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Des personnages en marge, empreints d'un esprit romantique et moderne

I Portraits de pirates en marge

3) Des personnages en marge, empreints d'un esprit romantique et moderne

Dans The Pirate, Basile Mertoun/Vaughan est une belle illustration de ce nouveau genre de personnage. Banni, misanthrope, taciturne, il rassemble les traits chers au mouvement romantique.

a) Un pirate sublime et ambivalent atteint du mal du siècle

Comme remarqué précédemment, les pirates de notre corpus fascinent et ont de l'ascendant. Cette caractéristique est due à une qualité chère au romantisme, le sublime. On la retrouve dans le portrait de Conrad120 mais aussi dans celui d'Argow121. Les portraits révèlent aussi une certain ambivalence chez ces pirates romanesques. En effet, on assiste à une association des contraires et à une alliance du bien et du mal. On peut ainsi citer la

120 The Corsair, op. cit., chant I, VIII, v. 181–183, « What is that spell, that thus his lawless train / Confess and envy – yet oppose in vain ? / What should it be, that thus their faith can bind ? « Quelle est donc cette puissance magique que reconnaissent et envient ces hommes sans frein, puissance à laquelle ils n'osent résister, et qui peut ainsi enchaîner leur confiance ? » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 12.)

121 Annette et le criminel, op. cit., chap. XXIII, tome troisième, p. 620 : « Cette figure avait contracté un tel caractère de sublimité et de grandeur, il régnait une telle sérénité d'âme sur ce front, où jadis brilla tant d'énergie, qu'il y eut généralement une tendance à l'admiration. »

proposition antithétique « Demons in act but Gods at least in face122 » mais également « Sun-burnt his cheek – his forehead high and pale123 » qui viennent appuyer l'ambivalence de Conrad. On retrouve bien la conception hugolienne de l'être mi-ange, mi- démon.

Chaque pirate est torturé intérieurement. Les marins mènent une vie dure et périlleuse sur la mer. Ils sont donc confrontés à subir physiquement de nombreuses épreuves. Toutefois, les écrivains préfèrent s'intéresser aux maux enfouis. Le moi prend alors une place non négligeable car on s'attache davantage à détailler la psychologie du personnage. Peut-on parler de mal de vivre romantique ? Fondamentalement, le forban est un individu qui ne sent pas à l'aise dans la société où il n'est pas à sa place. C'est la raison pour laquelle il choisit de prendre la mer et de transgresser les lois de la société humaine. Bien avant Musset, Baudelaire ou d'autres écrivains romantiques, Lord Byron et Walter Scott ont réfléchi à ce sentiment de « mal de vivre » que portent en eux certains individus. Ce trouble rejoint la crise héroïque apparue au début du XIXe siècle. Les écrivains cherchent à repenser le héros et son psychisme. Ils vont choisir de transgresser les règles de la littérature classique.

Le mal être du pirate peut s'expliquer par les torts qu'il a causés durant sa vie criminelle. Le capitaine Cleveland souligne à plusieurs reprises le remords qu'il éprouve d'avoir failli tuer Mordaunt124. Après cette tentative de fratricide, Cleveland se promène dans un palais en ruines et s'abandonne à des souffrances intérieures :

But if his exterior was so far improved, it seemed to be otherwise with this health and spirits. He was pale, and had lost both the fire of his eye and the vivacity of his step, 122 Ibid., chant I, IX, v. 196, « démons par leurs actes, mais dieux par leur visage » (traduction proposée par

l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 14.)

123 Ibid., chant I, IX, v. 205, « le soleil a bruni ses joues, son front haut et pâle » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 14.)

and his whole appearance indicated melancholy of mind, or suffering of body, or a combination of both evils125.

Conrad est souvent montré en proie à des déchirements intérieurs. Dès le premier chant, l'auteur insiste sur le caractère cérébral des maux de Conrad :

Within – within – 'twas there the spirit wrought126 !

