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CHAPITRE III : DONNEES ET METHODES STATISTIQUES D’ANALYSE

4.2. Analyse par décomposition

Le niveau général de la fécondité au Burundi a connu une baisse de la période 2007 à 2010 avec en moyenne 6,4 enfants par femme durant cette période à 5,5 enfants par femme en moyenne durant la période 2014 à 2017. L’objectif des décompositions simples selon les différentes variables de classification est de déterminer si cette baisse est due dans un premier

temps à un changement de comportement au sein de la population (effet de performance) ou alors cette baisse est due à un effet de changement de structure de la population (effet de composition).

Décomposition simple de la baisse selon le niveau d’instruction de la femme

La décomposition de la baisse de la fécondité selon le niveau d’instruction nous montre que cette baisse est attribuable à la fois à des effets combinés de performance et de composition. En effet 35,33% de la baisse de la fécondité au Burundi est attribuable à un effet de structure et 64,67% est imputable à un effet de comportement. En d’autres termes, le changement de comportement des femmes vis-à-vis des pratiques contraceptives entre les deux périodes est la raison majeure de la baisse de la fécondité. Nous observons des disparités de contribution à cette baisse entre les différentes catégories du niveau d’instruction des femmes. En effet, les femmes sans niveau d’instruction participent à cette baisse (effet de performance et de composition confondus) à hauteur de 98,14% de la baisse totale contre 62,36% chez celles de niveau d’instruction primaire. Il est important de noter qu’en ce qui concerne la catégorie de femmes sans niveau d’instruction, c’est l’effet de composition qui explique la majeure partie de leur contribution à la baisse de la fécondité. Cela est dû au changement de structure qui se matérialise par une réduction considérable des femmes sans niveau d’instruction entre 2010 et 2017 passant de 44,8% à 36,2%.

Etant donné que les femmes sans niveau d’instruction ou de niveau primaires ont participé à cette réduction de la fécondité, nous constatons que les femmes de niveau d’instruction secondaire ou plus ont contrariées plutôt cette réduction à hauteur de 60,5% de la baisse totale. Cette résistance à la participation de la baisse de la fécondité de ces femmes s’expliquant par un effet de composition absorbant ainsi le faible effet de performance lié à cette catégorie.

Figure 4.1:Pourcentage de la contribution de l'effet de performance et de I'effet de composition sur la baisse totale du niveau de fécondité

Source : traitement des données des EDSBII & III.

Figure 4.2: Pourcentage de la contribution par catégories du niveau d’instruction de la femme sur la baisse totale du niveau de fécondité

Source : traitement des données des EDSBII, 2010& EDSBIII, 2016/2017.

Décomposition simple de la baisse selon le niveau de vie du ménage

En ce qui concerne la décomposition selon le niveau de vie, nous observons que la quasi-totalité de la baisse (99%) est attribuable à l’effet de performance. Bien que toutes les catégories de femmes aient participés à cette baisse (effet de performance et de composition confondus), il faut noter que les femmes vivant dans les ménages riches sont celles ayant le plus contribuées à hauteurs de 45,42% de la baisse totale : contribution qui s’explique plus par un effet de performance de cette catégorie bien que légèrement contrarié par un effet de composition.

Figure 4.3 : Pourcentage de la contribution de l'effet de performance et de de 'effet de composition sur la baisse totale du niveau de fécondité

35%

65% Effet de composition

Effet de performance

Sans niveau;

98,14%

Primaire;

62,36%

Secondaire ou plus; -60,50%

Sans niveau Primaire Secondaire ou plus

Source : traitement des données des EDSBII&III.

Figure 4.4: Pourcentage de la contribution par catégories du niveau de vie sur la baisse totale du niveau de fécondité

Source : traitement des données des EDSBII, 2010& EDSB III, 2017.

