• Aucun résultat trouvé

Les fonctions cutanées sont nombreuses : homéostasie, thermorégulation, perception, synthèse de la vitamine D, filtration des rayons UV, protection mécanique. C’est aussi le siège de nombreuses maladies.

La peau va jouer un premier rôle évident de barrière, elle nous protège contre les agressions extérieures, mais c’est aussi un organe sensoriel qui nous renseigne sur la nature des différents stimuli en contact avec notre corps. La transmission de l’information

Etat de l’art – voie de la démangeaison

40

sensorielle jusqu’au système nerveux central va se faire grâce au système nerveux cutané. C’est un réseau très dense : en effet 1cm2 de peau contient 10 poils et 12 nerfs. Le tissu cutané est un tissu fortement innervé. De celui-ci partent des fibres nerveuses sensorielles afférentes et il reçoit des fibres du système nerveux autonome sur les trois couches. L’innervation cutanée est donc double sensitive et végétative.

Le réseau végétatif va servir à innerver les capillaires, les muscles érecteurs des poils et les glandes sudorales. Les neuromédiateurs impliqués dans l’innervation inconsciente sont l’acétylcholine et la norépinephrine qui vont agir notamment sur les muscles lisses via les récepteurs muscariniques et catécholergiques (Stander, Steinhoff et al. 2003). Le contrôle des glandes sébacées se fait de façon hormonale.

Les fibres sensitives afférentes et leurs récepteurs correspondants vont permettre à l’information sensorielle d’être véhiculée jusqu’à la moelle épinière. D’un point de vue général les différentes caractéristiques des stimuli appliqués au niveau de la peau seront détectées par des récepteurs situés dans les différentes couches cutanées. Ces récepteurs constituent les terminaisons nerveuses de neurones dont le corps cellulaire se situe au niveau des ganglions spinaux. Ce neurone dit de premier ordre va faire relais avec un deuxième neurone situé au niveau de la corne dorsale de la moelle épinière. Ce neurone fera partie d’une voie ascendante véhiculant l’information jusqu’au thalamus. De là, l’information sera projetée vers les différentes structures cérébrales impliquées dans la perception de la sensation.

Il existe différentes sortes de fibres au niveau de la peau et chacune va être chargée de véhiculer un type d’information qui lui est spécifique (Stander, Steinhoff et al. 2003). La sensibilité cutanée fait appel aux:

 Fibres A :

Elles sont myélinisées et ont une vitesse de conduction rapide (20-120m/s). Elles transmettent la douleur aigue. Elles sont divisées en deux sous classes

- les fibres Aβ : ce sont des fibres myélinisées de grand diamètre. Elles sont peu nombreuses. Elles conduisent les sensations de toucher et de pression.

- les fibres Aδ : ce sont des fibres myélinisées de plus petit diamètre. Elles sont peu nombreuses. Elles sont sensibles aux stimuli mécaniques et conduisent les sensations de pression, de température et de douleur rapide.

Etat de l’art – voie de la démangeaison

41  Fibres C

Ce sont des fibres non myélinisées. Elles sont très nombreuses, de petit diamètre et représentent plus de 80% des fibres nerveuses totales. Elles contiennent des neuropeptides. Leur vitesse de conduction est faible (0.5m/s). Elles transmettent les sensations de température, de douleur lente et nous le verrons de prurit.

Les différentes stimulations mécaniques, chimiques et électriques sont recueillies au niveau de récepteurs cutanés qui les transforment en informations électriques véhiculées dans les neurones. Les récepteurs cutanés sont formés par la terminaison des fibres nerveuses afférentes qui vont perdre leur myéline et se ramifier au niveau des différentes couches cutanées. Différents types de récepteurs seront activés suivant les caractéristiques du stimulus : des mécanorécepteurs (pression, étirement, caresse, effleurement), des thermorécepteurs (chaud et froid) et des nocicepteurs (douleur, démangeaison). Les terminaisons nerveuses formant les récepteurs vont avoir un aspect et une distribution dans les différentes couches qui peut varier leur donnant ainsi leur spécificité. On retrouve plusieurs sortes de terminaisons (Figure 11):

 Des terminaisons libres :

Elles véhiculent les informations nociceptives et sont situées à la jonction derme / épiderme. Elles sont associées aux fibres C et Aδ. Elles répondent à la température, la douleur et le tact grossier.

 Des terminaisons encapsulées :

- les corpuscules de Pacini répondent aux pressions profondes et aux vibrations au niveau de l’hypoderme,

- les corpuscules de Ruffini répondent à l’étirement et aux pressions au niveau du derme,

- les corpuscules de Meissner répondent au toucher léger dans le derme de la peau glabre,

- les corpuscules de Merkel correspondent à l’association des cellules de Merkel et des cellules nerveuses au niveau de l’épiderme. Ils répondent au tact et à la pression.

Etat de l’art – voie de la démangeaison

42

Figure 11 : récepteurs cutanés (Purves 2005)

Suivant leur spécialisation les régions du corps auront plus ou moins de terminaisons nerveuses. Par exemple la cornée n’est innervée que par des fibres nociceptives. Pour une même région du corps la sensibilité ne sera pas la même entre plusieurs stimuli de nature différente et pour un même stimulus elle sera différente suivant l’endroit du corps (Oaklander and Siegel 2005).

Les terminaisons des nerfs sensoriels sont en relation avec des cellules de la peau comme les cellules de Langherans et les mastocytes qui vont donc influencer leurs fonctions par les nombreux neuromédiateurs qu’elles vont libérer (ex : substance P, le peptide du gène de la calcitonine CGRP). Il existe des récepteurs à ces neuromédiateurs sur les cellules de la peau et sur les fibres nerveuses. Les neuromédiateurs vont avoir des effets sur les cellules cutanées. Nous verrons l’intérêt plus tard de cette interaction entre cellules cutanées et neuromédiateurs.

Les fibres des neurones de premier ordre vont transmettre l’information au niveau de la moelle épinière à un neurone de deuxième ordre qui remontera jusqu’au cerveau.

Etat de l’art – voie de la démangeaison

43