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II Le pirate en marge des autres personnages

2) Le forban face à ses adversaires et son équipage :

Précédemment a été évoqué le comportement chevaleresque et romanesque du pirate, bien loin d'une vision réaliste et historique. Le forban, systématiquement capitaine,

214 The Pirate, op. cit., chap. XX, seconde partie, p. 559, « Le pirate avait armé son pistolet. -"- Mordaunt, cria-t-il, je n'ai jamais manqué mon coup; puis il tira en l'air et d'un même geste, lança son arme dans la mer ; arrachant son sabre hors du fourreau, le brandissant au-dessus de sa tête, il le lança de toutes ses forces dans la même direction. Telle était pourtant la réputation de force et de courage du pirate que Mordaunt prit encore certaines précautions, pour l'approcher, et lui demanda s'il se rendait. — Je ne me rendrai jamais à personne, répondit-il fièrement; mais vous voyez que je suis désarmé. » (traduction de Cérisy, 1889, p. 557.)

se détache également de son équipage et de ses rivaux : que ce soit Goffe et l'équipage dans The Pirate, Seyd dans The Corsair ou même l'ancien équipage d'Argow dans Annette

et le criminel (même si le personnage ressemble à ses pairs dans le Vicaire des Ardennes).

a) Le pirate Conrad contre le pacha Seyd

Dans The Corsair, le personnage du pacha Seyd incarne la domination ottomane en Grèce contre laquelle Lord Byron a combattu la majeure partie de sa vie d'adulte. Et la plume du poète ne l'épargne pas : il fait bien figure d'antagoniste car opposé face à Conrad, dont il fait ressortir les qualités. Au second chant, on invite le lecteur dans la baie de Coron où on peut discerner de brillantes lueurs s'échapper du palais du pacha. Seyd donne une fête, sûr de son prochain triomphe contre l'île du pirate Conrad. Est alors mise en lumière l'attitude du gouverneur et de ses soldats :

And great the gathering crews – and loud the boast - Already shared the captives and the prize,

Through far the distant foe they thus despise. 'Tis but to sail – no doubt to-morrow's Sun Will see the Pirates bound – their haven won215 !

Ils ne manquent pas d'assurance et sont bien orgueilleux. Ils n'éprouvent pas le moindre doute quant aux chances de victoire face au repaire des pirates. A partir du vers 633, Seyd est présenté comme un homme vivant dans l'opulence, ce qui est manifeste par sa posture (il est allongé sur un divan), la présence de danseuses égyptiennes, les almées (au vers 640), ou encore l'existence d'esclaves grecs. Lord Byron n'insiste pas sur la débauche que

215 The Corsair, op. cit., chant II, I, v. 613–618, « Déjà, quoique l'ennemi qu'ils affectent de mépriser soit loin encore, ils partagent les captifs et le butin ; ils n'ont qu'à faire voile, et nul doute que le soleil de demain ne voie les corsaires enchaînés et leur repaire dévasté ! » (traduction proposé par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 44.)

pourrait entraîner pareille fête. Toutefois, il ne manque pas de révéler que le pacha a manqué à son devoir en buvant à longs traits des breuvages proscrits : sans doute de l'alcool216. Aussi peut-on se figurer l'état du gouverneur musulman. Plusieurs éditions françaises choisissent de mettre en avant la débauche des convives : « les amis de la débauche217 » pour traduire le nom « revellers » (fêtards) ou encore « le convive peut bien avec sécurité / sommeiller enivré de délice et de joie218 », ou de souligner les richesses et le faste du pacha : « dans sa pompeuse chambre219 ». L'ascèse prétendue de Conrad travesti en derviche se justifie dans une certaine mesure : au premier chant, il se détourne des jouissances proposées par Medora. Ce contraste entre la sobriété de Conrad et les excès des Ottomans souligne la vertu du pirate. Cependant, alors que le pacha aurait pu simplement ordonner que Conrad, sous les traits du derviche, lui réponde sans lui proposer de participer à la fête, il l'invite à manger, à jouir des plaisirs de la réception et à se reposer avant de révéler ce qu'il sait au sujet du repaire des pirates :

« and food the slaves shall bring ;

Thou shalt not pine where all are banqueting : The supper done – prepare thee to reply220, »

Conrad refuse donc de jouir des plaisirs de la table avec les convives musulmans et abasourdit son hôte :

« Why dost thou shun the salt ? That sacred pledge, Which, once partaken, blunts the sabre's edge, Makes even contending tribes in peace unite, And hated hosts seem brethren to the sight221 ! » 216 Ibid., chant II, II, v. 636.

