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CHAPITRE I : LE CONTEXTE D’ETUDE

1.6. Politique de population

Pour certains auteurs, «Une politique de population est constituée d’un ensemble cohérent de mesures qu’un gouvernement adopte en vue de réaliser certains objectifs du développement à travers des programmes ou des actions susceptibles d’influer sur la situation et/ou la structure démographique des populations » (Ruzibiza et Kane, 2000) (cité par Njeck, 2018-2019). Elle s’inscrit tout naturellement dans le contexte historique et culturel bien précis : celui des pays pour lesquels elle est élaborée. Une politique démographique détermine une certaine évolution de la population, tout en étant dans le même temps conditionnée par une évolution : donc les textes législatifs, de nature non directement démographique comme par exemple les législations sur le divorce ou la fiscalité peuvent avoir une influence sur l’évolution globale de la fécondité. Cela explique la volonté croissante des gouvernements d’intégrer les mesures démographiques dans leurs plans généraux définissant l’évolution globale de la situation économique et sociale du pays.

En matière de population, la vision 2025 du gouvernement prévoit de mettre en place une politique démographique agressive, dont le but est de réduire le taux de croissance de 2,4% à 2%,baisser l’ISF de 6,2 à 3 enfants par femme et augmenter l’espérance de vie de 49 à 60 ans .Ceux-ci de 2008 à l’horizon 2025. Il s’agit de mettre en œuvre une politique de réduction de la fécondité, dans la mesure où la réduction de la mortalité qui est un objectif universel figure déjà dans tous les plans de développement nationaux au Burundi en raison du niveau encore élevé des indicateurs y afférents et de l’engagement du pays dans la réalisation des OMD.

1.6.1. Politique de santé maternelle

Le Burundi a initié plusieurs programmes visant l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant. Pour atteindre l’OMD5 (amélioration de la santé maternelle), le Burundi s’est engagé à réduire de ¾ la mortalité maternelle entre 1990 et 2015.

1.6.1.1. Cadre institutionnel de mise en œuvre des politiques de santé maternelle La politique de santé maternelle s’est greffée sur la politique de planification familiale au Burundi. Cette dernière est venue répondre à deux problématiques mises en avant par les organismes internationaux et les gouvernements : l’intégration de la variable population dans tout programme de développement et l’émancipation de la femme (Hakizimana, 2002).

Les résultats du premier recensement général de la population et de l’habitat de 1979 ont révélé l’ampleur de l’explosion démographique au Burundi (Hakizimana, 2002). Dès 1982, la croissance démographique très élevée est décrite comme un handicap au développement socio-économique du pays, mais l’opinion burundaise, y compris dans la classe dirigeante, était alors réticente à l’idée de limitation des naissances.

En 1983, lors de la XIVème session du comité central du parti UPRONA (parti unique à l’époque), le gouvernement a officiellement adopté la politique de planification familiale (Hakizimana, 2002, p. 48). C’est dans cet esprit que le gouvernement signa et approuva le projet de « Développement intégré de santé maternelle et infantile, planification familiale et éducation sanitaire » (Ministère de la condition féminine, FNUAP-CEA, 1984). Ce projet devait commencer à Muramvya (centre du pays) pour s’étendre ensuite à Ngozi et Kayanza (Nord du pays), puis Bujumbura et Gitega. « Ses activités concernaient essentiellement la standardisation des activités de surveillance de la grossesse, de l’accouchement, de la consultation de nourrissons et l’intégration effective de la planification familiale dans les activités de la santé maternelle et infantile » (Hakizimana, 2002,). Les autorités étaient convaincues qu’une fois la politique expliquée à la population, la pratique de la contraception suivrait automatiquement (Hakizimana, 2002). Or, ce projet n’a pas connu un grand succès dans la mesure où les mentalités, les croyances culturelles ne se modifient pas rapidement, et ce, d’autant plus chez des populations analphabètes.

En 1987, le Projet « santé et population » a pris la relève. L’accent a été mis sur des activités telles que la formation permanente du personnel de santé, la mise en place des superviseurs régionaux de santé maternelle et infantile et de la planification familiale, la

sensibilisation des partenaires et la fourniture de méthodes contraceptives dans des centres de santé.

En 1991, le Bureau de Coordination du Programme National de Planification Familiale (CPPF) est créé. Il a pour mission de coordonner, d’orienter et de guider toutes les activités en rapport avec la planification familiale.

L’un des effets de l’adhésion du Burundi à la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (1994 au Caire) est la mutation, par le décret n°100/033 du 30 mars 1999, du Bureau de Coordination de la Planification Familiale (CPPF) en Programme National de santé de la Reproduction (PNSR). Aujourd’hui, c’est à travers le PNSR que le pays initie plusieurs programmes visant l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant. Il s’agit d’une administration personnalisée placée directement sous l’autorité du Ministre de la santé publique. Le niveau intermédiaire d’application du programme est constitué par les provinces sanitaires. Le PNSR est chargé de coordonner toutes les activités en rapport avec la santé de la reproduction « spécialement en ce qui concerne la maternité à moindres risques, l’allaitement maternel, la régulation de la fécondité et la santé de la reproduction des jeunes et des adolescents » (Ministère de la Santé Publique, 2003, p. 15). La coordination des activités d’information, d’éducation et de sensibilisation de la population pour que celle-ci utilise les services de consultations prénatales, d’accouchement assisté par un personnel qualifié est également l’une des missions principales du PNSR.

En 2011, Plan National de Développement Sanitaire(PNDS) est créée s’inspirant de la Vision 2025 du Gouvernement, le secteur de la santé a entamé depuis 2005, un long processus de mise en œuvre de sa Politique Nationale de Santé (PNS 2005-2015). Cette politique basée sur les Soins de Santé Primaires est mise en œuvre à travers un Plan National de Développement Sanitaire et des Plans Stratégiques sous sectoriels en cohérence avec le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) et les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Depuis 2011 à 2015, le plan national de développement sanitaire(PNDS) était mis en phase avec la vision de la PNS et poursuivait le même but, d’après ce même rapport qui était de « Contribuer à l’amélioration de l’état de santé de la population, non seulement parce que c’est un droit humain, mais aussi pour permettre la relance de l’économie et la diminution de la pauvreté en maintenant le capital humain en bonne santé ».

Ce bref historique montre que la politique de santé maternelle a connu des débuts balbutiants. Sous l’injonction des bailleurs de fonds, mais sans pour autant être convaincu des objectifs de cette politique, le gouvernement a longtemps mis l’accent sur la planification familiale. Les activités en rapport avec l’Information, l’Education et la Communication tournaient autour de ce thème. Toutefois, La demande totale en planification familiale parmi les femmes de 15-49 ans actuellement en union a augmenté entre 2010 et 2016-2017, passant de 54 % à 58 % (EDSB-II et III).

CONCLUSION PARTIELLE

Dans le chapitre qu’on vient de terminer , la problématique de notre étude est bien localisée et s’appuyant sur certains objectifs qui entrent dans le cadre de renforcement des connaissances sur les facteurs qui contribuent à la connaissance de l’évolution des facteurs la fécondité au Burundi, et par suite aide à identifier les facteurs explicatifs. En plus, dans ce chapitre, on a présenté le contexte de l’étude qui montre clairement que la variation de certaines caractéristiques sociodémographiques, changement de comportement individuel ainsi que la politique de population mis sur pied justifie le niveau et tendance de la fécondité pendant la période 2010 et 2017.