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c) Le palais de Jean de Berry Les parties conservées par le duc de Berry

A l’inverse du processus qui aboutit à la reconstruction presque totale du palais de Bourges, menée dès 1379, Jean de Berry laissa subsister une grande partie des installations anciennes du palais de Poitiers. On peut imaginer l’étonnement du nouveau comte de Poitou lorsqu’il découvrit pour la première fois la grande salle bâtie par les Plantagenêt298 dans le style du gothique de l’Ouest si éloigné du style international qu’il lui était familier. Pour autant Jean de Berry s’en accommoda sans difficulté et seul le pignon sud fut entièrement reconstruit après 1388. Il est vrai que nulle autre construction dans son apanage ne lui offrait, au début de son principat, une telle surface couverte (825 m²). Il ne fit pas non plus reprendre l’ancienne porte de la grande salle. Il est probable également qu’il laissa en place le décor peint qui ornait les murs depuis l’époque d’Alphonse de Poitiers299. Selon toute vraisemblance enfin, Jean de Berry conserva sans la transformer la chapelle qui jouxtait la grande salle et ce malgré les dimensions relativement modestes rapportées par les devis (environ 16 m sur 6 m)300.

La documentation concernant la chapelle palatine fait défaut. Nous ignorons la date de sa construction ; la première mention y faisant allusion remonte à l’année 1146, à l’occasion d’une visite de Louis VII301. La Bouralière a avancé néanmoins d’après un devis de réparation que la chapelle que connut Jean de Berry, était une construction contemporaine de la salle Plantagenêt302. On en connaît l’emplacement

298

Depuis que les archéologues ont découvert dans le sous-sol de la grande salle une monnaie d’Hugues IX de Lusignan, il est considéré que la salle fut construite après 1199 (Labande-Mailfert Yvonne, « Le palais de justice de Poitiers..., p. 36- 37).

299

On trouve dans les comptes d’Alphonse de Poitiers (année 1243) d’importantes dépenses consenties pour la décoration de la grande salle : Item pro medietate tache aule pictavis pingenda (...)

Item picturis aule Pictavis, au total 120 £ tournois sont dépensées (Bardonnet Abel, op. cit., p. 36 et

42). En 1308, Philippe le Bel fit restaurer ou augmenter le décor peint par le peintre italien Philippe Bizutti, certainement en prévision de l’entrevue prévue avec le pape Clément V : Philippus, pictor

regis, pro expensis suis et duorum valetorum accedens Pictavis, ad mandatum regis, et pro coloribus emendis [retouches] pro reparatione aule Pictavis reparande, 30 £ t. (d’après « Peintres romains

pensionnés par Philippe le Bel », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes [Chroniques et mélanges], t. XLVIII, 1887, p. 632 et Labande René-Edmond, « Clément V et le Poitou », Bulletin de la Société des

Antiquaires de l’Ouest, t. IV, 1957, p. 30, note 108).

300

Bouralière Augustin (de la), « Note sur l'ancienne chapelle du palais de justice de Poitiers »,

Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1904-1906, t. X, p. 42.

301

Ibid.., p. 36.

302

Ibid., op. cit., p. 36-43. D'après un devis de réparation de la chapelle (Arch. dép. Vienne, L 81).

grâce aux textes qui désignent bien la « chapelle de la grande salle »303 et grâce à un plan du palais levé en 1783 par Vétault (voir Plan 7). Il s’agit d’un volume perpendiculaire à la grande salle qui comprenait une nef à vaisseau unique terminée par une abside304. La chapelle était dédiée à saint Vivien et son service était confié aux religieux de Saint-Hilaire-la-Celle305. Aux XIIIe et XIVe siècles, les travaux mentionnés dans les comptes d’Alphonse de Poitiers comme dans ceux du sénéchal rapportent le percement d’une grande fenêtre306 suivi par des ouvrages de vitrerie307. Après le principat de Jean de Berry, la chapelle continua de rythmer les journées des magistrats dont la journée débutait par une messe308. En 1598, elle fut endommagée lors d’un orage309. Un document de 1814 la décrit sans couverture ni voûtes et un autre mentionne sa destruction en 1820310.

La rénovation de la tour Maubergeon et de la salle de retrait (1384 - après 1388)

Le terme Maubergeon remonte au Haut Moyen Age. D’un point de vue étymologique, on y a vu l’association du terme Mallum - assemblée judiciaire - et de

maintes fois confondue avec l’église qui faisait face au palais : Notre-Dame-du-Palais qui prendra le nom de Notre-Dame-la-Petite.

303

Arch. nat. R1 487, p. 153.

304

Plan du palais par l’architecte Vétault, 1793 (Arch. dép. Vienne, D 16 12). A la fin du XVIIIe siècle, cet architecte conçoit une nouvelle distribution pour Elie de Beaumont, intendant du comte d’Artois apanagiste du Poitou. L’aveu de Léger de Thorigné (voir note 294) signale les deux salles touchant à la chapelle que l’on pourrait interpréter comme la présence de deux oratoires, installations courantes dans les chapelles du duc, mais le plan de Vétault n’étaie pas cette hypothèse.