217 Lord Byron, The Corsair, traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, p. 46. 218 Lord Byron, The Corsair, traduction d'Amable Regnault, p. 26.

219 Ibid.

220 The Corsair, op. cit., chant II, III, v. 706–708, « les esclaves t'apporteront des aliments, tu ne jeûneras pas quand tous ici nous nous livrons aux joies du festin ; ton souper achevé, prépare-toi à me répondre » (traduction proposé par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 49–50.)

221 Ibid., chant II, III, v. 724 – 727, « Pourquoi repousses-tu le sel, ce gage sacré, qui, une fois partagé, émousse le cimeterre, réunit en paix les tribus hostiles et nous fait traiter en frère l'ennemi abhorré qui a été notre hôte ? » (traduction proposé par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 50-51.)

Ce discours du pacha n'est pas anodin et s'avère même être de la plus haute importance. Dans nombre de cultures, le sel est le symbole de l'hospitalité, voire de la fraternité et de la paix. Cette demande d'un musulman à un Grec, même si ce premier ne sait pas qui est réellement son hôte, peut être significative tout comme le refus du forban grec. Accepter de partager le sel avec l'oppresseur turc, ce serait accepter sa domination. Conrad s'y refuse tout comme Lord Byron, ferveur défenseur des opprimés grecs, s'y serait refusé. Seyd n'est pas de taille face à Conrad : on rappelle sans cesse qu'il lui est inférieur. Aux vers 781 à 784, le pacha recule devant l'impressionnant pirate :

Even Seyd, convuls'd, o'erwhelm'd with rage, surprize, Retreats before him, trhough he still defies.

No craven he – and yet he dreads the blow, So much Confusion magnifies his foe !222

Même si Lord Byron le dépeint comme un homme sans couardise, il agit lâchement. Néanmoins, il reprendra ses esprits et chassera ses premières peurs pour revenir combattre le corsaire :

And blushes o'er his error as he eyes The ruin wought by panic and surprize. Alla il Alla ! Vengeance swells the cry -

Shame mounts to rage that must atone or die223 !

Mais ce revirement se réalise parce que le pacha prend conscience d'une possibilité de victoire. En effet, les forbans sont occupés à sauver le harem de l'incendie. En plus de ne pas se soucier de la vie de ses servantes, Seyd prend à revers ses ennemis. Cette attitude le désignerait plus comme le pirate sans foi, ni loi. Il réussit ainsi à faire prisonnier son

222 Ibid., chant II, III, v. 781 – 784, « Surpris, furieux, hors de lui, Seyd lui-même recule tout en menaçant. Ce n'est pas un lâche, et cependant il redoute les coups de son ennemi, tant le désordre l'a grandi. » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 54.)

223 Ibid., chant II, IV, v. 838 – 841, « Il a honte de son erreur ; il voit ces ruines causées par la panique et la surprise : « Allah ! Il Allah ! » Tous ont poussé ce cri de vengeance ; leur honte devient de la rage, il leur faut expier leur lâcheté ou mourir ! » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 57–58.)

adversaire.

