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 Contaste H - S

Les activations sont bilatérales mais majoritairement situées dans l’hémisphère droit c'est-à-dire ipsilatérales à la stimulation.

L’iontophorèse à l’histamine induit l’activation de l’insula en controlatéral de la stimulation. L’activation se situe dans l’insula postérieure. D’après les précédentes études sur la démangeaison l’activation de l’insula semblait dépendante de la concentration en histamine. Elle est retrouvée activée en réponse à la démangeaison lorsque la concentration en histamine était ≤ 8% (Drzezga, Darsow et al. 2001; Herde, Forster et al. 2007; Leknes, Bantick et al. 2007), mais pas pour des concentrations trop faibles (≤ 0.01%) (Hsieh, Hagermark et al. 1994; Mochizuki, Tashiro et al. 2003). Dans notre étude la concentration était de 1% et l’insula est présente. Nos résultats sont en accord avec les observations des études précédentes. L’insula antérieure reçoit des informations de l’insula postérieure. Suivant les études, c’est la partie postérieure (Mochizuki, Sadato et al. 2007) et/ou antérieure (Herde, Forster et al. 2007; Leknes, Bantick et al. 2007; Mochizuki, Sadato et al. 2007; Valet, Pfab et al. 2008) qui se retrouve activée. Les deux parties de l’insula sont impliquées dans les émotions négatives. L’activité de la partie postérieure est corrélée avec l’augmentation de concentration en histamine et avec l’augmentation du score sur l’EVA (Darsow, Drzezga et al. 2000; Drzezga, Darsow et al. 2001; Mochizuki, Sadato et al. 2007). Son activation est le reflet du codage de l’intensité de la sensation, l’aspect quantitatif, et de son coté désagréable, l’aspect qualitatif (Drzezga, Darsow et al. 2001), il donc normal qu’on la retrouve activée dans ce contraste.

On observe ensuite des activations à droite au niveau du lobe pariétal inférieur

bilatéral (BA 40) et du gyrus post central (BA 1/2).

Le lobe pariétal intègre des informations multisensorielles provenant du thalamus, de l’insula, du cortex cingulaire antérieur, du cortex préfrontal. Il joue un rôle dans la perception de stimulations sensorielles mais aussi dans les activités motrices. Le lobe pariétal inférieur, avec l’AMS et l’aire PM, fait partie du circuit impliqué dans la préparation motrice (Leknes, Bantick et al. 2007). Il va permettre de détecter une cible, de focaliser son attention, d’intégrer ainsi les informations sensorielles pour permettre une réponse motrice adaptée (Behrmann, Geng et al. 2004). On peut lui attribuer ce rôle dans notre expérience. Il

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permettrait de focaliser l’attention sur le stimulus sensoriel, ici la démangeaison, d’intégrer les informations le concernant afin d’avoir une réponse motrice adaptée.

Dans notre étude les activations au niveau du lobe pariétal sont plus importantes à droite. Il existe un réseau attentionnel intéroceptif pour l’information somatosensorielle (Kolb and Whishaw 1990). Ce réseau comprend des aires frontales, pariétales et thalamiques latéralisés à droite. Le réseau de la démangeaison et celui de l’attention intéroceptive partage donc des activations communes.

De plus dans certaines études une augmentation d’activité dans le cortex pariétal inférieur droit est corrélée avec l’intensité de la sensation de prurit. Son activité augmente avec l’intensité de la sensation (Darsow, Drzezga et al. 2000; Drzezga, Darsow et al. 2001; Mochizuki, Tashiro et al. 2003).

Une autre zone a été impliquée dans les processus d’attention soutenue dans le cas d’informations somatospatiales (Hsieh, Hagermark et al. 1994) c’est le cortex pariétal

postérieur (CPP). Cette région est aussi impliquée dans la planification motrice. Le cortex

pariétal postérieur, comme le CPI, permet d’intégrer l’information somatosensorielle et d’avoir une réponse motrice adaptée. Dans notre étude nous retrouvons aussi des activations au niveau du cortex pariétal postérieur. D’après ce que nous venons de voir du rôle de ce cortex il pourrait être dans notre étude impliqué dans l’attention portée vers le stimulus prurigineux et l’organisation de la réponse motrice.

Nous obtenons aussi des activations au niveau du précuneus ipsilatéral à la stimulation. Les activations au niveau de cette région sont rarement décrites dans les études sur la démangeaison (Mochizuki, Inui et al. 2009). La seule étude rapportant une activation de cette région a utilisé une stimulation électrique (Mochizuki, Inui et al. 2009). L’auteur en déduisait alors que cette différence d’activation suivant les études pouvait venir de la méthode d’induction utilisée. Notre étude va à l’encontre de cette hypothèse puisqu’ici nous utilisons l’iontophorèse à l’histamine. Des études sur la douleur et les stimulations tactiles retrouvent des activations au niveau du précuneus (Mochizuki, Inui et al. 2009). Les études de neuroimagerie reportent des activations du précuneus dans le cas d’empathie de la douleur, d’hallucinations de douleur et de modulation de la douleur par l’hypnose (Mochizuki, Inui et al. 2009). Il pourrait avoir un rôle d’interaction entre les états internes ou psychologiques et les sensations somatosensorielles. Les activations ne semblent donc pas spécifiques des processus prurigineux. Le rôle précis du précuneus dans les processus