305

Favreau Robert, « Le palais de Poitiers..., p.39. Elle est toujours desservie par ces religieux en 1415 (Favreau Robert, « Le palais de Poitiers..., p. 55, note 85).

306

Compte d’Olivier de Briençon, sénéchal de Poitou rendu au terme de l’Ascension 1290 (Arch. nat. K 36A, n°19) : Pro operibus aule Pictavensis, scilicet magna fenestra in capella aule de novo facta (édité dans Béranger Henri (de), « Documents financiers sur la sénéchaussée de Poitou aux XIIIe et XIVe siècles », Archives Historiques du Poitou, t. LII, 1942, p. 187).

307

Pro operibus capelle aule Pictavensis et vitreis, 19 £ t. 3 s. 9 d., année 1245 (d’après Bardonnet,

Abel, op. cit., p. 120).

308

Le 23 septembre 1454, les Grands jours s’ouvrirent sur une messe solennelle au Saint-Esprit. A la suite de quoi, on entra en la chambre du palais où se tinrent les Grands Jours et pour lesquels trente- trois avocats et huit procureurs généraux prêtèrent serment (Arch. nat., X1a 9210, fol. 4). En 1531, l’ouverture des Grands Jours commença également par une messe au Saint-Esprit en la chapelle du palais (Arch. nat., Xla 9210, fol. 7-7v° d’après Favreau Robert, « Le palais de Poitiers…, p. 58, note 111et 112).

309

Bouralière Augustin (de la), op. cit., p. 38.

310

Joy Diane et Servant Sonia, « La transformation du palais de Poitiers au XIXe siècle (1783- 1912) », Revue Historique du Centre-Ouest, t. IV, 2005, p. 295.

berg - sur un point élevé311. Trois donjons au moins se succédèrent à l’emplacement de l’actuelle construction. Un large donjon du XIe siècle, de plan rectangulaire, flanqué de quatre tours polygonales, semble être la première structure bâtie en dur à cet endroit. Le premier donjon est absent des sources écrites, mais ses fondations furent mises au jour par Camille de la Croix312. L’archéologue date sa maçonnerie après l’incendie de 1018 et la reconstruction du palais par le comte Guillaume le Grand. Il pense également que l’actuelle cave voûtée en berceau appartient à cette même campagne313. Une chronique de 1104 mentionne qu’une tour neuve fut construite près du palais par Guillaume VII314. Il s’agit probablement d’un réaménagement car les fouilles ne révélèrent pas de structures de cette époque. Enfin la troisième construction fut commandée par Jean de Berry et conduite entre 1384 et le début des années 1390. Elle correspond à un « enveloppement » de pierres - pour reprendre l’expression de Lucien Magne – reposant sur les fondations antérieures et englobant les maçonneries des XIe et XIIe siècles.

Le maître d’ouvrage concentra ses efforts en priorité sur cette tour hautement symbolique et au nom de laquelle étaient rendus les hommages et aveux du comté de Poitou. Contrairement à la grande salle, l’austère donjon de Guillaume VII n’était plus adapté aux attentes du prince. Ses fonctions défensives n’avaient plus cours depuis le comblement des fossés et depuis qu’Alphonse de Poitiers y avait fait aménager de grandes fenêtres315. Jean de Berry acheva de faire disparaître les vestiges du palais fortifié pour offrir à la ville l’image d’une tour à l’architecture raffinée et porteuse d’un message iconographique adressé aux poitevins. A l’intérieur du monument, il fit transformer l’ancienne salle du sénéchal (premier étage316) en « salle à parer ». Cette désignation vient compliquer la distribution du palais car la

311

Favreau Robert, «La ville de Poitiers…, p. 27. Yvonne Labane-Mailfert, cite le terme «Malberg» qui évoque le tribunal mérovingien (op. cit., p. 29).

312

Cette structure serait à mettre à l’actif du comte Guillaume le Grand qui fit reconstruire le palais après un incendie survenu en 1018 (Labande-Mailfert Yvonne, op. cit., p. 28).

313

Croix Camille (père de la), « Les origines des anciens monuments religieux de Poitiers …, p. 66. Je me contente d’indiquer ici les conclusions de l’article de Camille de la Croix, mais je dois signaler qu’elles ont récemment été remises en question par Tom Coenegrachts, dans un mémoire soutenu en 2010 au CESCM de l’Université de Poitiers.

314

Favreau Robert, « Le palais de Poitiers..., p.40. Guillaume VII fit entreprendre une deuxième tour à l’entrée de la ville probablement l’entrée nord qui donnait accès au nouveau quartier de Montierneuf (Robert Favreau, «La ville de Poitiers ..., p. 49-50).

315

Item pro turri Mauberjoni pavenda (…) Item pro fabrica ferrorum ad fenestras, 100 Sol., pro XVIII Magnis fenestris et XIII Parvis in turri et VI. Uisserii (Bardonnet Abel, op. cit., p. 36).