Se dessine alors à nouveau une dissonance entre les deux rivaux. Le caractère colérique, furieux et tyrannique du pacha entre en conflit avec le caractère calme, résigné et chevaleresque de Conrad. Gulnare est la première à s'étonner de ce paradoxe : comment un pirate qui est considéré comme un voleur sanguinaire peut-il sembler plus attentionné, plus aimable que Seyd224 ? Cette courtoisie opposée au caractère tyrannique du pacha

achève de mettre en avant la figure du pirate comme une figure quasi-héroïque. A plusieurs reprises, Seyd montre sa domination en donnant des ordres et prouve bien qu'il est l'incarnation de la domination ottomane. Il ordonne à Conrad déguisé en derviche de parler :

« Stay, Dervise ! I have more to question – stay, I do comand thee – sit – dost hear ? - obey225 ! »

Cette énumération d'impératifs soulignent son impatience et témoignent de son statut de gouverneur autoritaire. Au chant III, Gulnare essaie de persuader le pacha de garder Conrad en vie et de demander une rançon. Mais Seyd comprend que la servante s'est éprise de son prisonnier. Gulnare ne pourra jamais l'aimer librement comme elle aime Conrad. Aussi passe-t-il d'amant à maître, voire à geôlier. Il joue de sa fonction et il la menace :

« Now 'tis thy lord that warns – deceitful thing ! Know'st thou that I can clip thy wanton wing ? In words alones I am not wont to chafe :

Look to thyself – nor deem thy falsehood safe226 ! »

224 Ibid., chant II, V, v. 868–873, « 'Twas strange – that robber thus with gore bedew'd, / Seem'd gentler then than Seyd in fondest mood. / The Pacha wooed as if he deem'd the slave / Must seem delighted with the heart he gave ; / The Corsair vowed protection, sooth'd affright, / As if his homage were a woman's right » :« Chose étrange, [ce voleur], ainsi couvert de sang, lui paraissait plus aimable que Seyd dans ses moments d'abandon. Le pacha aimait comme s'il eût pensé que l'esclave devait être fière du cœur qu'il lui abandonnait ; le corsaire l'avait protégée, avait calmé sa frayeur, et, par ses hommages, il avait comme reconnu les droits de la femme. » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 59–60.)

225 Ibid., chant II, III, v. 704–705, « Demeure, derviche, j'ai encore quelques questions à t'adresser. - Demeure, je te l'ordonne, assieds-toi, m'entends-tu ? Obéis ! » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 49.)

Elle ne doit pas oublier qu'elle n'est qu'une esclave. Le regard sévère et la menace dans l'adieu du gouverneur, au lieu de susciter sa frayeur, confirment la résolution de Gulnare d'assassiner son maître. Elle ne peut lui pardonner.

Paradoxalement, Conrad prétend à plusieurs reprises comprendre les motivations de son pire ennemi. Une fois encore, il prouve, par opposition à l'attitude de la servante ou même du pacha, qu'il leur est supérieur. Au chant II, il avoue qu'il aurait fait subir les mêmes tortures au pacha :

Not much could Conrad of his sentence blame, His foe, if vanquish'd, had but shared the same227

Le forban est résigné et estime que son adversaire est dans son droit quand il se livre à tous les abus et à toutes les souffrances sur sa personne :

« Theirs is the chance – and let them use their right228. »

Conrad démontre encore sa supériorité, sa grandeur d'âme grâce à la comparaison entre son ennemi et lui.

b) La confrontation du capitaine Cleveland et du capitaine Goffe

Walter Scott use de la même dynamique lorsqu'il compare le capitaine Cleveland au pirate Goffe, figure d’adversaire pour le jeune homme. Toutefois, alors que Lord Byron n'émettait aucune comparaison physique, l'écrivain écossais ne peut s'empêcher de mettre

je peux couper tes ailes volages ? Ma colère n'a pas pour habitude de se borner aux seules paroles. Prends garde à toi, n'espère pas qu'une trahison puisse rester impunie. » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 96–97.)

227 Ibid., chant II,VIII, v. 974–975, « Conrad ne saurait guère être surpris de la sentence portée contre lui : son ennemi, s'il eût été vaincu, eût éprouvé le même sort. » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 66.)

