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LE MARCHÉ DU TRAVAIL EN TUNISIE

SECTION 1 : L’évolution des politiques et des réformes du marché du travail tunisien

1.1 Les politiques de l’emploi

A l’instar de nombreux PED, la Tunisie a opté pour des stratégies de développement. Les objectifs étaient de mettre l’accent sur des programmes de développement des infrastructures économiques et sociales, et la formation de capital dans le processus de développement. Les politiques de l’emploi se sont alors axées sur l’accroissement du rythme de la croissance économique et la promotion de l’investissement, ainsi que sur le traitement actif du marché de l’emploi à travers l’institution et l’affermissement d’un ensemble de mécanismes et de programmes.

Les investissements adoptés ont été à l’origine de la création d’un tissu industriel moderne afin de multiplier les opportunités d’emploi. La politique d’investissement n’a pas été accompagnée d’une étude préalable concernant sa rentabilité, en effet, les résultats escomptés n’ont pas été réalisés et le déséquilibre sur le marché du travail s’est aggravé. Le taux de chômage en 1966 était de l’ordre 5,5% alors qu’en 1975 il est passé à 12,9%.

Au début de la période de promotion des exportations la politique reste axée sur l’investissement mais elle va se concentrer sur la promotion de l’emploi. Des exemptions de taxes sur les biens d’équipements, des exonérations fiscales, des délais de grâce sur les crédits, etc., sont accordés en fonction de l’intensité en main-d’œuvre dans l’investissement. Les avantages accordés par la loi du 3 août 1974, relative aux investissements dans les industries manufacturières, sont bien plus importants que le projet de création d'emplois permanents. On favorisait par conséquent, l’emploi permanent sur l’emploi occasionnel et temporaire [Khazri (1997)].

Cependant, le coût de création de l’emploi a augmenté suite au choix de l’investissement capitalistique et l’utilisation du facteur rare dans l’économie, à savoir le capital, au détriment du facteur abondant, la main-d’œuvre, ainsi l’intensité capitalistique passe de 3,2 en 1971 à 6,9 en 1986.

En plus de l’objectif de modération du coût des investissements, la décentralisation est recherchée à partir du VIème plan de développement qui couvre la période (1982-1986). Cela vise la diminution de l’ampleur de l’exode rural et son effet sur le marché du travail urbain, et l’absorbation du chômage à l’intérieur du pays.

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La loi instaurée le 23 juin 1981 a stimulé les investissements réalisés à l’intérieur du pays avec l’objectif de relancer la création d’emploi dans les zones défavorisées. Au cours de la période du VIème plan de développement, malgré le fait que le nombre d’emplois créés se soit élevé à 7 500 personnes, le problème du chômage s’est accentué. En 1980, l’effectif des chômeurs était de 180 000 personnes, alors qu’en 1984 il est passé à 245 000 personnes.

De même, une inadéquation élevée est observée entre les qualités et les compétences produites et offertes pour le marché du travail, et celles demandées par le système productif. Dans le cadre du programme d’ajustement structurel, la relance de la croissance économique a été considérée comme nécessaire pour la promotion de l’emploi. La croissance économique est recherchée en particulier par la promotion des exportations. Celle-ci nécessite, en outre, une entreprise prospère et compétitive, une entreprise qui a besoin de maîtriser ses principaux instruments de gestion pour mieux s’adapter à son environnement.

Lors des VIIème et VIIIème plans de développement, [(1987-1991) et (1992-1996)], des mesures ont été prises pour promouvoir la création d’emplois et améliorer la formation de la main-d’œuvre. Ce sont des mesures d’encouragement de l’emploi des jeunes, de l’emploi indépendant, des petites et moyennes entreprises, du système de formation professionnelle, de la recherche scientifique, et de la restructuration du système scolaire selon les opportunités du marché du travail. Afin de faciliter l’insertion du travailleur à la vie active, des programmes d’adaptation et d’insertion professionnelle ont été adoptés [Stage d’Insertion dans la Vie Professionnelle (SIVP1 et SIVP2), Contrats Emploi-Formation (CEF), Fond d’Insertion et d’Adaptation Professionnelle (FIAP)].

De plus, la baisse des salaires réels a été de 25,7% pour le SMIG, de 22,5% pour le SMAG et de 20,8% pour le salaire moyen entre 1983 et 1989 [Souissi, (1994)]. Cette baisse s’est maintenue dans la mesure où le VIIIème plan a cherché à mettre en place une certaine flexibilité aussi bien fonctionnelle (formation professionnelle) que numérique (salaires effectifs) [Khazri (1997)].

Enfin, le coût de création de l’emploi a baissé à partir du milieu des années 1980 dans tous les secteurs. Le rapport du coût du capital par rapport à celui de la main-d’œuvre a aussi augmenté, ce qui a encouragé l’embauche de la main-d’œuvre, principalement dans les industries manufacturières (textiles) et le secteur des services (tourisme et commerce) [IEQ 1995].

Cependant, la tendance générale à la promotion de l’emploi n’a pas freiné le chômage qui a continué à progresser. Ce chômage peut être qualifié aussi bien de keynésien, suite à la baisse

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de la demande intérieure, que de classique, suite à la baisse des gains escomptés par les entreprises travaillant pour le marché local. Le problème du chômage est posé sous une forme nouvelle. Il ne s’agit plus d’un chômage conjoncturel, mais plutôt structurel, en ce sens que les capacités productives sont insuffisantes pour absorber les flux de la main-d’œuvre.

Durant la période du VIIIème plan, la Tunisie a enregistré des acquis importants dans plusieurs domaines, et ceci en dépit des difficultés conjoncturelles et structurelles qui ont affecté la situation économique. En effet, d’importantes réalisations ont été faites aux plans sociaux, tels que l’intensification des créations d’emplois et l’adoption de programmes triennaux d’augmentation des salaires.

Ces différents résultats ont permis d’instaurer un environnement propice à l’intensification de l’action future de développement. Ils ont engendré de nouvelles ambitions et aspirations dont la réalisation nécessite davantage d’efforts pour atteindre de nouveaux paliers de croissance et intensifier la création de l’emploi.

La Tunisie a entamé la réalisation du IXème plan, placé par le président de la République sous le signe de la mise à niveau intégrale. Par conséquent, la Tunisie a procédé à une étape décisive dans l’œuvre de développement qui lui permet de faire face aux défis de la mondialisation et d’accéder au rang des pays développés au cours du 21éme siècle.

Le principal objectif du IXème plan (1997-2001) est l’intégration totale de l’économie nationale dans la sphère mondiale et la préparation du pays à aborder le 21éme siècle dans les meilleures conditions. En effet, les principales orientations concernent:

► A promouvoir l’ouverture de l’économie.

►L’adaptation des orientations sectorielles, d’une part, aux impératifs de rationalisation de

l’allocation des ressources, et d’autre part, aux exigences d’accélération de la croissance, d’intensification des créations d’emplois et de promotion des exportations.

► Le renforcement des acquis enregistrés en matière de développement social (création

d’emploi, amélioration des perspectives d’intégration des demandeurs d’emploi dans la sphère économique…).

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