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La Charte québécoise des droits et libertés de la personne reconnaît que « tout être humain possède des droits et libertés intrinsèques destinés à assurer sa protection et son épanouissement » (Deschênes, 1989, p. 6). À cela, il faut ajouter que les personnes ont des droits fondamentaux inscrits dans les chartes québécoise et canadienne des droits et libertés de la personne (par exemple le droit à la protection de la vie, le droit à la sécurité et à l'intégrité). L'exercice des droits de la part des personnes itinérantes n'est pas toujours une chose facile, comme ont constaté Denoncourt et al. (2000). Les itinérants ont des besoins de base non comblés, tels le manque de revenu, le besoin d'un toit, de même que de l'information facilitant l'accès aux services de santé et de services sociaux. Le Barreau du Québec (2008), dans le mémoire présenté à la Commission des Affaires sociales, note qu' « il ressort des situations décrites devant cette Commission que la sécurité et l'intégrité des personnes en situation d'itinérance sont compromises de façon dramatique dans plusieurs cas » (p. 2). De plus, le Barreau souligne que les témoignages indiquent que les rapports aux services ne sont pas satisfaisants; l'aide reçue est fractionnaire et éventuelle.

Trépanier (2007) signale l'existence d'un manque de participation directe des itinérants pour faire valoir leurs droits. Cette participation est essentielle selon Paulo Freire, pédagogue brésilien, qui a écrit dans son œuvre La pédagogie des opprimés (1974), que personne ne libère personne, personne ne se libère seule, les personnes se libèrent ensemble. Dans ce sens, une étude laissant de la place aux itinérants hommes pour qu'ils puissent faire part de leur réalité, ainsi que leurs rapports avec les services de santé et les services sociaux crée de la place pour leur participation, même si cela demeure minimal, en se considérant la portée d'une étude qui conduit à un mémoire de maîtrise. En donnant aux

participants à l'étude le pouvoir d'agir à travers l'écoute de leur parole, le point de vue des ces hommes, souvent marginalisés et même privés de droits, a été valorisé. L'opportunité de s'exprimer et une meilleure compréhension du problème peut aider à faire apparaître des conditions pour le démarrage d'un processus de changement soit au plan individuel, soit au plan collectif.

Le service social assume le rôle de défenseur des droits des personnes marginalisées depuis longtemps. Cet engagement peut être remarqué dans de nombreuses définitions du service social et est aussi constaté par Lecomte (2000) qui, en analysant diverses conceptions du travail social, a conclu que dans les définitions que l'on retrouve, il faut considérer, entre autres, que la mission initiale est d'œuvrer en faveur des classes moins favorisées. Un autre point signalé, par l'auteur, est la préoccupation de comprendre la personne dans son environnement social.

On regarde la définition internationale du travail social adoptée par VInternational Federation of Social Worker en 2000 :

The social work profession promotes social change, problem solving in human relationships and the empowerment and liberation of people to enhance well-being. Utilising theories of human behaviour and social systems, social work intervenes at the points where people interact with their environments. Principles of human rights and social justice are fundamental to social work. (Hare, 2004:418)

Il apparaît dans cette définition que le travailleur social assume un soutien à ceux qui sont dans le besoin et intervient en visant une prise ou reprise du pouvoir d'agir des personnes concernées. La question d'allier la théorie à la pratique est aussi présente, ainsi que les principes des droits humains et de justice sociale. Dans le même sens, font partie des attributions des travailleurs sociaux au Québec, dans l'exercice de leurs activités professionnelles, la promotion de la justice sociale et de l'équité, ainsi que le respect des droits, tout en favorisant le pouvoir d'agir des individus et des groupes. (OTSTCFQ, 2012). De plus, le système de santé et de services sociaux du Québec a le défi d'offrir des services à la population itinérante, celle-ci ayant une grande diversité de besoins auxquels le milieu institutionnel ne répond qu'en partie seulement (Denoncourt et al., 2000). La recherche se

justifie socialement pour traiter d'une problématique touchant une population démunie. Elle permet de comprendre un peu plus la problématique d'accessibilité aux soins de santé et de services sociaux de la part des hommes itinérants.

Donc, cette étude est située dans la lignée de la défense des droits des personnes démunies dans la mesure où elle vise, par une meilleure compréhension et la création des connaissances, à propos de l'itinérance des hommes et de leurs rapports au système de santé et de services sociaux, de générer de l'information qui contribue à ce que les itinérants puissent devenir des citoyens à part entière dans la société tout en jouissant pleinement de leurs droits.

La façon d'aborder et de conduire une recherche, ainsi que l'analyse de ses résultats sont influencées par l'adhésion à un paradigme, à une théorie explicative, de même qu'à l'acceptation ou le refus des certains postulats; cela impose une réflexion pour faire des choix éclairés. Ce chapitre expose l'orientation épistémologique qui guide l'étude suivi des principaux concepts, dont la compréhension est nécessaire pour l'étude. Ainsi, sont considérées : l'identité de genre, la masculinité et la tension de rôle de genre. Finalement, le chapitre s'achève par le rappel de la question de recherche ainsi que par l'exposé de la stratégie adoptée pour y répondre.