Après son emprisonnement, seul dans sa geôle, le remords l'accable :

There is a war, a chaos of the mind,

When all its elements convuls'd – combined - Lie dark and jarring with pertubed force, And gnashing with impenitent Remorse ; That juggling fiend – who never spake before - But cries, « I warn'd thee ! » when the deed is o'er127.

Il se sentira coupable du meurtre de Seyd qu'a commis Gulnare car il sait que cet acte lui a été dicté par amour. Il ne pourra donc pas savourer les joies du retour : il est torturé par de nombreuses pensées comme la perte de ses compagnons et le souvenir de sa bien-aimée, et son état s'aggrave lorsqu'il voit Gulnare derrière-lui, personnification de l'horrible crime de Seyd128.

Les regrets qui harassent les pirates les amènent à rechercher la rédemption. Alors qu'ils sont physiquement en danger, qu'ils sont blessés et voués à une mort prochaine, les écrivains insistent plus sur leurs douleurs psychologiques que physiques. Ainsi, les tortures

125 Ibid., chap. XI, seconde partie, p. 436, « Si le costume de Cleveland avait gagné, on ne pouvait pas en dire autant de son humeur et de sa santé. Il était pâle, ses yeux avaient perdu leur éclat, sa démarche son élasticité, et on lisait sur sa physionomie la trace de souffrances physiques ou de grands chagrins. » (traduction de Cérisy, 1889, p. 425–426.)

126 The Corsair, op. cit., chant I, X, v. 230, « Intérieur, — tout intérieur était le travail de son esprit » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 16.)

127 Ibid., chant II, X, v. 933–938, « Il est une lutte, un chaos de l'âme où tous ces éléments réunis entrent en convulsion et se livrent une guerre aveugle, acharnée au milieu des grincements des remords impénitents. Le remords, démon imposteur qui jamais n'avertit, mais quand le mal est fait, crie : Je t'avais prévenu. » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 63–64.)

128 Ibid., chant III, XIII, v. 1625–1630, « As its far shadow frown'd above the mast, / He veil'd his face, and sorrowed as he past ; / His fleeting triumph and his failing hand ; / He thought on her afar, his lonely bride - / He turned and saw – Gulnare, the homicide ! » : « Quand il voit l'ombre du rocher se projeter au- dessus du mât, il cache son visage, il est triste, il pense à Gonsalve et à ses compagnons, à son court triomphe, à sa défaite ; il songe à elle si loin de lui, à elle, sa seule épouse ; - il se retourne et voit Gulnare, l'homicide ! » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 114.)

morales sont mises en avant pendant l'emprisonnement des pirates. Le capitaine Cleveland erre dans l'église de Saint-Magnus, sa prison, et est en proie à de sombres pensées :

Here walked Cleveland, musing over the events of a misspent life129

Avec l'emprisonnement de Conrad, Lord Byron livre une réflexion sur les tourments moraux humains. Quand l'homme est livré à lui-même, il ne peut que juger son passé et craindre pour son avenir. Mille pensées l'assaillent et le harassent sans qu'il puisse s'en défaire :

Even in that lonely hour when most it feels, And to itself all – all that self reveals, No single passion, and no ruling thought That leaves the rest as once unseen, unsought ; But the wild prospect when the soul reviews - All rushing through their thousand avenues130 -

Les prisons, les cellules ont été créés dans ce but : les criminels se retrouvent face à leur conscience.

Ce mal de vivre peut même conduire les pirates à avoir des pulsions de mort. La philosophie de Mertoun repose sur le fait qu'une fois mort, ni la souffrance, ni les regrets ne peuvent venir le hanter :

« should he die now, will he not escape misanthropy, and remorse, and age, and the consciousness of decaying powers, both of body and mind131 ? »

Cette haine de la vie est typique du héros romantique. Conrad sera aussi résigné à périr. Mais de quoi souffrent ces pirates ? Il n'est pas aisé de lire dans ces personnages

129 The Pirate, op. cit., chap. XVII, seconde partie, p. 523, « Cleveland se promenait là, repassant mélancoliquement en revue les différentes phases d'une vie fort mal employée » (traduction de Cérisy, 1889, p. 517.)

