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Nous avons retenu douze participants pour notre étude, soit cinq filles et sept garçons, sur un total de 204 élèves inscrits en classe de 3e secondaire. Il y a plusieurs

étapes dans le processus de sélection des profils de participants recherchés. Le choix des participants s’est fait selon deux critères : d’une part, la moyenne annuelle de passage en classe supérieure en fin de 9e AF ; d’autre part, la profession ou le métier

du père ou de la mère biologique de l’élève. Concernant les données qui précèdent et toutes celles que nous communiquons par la suite, précisons que notre présence prolongée sur le terrain nous a permis de nous assurer, grâce aux nombreuses rencontres avec les participants et aux informations reçues de divers canaux, qu’elles étaient fiables et, au besoin, de faire les corrections nécessaires. C’est le cas des données sur le père et la mère biologiques comme pour toutes les autres données. Ce deuxième critère permet de déterminer le niveau de défavorisation de l’élève. La représentation par sexe des participants reflète les données officielles de la réussite scolaire en Haïti selon le sexe des élèves. Nos douze participants étaient âgés de 15 à 17 ans à la rentrée scolaire 2010. Ils sont inégalement répartis dans les quatre classes de 3e secondaire de l’école (tableau 6). Comme pour le sexe, la répartition par classe

des participants tient aux conditions de faisabilité sur le site de l’étude. Précisons que la réalité du terrain a influencé la répartition par sexe des élèves.

Le dépouillement des résultats de la fin de l’année scolaire 2009-2010, nous a permis de ressortir la moyenne annuelle en classe de 9e AF et la moyenne (sur la base

de la note générale) obtenue à l’examen officiel de 9e AF. Les résultats sont présentés

sous la forme de « procès-verbaux », c’est-à-dire des documents établis par l’école. Ces derniers présentent les résultats détaillés de chaque élève selon la matière, les appréciations de chaque enseignant, les moyennes de chaque élève et la décision finale prise par l’école au sujet du passage ou non en classe supérieure. Les moyennes annuelles obtenues depuis l’entrée à l’école ont été aussi considérées (tableau 6). À partir de ces données, tous les élèves ont été classés par ordre de mérite, selon la moyenne. Les informations recueillies ont permis de présélectionner une première liste

de 54 élèves sur les 204 élèves figurant dans les listes des élèves de 3e reçues de la

direction du collège. Ces 54 élèves représentent ceux qui ont obtenu les moyennes annuelles les plus élevées (excluant quelques élèves qui ont volontairement quitté l’école pendant les vacances d’été) et dont les moyennes font état d’une certaine régularité des résultats scolaires depuis l’entrée dans l’école en classe de 7e AF. Le

critère de performance scolaire est donc évalué par la note de l’élève en fin d’année, plus précisément par la moyenne annuelle de l’élève. À cet égard, un article du règlement intérieur de l’école a permis au chercheur de fixer un seuil au sujet de la moyenne des élèves à sélectionner. Il s’agit de la moyenne pour être « élève dispensé ». Selon cet article, tout élève de l’école qui obtient au moins 7,5/10 de moyenne lors des examens de la 1e, 2e et 3e étape et à qui l’on n’a pas retranché plus de 5 points sur un

total de 100 dans la discipline, est dispensé de l’examen de la 4e étape. Les élèves qui

réunissent ces deux conditions sont déclarés admis en classe supérieure dès la fin de la 3e étape.

Cette dispense est un moyen choisi par l’école pour encourager l’excellence académique. De plus, pour honorer ces élèves, l’école leur offre une fête à la fin de l’année scolaire dans un des meilleurs restaurants de la ville. Chacun des élèves dispensés est accompagné d’un parent (père, mère, oncle, tante, grand-frère ou grande- sœur). Trois de nos participants, R03, R06 et R12, faisaient partie des 30 élèves dispensés par l’école à l’issue de l’année scolaire 2010-2011. Le critère de défavorisation (tableau 7) et le consentement des parents (annexe C) sont venus s’ajouter à la moyenne des élèves (tableau 8) pour aboutir à une liste finale de douze élèves sélectionnés pour participer à notre étude. L’occupation des parents, c’est-à-dire le métier exercé par le père ou la mère biologique de l’élève a permis de déterminer son niveau de défavorisation. D’après l’IHSI (2005b), le dernier recensement de la population et de l’habitat du Nord-Ouest d’Haïti retient comme caractéristiques économiques le type et les branches d’activité de la population occupée (celle ayant un emploi ou exerçant un métier). L’IHSI (2005b) avance que le département du Nord- Ouest compte 61,8 % d’inactifs avec une majorité de femmes. Sa population est surtout

