• Aucun résultat trouvé

II La coloration des œuvres

1) Des œuvres entre modernité et classicisme

Afin de mieux comprendre les raisons de la marginalité du pirate, les différents enjeux ainsi que le traitement réservé à l'aventure dans les œuvres du corpus, il semble important de rappeler les caractéristiques de chaque écrivain et d'analyser la place de l'aventure au sein des œuvres. Suivons l'exemple de Gustave Lanson, le père de l'histoire littéraire, et rendons compte de l'art et de la vie de l'auteur, dans l'espoir d'apporter de nouveaux éclairages à l'analyse des œuvres.

a) Walter Scott : le conteur moderne de récits anciens

a.1. La genèse de The Pirate

Le roman intitulé The Pirate fut publié le 21 décembre 1821 à Édimbourg chez Archibald Constable and Co., et le 24 décembre 1821 à Londres chez l'éditeur Hurst, Robinson and Co. Il reste loin du projet initial désiré par l'éditeur Constable. Dans une lettre du 25 décembre 1820, ce dernier propose le titre The Bucanier pour la prochaine production littéraire de l'écrivain écossais. Il lui suggère même d'entreprendre le récit des trois régicides, John Dixwell, Edward Whalley et William Goffe, qui se sont réfugiés aux Amériques après la Restauration. Walter Scott accepte de donner le rôle de premier plan à un hors-la-loi mais refuse de raconter ce pan de l'histoire britannique. Il a le souvenir de

son séjour aux Orcades en août 1814. Dans ces îles sauvages, il a entendu parler de l'histoire du « Orkney Pirate » (ou John Gow). Il a aussi pris des notes à propos des paysages traversés et des mœurs et coutumes de ces insulaires. Mais son ignorance de la région et des événements finalement peu connus ralentissent son écriture. Heureusement, un invité de la maison, un certain William Erskine, ancien ami d'école devenu shérif des Shetland, a pu l'aider à compléter ses recherches et ses souvenirs grâce à ses propres connaissances de la région et de son folklore. Pour obtenir plus d'informations sur le pirate Gow et sur la piraterie, Scott aurait lu A General History of the Robberies and Murders of

the Most Notorious Pirates et The anonymous History and Lives of the Most Notorious Pirates and their Crews du capitaine Charles Johnson (dont la critique soupçonne

fortement que la véritable identité soit Daniel Defoe). Les comptes rendus de l'historien Malcom Laing, dont le grand-père aurait permis la capture de Gow, ainsi que ceux d'Alexander Peterkin ne semblent pas avoir influencé grandement l'écriture du roman. Walter Scott a d'ailleurs choisi de remplacer Gow par un pirate fictif dénommé Cleveland. La représentation de la vie en mer dans The Pirate s'inspire en particulier des aventures de

Peregrine Pickle de Smollett. L'intention initiale de l'éditeur, à savoir de raconter une

partie de l'histoire britannique, montre une volonté d'inscrire le nouveau récit de Scott dans le sillage du roman historique. En déplaçant son histoire dans les îles Shetland, l'écrivain s'est inspiré d'un événement historique mais l'a fortement modifié.

a.2. The Pirate : un roman historique

nécessaire de rappeler les composantes du roman historique. Selon Claudie Bernard, le roman historique a pour fonction la représentation, sous-entendue fictionnelle, du passé effectif25. Le théoricien Lukács souligne le lien étroit entre l'histoire et le romanesque. Il explique que le roman historique, en puisant dans le passé, permet de comprendre le présent. En d'autres termes, lorsqu'il n'est pas simple divertissement, ce genre pourrait prétendre suppléer les livres d'histoire. Racine déclare dans sa préface de Bajazet que « le respect que l'on a pour les héros augmente à mesure qu'ils s'éloignent de nous. » En conséquence, pour entreprendre un roman historique, il faut prendre une certaine distance avec l'époque racontée, ne serait-ce que pour qu'elle puisse éclairer le présent. Il faut également penser à l'authenticité de la couleur locale : le pittoresque des paysages ou encore la psychologie historique des personnages.

