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5.4. Discussion des résultats et vérification des hypothèses

5.4.1. Déterminants communs

Région de résidence

La variable région de résidence est significativement associée à la parité atteinte pour 2010 et 2017. En 2010, seule la région Ouest est significative. La parité moyenne est très élevée dans cette région que celles de la région de Bujumbura. En 2017, en plus de la région de l’Ouest s’est ajouté du centre Est et du sud qui sont significativement associées à la parité moyenne. On peut expliquer que cette fécondité élevée dans la plaine de l’Imbo (l’Ouest et Sud) est due en partie à la précocité de l’union où les jeunes filles abandonnent les écoles très tôt dans cette région pour s’engager dans des travaux champêtres où elles perçoivent peu d’argents. Dans la région de l’Ouest et du sud, on moment de la récolte du riz les hommes perçoivent beaucoup d’argents. C’est dans ces courses vers l’argent que les jeunes filles se croisent avec les hommes satisfaits de leur récolte pour fonder le foyer.

Ecart d’âge entre conjoints

L’écart d’âge entre conjoints est l’une des caractéristiques du régime traditionnel africain de nuptialité associé au calendrier de mariage d’entrée en union (mariage précoce pour les femmes, tardif pour les hommes, généralisé pour les deux sexes) et à l’organisation du marché matrimonial (polygamie). L’entrée en union rapide des jeunes femmes définit les conditions potentielles d’écarts d’âge élevés, que l’allongement du célibat masculin permet de réaliser : l’accès au marché matrimonial à des âges différents pour les femmes et les hommes permet l’appariement conjugal entre conjoints de générations éloignées. La différence d’âge

au premier mariage entre les sexes est aussi le déterminant Principal de la polygamie : elle génère un excédent numérique de femmes « mariables » par rapport aux hommes, permettant à une partie d’entre eux d’avoir simultanément plusieurs épouses. Aussi, le taux de chômage au Burundi pousse aux jeunes universitaires ou diplômés voire les non diplômés à se lancer aux mariages des filles plus âgées qu’eux avec condition que ces filles sortent des familles aisées ou que la fille aurait eu le temps d’avoir une source de financement. Pour gagner leur maternité, la fille n’aura pas du temps d’espacer les naissances.

C’est pour cette raison que l’écart d’âge entre conjoint est significativement associé à la parité moyenne des femmes en union en 2010 et en 2017.

 L’âge d’entrée en union

L’âge à la première union est la variable qui contribue le plus à l’explication de la fécondité tant en 2010 qu’en 2017. Les femmes entrées précocement en union font nettement plus d’enfants que les autres. La différence s’élevant à un enfant en moyenne dans ces deux périodes. De plus l’âge à la première union constitue une variable de transit pour un ensemble d’autres variables dans leur action sur la fécondité. Il s’agit du milieu de résidence, de la religion, de l’instruction du couple et l’occupation du conjoint. Cela va dans le même sens que les conclusions de Davis & Blake et plus tard de Bongaarts qui considèrent l’âge à l’union au sein des variables intermédiaires de la fécondité, celles au travers desquelles s’exerce toute influence sur la fécondité.

Ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que dans le contexte africain en général et dans celui du Burundi en particulier, le mariage constitue le cadre privilégié de la procréation. Les femmes font peu ou pas d’enfants en dehors de ce cadre. Dès lors qu’elles entrent en union, elles débutent leur vie procréative soit pour satisfaire leurs désirs d’avoir des enfants avec leurs conjoints soit pour se conformer à une société pro nataliste dans laquelle la belle famille n’hésite pas à réclamer la venue d’un enfant dans les toutes premières années du mariage. L’entrée en union constitue le premier facteur de la vie procréative et les femmes entrées précocement en union voient s’allonger leur durée d’exposition aux risques de procréation. D’où leur plus forte fécondité.

Cette entrée précoce dans le foyer conjugal est soutenue dans la plupart des milieux ruraux où la scolarisation n’est pas leur première préoccupation qui par conséquent constituant des germes de cette fécondité élevée notamment chez les jeunes. La scolarisation a un effet positif de sur l’âge au mariage. Par contre, le fait que les filles ne soient pas très

souvent scolarisées les conduits à entrer précocement en mariage. L’instruction chez la jeune fille est l’une des programmes du gouvernement depuis 2005 et la vision 2027.Malheusement, les mesures accompagnantes du programme et le suivi – évaluation du programme n’est pas bien défini. Les problèmes que connait la fille rurale contrecarrent la poursuite scolaire. Nous citons entre autre les travaux ménagers, manque d’électricité pour pouvoir réviser le cours, contraintes culturelles qui font que les femmes du village attendent à la fille à une procréation plutôt que l’école, ct.

Un autre facteur contribue à diminuer l’âge au premier mariage. Il s’agit des mariages arrangés considérés comme un moyen de consolidation des relations entre groupes sociaux ou familiaux. Dans certains cas, la promesse de mariage se fait entre amis ou une catégorie des personnes ayant les mêmes caractéristiques économiques ou sociales. Une fille d’un riche (dans le village c’est celui qui a beaucoup du bétail et un grand terrain) un son égal, d’un maçon contre fils du maçon. ect. Au vu de ce qui vient d’être expliqué, dans le contexte Burundais, une fille qui se marie avant 19 ans aura beaucoup d’enfants que celle qui se marie à plus de 20ans.

Religion

Quelle que soit l’année considérés, il ressort que la religion de la femme a un effet significatif sur la parité des femmes en union. En effet, la femme protestante prône pour la natalité en suivant les versets bibliques à la lettre telle que Dieu promit à David que son peuple sera multiplié comme le sable de l’océan. Rappelons que la religion protestante au Burundi et leurs dérivées est la seule religion qui est trop attaché à la modernité où ses adeptes ne peuvent en aucun cas écouter des conseils en rapport avec utilisation de la contraception ou autres méthodes dans le but de limiter les naissances. Pour eux, l’enfant viens de Dieu et considèrent comme péché toute action qui empêche une naissance.

Dans le contexte Burundais, les musulmans habitent dans les villes et vivent des petits commerces et les protestants sont majoritaires dans les campagnes et vivent de l’agriculture.

La fécondité élevée chez les femmes protestantes est influencée par leur milieu de résidence et leur croyance très attachée aux théories natalistes.

Utilisation de la contraception

L’utilisation de la contraception influence le niveau de la fécondité des femmes Burundaises en 2010 et en 2017 malgré la tendance de l’utilisation qui tend à la baisse (0.2%

en 2010 et 0.1% en 2017). Paradoxalement, les femmes qui n’utilisent pas la fécondité ont

moins d’enfants que celles qui utilisent la méthode moderne partout dans toutes les années.

Cela serait expliqué par le fait que les femmes qui utilisent la contraception avaient l’objectif d’espacer et pas de limiter. D’autres motifs vérifiables sont tel que la plupart des femmes qui n’utilisent pas la contraception au Burundi ont un niveau de vie bas qui pousse à l’absence totale de leurs maris qui auraient migré vers les villes à la recherche du travail pour la survie de la famille. Et d’autres sont des soldats de rang (non gradé) qui passent plus de deux ans sans accord d’un congé de leur part.

Notons qu’au Burundi l’agriculture ne peut pas permettre à la survie du ménage sans recours extérieur depuis le déclenchement de la guerre en 1993 et à cause du manque des terres cultivables suffisantes. Tenant compte de tout ce qui est dit ci- haut, ces femmes burundaises n’ont pas besoins d’utiliser la contraception pour limiter les naissances.

L’absence fréquente de leur mari suffit pour l’espacement involontaire des naissances.