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DÉVELOPPEMENT : VALIDATIONS EMPIRIQUES

SECTION 1 : Revue de la littérature empirique pour les pays développés et les pays en développement

2.2 Autres explications théoriques

Soit un modèle simplifié dont l'hypothèse principale est la disponibilité des facteurs de production dans un pays qui est en relation avec un groupe de pays ayant des dotations semblables, et non en relation avec l'économie internationale. Dans ce modèle [Davis, (1996)], il y a seulement deux cônes de production diversifiés, un pour les pays développés et un autre pour les pays en développement. Les pays du premier cône produisent des marchandises qui ne sont pas produites dans les pays de l'autre cône. À l'intérieur de chaque cône les pays sont relativement semblables, mais l'offre des facteurs n’est pas la même, ce qui donne des avantages comparatifs différents pour chaque pays à l'intérieur de son cône et l'amène à une spécialisation de production. Ainsi, la disponibilité de facteurs devrait être prise selon la perspective relative et non selon la perspective absolue. Dans un autre sens, un pays peut ne pas être abondant en travail qualifié à une échelle mondiale mais peut être abondant en travail qualifié à l'intérieur de son cône. Dans le même sens, un pays qui est abondant en travail qualifié au niveau mondial ne peut pas être abondant en travail qualifié à l'intérieur de son cône. Quels sont les problèmes du modèle de la position relative du pays dans son propre cône et pas par rapport à tous les pays ?

Dans cette structure, la libéralisation commerciale peut faire surgir la demande du travail qualifié dans un pays en développement tant qu'il est dans les pays de son cône qui ont une

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offre de travail qualifié relativement importante. D'autre part, un pays d'un cône où il y a une offre plus élevée de travail non qualifié peut éprouver une réduction de l'inégalité de salaire. La réduction des prix des biens produits dans l'autre cône (les produits des pays développés) n'a pas d'effet sur les prix des facteurs de production dans les pays en développement, puisqu'ils ne produisent pas les mêmes marchandises.

A.Wood (1999) a soutenu l’entrée des pays comme la Chine, l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan et l’Indonésie dans le marché mondial pour des biens intensifs en travail non qualifié au milieu des années 1980. Cette entrée a un impact important sur l’explication de l’accroissement de l’inégalité de revenu des pays à revenus moyens (exemple, l’Amérique latine). En effet, l’accroissement de l’offre de biens intensifs en travail non qualifié a changé la structure de l’offre des biens dans le marché mondial, réduisant leur prix et le rendement des facteurs impliqués dans la production de certains biens. Ceci défavorise les pays qui avaient un peu d’avantage comparatif dans leur production. En conséquence, ces pays ont subi des pressions pour changer leurs techniques de production dans la recherche de l’avantage comparatif dans la production des biens qui utilisent le travail semi-qualifié, aboutissant à une augmentation de la demande de ce type de travailleurs et causant donc une hausse de la dispersion des salaires.

Feenstra et Hanson (1995) ont développé un modèle qui montre que l’augmentation de l’inégalité de salaire dans les pays en développement et développés est en accord avec le flux de capital provenant des pays en développement avancés dans une période de mondialisation. L’idée est que le flux d’investissement direct étranger change la structure de la production et augmente le stock de capital des pays en développement. Ces derniers peuvent avoir des effets significatifs sur le niveau et le profit d’investissement, et sur la disponibilité locale des technologies. Le modèle assure la production finale d’un simple bien qui exige des biens intermédiaires en séries avec des dimensions variables de travail qualifié et non qualifié. Les pays en développement ont un coût de production plus faible pour quelques phases du bien final et vice-versa pour des pays développés. Aussitôt que les économies s’ouvrent et assurent des rendements de capitaux plus élevés dans les pays en développement, là se fera un transfert de capital des pays développés vers les pays en développement. D’une façon intuitive, le modèle suggère que les étapes de production exigent que la demande de travail moins qualifié (au niveau des pays avancés) soit transférée aux pays les moins avancés où le travail non qualifié est relativement moins cher. La spécialisation de la production augmente les

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débouchés moyens de travail dans les deux pays. En conséquence, la demande relative du travail qualifié augmente dans les deux régions et cause ainsi l’apparition de l’inégalité salariale dans les deux groupes de pays.