Avec The Pirate, Walter Scott reste dans le sillage du roman historique. Sans surprise, on retrouve sa patte : le goût pour le folklore et les paysages pittoresques notamment. Le récit alterne naufrage, tempête, chants des bardes, danses ou encore chasse à la baleine. Une fois encore, l'auteur a une idée précise de ce que signifie pour lui l'authenticité historique. Il cherche à ressusciter l'esprit d'une époque grâce aux développements extérieurs (les dialogues et les comportements) mais aussi intérieurs de ses personnages et aux descriptions pittoresques des différents lieux de l'intrigue. Les interventions de personnages comme Claude Halcro, Norna, Swertha ou encore Bryce Snailfoot servent à renforcer la dimension historique du roman.

Comme l'indique Jean-Yves Tadié26, Walter Scott a pris l'habitude d'opposer un

25 Claudie BERNARD, Le Passé recomposé. Le roman historique français du XIXe siècle, Paris, Hachette Supérieur, 1996, p. 17.

26 Jean-Yves TADIE, « De grands Européens (¼) : Walter Scott : Rouvrir la porte des fées », La Compagnie

groupe dominé à un groupe dominant. Dans ce roman, les Shetlands sont les dominés et les Écossais les dominants, à moins, mais c'est peu probable, que les dominés soient les pirates et les dominants la société tout entière. L'écrivain écossais aurait choisi pour arrière-plan la Révolution Glorieuse dans le but de montrer les tensions entre les insulaires shetlandais et les envahisseurs écossais. Il décide de déplacer les événements plus loin dans le passé afin de représenter au mieux l'effondrement de l'ancien monde, incarné par les croyances anciennes, le folklore et Norna, et l’avènement du nouveau, incarné par le protestantisme, et par Yellowley et sa soeur, symboles de l'invasion écossaise. Toutefois, il ne faudrait pas voir Walter Scott comme un nostalgique ou un partisan des modèles, anciens ou présents. Dans The Pirate, il ne semble prendre aucun parti et montre simplement le basculement d'un ordre ancien à un ordre nouveau.

Pour construire son roman, Walter Scott se documente énormément. En 1814, il fait partie d'une expédition dans les Orcades. Il a espoir de trouver de l'inspiration pour son poème, Lord of the Isles, sur lequel il travaille. Ses romans sont toutefois mieux reçus et plus vendus : il entrevoit alors la possibilité de prendre pour décor les îles Shetland pour un futur roman. Lorsqu'il entame enfin la rédaction de The Pirate, il reprend le carnet de notes de son voyage et se documente abondamment. Il a d'ailleurs laissé une série de notes à l'intention de son public à la fin de chaque partie de son œuvre afin de témoigner de ses études sur le folklore et la topographie des îles Shetland27. Ses recherches dépassent le simple cadre historique, géographique et culturel. Pour preuve, une étude de pathologie nerveuse cite l'un des personnages de The Pirate, le nain Nick Strumpfer, et explique que

27 On y apprend par exemple que la scène de la bonne aventure chez les Troil remonte à une coutume très ancienne de ces îles, que la danse des épées faisait partie intégrante du folklore shetlandais, que Scott s'est servi de différents commentateurs comme M. Barry ou le docteur Wallance pour les descriptions des paysages. Voir les notes de l'édition de référence.

l'écrivain écossais s'est intéressé à un cas de pathologie infantile appelée l'athétose double28.

Walter Scott surprend le lectorat et bouleverse son horizon d'attente avec ses romans. Il ne met pas scène des héros glorieux mais se penche plutôt sur la vie populaire, ce qui fait la modernité de son œuvre. Les événements et personnages historiques ne sont plus au premier plan : la priorité est désormais de ressusciter poétiquement l'âme d'une époque donnée, et l'esprit des masses qui ont vécu lors de ces événements passés. C'est pour cette raison que Scott le romancier insiste sur des personnages figurants comme le poète exalté Claude Halcro ou l'agriculteur écossais Triptolème Yellowley, et des personnages du peuple comme Swertha, la servante de Mertoun ou encore Bryce Snailfoot, le colporteur. Cet ensemble de personnages renforce l'atmosphère folklorique du roman mais également l'authenticité historique et l'esprit de ce temps passé. De plus, Walter Scott se démarque de ses prédécesseurs en mettant en avant l'analyse psychologique et comportementale des individus peuplant ses romans. L'écrivain et poète Heinrich Heine résume cette modernité en ces termes :

Les romans de Walter Scott reproduisent parfois l'esprit de l'histoire anglaise bien plus fidèlement que Hume29.

