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Les auteurs ont travaillé sur l’économie de L’Île Maurice qui est caractérisée par une économie relativement non diversifiée avec des secteurs de biens échangeables et non échangeables homogènes et clairement identifiables. L’Île Maurice a adopté une politique de libéralisation des échanges depuis les années 80.

Les données qui sont utilisées dans cette étude sont relatives à un panel de 25 industries manufacturières pour la période 1968-1991. Les industries sont classifiées comme des secteurs importables, exportables ou non échangeables. Il s’agit d’un panel dynamique avec une variable dépendante retardée comme variable explicative. Les estimateurs de la méthode des moindres carrés ordinaires sont donc biaisés puisque la variable retardée est corrélée avec les effets fixes. L’approche de la variable instrumentale doit être utilisée dans l’estimation. C’est la technique de la méthode des moments généralisés d’Arellano et Bond (1991).

L’estimation de l’équation de l’emploi (12) par la méthode des moments généralisés pour toute la période (1971 à 1991) montre que :

« La croissance de la production industrielle augmente la demande d’emploi, en effet, la croissance du taux de salaire moyen cause une baisse de l’emploi, toute chose étant égale par ailleurs. Le coefficient positif de la variable dépendante retardée indique une persistance des effets de salaire et de production sur le niveau d’emploi. L’objectif de l’ajustement du modèle

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dynamique est utilisé particulièrement pour distinguer empiriquement entre la réponse à court et à long terme. » [C. Milner et P. Wright (1998)]

L’estimation de l’équation de salaire (13) par la méthode des moments généralisés pour toute la période (1972 à 1991) montre que :

La croissance de la production entraîne l’augmentation de salaire. Mais si l’entreprise engage une quantité de travail supérieure au besoin de sa production, alors l’expansion de l’emploi indépendamment de l’élévation générale de l’output cause la baisse de salaire.

Selon le pourcentage de la force de travail féminin, l’effet contemporain de la hausse du travail féminin augmente le salaire (cet effet est statistiquement non significatif). La hausse de l’emploi féminin de la période précédente est cependant significative de la baisse du niveau de salaire. Une possibilité d’explication, une part importante du développement des exportations a impliqué une intégration rapide de la femme telle que le marché du travail et cette intégration reste considérable. D’où une faible association positive entre l’emploi féminin contemporain et le niveau de salaire.

C’est un effet largement transitoire et pour des raisons détaillées (manque d’organisation de groupe et la pratique de la discrimination du travail), les industries abondantes en main-d‘œuvre féminine offrent des salaires moins élevés par rapport aux autres secteurs, toute chose étant égale par ailleurs.

Les éléments importants du modèle de C. Milner et P. Wright (1998) sont la distinction entre le court terme et le long terme, et la différenciation des réponses de salaire et de l’emploi selon la concurrence du secteur importateur ou la concurrence du secteur exportateur.

En effet, le modèle de S. Edwards (1998) suggère que la réduction des tarifs peut engendrer la baisse du prix des importables relativement à ceux des exportables, et conduit à l’augmentation de la production du secteur exportateur. Une telle réforme peut avoir des implications sur la production, les salaires et l’emploi de l’économie concernée.

Les résultats de l’estimation de l’équation de l’emploi (12) dans les secteurs exportables: * L’emploi dans les secteurs exportables augmente à court et à long terme (Conforme aux prédictions théoriques de S. Edwards) comme ressource réattribuée à partir des secteurs importables. Alors que les salaires ont baissé à court terme et ont augmenté à long terme (Conforme aux prédictions théoriques de S. Edwards). Ceci est dû à une très faible réaction du salaire à la production dans les secteurs exportables à court terme. En conséquence, les

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changements de salaire sont dominés par la hausse de l’emploi (qui sert à conduire le salaire vers le bas).

* Dans les secteurs importables, la diminution de la production entraîne une réduction de l’emploi et des salaires à court et à long terme (conforme aux prédictions théoriques).

* A long terme, l’effet de la production (qui sert à la hausse de salaire) devient hautement dominant. Les résultats estimés dans les secteurs importables impliquent que les salaires et l’emploi augmentent à court et à long terme. Ces résultats sont en contradiction avec les prédictions de la théorie de S. Edwards.

