• Aucun résultat trouvé

LE MARCHÉ DU TRAVAIL EN TUNISIE

SECTION 2 : L’évolution de la structure du marché du travail tunisien

2.2 La demande du travail

L’effectif de la population active occupée dans l’ensemble de l’économie a atteint 3 930 459 personnes en 2012 contre 3 277 000 en 2010, enregistrant un accroissement annuel moyen de 2,3% sur la période 2004-2010.Ce rythme de croissance est plus faible que celui enregistré au cours de la décennie 1994-2004 (2,7%), et au cours de la décennie 1984-1994 (2,5%). Alors qu’une baisse annuelle moyenne de -0,7% a été observée sur la période 2010-2012. Une bonne partie de la population active occupée tunisienne est employée dans les industries manufacturières, notamment dans les industries manufacturières exportatrices. Ces entreprises accumulent systématiquement des capitaux colossaux et intensifient un courant d’échange international dans le cadre de la libéralisation des échanges extérieurs de la Tunisie.

174

2.2.1 La demande de travail dans les industries manufacturières

Quant à la population active occupée par les industries manufacturières hors agriculture, elle a atteint 527 000 en 2010, enregistrant un accroissement annuel moyen de 1,09% sur la décennie 2004-2010. Ce rythme de croissance est plus faible que celui enregistré au cours de la décennie 1994-2004 (2,65%), lui-même plus faible que le taux de 3,4% enregistré au cours de la décennie 1984-1994. En dépit des retombées du « printemps arabe » sur l’activité des industries manufacturières, la croissance du taux annuel moyen de la population active occupée sur la période 2010-2012 a été négatif (-0,07%).

Tableau 11: Taux de croissance annuel moyen de la population active occupée selon les industries manufacturières (en %)

Souce : IEQ

La répartition de la demande de travail par secteur d’activité montre que sur toute la période 2008-2012, plus de 40% de la demande de travail provient du secteur des industries manufacturières, textile, cuir et chaussure. Les autres secteurs sont en baisse continue.

Au cours de la décennie 1984-1994, le taux de croissance annuel moyen de la population active occupée le plus élevé est celui de l’IMD avec 4,77%, puis l’IME avec un taux de l’ordre de 4,5%, en troisième rang c’est l’ITHC avec 3,21%, en quatrième rang c’est l’IMCCV avec 1,81% et en dernier rang c’est l’ICH avec 1,67%.

En comparant la décennie 1984-1994 par rapport à la décennie 1994-2004, le taux de croissance de l’IME a augmenté légèrement, pour devenir le secteur le plus intéressant en termes de croissance de la population active occupée, ainsi que l’ICH dont le taux a enregistré une véritable croissance dans le recrutement de travailleurs. Inversement, l’ITHC, l’IMD et l’IMCCV ont enregistré une baisse au niveau de la croissance de la population active occupée. Année Secteur 1984-1994 1994-2004 2004-2010 2010-2012 IMCCV 1,81 0,94 1,01 0,25 IME 4,50 4,64 7,11 0,46 ICH 1,67 3,86 2,97 -1,21 THC 3,21 2,35 -1,46 -0,26 IMD 4,77 2,43 1,92 0,00

175

Durant la période 2004-2010, l’IME et l’IMCCV continuent à progresser au niveau de l’embauche dont le taux de croissance annuel moyen de la population active occupée est respectivement de l’ordre de 7,1% et 1,01 %. Par contre, concernant l’ICH et l’IMD, le taux a diminué pour atteindre respectivement 2,97% et 1,92%. Quant à l’ITHC, elle a enregistré un taux de croissance négatif (-1,46%) ce qui implique qu’il y eu des pertes d’emplois (licenciements) ou fermeture de certaines entreprises. Il y a une tendance de création d’emplois dans le secteur IME qui se confirme et se renforce. En 2005, c’était la fin des accords multifibres (AMF) qui a engendré des restructurations sectorielles importantes en Tunisie avec notamment le mouvement de la main-d’œuvre à l’intérieur du pays. Dans ce cadre, d’après un modèle d’équilibre général utilisé par Marouani A. (2004), cela montre que la fin des AMF a eu des effets négatifs sur l’économie tunisienne, telles que les augmentations du chômage et des inégalités salariales.

Au cours de la période 2010-2012, toute l’industrie manufacturière a été touchée par le « printemps arabe » et en particulier par la révolution tunisienne. En effet, tous les secteurs de l’industrie manufacturière ont freiné leur besoin d’embauche, et il y a même eu des licenciements ou la fermeture de certaines entreprises, notamment dans l’ITHC et l’ICH. Le taux de croissance annuel moyen de la population active occupée de ces derniers a enregistré une baisse pour atteindre respectivement -0,26% et -1,21%. Quant à l’IMD, elle a connu une stagnation des créations d’emplois.