constituée de travailleurs autonomes incluant les petits commerçants (vendeurs au marché, tenanciers de petits magasins, petits agriculteurs). Ces derniers représentent la population la plus défavorisée du pays. Leurs revenus ne sont pas précisés dans l’étude. Cependant, les propos d’élèves dans les entrevues renseignent sur la précarité du statut social familial : « Dès ma naissance, je vois que ma famille est une famille qui n’a pas beaucoup de moyens. Je dis que je dois devenir diplomate pour aider ma famille et la tirer de la pauvreté » (R06).

L’information sur l’occupation des parents des élèves est obtenue lors d’une rencontre avec le responsable de la vie étudiante le 1e novembre 2010. Ce dernier étant

très proche des élèves et de leurs familles était bien placé pour nous renseigner à ce propos. Le passage en revue des 54 élèves présélectionnés a permis de connaître l’occupation des parents et de recueillir d’autres informations sur les élèves et leurs familles (tableau 7) : conditions de vie des élèves, situation de la scolarité, état matrimonial des parents, premier responsable et domicile de l’élève. Les élèves dont un des parents a une occupation autre que « petits commerçants » ou « petits agriculteurs », par exemple médecin, enseignant ou fonctionnaire n’ont pas été sélectionnés, tout comme ceux dont le père ou la mère vit à l’étranger et lui apporte un soutien financier. Le croisement de ces informations a permis de raffiner la sélection qui est passée de 54 à 16 élèves réunissant les critères de la moyenne et de défavorisation (tableau 6 et tableau 7). La dernière démarche pour le choix des élèves est la rencontre des parents d’élèves lors d’une réunion organisée par l’école. À la fin de cette réunion, le directeur de l’école a invité les parents des 16 élèves retenus à venir nous rencontrer au bureau de la vie étudiante. Des 16 parents invités, 12 se sont présentés à l’école la semaine suivante et ont accepté de signer le formulaire de consentement éthique (annexe C). Ce sont ces 12 élèves qui forment les participants de l’étude. Le tableau 8 donne un aperçu de leurs résultats au cours de l’année scolaire 2010-2011. Les décisions finales pour la sélection des élèves ont été prises par le chercheur et communiquées par la suite au directeur et au directeur-adjoint de l’école. Ces démarches ont aussi contribué à la crédibilité et à l’intégration du chercheur dans

le milieu. Elles ont aussi favorisé la collaboration et le partage d’informations avec le personnel de l’école dans son ensemble.

Selon le tableau 7, nos participants viennent d’un milieu socioéconomique défavorisé. La majorité des parents exercent des métiers ou des emplois peu rémunérés. Il est difficile de donner des renseignements sur les revenus par emploi occupé en Haïti. L’IHSI (2005b) classifie les occupations en Haïti, mais ne renseigne pas sur les revenus par emploi occupé. Certains parents sont sans emploi. Le tableau 7 révèle aussi la fragilité de la situation familiale de nos participants. L’IHSI (2005a) note qu’une majorité d’enfants haïtiens vivent dans des familles monoparentales, surtout avec leur mère (huit élèves sur douze dans notre recherche). Quatre élèves sur douze vivent avec des parents, mais un seul vit avec ses deux parents biologiques.