228 Ibid., chant II, X, v. 1048, « La fortune s'est décidée pour mes ennemis – qu'ils en usent, c'est leur droit » (traduction proposée par l'éditeur E. Dentu, 1892, p. 73.)

en parallèle le physique avantageux de Cleveland et le physique désavantageux de Goffe. La première apparition de ce dernier au chapitre quatorze de la seconde partie est l'occasion d'une description :

He was a man betwixt forty and fifty, rather under the middle size, but so very strongly made, that his crew used to compare him to a sixty-four cut down. Black- haired, bull-necked, and beetle-browed, his clumsy strength and ferocious countenance contrasted strongly with the manly figure and open countenance of Cleveland, in which even the practice of his atrocious profession had not been able to eradicate a natural grace of motion and generosity of expression229.

L'aspect féroce et repoussant de Goffe sera à nouveau sujet à comparaison avec l'élégance et la grâce de Cleveland, cette fois-ci à propos de leurs habits. Le raffinement de Cleveland est d'autant plus éclatant230 qu'il vient contraster l'habillement et l'allure de Goffe231. Cet

enchaînement de comparaisons achève de ridiculiser l'ex-capitaine.

L'humour scottien fait du personnage l'opposé de Cleveland. Féroce, ivre, taciturne ou encore sournois, John Gow est l'incarnation réaliste et en même temps stéréotypée du

229 The Pirate, op. cit., chap. XIV, seconde partie, p. 473, « [Goffe] était un homme entre quarante et cinquante ans, de moyenne taille, mais si fortement charpenté que l'équipage le comparait généralement à un vaisseau de soixante-quatre démâté. Ses cheveux noirs, son encolure de taureau, ses épais sourcils, ses épaules carrées, sa physionomie féroce contrastaient avec la tournure mâle mais distinguée et l'air ouvert de Cleveland, chez qui l'exercice de son horrible métier n'avait pas effacé la grâce et la distinction primitive. » (traduction de Cérisy, 1889, p. 466.)

230 Ibid., chap. XIV, seconde partie, p. 480 – 481, « Cleveland himself was gallantly attired in a blue coat, lined with crimson silk […] The hilt and mounting of the Captain's sword corresponded in value to the rest of his appointments, and his natural good mien was so well adapted to the whole equipment, that, when he appeared on deck, he was receveid with a general shout by the crew, who, as in other popular societies, judged a great dead by the eye » : « Cleveland avait endossé un magnifique costume de drap bleu, doublé de soie cramoisie et brodé d'or […] La poignée, de son sabre était une merveille, digne du reste de sa toilette ; sa tournure, ses manières rehaussaient encore ce riche costume, de sorte que lorsqu'il parut sur le pont, il fut bruyamment acclamé par les hommes de son équipage, sensibles comme tant d'autres à ce qui brille. » (traduction de Cérisy, 1889, p. 472–473.)

231 Ibid., chap. XIV, seconde partie, p. 481, « Goffe, who was also very richly dressed, but who, not having the advantage of such an exterior as Cleveland's, looked like a boorish clown in the dress of a courtier, or rather like a vulgar-faced footpad decked in the spoils of some one whom he has murdered, and whose claim to property of his garments is rendered doubtful in the eyes of all who look upon him, by the mixture of awkwardness, remorse, cruelty, and insolence, which clouds his coutenance » : « Goffe, qui était aussi très richement vêtu, mais qui, n'ayant pas les avantages personnels de Cleveland, avait l'air d'un gros paysan déguisé en grand seigneur ou plutôt d'un voleur de grandes routes revêtu des dépouilles du malheureux qu'il vient d'assassiner. Il était impossible de croire, vraiment que ces riches ajustements appartinssent à cet individu à la physionomie grossière où se peignaient tour à tour la gêne, le remords, la cruauté et l'insolence. » (traduction de Cérisy, 1889, p. 473.)

hors-la-loi des mers. Alors que le capitaine Cleveland emploie un vocabulaire courant, parsemé de quelques images maritimes, Goffe ne peut s'empêcher d'insérer des jurons dans chacune de ses phrases :

we may take notice, that it was the gracious custom of this commander to mix his words and oaths in nearly equal proportions, which he was wont to call shotting his discourse. As we delight not, however, in the discharge of such artillery, we shall only indicate by a space like this – the places in which these expletives occured ; and thus, if the reader will pardon a very poor pun, we will reduce Captain Goffe's volley of sharpshot into an explosion of blank cartridges232.

