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Phase-pilote et procédure de l’entretien et du questionnaire QCM

Chapitre 3. Stratégie de recherche d’informations

3.1. Phase-pilote et procédure de l’entretien et du questionnaire QCM

Pour optimiser certains paramètres concrets du déroulement des entretiens, nous avons mené une phase pilote en pratiquant un test sur un petit échantillon d’enseignants volontaires ; ceci afin de distinguer les questions qui convenaient de celles qui ne convenaient pas, c’est-à-dire les questions que les répondants ne comprenaient pas et auxquelles ils répondaient à côté parce qu’elles étaient peu claires ou que leur formulation était incomplète. L’objectif était aussi de tester la qualité des questions, pour éventuellement les réajuster et d’identifier les sujets à ajouter pour les entretiens suivants.

Cette phase pilote des premiers entretiens s’est déroulée en Corée, au mois de septembre 2010, avec quatre enseignantes, dont deux de la GIST, une de traduction russe-coréen et une de traduction chinois-coréen, une autre de traduction anglais-coréen dans une des trois universités disposant d’un programme professionnel de traduction ou d’interprétation anglais-coréen ou coréen-anglais en licence et, enfin, une dernière de traduction français-coréen à l’université.

D’autre part, nous souhaitions aussi rencontrer des enseignants donnant un cours de traduction à l’université, ou du moins dans trois universités ayant un programme professionnel de traduction ou d’interprétation anglais-coréen ou coréen-anglais en licence. Mais nous avons appris des enseignants universitaires contactés qu’à l’exception des universités qui ont un programme professionnel de traduction ou d’interprétation anglais-coréen ou coréen-anglais en licence, il n’existe actuellement à l’université soit aucun cours de traduction, soit un seul cours de traduction par

département de langue ou de littérature. Ils nous ont également appris qu’en dehors des trois langues principales (anglais, japonais, chinois), les départements des autres langues tendent à se réduire. Donc, étant donné qu’il n’existe pas beaucoup

d’enseignants dans chaque catégorie et que, pour des raisons pratiques, nous ne pouvions pas contacter d’autres enseignants dans des universités de province, il était important de les garder en réserve pour les entretiens et les questionnaires qui allaient suivre. Ils n’ont donc pas participé à la phase pilote.

Nous avons posé aux quatre enseignantes des questions générales liées à des sujets repérés dans la revue de la littérature (profil des enseignants, pratiques actuelles et manières d’enseigner en cours, facteurs affectifs et socioculturels influençant le déroulé des cours ou leur ambiance, pratiques actuelles en matière d’évaluation, compétences des étudiants, attitude, etc.).

L’ensemble de nos questions étant très long et pas suffisamment clair, les répondants ont eu des difficultés à y répondre. Nous avons donc décidé de le raccourcir pour parvenir à une durée d’entretien d’environ une heure et de modifier les questions ayant apporté des réponses vagues et peu satisfaisantes.

Une fois la phase pilote réalisée, nous avons procédé aux premiers entretiens. Neuf entretiens (4 avec des enseignants de l’école professionnelle de traduction et 5 avec des enseignants universitaires) ont été menés en septembre et octobre 2010. Ils portaient sur le profil des enseignants, l’environnement et la manière d’enseigner en cours, la stratégie et la méthode de formation, les facteurs affectifs et socioculturels influençant les cours, les pratiques en matière d’évaluation (correction des devoirs, examens, etc.), les compétences des étudiants et leurs façons de traduire. Cette première série d’entretiens a permis d’obtenir des informations assez précises sur les pratiques réelles en formation à la traduction. Les enseignants n’ont pas éludé les aspects affectifs et socioculturels (attentes des étudiants vis-à-vis de l’enseignant pour en obtenir les bonnes réponses, attitude passive et peu créative des étudiants due à l’habitude d’un système éducatif fondé sur la répétition, respect de l’autorité de l’enseignant, la grande importance du regard des autres, difficultés ressenties par les étudiants lorsqu’il n’existe pas une seule bonne réponse dans leur traduction lors d’une évaluation alors qu’ils sont habitués aux QCM, etc.). Ils ont répondu sans détour au sujet des possibilités ouvertes aux étudiants en matière de recherche d’informations, au sujet des lacunes de compétences des étudiants, au sujet des difficultés liées aux pratiques actuelles de l’évaluation et aux méthodes utilisées en formation à la traduction. Les enseignants universitaires ont souligné plus particulièrement les difficultés à enseigner la traduction en milieu universitaire, ce qui supposait d’infléchir les questions posées, en citant par exemple l’insuffisante diversification des cours selon le niveau et selon l’objectif , la trop grande importance de l’enseignement linguistique en cours de traduction , l’incompréhension de la part des étudiants du concept même de traduction, la complexité à adapter le degré de

difficulté aux différences de niveau des étudiants en langue étrangère et enfin la difficulté à offrir à chaque étudiant une appréciation personnalisée de ses travaux dans un contexte d’amphithéâtres souvent pleins.

