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La thèse qui suit est divisée en quatre parties. La première est consacrée au cadre théorique et conceptuel. Nous commençons par une discussion de la mondialisation, dans le but de déterminer une définition opérationnelle de cette notion ainsi que d’identifier les liens entre l’émergence de projets d’intégration régionale et la mondialisation (Chapitre 1). Dans ce chapitre également nous tentons d’articuler les deux échelles régionales (macro et micro) à travers la coopération, décentralisée et transfrontalière (Cross-border cooperation) qui met en relation différentes collectivités territoriales de part et d’autre des frontières nationales. Dans le chapitre suivant (2), nous passons en revue les écrits sur l’impact de la mondialisation sur les états et les territoires, en nous attardant particulièrement sur la notion de « relativisation d’échelle » développée par B. Jessop et N. Brenner ainsi que le concept de « glocalisation » développé par E. Swyngedouw, un processus à travers lequel les compétences nationales sont transférées simultanément aux échelons supranationaux (Organisations Internationales, UE) et infranationaux (villes, régions). Parmi ces compétences, nous expliquons comment la mondialisation et la régionalisation influencent les politiques d’aménagement du territoire et favorisent leur transfert vers les institutions supranationales et leur prise en compte lors de la conceptualisation et de la construction d’espaces macro-régionaux, à partir de la littérature disponible sur la planification spatiale européenne.

Dans le chapitre 3, nous articulons le questionnement théorique formulé dans les précédents chapitres avec notre cadre empirique : la Méditerranée et les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée. Nous commençons le chapitre en établissant un parallèle entre la réinvention de la Méditerranée en tant qu’objet géographique et

politique, au début des années 1990, et la montée en puissance du discours sur la mondialisation. Nous essayons par la suite d’identifier les principales positions théoriques par rapport au Projet euro-méditerranéen.

Dans le chapitre 4, nous présentons notre cadre méthodologique. Celui-ci reformule notre problème en des termes techniques qui permettront d’envisager des solutions méthodologiques qui nous serviront pour aborder la partie empirique de notre travail selon une démarche d’analyse des données qualitatives basée sur les travaux de J.M. Van der Maren (1995, 2008). Ce chapitre propose une opérationnalisation de notre problématique en spécifiant (1) les indices et les traces matérielles à recueillir et (2) les outils et instruments à construire pour entreprendre les analyses et l’interprétation des données et la production d’hypothèses finales. Dans ce chapitre, nous expliquons comment les quatre questions spécifiques énoncées plus haut seront utilisées comme balises théoriques pour structurer l’argumentation développée dans les trois parties empiriques qui suivent.

Ainsi, la deuxième partie de la thèse est consacrée à la première question spécifique qui concerne la nature de la coopération euro-méditerranéenne. Dans le chapitre 5, nous revenons sur la mise en place d’une politique régionale en Méditerranée à partir de l’analyse des données écrites récoltées (données invoquées). Le chapitre 6 est consacré à une discussion de la dimension « territoriale » du projet euro-méditerranéen en identifiant les principaux programmes et projets à composante spatiale et en s’arrêtant plus longuement sur les principales initiatives régionales en matière de transport, d’environnement et de patrimoine culturel et historique. Nous terminons cette partie (chapitre 7) en confrontant les résultats de notre analyse des documents disponibles avec les propos des différents acteurs euro-méditerranéens recueillis durant notre travail de terrain, afin de répondre à la première question spécifique.

La deuxième question spécifique, à savoir le contenu et les processus de mise en œuvre de la coopération décentralisée et transfrontalière, est abordée dans la

troisième partie de la thèse. Nous commençons par analyser, dans le chapitre 8, l’évolution de la coopération décentralisée en Méditerranée qui aboutit à la mise en œuvre d’un programme de coopération décentralisée MED-PACT. Le chapitre 9 est consacré à la coopération transfrontalière mise en œuvre dans le cadre des programmes de l’UE en Méditerranée. Nous commençons ce chapitre par établir une distinction entre la coopération transfrontalière, plus limitée géographiquement, et la coopération décentralisée. Nous décrivons également comment ce type d’initiatives s’est étendu du territoire communautaire vers les rives Sud et Est de la Méditerranée. Par la suite, ce chapitre décrit et analyse la genèse du programme de Bassin Maritime Méditerranée CT-IPEV qui met en relation, pour la première fois, l’ensemble des régions riveraines de la Méditerranée, considérée comme une frontière maritime sous la Politique Européenne de Voisinage.

Comme pour la partie précédente, nous terminons cette troisième partie (chapitre 10) par une analyse et une interprétation des propos des acteurs méditerranéens en réponse à la deuxième question spécifique qui concerne le contenu et les processus de mise en œuvre de la coopération décentralisée et transfrontalière.

La quatrième partie est consacrée aux deux dernières questions spécifiques. Le chapitre 11 s’intéresse au rôle des États et des autorités centrales dans la coopération décentralisée. Le chapitre 12 s’intéresse quant à lui à l’attitude des collectivités locales par rapport à la coopération décentralisée et transfrontalière. Pour répondre à ces questions, les deux chapitres se basent sur les propos des répondants recueillis lors des entrevues effectuées au Liban, au Maroc, en France et au Siège de la Commission Européenne, à Bruxelles.

Nous terminons ce travail par une théorisation de l’interaction entre les différentes échelles d’action (l’infranational, le national et le régional) à partir du cas de la coopération euro-méditerranéenne, que nous envisageons comme une manifestation de la notion de « relativisation de l’échelle ». Nous procédons ainsi à un

retour à notre questionnement théorique initial en tentant de formuler des hypothèses pour une réflexion future à partir du cas méditerranéen.

Au moment de terminer nos enquêtes de terrain, les événements qui ont eu lieu autour de la Méditerranée, à savoir ce qui fut qualifié de "Printemps arabe", d'une part, et la crise financière sans précédent qui a touché les pays de l’Union Européenne et la « Zone Euro », d'autre part, n'avaient pas encore éclaté. Notre travail d'analyse et d'interprétation n'a pas pu ainsi en prendre compte pleinement.

Nous reviendrons en conclusion sur les incidences de ces deux événements sur notre thèse mais, concernant le "Printemps arabe", nous ne pouvons que constater, plus de trois ans après l'éclatement des incidents en Tunisie, que nous manquons toujours du recul nécessaire pour en cerner sa nature véritable: mouvement vers la démocratisation ou vers l'obscurantisme ? Fin des régimes autoritaires ou éternel retour sous des formes renouvelées?

Les conséquences de la crise de la "Zone Euro" sont beaucoup plus sérieuses sur notre thèse car elles remettent en question en profondeur les fondements des programmes et des projets de coopération transfrontalière qui nous intéressent. En effet, le Projet européen a été érigé en modèle de projet d'intégration régionale et le succès économique de pays comme le Portugal, l'Espagne voire la Grèce suite à leur adhésion à l'Union Européenne a été souvent salué comme une preuve de la force du modèle d'adhésion européen; ce qui n'est plus le cas à l'heure actuelle où ce modèle est sérieusement remis en question par l'ensemble des peuples et des sociétés qui composent l'Europe.

Malgré cela, le suivi des programmes et projets que nous avons analysés dans le cadre de cette thèse ne semble pas indiquer qu'ils aient été affectés par les crises politiques et financières régionales. La mise en œuvre de ces projets s'est poursuivie dans les pays où nous avons effectué nos enquêtes, le Liban et le Maroc.

PARTIE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET DISCUSSION