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4. LES MÉTHODES DE COLLECTE DES DONNÉES

4.1 Les approches méthodologiques des recherches sur la réussite scolaire

4.2.2 Les entrevues semi-dirigées

Les entrevues semi-dirigées constituent le deuxième mode de collecte des données. C’est une phase importante de la recherche. Les entrevues avec les participants sont étroitement liées aux observations et à leurs journaux individuels.

Les entrevues sont constituées d’un retour sur les comportements des participants tels qu’ils ont été observés et enregistrés. Il s’agit d’entrevues

d’explicitation des activités observées et des discours enregistrés (conversations, commentaires émis à divers moments de la collecte des données). Pendant les entrevues, nos participants sont invités à commenter, après coup, le sens qu’ils donnent à leurs actions en relation avec l’école et avec les apprentissages. Au total, onze entrevues semi-dirigées individuelles, sur les douze participants, ont été réalisées. Initialement prévues dans une salle du collège, les entrevues ont eu lieu pour des raisons pratiques dans une salle, accessible au public, au campus scolaire où résidait le chercheur. L’entrevue avec l’élève R03, qui a perdu sa jeune mère pendant la collecte des données, a été annulée. Des rencontres informelles avec lui et son oncle, un des quatre préfets de discipline du collège, ont montré que l’élève R03 n’était pas disposé psychologiquement à participer à une entrevue. La négociation et la confiance étant requises à chaque étape de la collecte des données, chaque élève a donné son accord et son moment de disponibilité (jour et heure) pour l’entrevue et pour son enregistrement par magnétophone.

Une petite collation a été offerte à chaque élève avant le début de l’entrevue. Les entrevues ont duré de 29 minutes (la plus courte) à 41 minutes (la plus longue), selon l’aisance de l’élève à échanger avec le chercheur, à formuler sa pensée en français ou selon le type d’informations développées par ce dernier. Les observations formelles pendant les leçons en classe et les échanges informels avec les élèves en dehors des leçons ou de la classe ont montré que la majorité des participants parlent assez couramment le français. Les entrevues se sont déroulées en français. Toutefois, une reformulation des questions a été nécessaire dans certains cas. La reformulation des questions dans un langage accessible visait l’approfondissement du point de vue de l’interviewé ainsi que sa compréhension de la question. Car même si les participants ont une assez bonne maîtrise du français à l’écrit et à l’oral, la passation et la transcription des entrevues ont révélé chez certains d’entre eux quelques lacunes dans l’expression et la compréhension en français. Les entrevues enregistrées ont été retranscrites, mot à mot, par l’écoute attentive du magnétophone.

Les entrevues ont été réalisées entre février et avril 2011. Quelques-unes ont eu lieu le même jour. La première entrevue a servi d’entrevue test. Elle a été effectuée avec l’élève qui s’est montré le plus disponible lors de l’entrée du chercheur sur le terrain. Les observations en classe, les activités scolaires hors classe et le contenu du journal de l’élève ont permis l’élaboration des grandes lignes de l’entrevue. L’enregistrement de cette première entrevue par magnétophone a été envoyé aux membres de l’équipe de direction à travers un support audio par voie électronique (courriel). Leurs rétroactions ont permis de peaufiner la conduite des entrevues suivantes et d’introduire de nouvelles questions. S’il n’y a pas un schéma d’entrevue dans le sens classique du guide d’entrevue ou de plan préétabli, de grandes lignes sont cependant retenues pour les entrevues autour des trois types d’activités axées sur l’école : les actions des élèves en classe, les actions des élèves hors de la classe, les actions déployées par le milieu. Quelques questions sont communes aux onze entrevues avec quelques variantes (tableau 11) : quel genre d’élève es-tu ou comment te présentes-tu comme élève ? Qu’est-ce qu’un bon élève ? Qu’entends-tu par étudier ? Que signifie travailler ? L’ethnométhodologie a pour projet scientifique de mettre au jour les actions communes et partagées par les membres d’un groupe social (les élèves qui réussissent à l’école) et qui permettent de comprendre un phénomène social. Dans la perspective ethnométhodologique, Garfinkel (2007) fait état d’une « constitution intersubjective de l’ordre et du sens de ce que font et disent les membres d’une communauté de langage et de pratiques » (p. 12).

Les actions communément partagées par les participants émergent des récurrences issues de leurs actions et de leurs discours. À travers des questions, nous recherchons des récurrences. Pour ce faire, il faut aller chercher les mêmes informations ainsi qu’il apparaît plus loin dans la démarche d’analyse. Ce sont les actions des participants et leurs discours enregistrés à divers moments qui ont servi de matière de base aux entrevues semi-dirigées en laissant une place à la discussion. La réponse à une question en suscitait une autre et ainsi de suite. Les entrevues ont permis de compléter certaines caractéristiques sociodémographiques des participants. Chaque

entrevue a été retranscrite textuellement sous le même format ; les fautes sont corrigées, une marge est laissée à gauche et à droite du verbatim pour le codage.

Dans le projet de recherche, il était prévu que les entrevues semi-dirigées individuelles soient complétées par des entrevues de groupe avec tous les participants dans la perspective des présupposés épistémologiques. En ethnométhodologie, les élèves performants sont considérés comme des membres d’un groupe social. Il s’agit ici de mettre ces élèves en situation de faire émerger le code ou les manières de faire qui leur sont communes. En effet, le savoir (la compétence) d’acteur se construit aussi en interaction. Pour faire émerger les façons de faire communes aux élèves performants, lesquelles permettent de comprendre comment ils construisent leur réussite scolaire, des entrevues de groupe, enregistrées par magnétophone, devaient être planifiées avec l’ensemble des participants, à des périodes et selon des modalités qui restaient à déterminer. Or, les aléas du terrain déjà évoqués dans la section 2.3 de ce chapitre n’ont pas permis la réalisation des entrevues de groupe qui étaient envisagées au début de la collecte de données.

Tableau 11

Quelques questions communes posées aux participants Numéro Questions

1 Quel genre d’élève es-tu ? Comment te présentes-tu comme élève ? 2 Pour toi, qu’est-ce qu’un bon élève ?

3 Qu’entends-tu par étudier ? 4 Que veut dire pour toi travailler ? 5 Que fais-tu après les cours ?