Mais cette pratique fait écho aux pratiques des pirates historiques qui se disaient appartenir à une communauté linguistique : les jurons et autres blasphèmes, marques de cette nouvelle langue, étaient légions dans leurs discours233.

Le retour du fils Vaughan à bord du navire ne plaît pas au vieux capitaine : il a peur que l'équipage choisisse de le destituer234. Leurs retrouvailles ne seront pas chaleureuses, et prendront la forme d'un jeu de regards235. Les craintes de Goffe sont fondées car, en effet, Cleveland va le supplanter. Le vieux capitaine ne manque pas de partisans mais eux- mêmes pointent du doigt son penchant pour la boisson, ce qui le rend incapable de commander et de réfléchir convenablement. La sobriété de Cleveland sied mieux à l'équipage. On reconnaît certaines qualités, dont la bravoure, à Goffe mais comme le confesse Hawkins, le maître d'équipage :

232 Ibid., chap. XIV, seconde partie, p. 474, « Remarquons ici […] que c'était l'habitude du digne commandant d'émailler ses discours de quantité de gros mots et de jurons; il appelait cela tirer des bordées. Comme ce genre de projectile peut ne pas être du goût de nos lecteurs et qu'il n'est pas du nôtre, nous le remplacerons. dans les discours du capitaine par un trait comme ceci - - . Ce sera, qu'on nous permette une mauvaise plaisanterie, comme si le capitaine tirait à blanc. » (traduction de Cérisy, 1889, p. 466.)

233 Marcus REDIKER, Les Hors-la-loi de l'Atlantique – Pirates, mutins et flibustiers, Paris, Éditions du Seuil, 2017, p. 108, lire l'anecdote de Plunkett illustrant nos propos.

234 The Pirate, Op. Cit., chap. XIV, seconde partie, p. 473, « listening in a sullen and discontented mood to the shout which announced Cleveland's welcome » : « écoutant d'une humeur maussade et mécontente les cris de joie annonçant l'arrivée de Cleveland.» (traduction personnelle)

235 Ibid., p. 473, « the two piratical Captains looked upon each other for some time in silence, while the partisans of each gathered around him » : « les deux capitaines pirates se regardèrent l'un et l'autre pendant quelques temps en silence, tandis que les partisans de l'un ou de l'autre se rangeaient en cercle autour d'eux. » (traduction personnelle)

« and as for the noble Captain Goffe […] he is a stout a heart as ever broke biscuit, and that I will uphold him ; but then, when he has his grog abroad – he is so d-d funny with his cranks and his jests, that there is no living with him236. »

Hawkins rappelle ensuite deux anecdotes : Goffe a failli briser le vaisseau par simple entêtement et il a cassé la jambe au pauvre diable de Jack Jenkins par plaisanterie237. Jack Bunce fait courir le bruit au chapitre seize de la seconde partie qu'agacé par l'humour d'un pauvre diable observant son bâtiment sombrer à cause des pirates, Goffe lui aurait fait couper les oreilles et les aurait grillées devant son fils unique. Même ses plus fervents partisans subissent sa perversité : l'un a perdu un œil à cause de lui. Néanmoins, ces vétérans partisans de Goffe lui restent fidèles. Ils sont toutefois conscients des défauts de leur capitaine et même si les manières de Cleveland et Bunce leur déplaisent, ils sont bien contraints de les suivre car ils sont plus compétents :

« Why, [Goffe] has sucked the monkey so long and so often, said the Boatswain, that the best of him is buffed. He is little better than an old woman when he is sober, and he is roaring mad when he is drunk – we have had enough of Goffe238. »

Cleveland le ridiculise aussi devant le reste de l'équipage quand il arrive à bord du navire et qu'il met en évidence la position risquée dans laquelle se trouve l'équipage :

« I wonder which of these capital seamen it was […] that laid the ship under the fire of