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b - 1 - Le cortex pariétal inférieur

Le grand rôle du cortex pariétal c’est son implication dans l’attention, dans la conscience de soi et dans la représentation de l’espace intra et extra corporelle (Corbetta, Miezin et al. 1993; Drzezga, Darsow et al. 2001). La jonction orbitale et pariétale et la partie adjacente du lobe pariétal inférieur joue un rôle dans l’attention vers un stimulus nocif. Les activations plutôt latéralisées à droite représentent le traitement de l’information somatosensorielle (Hsieh, Hagermark et al. 1994). Le cortex pariétal inférieur joue un rôle dans la perception de stimulations sensorielles mais aussi dans les activités motrices. Il fait partie, avec la SMA et la PM, du circuit impliqué dans la préparation motrice (Hsieh, Hagermark et al. 1994). Il va permettre de détecter une cible, de focaliser son attention dessus, d’intégrer ainsi les informations sensorielles et de permettre une réponse motrice adaptée (Leknes, Bantick et al. 2007). Le cortex pariétal inférieur est une aire polymodale permettant une intégration d’informations multisensorielles provenant du thalamus, de l’insula, du cortex cingulaire antérieur, du cortex préfrontal (Freund 2001). C’est ce rôle là qu’il va jouer dans le prurit. Son activation reflète le fait de porter son attention vers le stimulus prurigineux, d’intégrer les informations sensorielles concernant la démangeaison afin d’être un guide pour les activités motrices (Figure 18). Une augmentation d’activité dans le cortex pariétal inférieur droit est corrélée avec l’intensité de la sensation. Son activité

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augmente avec l’augmentation de la concentration en histamine (Darsow, Drzezga et al. 2000; Drzezga, Darsow et al. 2001; Mochizuki, Tashiro et al. 2003).

Figure 18 : exemple d’activation au niveau du LPI (Herde, Forster et al. 2007)

b - 2 - Le cortex pariétal postérieur

Il est impliqué dans les processus d’attention soutenue dans le cas d’informations somatospatiales (Hsieh, Hagermark et al. 1994). Le cortex pariétal postérieur, avec le cortex pariétal inférieur, le cortex frontal dorsolatéral et le prémoteur va être impliqué dans l’organisation d’une réponse motrice suite à un stimulus prurigineux (Mochizuki, Tashiro et al. 2003). Des études sur différentes conditions d’attention envers un stimulus douloureux ont montré que porter son attention vers le stimulus entrainait une augmentation du niveau d’activation du cortex parietal postérieur (CPP) (Peyron, Garcia-Larrea et al. 1999).

b - 3 - Le cortex préfrontal

Le cortex préfrontal (CPF) fait partie des aires impliquées dans l’aspect moteur de la sensation de démangeaison (Figure 19). Le cortex préfrontal dorsolatéral (BA 44/46/9/10), comme le cortex prémoteur, sera impliqué dans la programmation et la planification d’une activité motrice (Corbetta, Miezin et al. 1993). Comme pour le cortex pariétal inférieur les informations sensorielles arrivent au niveau du cortex préfrontal afin d’être traitées et de permettre une réponse motrice adaptée (Hsieh, Hagermark et al. 1994). Le cortex dorsolatéral (CPFDL), principalement BA 46, a des connections réciproques avec les régions de la programmation motrice (SMA, PM et LPI) et peut, par ces connections, participer à l’élaboration de la sortie motrice (Hsieh, Hagermark et al. 1994). Comme pour le cortex pariétal postérieur, des études sur l’attention et la douleur ont montré l’implication du cortex préfrontal dans un réseau attentionnel sélectif c'est-à-dire qui dépend entre autre du

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spatial et de la modalité de stimulation (Peyron, Garcia-Larrea et al. 1999). Le cortex prefrontal dorsolatéral et le cortex pariétal postérieur, de l’hémisphère droit principalement, jouent un rôle dans la composante cognitive associée à la localisation et l’encodage d’un stimulus attendu (Peyron, Laurent et al. 2000).

Le cortex préfrontal est aussi retrouvé activé dans le cas d’une sensation de démangeaison. Il va permettre l’intégration des informations sensorielles concernant le prurit afin de permettre la réponse de grattage adaptée (Drzezga, Darsow et al. 2001). Son activation est aussi corrélée avec l’augmentation de concentration en histamine (BA 44/46) (Drzezga, Darsow et al. 2001; Mochizuki, Tashiro et al. 2003) et avec l’aspect désagréable de la sensation (BA 9,10) (Drzezga, Darsow et al. 2001). Il pourrait aussi être impliqué dans les comportements de récompense et son activation permettrait de diriger le comportement compulsif pour continuer de gratter (Yosipovitch, Ishiuji et al. 2008).

Figure 19 : activation au niveau du lobe préfrontal a) activation du LFI (BA 44) b) activation corrélée avec l’aspect désagréable de la sensation du LFM (BA 9/10)

(Drzezga, Darsow et al. 2001)

b - 4 - Le cortex cingulaire antérieur

Son activation est reportée dans les études sur le prurit mais aussi sur celles portant sur l’attention (Hsieh, Hagermark et al. 1994; Drzezga, Darsow et al. 2001; Mochizuki, Tashiro et al. 2003). Il joue un rôle dans l’attention focalisée vers un stimulus douloureux (Peyron, Garcia-Larrea et al. 1999; Garcia-Larrea, Frot et al. 2003; Legrain, Guerit et al. 2003). Après une stimulation douloureuse au laser lorsque le sujet doit porter son attention vers le coté non plaisant alors on a une forte activation au niveau de l’ACC (Kulkarni, Bentley et al. 2005).

Nous avons vu que la partie postérieure du cortex cingulaire antérieur, le CCM, est impliquée dans les processus cognitifs. Il existe une balance entre l’activation de la partie antérieure du CCA et celle de sa partie postérieure. Lors d’une modulation d’une sensation douloureuse par une tâche cognitive, l’activation au niveau de du CCA postérieur va

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augmenter alors que celle du périgenual va diminuer (Bantick, Wise et al. 2002). Cette désactivation permet de mettre sous silence la partie responsable du codage de l’aspect désagréable pour pouvoir se concentrer sur la tâche cognitive à effectuer. De la même façon le CCA postérieur sera désactivé par un intense état émotionnel. Les deux parties sont en interaction réciproque, le périgenual est capable d’inhiber la partie postérieure.

Il existe d’autres interprétations à l’activation du CCA notamment dans le cas de la douleur. Selon certains auteurs son activation, lors de stimulations nocives et lors de tâche cognitives comme le Stroop ou d’attention partagée, irait dans le sens d’une implication générale du CCA dans l’attention et non une implication spécifique dans la douleur. La douleur et les autres stimulations nocives nécessitent, comme les tâches de Stroop, une part d’attention qui serait représentée par des activations communes au niveau du CCA. L’équipe de Derbyshire (Derbyshire, Vogt et al. 1998) a voulu s’intéresser à ces activations au niveau du CCA, lors d’une tâche de Stroop et d’une stimulation douloureuse. Leur conclusion de l’étude de groupe montre un chevauchement d’activation entre la tâche de Stroop et la stimulation douloureuse. Cela pourrait mettre en évidence l’implication d’un processus commun comme l’attention. Cependant les analyses individuelles de chaque sujet montrent qu’il n’y a plus ce chevauchement. On ne peut donc pas conclure, d’après leur étude, sur un rôle général du CCA dans l’attention. Le CCA est une structure hétérogène dont les fonctions vont variées entre la partie rostrale et la partie caudale. Les différentes fonctions du CCA impliquent des régions différentes

c - Aspect moteur