A l’issue de cette première série d’entretiens, nous nous sommes rendu compte que certaines questions n’avaient pas été correctement regroupées par sujet. Nous avons par conséquent décidé d’introduire des modifications, tant dans le QCM que dans le déroulé de nos questions pour la deuxième série d’entretiens, en les centrant sur des sujets précis. En effet, si un questionnaire comporte des types de sujets différents, il y a lieu de les regrouper en sous-sections distinctes, sous un même thème général (voir Dörnyei and Taguchi, 2010 : 47).

Les sujets explorés sous le thème général de la pratique réelle de l’enseignement de traduction en Corée du sud ont été les suivants : 1) la manière d’enseigner la traduction et les facteurs socioculturels ayant une influence en cours 2) le système d’évaluation I : les devoirs et la correction de la traduction, 3) le système d’évaluation II : la méthode d’évaluation de la traduction, 4) le système d’évaluation III: l’examen (examen intermédiaire ou final), 5) l’attitude, la manière de traduire, la compétence des étudiants et les difficultés rencontrées en cours de traduction, 6) le profil des enseignants.

La deuxième série d’entretiens et le QCM ont donc porté sur ces six sujets, les questions posées s’appuyant sur les réponses données lors de la première série d’entretiens.

Le QCM, rédigé en coréen, a été également mis au point au cours d’une phase pilote, menée simultanément à la phase pilote des questions en vue de la deuxième série d’entretiens. Pour ce faire, les quatre enseignantes nous ont conseillée et nous avons ainsi changé et raccourci les questions longues, en réfléchissant toujours aux résultats obtenus auprès des premiers répondants et à leurs éventuelles réactions. Nous avons, de plus, soumis ce QCM modifié à deux enseignantes chercheuses en traductologie.

Selon elles, toutes les questions et réponses à choix multiples convenaient assez bien et nous pouvions le diffuser par courriel aux enseignants.

La deuxième série d’entretiens s’est déroulée en octobre et novembre 2010 : 16 entretiens ont été effectués auprès de 7 enseignants de l’école professionnelle et 9

enseignants universitaires. Selon les enseignants, le nombre et la qualité des répondants aux questionnaires et aux entretiens étaient suffisants, valables et représentatifs.

Nous avons diffusé ce QCM, en octobre et novembre 2010, en document pdf pour faciliter les réponses par courriel. Nous l’avons distribué aux 46 enseignants présents lors du colloque de l’association de traduction de Corée du 23 octobre 2010. 38 y ont répondu, dont 16 de l’école professionnelle de traduction et 22 universitaires.

Par ailleurs, après le colloque, nous avons adressé par courriel ce QCM à 15 enseignants de l’école professionnelle et à 14 enseignants universitaires. Tous ont répondu entre octobre et novembre 2010. Parmi ces enseignants, nous avons en outre pu rencontrer 8 universitaires et 7 de l’école professionnelle de traduction. Lors de ces entretiens complémentaires, nous avons pu obtenir de leur part des réponses détaillées par rapport à celles de leur QCM.

Grâce à la deuxième série de 16 entretiens, aux 67 QCM retournés et à ces 15 entretiens complémentaires, nous avons pu vérifier concrètement nos hypothèses sur les pratiques de la formation à la traduction en Corée et les difficultés particulières70 .

Le tableau 5 résume les différentes étapes du questionnaire et des entretiens qui ont servi à collecter les informations nécessaires à l’analyse.

                                                                                                                         

70 L’analyse des résultats est présentée en troisième partie.

Tableau 5 : Chronologie de l’enquête et nombre de répondants questionnaires et terrain. Durant notre participation aux cours de traduction (traduction français-coréen en licence à l’université Korea, français-coréen destiné aux étudiants de première année en master 1 à GIST), de septembre et novembre 2010, destinée à observer sans intermédiaire les pratiques réelles de l’enseignement de la traduction en Corée, nous avons été particulièrement attentive à ne pas faire intervenir notre propre arbitraire dans ces observations.