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somatosensoriels est encore mal connu. Alors que la partie insula / S2 reçoit des afférences du thalamus latéral (Simone, Ngeow et al. 1987; Andrew and Craig 2001) le précuneus lui reçoit des informations du thalamus médian. Le précuneus a des connections avec certaines régions décrites dans la démangeaison comme le cortex cingulaire, le cortex pariétal, le cortex prémoteur, l’aire motrice supplémentaire, le cortex préfrontal et les ganglions de la base mais n’en a pas avec la région insula / S2 (Mochizuki, Inui et al. 2009). Une activation du précuneus a aussi été observée chez les patients atteints de dermatite atopique (Ishiuji, Coghill et al. 2009).

Dans les précédentes études il est habituel de retrouver des activations au niveau du cortex frontal dorsolatéral (BA 46), du cortex moteur (M1) et prémoteur (PM et SMA). Ces structures sont impliquées dans la planification motrice et sont le reflet de l’envie de gratter. Dans notre étude nous n’observons pas d’activations dans ces régions mais une activation au niveau du CCM, proche des régions prémotrices, et déjà décrite dans l’étude de Valet (Valet, Pfab et al. 2008). Le CCM est engagé dans les fonctions motrices (sélection de la réponse, orientation du corps) et dans les fonctions cognitives (détection des erreurs, saillance, attention, anticipation) (Vogt, Berger et al. 2003; Vogt 2005). Considérant ces informations et en les transposant dans le cas de la démangeaison on peut supposer, comme l’a fait Valet (Valet, Pfab et al. 2008), que la fonction duale du CCM et sa proximité avec le M1 est un avantage pour la génération d’une réponse motrice en relation avec l’information sensorielle traitée. De plus l’activation se situe à droite, ipsilatérale à la stimulation, ce qui irait dans le sens d’une activation du bras opposé pour venir gratter. Un rôle attentionnel est aussi à envisager. Notre manque d’activation au niveau moteur notamment au niveau de M1, du PM et de la SMA peut s’expliquer par le fait que les sujets ne sont pas autorisés à se gratter ou parce que la sensation n’est pas assez intense pour entrainer une forte envie de gratter, représentée au niveau cérébral par des activations motrices et prémotrices.

D’autres activations à droite au niveau du cervelet sont retrouvées. L’implication du cervelet dans la démangeaison est rarement décrite (Hsieh, Hagermark et al. 1994; Walter, Sadlo et al. 2005; Herde, Forster et al. 2007). L’activation du cervelet serait relative à l’envie de gratter qui accompagne la sensation de démangeaison, en lien avec son rôle dans la synchronisation du mouvement (Herde, Forster et al. 2007).

On retrouve des activations moins communes dans le cas de la démangeaison au niveau du gyrus temporal moyen (BA 21) à droite. Le cortex temporal supérieur joue un rôle

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dans l’intégration d’un signal nociceptif, dans la mémorisation d’un danger, dans la signification d’un stimulus et dans la motivation (Drzezga, Darsow et al. 2001). Il existe une forte connexion entre insula, cortex somatosensoriel et cortex temporal supérieur. Dans les études sur le prurit, l’activation du cortex temporal supérieur et du cortex temporal médian est corrélée avec l’augmentation de la concentration en histamine et avec l’intensité de la sensation ressentie (Darsow, Drzezga et al. 2000; Drzezga, Darsow et al. 2001). Dans notre expérience nous avons prévenus les volontaires qu’ils devraient évaluer la sensation de démangeaison ressentie sur une échelle numérique à la fin de l’acquisition. Ces activations au niveau temporal pourraient donc être le reflet de la mise en mémoire de la sensation ressentie, et d’une comparaison avec les sensations de démangeaison déjà connues pour une notation ultérieure.

Le contraste inverse (sérum – histamine) fait apparaître des aires qui seront désactivées lorsque le sujet reçoit l’iontophorèse à l’histamine. Nous retrouvons des aires qui ont été décrites comme appartenant au réseau par défaut (« default mode ») (Greicius, Krasnow et al. 2003): le cortex cingulaire postérieur, le lobe pariétal inférieur gauche, le cortex préfrontal et médian gauche. Dans notre étude l’activation au niveau du cortex temporal inférieur est à droite alors que dans l’étude de Greicius elle est à gauche (Greicius, Krasnow et al. 2003). Nous retrouvons en plus du réseau qu’il décrit une activation du gyrus angulaire gauche. Le « default mode » correspond à un mode fonctionnel par défaut ou intrinsèque du cerveau en l’absence de tâche requérant une attention dirigée ou comme un état de base ou de repos du cerveau. Cet état de repos correspondrait, dans notre étude, à l’iontophorèse au sérum physiologique par rapport à un état actif, l’iontophorèse à l’histamine.

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