Walter Scott ne prétend pas être un antiquaire ou un historien cherchant la parfaite fidélité historique. Il a conscience de l'anachronisme nécessaire de l'art comme Goethe :

Toute poésie, en fait, se meut d'anachronismes30.

L'écrivain écossais préfère se concentrer sur la vérité psychologique de ses personnages et

28 Jean AUDRY, L'athétose double et les chorées chroniques de l'enfance : étude de pathologie nerveuse, Paris, Librairie J.-B. Baillière et fils, 1892, p. 130 : « Le plus souvent l'athétose est très marquée et entraîne des grimaces grotesques et violentes. […] Au dire de J. Ross, c'est probablement d'après nature, et guidé par un des cas, que Walter Scott aurait décrit, dans le Pirate, les traits du nain Nick Strumpfer. » 29 Heinrich HEINE cité par Georges LUKACS, Le Roman historique [1ère édition 1937], traduit par Robert

Sailley, Paris, Payot et rivages, 2000, p. 40. 30 Ibid., p. 41.

sur les descriptions de paysages, témoins d'événements historiques. De plus, l'auteur sait pertinemment l'impossibilité d'être fidèle car le comportement de ses personnages et leur langue sont nécessairement modernes dans l'espoir d'intéresser le lecteur31.

The Pirate demeure une œuvre fidèle à l'esprit scottien : elle ressuscite l'esprit d'une

époque, fait parler le peuple, multiplie les jeux d'opposition, et est témoin de l'amour de l'écrivain pour l'histoire et pour les croyances populaires.

b) Lord Byron : le poète sulfureux et marginal

b.1. The Corsair : Conrad, reflet mythique de son auteur ?

Dans l'espoir de comprendre comment le mythe byronien s'est forgé, il faut s'intéresser à la vie de George Gordon Byron. L'Angleterre refusant ses débordements amoureux, Lord Byron est forcé de quitter son pays natal en 1816. Il laisse de lui l'image d'un poète incompris et d'un homme proscrit. En juillet 1823, l'écrivain quitte l'Italie et rejoint les insurgés grecs qui combattent pour l'indépendance de leur pays contre la domination ottomane. Le 19 avril 1824, il meurt au siège de Missolonghi, en Grèce. Menant une vie de dandy transgressive et sulfureuse, il a fasciné bon nombre de ses contemporains et surtout la génération romantique suivante. Il est perçu comme un véritable aventurier et un combattant de la liberté. Victor Hugo contribue au sacre de cet auteur légendaire en déclamant :

31 Walter SCOTT, Ivanhoe, Préface, Édimbourg, Constable, 1819 : « Il est nécessaire pour susciter un intérêt quelconque que le sujet choisi soit en quelque sorte traduit dans les manières et la langue de l'époque où nous vivons … Il est vrai que cette licence a ses propres limites ; l'auteur ne doit rien introduire d'incompatible avec les manières de l'époque. » (traduction de Robert Sailley)

Il avait apporté son épée et sa lyre aux descendants des premiers guerriers et des premiers poètes32.

Le mythe byronien est né. En même temps que celui du héros byronien : un individu romantique, mélancolique, désabusé, révolté et rejeté par la société. Le héros byronien est ainsi à l'image de son auteur, à tel point que Walter Scott déclarera dans la période de sa disgrâce sociale que Byron est devenu son personnage (« Childe Harolded himself33 »). Par conséquent, la mise en parallèle de Conrad, le héros fictif de The Pirate, et de son auteur ne semble pas hors de propos : tous deux révoltés contre la domination ottomane, rejetés par la société, menant une vie transgressive, ils partagent les mêmes vertus et les mêmes travers.

b.2. Autres inspirations pour Conrad

Dans Life, Writings, Opinions, and Times of the R. H. George Gordon Noel Byron (1825), Lord Byron rapporte qu'en quittant Constantinople, atteignant l'île de Zea en juillet 1810, il aurait « déambulé » [« strolled about »] sur ce bout de terre en compagnie d'un gentilhomme vénitien et boucanier dont l'histoire et les aventures l'auraient inspiré pour son Conrad. Toutefois, sa correspondance de 1810 à 1811 ne mentionne ni un voyage dans les îles grecques, ni ce mystérieux boucanier.