130 The Corsair, op. cit., chant II, X, v. 941–946, « dans ces heures de solitude, quand il sent, plus vivement, quand rendu à lui-même, l'homme se révèle tout entier, que nulle passion, nulle pensée ne vient comme autrefois aveugler sa conscience, d'un seul regard, il revoit la multitude des souvenirs qui l'assaillent et débordent par mille issues. » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 64.)

131 The Pirate, op. cit., chap. VII, première partie, p. 114, « s'il mourrait maintenant […] il échapperait à la misanthropie, au remords, à la vieillesse, au sentiment de sa décadence de corps et d'âme. » (traduction de Cérisy, 1889, p. 102.)

comme dans un livre ouvert. Les sentiments intérieurs sont si opaques que le lecteur et les personnages peinent à connaître l'individualité du capitaine. Un personnage comme Conrad ou comme Cleveland n'entretient que des relations tumultueuses avec ses semblables. Qui pourrait se targuer de connaître la raison de l'humeur sombre de Basile Mertoun ? Des bruits circulent mais aucune rumeur n'est fondée sur des faits concrets. Alors que son fils a disparu, le père semble indifférent. Swertha, sa servante, essaie de sonder ses pensées mais en vain :

She watched the looks of her master, the elder Mertoun ; but, wrapt in dark and stern uniformity of composure, his countenance, like the surface of a midnight lake, enabled no one to penetrate into what benealth. His studies, his solitary meals, his lonely walks, succeeded each other in unvaried rotation, and seemed undisturbed by the least thought about Mordaunt's absence132.

Conrad aussi est insondable. Alors que son équipage franchit le rocher escarpé dans l'espoir de trouver leur capitaine, le lecteur va effectuer sa première rencontre avec Conrad. Il s'attend à voir un chef haut-en-couleur. Il ne trouve qu'un étranger pensif :

Near yonder cave,

What lonely straggler looks along the wave ? In pensive posture leaning on the brand, No oft a resting-staff to that red hand ?

« 'Tis he -'tis Conrad – here – as wont - alone133 »

Le portrait de Conrad met en valeur l'opacité de ses sentiments, bien qu'on puisse discerner un secret sur ses traits sans en connaître la vraie nature :

Though smooth his voice, and calm his general mien, Still seems there something he would not have seen: His features' deepening lines and varying hue

132 Ibid., chap. IV, seconde partie, p. 356, « Elle cherchait à deviner si M. Mertoun partageait ses inquiétudes ; mais, toujours taciturne et sombre, comme la surface d'un lac à minuit, celui-ci se montrait impénétrable... Ses études, ses repas solitaires, ses promenades solitaires aussi se succédaient, dans le même ordre invariable, et sans qu'il parût le moins du monde inquiet de l'absence de Mordaunt. » (traduction de Cérisy, 1889, p. 344.)

133 The Corsair, op. cit., chant I, VI, v. 129 – 133, « Près de cette sombre grotte, quel est cet homme seul à l'écart dont les yeux interrogent la mer ? Il est pensif, appuyé sur son épée qui, dans sa main, ne lui sert pas souvent de bâton de repos. « C'est lui, — c'est Conrad, — seul comme toujours » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 10.)

At times attracted, yet perplexed the view, As if within that murkiness of mind Work'd feelings fearful, and yet undefined; Such might it be—that none could truly tell— Too close enquiry his stern glance would quell. There breathe but few whose aspect might defy The full encounter of his searching eye;—

He had the skill, when Cunning's gaze would seek To probe his heart and watch his changing cheek, At once the observer's purpose to espy,

And on himself roll back his scrutiny, Lest he to Conrad rather should betray

Some secret thought—than drag that chief's to day134.