Tableau 6

Le profil des participants Code

d’identification Classe Age en octobre 2010 Sexe Moyenne annuelle 7e AF /10 Moyenne annuelle 8e AF /10 Moyenne annuelle 9e AF /10 Moyenne examen officiel 9e AF /10 R01 3e A 17 M 6.589 5.698 6.094 7.585 R02 3e A 15 F 5.897 6.315 6.064 7.164 R03 3e A 16 M 6.060 5.890 5.893 7.121 R04 3e A 15 F NC* 7.523 7.567 6.285 R05 3e B 15 M 5.757 6.407 5.884 6.971 R06 3e B 15 M NC* 7.794 7.930 8.057** R07 3e B 15 M NC* 5.906 6.089 7.678 R08 3e B 15 F 7.243 6.590 5.845 7.314 R09 3e B 16 F 6.061 7.069 7.097 6.921 R10 3e C 15 F 5.087 6.924 6.490 6.992 R11 3e D 15 M 5.800 NC* 5.663 7.128 R12 3e D 15 M 5.373 6.430 6.051 7.185

*NC : moyenne non communiquée dans le document reçu de l’école ; ** : premier de la promotion de 9e AF de l’école, second du département du Nord-Ouest.

Tableau 7

La situation socioéconomique et le lieu de résidence des participants Code Occupation des parents Situation familiale Lieu de résidence R01 Cultivateurs Père et mère ensemble Avec sa grand-

mère

R02 Mère vendeuse Parents séparés Avec sa mère

R03 Petite commerçante Mère* seule Avec ses grands- parents

R04 Commerçante Mère seule Avec sa mère

R05 Père maçon Père et mère ensemble Avec ses parents

R06 Sans emploi Mère** seule Avec sa mère

R07 Tailleur/commerçante Père et mère ensemble Avec ses parents

R08 Sans emploi Mère seule Avec sa mère

R09 Sans emploi Mère seule Avec sa mère

R10 Père chauffeur de l’état Père et mère ensemble Avec ses parents

R11 Commerçante Mère seule Avec sa mère

R12 Commerçante Mère seule Avec sa mère

* Mère décédée en février 2011 ; ** Père décédé en 2009

La présence du père et de la mère auprès d’un élève est une source d’équilibre humain. Elle est reconnue comme un facteur de la réussite scolaire. Dans les entrevues, certains participants mentionnent l’aide reçue de la famille élargie (frères, sœurs, tantes, amis, bienfaiteurs). Toutefois, ils témoignent aussi de ce qu’ils vivent, telles les souffrances affectives et les difficultés économiques semblables à celles de la majorité de leurs pairs. Pourtant, cette minorité d’élèves réussissent malgré tout à l’école. Le tableau 8 fait état de la progression et/ou de la régularité des résultats scolaires de ces élèves. Mis à part l’élève R03 qui a perdu sa mère au cours de l’année scolaire et l’élève R05, les dix autres élèves sélectionnés ont obtenu la moyenne générale de l’école pour le passage en classe de seconde, l’équivalent de la 1e année du Cégep au Québec

(annexe A), soit au moins 5,5/10. Trois participants occupent la première place dans les quatre classes de 3e de l’école. La population à l’étude est constituée certes, des

Tableau 8

La moyenne générale des participants ∕ année scolaire 2010-2011

Code Étape 1 Étape 2 Étape 3 Étape 4 Moyenne annuelle

Moy /10 Rang Moy /10 Rang Moy /10 Rang Moy /10 Rang R01 5,76 14e/53 6,38 10e/53 6,07 12e/53 6,3 6e 6,17/10 R02 6,63 5e/53 7,4 3e/53 7,64 2e/53 6,38 5e 6,98/10 R03 5,34 23e/53 5,1 31e/53 4,6 38e/53 6,1 36e 5,33/10 R04 7,5 2e/53 8,0 1e/53 7,9 1e/53 7,8 1e 7,80/10 R05 5,7 12e/52 6,0 10e/51 5,0 22e/52 5,1 20e 5,43/10 R06 8,5 1e/52 8,5 1e/51 8 1e/52 8,46 1e 8,46/10 R07 6,0 10e/52 6,0 11e/51 5,4 13e/52 5,3 16e 5,66/10 R08 6,05 9e/52 5,29 24e/51 6,0 8e/52 5,3 17e 5,54/10 R09 6,98 4e/52 5,79 14e/51 7,0 5e/52 7,0 4e 6,56/10 R10 5,5 13e/49 6,0 10e/49 5,0 31e/46 5,7 12e 5,57/10 R11 5,27 25e/51 6,32 12e/51 5,5 21e/50 5,26 40e 5,64/10 R12 7,53 1e/51 7,86 1e/51 7,6 1e/50 7,53 1e 7,64/10