Bien que les modèles de Hanson (1995) et A.Wood (1999) soient tout à fait intéressant ils sont développés à partir de l’approche de Heckscher-Ohlin et Stolper-Samuelson, puisqu’ils empruntent l’idée centrale dont les rendements des facteurs de production sont conditionnés par leur distribution relative dans les pays. Ainsi, il semble qu’il existerait deux classes principales de modèles pour expliquer les effets de la libéralisation commerciale sur le marché du travail dans les pays en développement: ceux associés à la théorie de Heckscher-Ohlin et la théorie de Stolper-Samuelson, et ceux qui soutiennent que les changements technologiques provenant du commerce sont à l’origine du problème.

La grande différence entre les expériences des pays en développement et des pays développés est que, dans le premier cas, les processus de la libéralisation et les transformations technologiques étaient simultanés, tandis que dans le second cas c’était un processus séquentiel.

2.3 Conclusion

L’impact de la libéralisation commerciale sur les marchés du travail des pays en développement est ambigu. Tandis que des pays comme les "tigres asiatiques" ont éprouvé une réduction de l’inégalité des salaires, ce qui est en accord avec la théorie standard du commerce international, ceux d’Amérique latine et d’autres pays ont éprouvé une hausse de l’inégalité des salaires après la libéralisation. Plusieurs modèles et hypothèses ont essayé d’expliquer ce phénomène, mais aucun d’eux ne peut être considéré comme une théorie générale.

Même si c’est intéressant, l’amélioration de la qualification est l’hypothèse du commerce. Cette hypothèse peut être critiquée vu que la libéralisation commerciale est une nécessité, mais pas une condition suffisante pour expliquer la modernisation technologique et l’augmentation du stock de capital par individu. Ces derniers sont supposés capables de changer la demande de travail en faveur des travailleurs qualifiés causant ainsi l’inégalité de salaire. Plusieurs pays en développement ont des degrés25 élevés de libéralisation

25 Degré de libéralisation économique: il est mesuré par le rapport suivant (Exportations + Importation)/ Produit Intérieur Brut

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commerciale (exemple : les pays Africains) mais qui ne garantit pas l’incorporation de nouvelles technologies, l’augmentation de la productivité globale des facteurs (PGF) et l’attraction d’investissement direct étranger.

Le capital humain, la structure institutionnelle et la stabilité politique, par exemple, semblent contribuer significativement dans l’attraction du capital et des nouvelles technologies. Donc, la libéralisation est un facteur qui contribue mais ne détermine pas complètement l’investissement en capital et en nouvelles technologies. Quelle que soit la raison qui est derrière le phénomène, de nouvelles technologies semblent jouer un rôle dans l’explication du changement de la demande de travail.

Finalement, il semble que l’évidence empirique disponible, montre plutôt une situation transitoire qu’une image permanente. Dans ce cas, la théorie standard du commerce international garderait toujours son statut d’outil analytique clé pour comprendre la relation entre le commerce et le salaire.

SECTION 3 : Effets des politiques d’ouverture commerciale dans les pays

en développement:

Nous allons nous intéresser au monde actuel pour identifier les mécanismes par lesquels le commerce affecte la productivité des entreprises, les salaires et l'emploi dans une économie en développement. Dans ce cadre, nous proposons d’analyser comment l’ouverture commerciale affecte les entreprises et les industries dans une première sous-section, puis les salaires et l'emploi dans une deuxième sous-section et enfin les revenus et le bien-être dans la dernière sous-section.

3.1 Introduction

Comment les pays en développement s'adaptent-ils aux changements de la politique commerciale ? Jusqu'à la dernière décennie, la plupart des économistes commerciaux auraient probablement utilisé le modèle Heckscher-Ohlin ou une certaine variante.