Cet extrait dévoile l’abîme insondable du psychisme du héros. Lord Byron insiste sur sa complexité en employant des termes comme « murkiness » ou encore « undefined ». Les sentiments affreux mais indéfinissables de Conrad (« feelings fearful, and yet undefined ») montrent la difficulté à saisir son individualité ambivalente. On retrouve à nouveau le goût romantique pour le sublime dans cet attrait pour l'inexprimable. Le capitaine pirate devient un héros complexe.

b) Le pirate marginal contraint à la comédie sociale

« Le vice a été pour moi un vêtement, maintenant il me colle à la peau135 », explique Lorenzaccio à Philippe Strozzi dans la pièce de Musset publiée en 1834, une dizaine d'années après les œuvres du corpus. Cette assertion de Lorenzo peut être appliquée

134 Ibid., chant I, IX, v. 209 – 224, « Bien que sa voix soit douce, sa contenance calme, il semble pourtant qu'il se passe en lui quelque chose qu'il voudrait cacher. Les lignes profondes, les couleurs mobiles de son visage attiraient parfois l'attention, et déroutaient les conjectures, comme si la profonde obscurité de son âme couvrait des sentiments violents, indéfinissables. Il en était ainsi peut-être, — mais personne ne pouvait l'affirmer, — tant était prompt son terrible regard à déjouer toute investigation. Peu d'hommes pouvaient défier le choc de son œil pénétrant; quand des yeux habiles cherchaient à sonder son cœur, à pénétrer le mystère des mouvements changeant de ses traits, il avait l'art de deviner le projet de l'observateur, de le forcer à reporter son attention sur lui-même, dans la crainte de laisser entrevoir à Conrad quelque pensée cachée, au lieu de lui arracher le secret de son esprit. » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 14–15.)

aux figures étudiées. Ces hommes ont dû se vêtir du manteau du pirate dur, sévère et autoritaire alors qu'ils sont en réalité des hommes sensibles, et même parfois vertueux (dans une certaine mesure). Le capitaine Cleveland est un très bon exemple. Il feint sa marginalité au sein de son propre groupe et se comporte en vrai marin et en vrai hors-la-loi lorsqu'il prétend n'avoir aucune attache. Il prétexte avoir la coutume d'abandonner la femme au port et préférer l'appel du large :

« I never saw a woman worth thinking twice about after the anchor was a-peak-on shore it is another thing136 ; »

Son jeu est si vrai que Brenda croit que sous ce masque de marin galant, se cache un cœur perfide137. Cependant, elle se fourvoie : Minna va recueillir une confession de l'élu de son cœur et comprendra que Cleveland a porté un masque de fer (« iron mask138 ») pour survivre parmi ses camarades vauriens. Au début de sa carrière de pirate, le jeune homme se comportant parfois vertueusement, son équipage s'est mutiné et l'a abandonné sur une île. L'épisode de l'île a changé le marin à tout jamais. Il comprend alors la nécessité de porter un masque de fer : se montrer plus cruel garantit l'ascendant sur ses hommes. Le masque lui colle tant à la peau que ses anciens amis croient qu'il a passé un pacte avec des démons :

« My manner, speech, and conduct, seemed so totally changed, that those who formely knew me were disposed to ascribe the alteration to my intercourse with the demons who haunted the sands of Coffinkey ; nay, there were some superstitious enough to believe, that I had actually formed a league with them139. »

136 The Pirate, op. cit., chap. XII, première partie, p. 178, « Je n'ai jamais rencontré de femme qui valût d'y penser, une fois l'ancre levée » (traduction de Cérisy, 1889, p. 174–175.)

137 Ibid., chap. XX, première partie, p. 283, « who knew know to mask a false heart with a frank brow. » : « qui savait, sous un masque de franchise, cacher une âme basse et fausse... » (traduction de Cérisy, 1889, p. 286.)

138 Ibid., chap. II, première partie, p. 326.

139 Ibid., p. 336, « Mes manières, mes discours, ma conduite semblaient si totalement changés, que ceux qui m'avaient connu auparavant attribuèrent cette transformation au commerce que j'avais eu avec les démons de Goffen-Key; quelques-uns même, parmi les plus superstitieux, s'imaginèrent que j'avais fait un pacte avec eux; » (traduction de Cérisy, 1889, p. 324.)