Graphique 5 : Evolution de l’emploi entre 1986 et 2012 selon le secteur d’activité

15444 25444 35444 45444 55444 65444 75444 85444 95444 105444 115444 125444 135444 145444 155444 165444 175444 185444 195444 205444 215444 225444 235444 245444 255444 265444 275444 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 année Lsect_MCCV Lsect_IME Lsect_ICH Lsect_THC Lsect_IMD

Evolution de l'emploi entre 1986 et 2012 selon le secteur d'activité

176

En termes de répartition de la population active occupée moyenne par secteur entre 1983 et 2005, le secteur des industries de THC est à la 1ére position avec 216 600 actifs, le secteur des IMD occupe la 2ème position avec 63 700 actifs, le secteur des IME est au 3ème rang avec 52 100 actifs, le secteur des industries de MCCV occupe la 4ème position avec 33 400 actifs et enfin le secteur de l’ICH occupe la dernière place avec 18 420 actifs.

En raison de certaines difficultés conjoncturelles (après l’année 2005) tels que la rude concurrence, la mise en œuvre du démantèlement des accords multifibres et la crise économique mondiale, les industries manufacturières tunisiennes ont connu des difficultés au niveau des exportations et, par conséquent, au niveau de la création d’emplois. Le taux de croissance annuel moyen de la population active occupée a enregistré une baisse au cours de la période 2004-2010 au niveau des secteurs des ITHC, ICH et IMD, et une hausse au niveau des secteurs IMCCV et IME. Par conséquent, durant la période 2005-2012, selon la population active occupée moyenne par secteur, les industries THC gardent leur 1ére position avec 252 800 actifs occupés, alors que les IME viennent en 2ème position avec 108 300 actifs, les IMD passent au 3ème rang avec 89 900 actifs, les industries de MCCV et ICH conservent leur rang de celui de la période 1983-2005 avec respectivement 38 200 et 27 260 actifs.

Malgré la relance de l’économie par le développement des échanges extérieurs et par l’accroissement des investissements, on assiste à des suppressions d’emplois dans certaines industries non compétitives dans le cadre d’un processus de privatisation qui affecte pratiquement tous les domaines de l’économie. Ainsi, le phénomène de substitution de l’homme par la machine et la demande de travailleurs qualifiés qui s’y impose entrainent le licenciement de la main-d’œuvre non qualifiée: cette dotation en facteurs de production creuse les écarts dans la hiérarchie des salaires, accentue la pauvreté et amplifie la ségrégation sociale. La persistance de la crise politique de la Tunisie a des répercussions néfastes sur le taux de croissance de l’économie, ce qui n’est pas sans effet sur la création et la conservation du niveau des emplois et risque d’aggraver la conjoncture économique et sociale de la Tunisie. Les chances de développement de l’économie tunisienne demeurent largement dépendantes de la qualité de l’éducation, de la qualification des travailleurs et donc de la bonne correspondance entre la formation et la qualification du travailleur et l’emploi.

177

2.2.2 La demande de travail par niveau d’instruction

Dans les industries manufacturières tunisiennes (MCCV, IME, ICH, THC et IMD), la population active occupée par niveau d’instruction (néant, primaire, secondaire et supérieur) a progressé. Au cours de la décennie 1984-1994, les taux de croissance annuels moyens de la population active occupée ayant le niveau néant, primaire et secondaire ont baissé. Durant la décennie suivante, 1994-2004, en comparaison avec la précédente, ils ont été respectivement de -4,3% contre -5,8%, de 4,8% contre 1,7 et de 8,1% contre 6,1%.

Inversement, pour la population ayant le niveau supérieur, elle a enregistré un accroissement de 8,4% durant la décennie 1984-1994 contre 9,9% durant la décennie 1994-2004.

Pour la période 2004-2010, les taux de croissance annuel moyen de la population active occupée ayant le niveau d’instruction néant, primaire et secondaire continuent à baisser pour atteindre respectivement -8,6%, -2% et -4%. Par contre, le taux de la population active occupée ayant le niveau d’instruction supérieur a augmenté pour atteindre 11%.

Quant au secteur manufacturier, la demande du travail durant la période (2008-2012) enregistre une moyenne de 520 172 emplois qui se répartit ainsi selon niveau d’instruction, 3,8% néant, 40,1% primaire, 47,2% secondaire et 9% supérieur.

L’accroissement de la demande du travail ayant un niveau élevé le supérieur et la baisse de la demande du travail inferieur au niveau secondaire peuvent expliquer le changement progressif de la structure de la demande du travail (qualifié et non qualifié). Cette tendance de la demande du travail reflète la mise en place des politiques d’accès à l’éducation afin de créer une population qui se base sur le savoir-faire.

SECTION 3 : La libéralisation des échanges extérieurs et la demande de