Henri de Régnier s'exprime sur un ami et un compagnon de Byron, un certain Edward John Trelawny. Il raconte sa vie passée de corsaire, son amour pour une insulaire décédée trop tôt et son long chagrin à la suite de cette tragédie. Il ne fait aucun doute que

32 José-Luis DIAZ, L'écrivain imaginaire, Scénographies auctoriales à l'époque romantique, Paris, Honoré Champion, 2007, p. 411.

33 The Norton Anthology of English Literature, Norton Topics Online. The Romantic Period. 2010 – 2018. Consulté en juin 2018 <http://www.wwnorton.com/college/english/nael/romantic/topic_5/welcome.htm>

cet homme ait inspiré le corsaire de Byron :

Même écrites, pourtant, ces histoires ont un mouvement et une couleur. Trelawnay est éloquent. Il est déclamateur et ironique. C'est un romantique34.

Dans la préface des écrits de Trelawney, le traducteur déclare :

Le barde anglais [Byron], pendant son séjour en Grèce, passait une grande partie de son temps avec cet homme singulier ; il en avait fait son compagnon, son ami. Ses sublimes inspirations ne pouvaient choisir une plus belle statue, de proportions plus nobles pour se personnifier. Le Corsaire, le Giaour, ces deux géants de la poésie moderne, ne sont que Trelawney lui-même, le héros et l'auteur de ces Mémoires35.

Certains critiques émettent l'hypothèse que Conrad se serait inspiré de la vie du flibustier français, Jean Lafitte. Les deux hommes sont contemporains : Lafitte est né en 1782 et Byron en 1788. Si on essaie de comprendre les raisons de cette hypothèse, on découvre à son origine un roman romantique de 1836, Lafitte : The Pirate of the Gulf, écrit par l'auteur américain Joseph Ingraham. Ce dernier a inséré des vers du Corsair de Byron dans l'histoire romancée de Laffitte. Son public puis la critique ont alors pensé que Lord Byron se serait inspiré de la vie du gentleman pirate français. William C. Davis, dans sa biographie de Lafitte, déclare qu'il n'y a aucune influence du flibustier sur l’œuvre de Lord Byron. En effet, la fameuse bataille de la Nouvelle-Orléans qui a porté au rang de légende Lafitte a eu lieu après la composition du Corsair.

b.3. Genèse et limites du romantisme de Byron

The Corsair est publié en 1814 par l'éditeur John Murray, à Londres. L'orientalisme

byronien, même s'il n'occupe pas le premier plan, se manifeste dans ces chants poétiques à travers le philhellénisme de son auteur. Les aventures de Conrad intégreront le champ

34 Henri de REGNIER, Figures et caractères, Paris, Société du Mercure de France, 1901, p. 211.

35 Edward John TRELAWNY, Mémoires d'un cadet de famille, Tome premier, traduit par Floran, Paris, Librairie de Dumont, 1833, p. 12-13.

romantique et renforceront le mythe romantique du héros byronien. Toutefois, il convient de souligner que Lord Byron ne pratiquait qu'un romantisme d'apparat. En effet, Le

Pèlerinage de Childe Harold (Childe Harold's Pilgrimage), première oeuvre mettant en

scène le héros byronien, devait être dans un premier temps un poème burlesque comme

Don Juan. Lord Byron n'appréciait pas la poésie préromantique et préférait écrire de la

poésie parodique. R. C. Dallas, un parent de Byron par alliance, ainsi que l'éditeur John Murray le poussèrent néanmoins à écrire de la poésie romantique et sentimentale. Ils savaient que la poésie satirique n'aurait pas le même succès commercial que la poésie lyrique. Le poète, désirant le succès commercial autant que critique, accepta d'intégrer ses poèmes dans le sillage romantique en disséminant les ingrédients coutumiers nécessaires dans le but de satisfaire le public. Lord Byron, le 3 mars 1814, déclare n'être pas satisfait de la qualité artistique de ces oeuvres réalisées sous l'influence de la mode littéraire :

