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Chapitre 3. L’enseignement de la traduction en Corée

3.2. Problèmes se posant en pratique lors de la formation à la traduction en Corée

3.2.5. Choix des textes utilisés en cours

D’après Hyang Lee (2011 : 178), choisir des textes appropriés au cours de traduction est la mission primordiale de l’enseignant et la qualité du cours de traduction dépend des efforts des enseignants en la matière. De plus, les enseignants doivent choisir des textes variés qui s’adaptent au niveau des étudiants et à la finalité du cours (Hyang Lee 2011 : 179).

Toutefois, comme le font remarquer les trois chercheurs cités ci-dessous, le cours universitaire, contrairement à l’école professionnelle, ne s’ouvre pas à tous les genres de textes avec leurs spécificités.

Ainsi pour Klein-Braley et Franklin(1998 : 54). : « Les textes du cours de traduction universitaire sont préférentiellement des extraits d’article de presse ou de littérature »55 (Traduction de Daeyoung KIM).

Pour Keromnes (2010 : 14) : « On ne pratique guère dans les départements L.C.E. que la traduction littéraire et éventuellement la traduction non littéraire (ce qui veut dire en fait la traduction de presse, c’est-à-dire essentiellement la traduction de textes d’un registre moins soutenu, avec un vocabulaire un peu différent et moins varié) ».

Enfin, pour Lavault-Olléon (2003 : 199) : « Elles [la plupart des universités] ont simplement remplacé les extraits littéraires par des extraits d’articles de presse.

Lorsqu’il a été question d’introduire la traduction spécialisée dans ces cursus, les traditionnels articles de presse générale ont été complétés par des pages spécialisées des magazines, sans mettre en cause la valeur des exercices proposés en matière de professionnalisation. »

Pour Lavault-Olléon (1998 : 83), afin de surmonter cette difficulté au niveau universitaire, l’étudiant doit « travailler à autre chose que des extraits, à des textes appréhendés dans leur globalité (et si le texte est jugé trop long, une partie du travail peut se faire à l’oral) et dans leur authenticité. L’enseignant doit donner aux étudiants, mieux encore, en les leur faisant chercher, tous les éléments utiles à l’appréciation du contexte », étant donné que « l’étudiant doit envisager la traduction non plus comme un exercice scolaire, mais comme un service émanant d’un besoin réel de communication : il doit comprendre que l’initiateur a besoin de sa compétence traductive pour mener à bien son propre projet (de recherche, de publication, de conquête du marché) ».

Qui plus est, elle propose la traduction « des textes demandés par le marché, à savoir essentiellement les documents spécialisés issus de tous les secteurs de l’économie, et notamment des nouvelles technologies, en bref, les textes opératoires, contractuels, publicitaires, dont auront besoin les entreprises et organisations de demain » (Lavault-Olléon, 2003 : 200).

                                                                                                                         

55 ‘Usually translation classes begin very early in a student’s university life. The texts chosen tend to be extracts from literary texts or newspaper texts’ (Klein-Braley et Franklin, Peter, 1998 : 54).

Dans la même perspective, Klein-Braley et Franklin (1998 : 60) fait remarquer que si le but principal de la formation à la traduction est d’offrir l’habileté nécessaire à la traduction professionnelle, seuls les textes authentiques doivent être traduits, c’est-à-dire les textes qui s’adaptent au mandat de traduction56.

Nord (2009 : 3) mentionne elle aussi le principe de l’authenticité dans l’évaluation et dans l’enseignement de la traduction, c’est-à-dire l’utilisation de textes dans des situations authentiques (ou presque) avec un mandat de traduction (translation brief) authentique (ou presque).

Par ailleurs, Lee (2012 : 179) souligne l’importance du choix de textes dont la difficulté est bien adaptée au niveau des étudiants. D’après Lee (2012 : 178), si un enseignant choisit un texte de départ difficile, les étudiants éprouveront des difficultés à discuter sur la traduction du fait de problèmes de compréhension. S’il choisit par contre un texte de départ trop facile, les étudiants ne seront guère motivés.

Hyang Lee (2011 : 178) et Migyoung Lee (2012 : 180) conseillent également aux enseignants d’augmenter progressivement la difficulté des textes. Hyang Lee (2011 : 178), citant Durieux (2003) recommande plus précisément de suivre les étapes suivantes : 1) texte ne nécessitant pas de recherche documentaire, 2) texte traitant d’un sujet spécialisé, 3) texte traitant d’un sujet technologique, 4) texte traitant de divers domaines techniques, 5) texte présentant un style difficile, 6) texte devant reproduire un effet particulier.

Toutefois Hyang Lee (2011 : 180) fait remarquer qu’actuellement le choix de la difficulté des textes résulte plutôt de la seule intuition des enseignants, sans prise en compte spécifique des objectifs du cours et du niveau des étudiants, même s’ils admettent qu’il y aurait besoin de critères pour choisir les textes et les utiliser au cours. Cette auteure ajoute que, au niveau de l’école professionnelle comme à l’université, les questions suivantes sont peu débattues, ce qui pose problème : quelle longueur et quelle sorte de texte les enseignants doivent-ils choisir et de quel niveau de difficulté? (Hyang Lee, 2011 : 178).

                                                                                                                         

56 Voir Klein-Braley et Franklin (1998: 60), ’Selection of real texts will automatically enable discussions to be made about the reasons for the translation, the type of reader/user envisaged, the degree of fidelity to be observed towards individual elements in the source text, the need for adjustment in terms of the addressees’ cultural or factual knowledge, etc.’

Nord (1991b :160-161) porte un regard critique sur certaines pratiques, telles que de faire passer des tests sur des textes inconnus, souvent choisis en fonction de leur seule difficulté. Il sera alors difficile d’imputer les erreurs commises à des éléments de compétence précis. Ainsi, ces tests ne permettront aux étudiants ni d’appliquer ce qui leur a été enseigné, ni de progresser (Nord, 1991b :160-161, également cité dans Hatim et Mason, 1997 : 198).

Sur toutes ces questions relatives au choix des textes utilisés pour l’évaluation en traduction, il sera essentiel de recueillir l’opinion des enseignants et de mettre en évidence les pratiques réelles.

3.2.6. Manque de validité et de fiabilité du système d’évaluation