Cleveland est même parfois victime de dédoublement. Il parle de deux personnalités :

« And yet it sometimes seems to me, that I have two different characters ; for I cannot bring myself to believe, that I, who now walk this lone beach with the lovely Minna Troil, and am permitted to speak to her of the passion which I have cherished, have ever been the daring leader of the bold band whose name was as terrible as a tornado140. »

Il est vrai qu'il paraît surprenant qu'un capitaine de bandits soit capable de tant de sensibilité et tant de romantisme pour une jeune femme. Conrad joue aussi la comédie dans le but de dissimuler son amour pour Medora. A la mort de celle-ci, il semble indifférent mais comme l'explique Lord Byron :

Full many a stoic eye and aspect stern

Mask hearts where grief hath little left to learn ; And many a withering thought lies hid – not lost - In smiles that least befit who wear them most141.

Conrad peut avoir un visage dur, il n'en ressent pas moins des émotions.

c) Des pirates proscrits et exilés

Afin de ne pas révéler leurs pensées, ces forbans choisissent de s'exiler. Ils sont soit des proscrits volontaires car misanthropes, soit des proscrits involontaires car mis à l'écart. Cet exil, souvenir de la faute de leur ancêtre Caïn, les confronte à eux-mêmes. Basile Mertoun incarne la misanthropie si chère au mouvement romantique. Il recherche la marginalité voulue par l'écrivain anglais et d'esprit romantique William Wordsworth :

Not seldom from the uproar I retired

140 Ibid., p. 331, « Il me semble parfois qu'il y a deux êtres en moi ; je ne puis croire que l'homme qui foule cette plage solitaire aux côtés de l'adorable Minna Troil et se permet de l'entretenir de la passion qu'elle lui inspire soit le chef audacieux de cette bande de hardis aventuriers, l'homme dont le nom est aussi redouté qu'une tourmente. » (traduction de Cérisy, 1889, p. 316.)

141 The Corsair, op. cit., chant III, XXI, v. 1803–1806, « Un œil stoïque, un visage sévère servent parfois de masque à un cœur auquel la douleur n'a plus guère à apprendre, et plus d'une pensée désespérante se cache sans se perdre dans un de ces sourires qui conviennent le moins à ceux qui les affectent le plus. » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 125.)

Into a silent bay, or sportively

Glanced sideway, leaving the tumultuous throng, To cut across the reflex of a star

That fled, and, flying still before me, gleamed Upon the glassy plain142.

Quand son fils sauve Cleveland de la noyade, Basile fournit son aide mais refuse de loger l'étranger car il déclare n'être pas venu dans ce coin reculé de l'île pour vivre avec autrui143.

Basile a en effet demandé la permission d'occuper, en tant que locataire de Magnus, la demeure abandonnée d'Jarlshof, à l’extrémité du territoire de Dunrossness et situé en contrebas du promontoire de Sumburgh-Head144. Magnus le met en garde contre le caractère solitaire de ce lieu mais la solitude sied bien à cet homme. Son fils, Clément Vaughan ou Cleveland désire lui aussi la solitude, notamment lorsqu'il est en proie à des pensées sombres. Il perd patience tandis que Bunce le regarde :

« Why can I not be left alone for half an hour, and what the devil is it you want145 ? »

Cleveland confiera plus tard son vœu de ne pas se mêler à la populace et de préférer une promenade sur une des hauteurs de la ville :

It was no part of Cleveland's purpose to mingle in the busy scene which was here going on ; and, turning their route to the left, they soon ascended into undisturbed solitude146

142 William WORDSWORTH, Le Prélude, I, v. 447 – 452, traduction de Denis Bonnecase, Paris, Éditions du Sandre, 2013 (publié pour la première fois en 1805 et revu en 1850) : « je me retirais de ce vacarme /