Je commence à trouver depuis quelques temps que mes oeuvres ont été étrangement surfaites... Je peux bien te dire une chose que je ne dirais à personne : les deux dernières ont été écrites, la Bride en quatre jours et le Corsair en dix. C'est une confession que je considère comme fort humiliante, car elle démontre mon manque de jugement et celui du public, moi en publiant et lui en disant des choses qui n'ont pas l'étoffe nécessaire pour mériter une admiration durable36.

Selon Robert Escarpit, Lord Byron aurait encouragé le mythe du héros byronien et aurait forgé sa propre légende dans le but de mieux mystifier le public et de s'en faire connaître, mais aussi dans l'espoir de fustiger cette société qui avait refusé ses travers. Cependant, il convient de nuancer les propos du critique Escarpit. Il est probable que Byron jouait le jeu du héros romantique mais sa comédie avait peut-être ses limites. Il est fort possible que le poète sulfureux détenait en lui quelques idéaux romantiques.

c) Le jeune Honoré de Balzac : un écrivain hésitant

c.1. Genèse du Vicaire des Ardennes

En 1822, Balzac avait l'intention de rédiger le roman avec sa sœur Laure et l'ingénieur Surville. Cette collaboration n'a rien d'étonnant car sa sœur avait les mêmes ambitions littéraires à cette époque. Toutefois, l’œuvre ne sera que le fruit de la plume de Honoré.

Les inspirations sont nombreuses mais certaines sont plus manifestes que d'autres. Par exemple, tout lecteur aura reconnu dans l'enfance de Joseph et de Mélanie sur leur île paradisiaque l'enfance des deux enfants dans Paul et Virginie de Bernadin de Saint-Pierre. On sent également l'influence rousseauiste à travers les thèmes abordés, notamment à propos des questions familiales et de la nature humaine.

Ce roman abonde en allusions autobiographiques. Dans quelques scènes, Joseph ressemble à son auteur :

ses cheveux noirs, coupés par devant et tombant en grosses boucles sur ses épaules, donnaient à sa figure un air inspiré, qu'augmentait encore la vivacité d'un œil noir, pénétrant et rempli d'une sombre énergie37.

Balzac se regarde dans un miroir. De plus, Joseph n'a jamais connu sa mère, Madame de Rosann. Il lui reproche cet abandon :

Comment une mère a-t-elle pu abandonner son fils aîné ? Comment a-t-elle pu le reléguer dans un village loin d'elle et le confier aux soins d'une étrangère38 ?

A travers la voix de Joseph, le jeune écrivain paraît s'adresser à sa propre mère qui l'a laissé chez une nourrice avec sa sœur pendant un certain nombre d'années.

37 Le Vicaire des Ardennes, op. cit., chap. I, tome premier, p. 163. 38 Ibid., chap. VIII, tome deuxième, p. 215.

c.2. Genèse d'Annette et le criminel

Assigner une date de composition à ce roman n'est pas aisé. On sait que le manuscrit du roman est cédé le 16 décembre 1823 à l'éditeur Buissot39. Mais l'idée de raconter les aventures d'un criminel remonte bien avant 1823 car une note à la fin du

Vicaire des Ardennes indique l'envie de l'auteur de donner une suite à son livre :

Au moment où je termine cette relation, des amis m'ont procuré des documents qui me permettront de donner une suite à cette histoire. […] je livrerai au public la suite du

Vicaire. Elle paraîtra au commencement de décembre prochain ; et ce nouveau roman

aura pour titre : Le Criminel, 3 vol. in – 1240

Le jeune écrivain a emprunté à différents auteurs, comme de coutume. Pour la peinture de la famille d'Annette et la description du château de Durantal, il a probablement été inspiré par la famille des Morvkays de Saint-Ronan et du château dans les Eaux de