La raison possible de cette divergence de théorie et de pratique est que le modèle de S. Edwards a mis à la base une offre de travail fixe. L’emploi des exportables a pu, par conséquent augmenter seulement si l’emploi des importables baisse. Cependant, l’offre du travail a augmenté dramatiquement à l’Île Maurice quand la femme est entrée sur le marché du travail. Ceci permet à l’emploi des importables d’être maintenu (même avec une évolution très lente) quand le secteur exportable se développe.

Le modèle de C. Milner et P. Wright (1998) fournit, par conséquent, un encadrement analytique pour lier l’ajustement du marché de l’emploi à la réforme commerciale ainsi que pour l’analyse de la dépendance du processus d’ajustement dans les conditions liées à l’offre des facteurs, à leur mobilité et à la rigidité sectorielle.

CONCLUSION

Dans ce chapitre nous avons développé l’effet de l’ouverture commerciale dans les PD et les PED sur le marché du travail à travers une vue de la littérature empirique.

Dans les PD, l’accroissement du commerce international entraine l’augmentation des prix relatifs des produits intensifs en travail qualifié et la diminution des prix des produits intensifs en travail non qualifié. Ceci va engendrer un effet négatif sur les salaires des travailleurs non qualifiés. De ce fait, il y aura une augmentation de l’inégalité des salaires dans les secteurs influencés par les changements de prix des produits et un effet sur la structure de l’emploi dans quelques industries.

Plusieurs économistes s’intéressent aussi à l’étude de la relation progrès technique-emploi. Cette étude montre que le changement technologique engendre un changement de la productivité globale des facteurs de production. En effet, le développement du commerce

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international réduit la demande du travail non qualifié dans les secteurs qui produisent des biens intensifs en travail non qualifié en raison de la réduction de la production de ces marchandises (en accord avec les prédictions théoriques de HOS) et favorise la naissance de l’inégalité de salaire.

Dans d’autres recherches, des économistes montrent que la délocalisation des activités productives d’un PD vers les PED est une source d’inégalité de salaire dans le PD. Ils trouvent aussi que la majorité de l’augmentation de la main-d’œuvre qualifiée dans les secteurs industriels est expliquée par le changement technologique.

Quant aux PED, l’impact du développement du commerce international sur le marché du travail est hétérogène. D’après certaines études, le commerce international est associé à une augmentation de la demande de travail qualifié et à la naissance de l’inégalité de salaire (contredisant la théorie de HOS), mais selon d’autres études, le commerce international engendre la hausse de la demande de travail non qualifié et la baisse de l’inégalité de salaire. Certaines analyses prouvent le changement de différentiel de salaire chez les deux catégories de travailleurs et l’augmentation de la demande de travail qualifié est due au commerce international, notamment l’accroissement des importations de biens d’équipement et la hausse des exportations.

Une nouvelle théorie de la croissance explique la relation entre la libéralisation commerciale et le marché du travail dans les PED. Elle suggère l’existence d’une relation positive entre le commerce international, la croissance et le capital humain. Les facteurs alternatifs liés à l’éducation, à la recherche, le développement technologique, etc., entrainent une augmentation de la dispersion des salaires (contredisant les prédictions de HOS) dans les PED qui pourra être transitoire et non permanente.

L’hétérogénéité des résultats de la revue empirique a encouragé la réalisation d’autres types de recherches qui prospectent la manière dont les changements de la politique commerciale affectent les PED. Suite à la libéralisation commerciale, des réformes commerciales auront lieu et provoqueront des changements au niveau de l’industrie, de l’emploi, du salaire et du bien-être.

La réduction des barrières douanières suite à la libéralisation du commerce extérieur engendre des changements au niveau de la productivité des entreprises. Ces changements causent une redistribution des ressources au sein de l’industrie et une réallocation de l’emploi. À cet

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égard, il y a d’un côté, une sortie (faillite) de certaines entreprises (les moins productives) du marché international avec destruction du capital humain, et d’un autre côté, un accroissement de l’entrée de certaines entreprises sur le marché international de façon à ce qu’elles augmentent leur qualité de production et le niveau de la main-d’œuvre qualifiée. Ce processus va accentuer l’inégalité de salaire mais augmente le niveau de vie dans les PED.

En fin de ce chapitre nous présentons les validations empiriques des effets théoriques de la libéralisation des échanges de Stolper-Samuelson et de S. Edwards en tenant compte de l’aspect dynamique de la relation entre la libéralisation des échanges et le marché du travail.

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DEUXIЀME PARTIE :

OUVERTURE COMMERCIALE ET