D’après les résultats des décompositions simples qui précèdent, la baisse du niveau général de fécondité entre 2010 et 2017 est attribuable à la grande partie à l’effet de performance (63, % pour la décomposition selon le niveau d’instruction et 99% pour la décomposition selon le niveau de vie).

b) Décomposition avancée

Les décompositions simples ayant déterminé quelles parts du changement social sont attribuables à l’effet de composition et à l’effet de performance, les décompositions avancées qui vont suivre ont pour objectif d’examiner un peu plus en détail l’effet de performance. Plus précisément il s’agira de savoir la part de la baisse de la fécondité dont est responsable l’effet

Effet de composition

1%

Effet de performanc

e 99%

Effet de composition Effet de performance

Pauvre; 33,63%

moyen; 20,95%

riche; 45,42%

0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00%

PAUVRE MOYEN RICHE

de performance de base (c'est-à-dire à la variation de la baisse de la fécondité dans l’ensemble des catégories indifféremment de leurs caractéristiques), l’effet de différentiation (les comportements différentiels selon qu’on appartient à une catégorie précise) et l’effet résiduel (variables non prises en compte dans les analyses de décomposition).

Décomposition avancée de la baisse de la fécondité selon le niveau d’instruction de la femme

La décomposition avancée selon le niveau d’instruction montre que la baisse de la fécondité attribuable à l’effet de performance observée lors de la décomposition simple est due à l’effet de performance de base à hauteur de 85,44% du changement total. Toutefois il faut noter que ce sont les femmes sans niveau d’instruction et celles de niveau d’instruction primaire qui ont les plus contribuées à cet effet de performance de base. Cela implique donc que les politiques mises en place dans l’objectif de réduire le niveau général de la fécondité au Burundi ont eu un impact réel. Il pourrait s’agir des opérations de sensibilisation, vulgarisation des services de la planification familiale, la distribution des contraceptifs, etc.

Figure 4.5:Pourcentage de la contribution par catégories du niveau d’instruction sur la baisse totale du niveau de fécondité

Source : Traitement des données des EDSBII, 2010&EDSBIII, 2016/2017.

Décomposition avancée de la baisse de la fécondité selon le niveau de vie du ménage

Dans ce cas la performance de base et l’effet de différentiation contribuent à hauteur respectivement de 22,93% et 75,69% de la baisse de la fécondité totale. Cela signifie que les différentes politiques économiques mises en place pour réduire les inégalités entre les femmes

effet de base 85,44%

effet de différentiation

-22.29%

effet risiduel 2,02%

pour participer de manière équitable à la baisse de la fécondité ont un impact à relativiser.

Elles ont partiellement le résultat escompté et d’un autre côté, on a une subsistance des inégalités entre les différentes catégories du niveau de vie des ménages (pauvre, moyen, riche) où résident les femmes, qui empêchent ces dernières à participer de façon équitable ou de manières uniforme à la baisse de la fécondité. En effet, les femmes vivant dans les ménages de niveau de vie riche sont celles qui contribuent plus que celles des ménages pauvres et moyens à la baisse de la fécondité.

Tableau 4.1 : décomposition avancée de l’effet de comportement selon le niveau de vie de la mère au Burundi 2010/2017

Décomposition avancée

Période 2010-2017

Niveau

d’instruction de la femme

Effet de composition

Effet de performance

Effet de base Effet de

différentiation Effet résiduel

pauvre -0,2086 -0,0902 -0,1313 0,0226

moyen -0,1925 -0,0451 -0,1312 -0,0225

Riche -0,1785 -0,0914 -0,3992 0,0229

Effet total -0,5797 -0,2267 -0,6618 0,0229

Contribution au

changement total 71,89% 25,93% 75,69% -2,62%

Source : Exploitation des données des EDSBII& III.

Conclusion partielle

En recourant à ces analyses descriptives, les résultats obtenus ne permettent pas d’expliquer convenablement la fécondité car celle-ci peut relever d’un ensemble d’effets plus ou moins complexes. Les impacts des différentes variables sur la fécondité ne sont pas isolés, celles-ci agissent plutôt en interaction d’où l’importance de les considérer dans un même modèle afin de dégager leur effet net. A cet effet, nous recourons à l’analyse explicative qui est l’objet du prochain chapitre.

CHAPITRE V

: ANALYSE EXPLICATIVE DU NIVEAU ET TENDANCE DE