager les apprenants à intervenir pendant la séance.

Le manque d’efforts ou de compétences des enseignants à l’école ajouté aux conditions d’apprentissage décrites ont pour résultat que la majorité des élèves n’acquièrent pas les compétences visées à la fin de la séance et ont recours à un soutien scolaire payant. Les enseignants responsables de ces cours en dehors de l’école sont souvent plus compétents en matière de stratégie d’enseignement, mais surtout, ils proposent aux apprenants des cours « prêts-à-mémoriser », des fiches récapitulatives. En effet, étant donné que ces cours sont organisés sous la forme de séances intensives27, l’enseignant doit tout synthétiser et expliquer aux élèves, accomplissant ainsi une partie de leur tâche. La conséquence est que les apprenants préfèrent les cours de soutien et se de désinvestissent à l’école. Ces cours nous paraissent contraires au développement des compétences d’apprentissage : les apprenants ne travaillent pas à des activités structurantes comme la synthèse, le résumé, la lecture, pourtant essentiels à leur apprentissage et à l’autonomisation. Ils ne sont pas confrontés à des difficultés ou des problèmes à résoudre, l’enseignant aplanissant toute difficulté, pressé par le temps.

À la fin du semestre, les apprenants doivent passer un contrôle sous la forme de questionnaire à choix multiples (QCM). Le QCM est un outil d’évaluation adapté aux grands groupes-classe car rapide à corriger pour l’enseignant. Selon nous, il n’est pas le meilleur moyen d’évaluer la compréhension : les apprenants peuvent choisir la réponse correcte par hasard, mais surtout, ce type d’activité ne demande pas la mobilisation d’une grande variété de compétences textuelles, contrairement à l’activité de rédaction, par exemple. Quant à l’évaluation par la reformulation phrastique, son application reste encore très marginale car elle nécessite un temps de correction important. La banalisation de la pratique du QCM entraîne une certaine passivité des élèves et l’organisation des idées leur est donc malaisée lors qu’ils doivent rédiger un texte.

En Thaïlande, le QCM est employé pour toutes les évaluations sommatives à la fin du semestre depuis l’école primaire jusqu’à la fin du lycée. En contrôle continu, le travail évalué pendant le semestre peut l’être sous forme de dossiers (pour le thaï) et

d’exercices à trous (pour le français). Autrement dit, la pratique de la synthèse du contenu d’un cours ne commence qu’à partir de l’université, ce qui nous paraît trop tardif car les apprenants qui ne poursuivront pas leurs études ne travailleront pas à la maîtrise de cette compétence.