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Authenticité des textes utilisés en cours et possibilité d’évaluation micro

Chapitre 4. Description de l’échantillon

2.3. Manières d’évaluer

2.3.1. Authenticité des textes utilisés en cours et possibilité d’évaluation micro

À la question « Qui décide des textes à travailler au cours de traduction? », la plupart des enseignants (26 sur 36, soit 72.2%, ECUQ2.05 et 22 sur 31, soit 70.9%, ECPQ2.05) et tous les enseignants interrogés lors des entretiens ont répondu qu’ils les choisissent, plutôt que les étudiants (2 sur 36, ECPQ2.05, 1 sur 31, ECPQ2.05) ; ou bien, ils les choisissent après avoir recueilli les opinions des étudiants pendant le cours (8 sur 36, ECUQ2.05, 8 sur 31, ECPQ2.05). On peut donc en conclure que les enseignants choisissent les textes à traiter au cours. Si l’on classe les réponses recueillies à la question « Quelle forme ont les textes de départ utilisés pendant le

cours et pour les devoirs ? » (Q2.06 – voir graphique 11 ci-dessous), on constate que les enseignants universitaires (ECUQ2.06) utilisent le plus souvent l’article de presse (27 réponses), puis l’œuvre littéraire (19 réponses), tandis que les enseignants de l’école professionnelle (ECPQ2.06) citent en premier lieu les documents de domaines spécialisés (28 réponses) et l’article de presse (21 réponses) en second lieu.

Graphique 11 : Q2.06. Quelle forme ont les textes de départ utilisés pendant le cours et pour les devoirs ?

Nombre de réponses et pourcentages sur les items proposés : 1) article de presse ;

2) discours ; 3) œuvre littéraire ;

4) productions télévisées et cinématographiques ;

5) documents de domaines spécialisés (article de loi, mode d’emploi, technique, scientifique, publicité, contrat, annonce officielle de recrutement, etc.

La forme des textes de départ utilisés pour les examens (Q4.01 – voir graphique 12 page 196) est la même que celle des textes sources utilisés en cours et pour les devoirs : majoritairement, les enseignants universitaires (ECUQ4.01) ont répondu utiliser le plus souvent en examen, en premier lieu, un article de presse (23 réponses) et, en second lieu, une œuvre littéraire (16 réponses). Les enseignants de l’école professionnelle (ECPQ4.01) proposent quant à eux en examen des documents de domaines spécialisés (18 réponses) et des articles de presse (19 réponses).

Graphique 12 : Q4.01. Quelle forme ont les textes de départ utilisés pour les examens ?

Nombre de réponses et pourcentages sur les items proposés : 1) article de presse ;

2) discours ; 3) œuvre littéraire ;

4) productions télévisées et cinématographiques ;

5) documents de domaines spécialisés (clauses d’une loi, mode d’emploi, technique, scientifique, publicité, contrat, annonce officielle de recrutement, etc.

Nous en déduisons que le cours universitaire ne s’ouvre pas aux spécificités de textes de genres variés, contrairement à l’école professionnelle.

Or, les étudiants universitaires interrogés, sauf deux, souhaitent que des textes plus divers, voire spécialisés comme les textes économiques et juridiques, etc. soient traités en cours de traduction.

La majorité des enseignants ne traitent qu’une partie assez courte d’un texte126, que ce soit à l’université (20 sur 36, soit 55,5 %, ECUQ2.07) ou à l’école professionnelle (21 sur 31, soit 67,7 %, ECPQ2.07). Cette partie comporte entre une demi-page et une page et moins de 500 mots à l’université (20 sur 36, soit 55,5 %, ECUQ2.07) et entre une demi-page et deux pages et moins de 1 000 mots à l’école professionnelle (26 sur

126 Q2.07 : « Quelle est la longueur des textes sources utilisés en classe ou comme devoir? »

31, soit 83,8 %, ECPQ2.07), que ce soit en cours ou en devoir. Pour l’examen, plus de la moitié des enseignants de l’université (20 sur 36, soit 55,5 %, ECUQ4.02) et de l’école professionnelle (17 sur 31, soit 54,8 %, ECPQ4.02) ne prennent qu’une partie du texte de départ d’une longueur assez courte (environ une demi-page, voire une page comportant moins de 500 mots). Certains enseignants interrogés ont répondu qu’un extrait de texte est utile pour permettre aux étudiants de faire des expériences de traduction de textes divers. Une enseignante explique :

« En cours de traduction, on utilise des extraits de texte plutôt qu’un texte entier.