Le commerce dans les pays en développement a été en grande partie basé sur leur avantage comparatif dans les industries qui étaient intensives en travail non qualifié, l'agriculture ou dans l'offre de ressources naturelles. Les modèles de commerce inter-industries ont été vus comme convenant le mieux pour analyser le commerce dans les pays développés. Les développements de la recherche théorique et empirique considèrent que l’analyse des facteurs

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de production des pays coéchangistes est insuffisante pour saisir comment une économie en voie de développement répondra à la libéralisation commerciale domestique et étrangère. Du point de vue empirique, le théorème Stolper-Samuelson, qui utilise la logique de HO pour prévoir comment les changements de prix des biens affecteront les prix des facteurs de production, n'a pas trouvé beaucoup de supports empiriques [Goldberg et Pavcnik, (2007)]26. L'application du modèle simple de HO implique que la libéralisation commerciale aura tendance à réduire l'inégalité de revenu dans les pays en développement. En effet, le mouvement des facteurs entre les industries intensives en travail cause la baisse de la demande relative, de capital et de revenu ou de la main-d’œuvre qualifiée. En fait, la libéralisation des échanges est souvent accompagnée par une augmentation de la demande relative à la qualification et par une hausse de l'inégalité de salaire (Feenstra et Hanson, 2003).

Un autre développement important dans la littérature est la reconnaissance des différences significatives entre les entreprises qui exportent et celles qui n'exportent pas, aussi bien qu'entre les entreprises multinationales et domestiques. Les entreprises exportatrices ou multinationales ont tendance à être plus importantes, plus intensives en qualification, plus intensives en capital, plus productives et payent des salaires plus élevés par rapport aux entreprises domestiques [Bernard, Redding et Schott, (2007)]27. Les entreprises multinationales sont toujours plus larges et plus productives. Quand les barrières commerciales diminuent ou disparaissent, les exportateurs s'étendent au détriment des petits établissements domestiques moins intensifs en travail qualifié et en capital.

Le développement théorique le plus influent dans le commerce au cours des deux dernières décennies du 20ème siècle a été le cadre mis en avant par Melitz, (2003). Melitz permet explicitement aux entreprises d’être hétérogènes en termes de productivité et rend les coûts fixes à l'exportation décisifs dans le commerce international. Le modèle de Melitz présente pourquoi les exportateurs sont meilleurs que les non-exportateurs dans la plupart des dimensions de performance, et explique pourquoi la productivité moyenne de l'industrie augmente à mesure que les barrières commerciales baissent. La structure littéraire empirique qui a documenté les effets de la libéralisation commerciale sur la productivité industrielle du

26, 27 D’après l’article de Hanson. G (2009), «Adjustment to Trade Policy in Developing Countries», UC San Diego and NBER, siteresources.worldbank.org, p19.

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modèle Melitz a aidé à placer les firmes au centre de l'analyse et à ajuster une économie suite à la variation des barrières commerciales.

Aujourd'hui, les économistes qui s’intéressent au commerce international apprécient que le monde actuel soit plus complexe que celui de HO. En conséquence, pour identifier empiriquement les mécanismes par lesquels le commerce affecte les salaires, l'emploi et la structure d'industrie sont proportionnellement plus stimulants.

Dans cette partie, nous examinons la récente revue empirique de la politique commerciale dans les PED. Tout au long, nous annonçons aussi la recherche théorique pertinente qui fournit un contexte pour trouver des réconciliations avec la théorie commerciale classique. Au cours de ces deux dernières décennies, il y a eu une explosion dans la recherche sur la façon dont les changements politiques commerciaux affectent les pays en développement. Suite à la libéralisation commerciale, les entreprises les moins productives deviennent plus susceptibles d’abandonner leur activité. Les entreprises et les industries à moyenne et haute productivité augmentent la segmentation de la production à travers les frontières. Des données récentes suggèrent que la segmentation de la production est associée à une plus grande volatilité de l'emploi.