C’est assez utile pour que les apprenants, en tant que futurs traducteurs, s’habituent à traiter les différents types de textes existant dans le monde professionnel. » (ECPQ2.07 E11)

Toutefois, tous les étudiants interrogés souhaiteraient que le texte entier leur soit fourni pour pouvoir en saisir le contexte et le sens. Le commentaire d’une de ces étudiantes illustre cette opinion :

« Il m’arrive parfois de ne pas trouver de bonnes traductions de mots ou de phrases, étant donné qu’il est difficile de comprendre aisément leur sens dans le contexte et que je n’ai pas lu le reste du texte. » (ETCPQ2.07 E13)

Par ailleurs, les enseignants de l’université (ECUQ3.03127) et de l’école professionnelle (ECPQ3.03) ont classé la rapidité en traduction en dernière position des critères d’évaluation (5 réponses à l’université et 3 réponses à l’école professionnelle). Il est peu surprenant, dans ces conditions, que le respect des délais, pourtant un des éléments extratextuels de la traduction professionnelle, soit mal pris en compte en cours de traduction. D’après Allignol (2007 : 252), les facteurs extratextuels de qualité tels que le prix, la rapidité d’exécution, les rapports avec le client, le réviseur et le destinataire, etc. sont difficiles à inclure dans l’évaluation en didactique de la traduction.

De ces résultats, nous déduisons que l’évaluation de la traduction s’appuyant sur un extrait d’un texte non fourni aux étudiants relève de l’évaluation microstructurelle. Ce                                                                                                                          

127 Q3.03 : « Quels sont les critères d’évaluation de la traduction des enseignants pour les examens et les devoirs ? »

n’est de toute façon pas une prise en compte de la rapidité de traduction impliquant le respect du délai, un des critères extratextuels de qualité de la traduction professionnelle.

Parmi tous les critères de l’évaluation, les éléments auxquels les enseignants universitaires (ECUQ3.03) accordent le moins d’importance après la rapidité de traduction sont le mandat de traduction (13 réponses) et le style du texte (19 réponses).

Quelques enseignants universitaires interrogés, spécialistes en linguistique, ne

tiennent même jamais compte du mandat de traduction en cours et certains parmi eux ignorent ce concept. A la question « À quel niveau évaluez-vous la traduction ? » (Q3.09 - voir graphique 13 ci-dessous), la moitié des enseignants universitaires (19 sur 36, soit 52,7 %, ECUQ3.09) ont répondu procéder à une évaluation au niveau microtextuel, du mot ou de la phrase, pour évaluer le niveau des étudiants, même si leur objectif est une évaluation macrotextuelle appliquée à l’ensemble du texte.

Graphique 13 : Q3.09. À quel niveau évaluez-vous la traduction ?

Nombre de réponses et pourcentages sur les items proposés : 1) évaluation microtextuelle au niveau du mot ou de la phrase ;

2) évaluation microtextuelle au niveau du mot ou de la phrase selon le niveau des étudiants, même si je vise une évaluation macrotextuelle au niveau de l’ensemble du texte ;

3) évaluation macrotextuelle au niveau de l’ensemble du texte ; 4) évaluation microtextuelle + évaluation macrotextuelle.

Reprenons le commentaire d’une enseignante interrogée :

« Les étudiants universitaires manquant de compétences linguistiques, j’explique davantage d’erreurs au niveau microtextuel. Par contre, à l’école professionnelle, j’indique davantage de problèmes concernant la logique du texte et le contexte entier, donc au niveau macrotextuel. » (ECPQ3.09 E10)

La majorité des enseignants de l’école professionnelle (20 sur 31, soit 64,5 %, ECPQ3.09) abondent dans ce sens en répondant qu’ils tiennent compte aussi bien de l’évaluation microtextuelle que de l’évaluation macrotextuelle. Peu d’enseignants (à peine 2 sur 36 à l’université et 1 sur 31 à l’école professionnelle) procèdent à une évaluation macrotextuelle au niveau de l’ensemble du texte.

Il semble donc que, par rapport à la traduction en école professionnelle, la traduction universitaire accorde une place moindre à l’évaluation macrotextuelle, tenant compte du style du texte ou du mandat de traduction, et que les enseignants universitaires se concentrent sur l’évaluation microtextuelle, tandis que les enseignants de l’école professionnelle combinent les évaluations microtextuelle et coule.

En fait, comme nous l’avons déjà mentionné en section 1.2, la plupart des enseignants universitaires (27 sur 36, ECUQ2.08) ont répondu tenir compte du mandat de traduction lors du choix du texte source et de la correction et la totalité des 31 enseignants de l’école professionnelle (ECPQ2.08) ont répondu en tenir compte.

Même si nous ne sommes pas sûre en réalité que le mandat de traduction soit aussi utilisé que ce que déclarent les enseignants universitaires, la possibilité existe cependant que l’enseignement de la traduction universitaire ne s’oriente pas vers la traduction de type linguistique, mais bien plutôt vers la traduction communicative, laquelle tient compte de la fonction de la traduction professionnelle, qui est de répondre aux desiderata d’un client. Ce faisant, l’enseignement universitaire de la traduction se rapproche de son objectif qui est d’initier les étudiants à la traduction professionnelle128.

                                                                                                                         

128 Nous développerons ce sujet au chapitre 4 de la présente partie.