316

Année 1349 : réparations pour fautes de couverture à la grande salle, à la galerie « par où l’on monte en la tour de Mauberjon en la chambre du sénéchal » (« Réparations ou travaux à divers châteaux du Poitou..., p. 291-292.

pratique de l’époque aurait voulu que la salle à parer précédât la salle de retrait et non le contraire. Le projet comprenait également une salle du « tiner » que l’on peut interpréter par tinel peut-être une salle réservée au conseil (voir Figure 42).

Le château de Poitiers était déjà en chantier depuis novembre 1382 quand Jean de Berry ordonna à ses maîtres d’œuvre de mettre en place toutes les infrastructures nécessaires à la rénovation de la tour Maubergeon pour la Noël 1384. A l’arrivée de la cour ducale, le 29 novembre, tout était en ordre de marche et les ouvriers prêts à l’ouvrage. Le général maître des œuvres quitta un temps la direction du chantier de Mehun-sur-Yèvre pour venir rejoindre son seigneur le 30 novembre317. Du bois d’œuvre avait été entreposé dans un atelier installé dans l’enclos des Cordeliers318 (voir Carte 15) que l’on avait fait nettoyer pour la venue du prince319. On installa également en ce lieu l’atelier des tailleurs de pierre pour lesquels on livra des pierres destinées à la fois au palais et au château320. L’hôtel de Vivonne (situé entre Sainte- Croix et Sainte-Radegonde321) fut transformé en fabrique de carreaux de faïence. Il fut en fonction dès le 7 novembre322 et Jean de Valence, le tuilier espagnol, s’y installa la semaine suivante pour diriger la production323. Fin octobre, Guy de Dampmartin ordonna le déplacement, depuis Mehun-sur-Yèvre, de plusieurs ouvriers « avec leur ménage », dont le serrurier Jean Courtelet324. On note encore la présence à Poitiers, dès le mois d’octobre 1384, du huchier parisien Guillaume Cirace325.

Le projet de la tour Maubergeon avait été conçu par Guy de Dampmartin. Il le fit tracer par son lieutenant Jean Guerart sur une grande peau de parchemin afin de le

317

Arch. nat. KK 256, fol. 56.

318

Semaine du 17 octobre 1384 : journées de charpentiers « pour appariller le bois de quartier du palais en une des chambres des freres Cordeliers de Poitiers » (Arch. nat., KK 256, fol. 8).

319

Semaine du 14 novembre 1384 : journées de manœuvres pour « pour porter le boys des euvres des charpentiers du palais a l’ostel des freres meneurs et pour neptoier les hasteliers pour la venue de mon dit seigneur » (Arch. nat., KK 256, fol. 21).

320

Les comptes mentionnent indifféremment « la place des Cordeliers », « le cimetière des Cordeliers » ou « l’atelier des tailleurs de pierre ». Au cours de l’été 1385, les deux milliers de bois d’Illande vendus par Guillaume Cirace et destinés au château y furent également entreposés (Arch. nat., KK 257b, fol. 83v°).

321

Arch. nat., KK 256, fol. 47 et KK 257b, fol. 15v°.

322

Arch. nat., KK 256, fol. 17v°.

323

Arch. nat., KK 256, fol. 21.

324

Semaine du 31 octobre 1384 (Arch. nat., KK 256, fol. 14v°).

325

Guillaume Cirace et ses compagnons réalisèrent des huis, châssis, planchers pour le bateau du château et pour les salles neuves du château (Arch. nat., KK 256, fol. 5v°, et 6). Le 16 mai 1392, il résidait à Paris, au cimetière Saint-Jean, mais travaillait encore à Poitiers, au gros horloge et à la tour Maubergeon (Arch. mun. Poitiers, J 363).

présenter au duc dès son arrivée326. A la mi décembre, le prince voulut encore voir « l’ordonnance tracée de la maçonnerie et charpenterie de la tour de Mauberjon327 ». Il s’agissait peut-être d’une représentation plus précise du premier projet. On peut aussi interpréter ce contrôle comme le résultat de modifications exigées par le maître d’ouvrage.

Les travaux commandés par Jean de Berry s’ajoutaient à ceux déjà en cours au château. Ils nécessitaient une conduite des travaux efficiente. En raison de l’indisponibilité de Guy de Dampmartin, retenu par les ouvrages ordonnés en Berry, on désigna deux lieutenants pour assurer le suivi de chantier : le maçon Jean Guérart328 venu de Bourges et le charpentier parisien Robert Fouchier329. Passé la Noël 1384, le travail commença. Guy de Dampmartin resta encore trois semaines afin de régler les derniers détails avec ses deux lieutenants et pour veiller à la réalisation des gabarits destinés aux tailleurs de pierre. Comme il le fit au palais de Riom la même année au mois d’avril330, il tenait à superviser en personne cette étape cruciale pour l’ordonnancement architectural de l’ouvrage. A partir du 2 janvier 1385, il confia cette tâche à deux ouvriers qu’il dépêcha exprès du Berry : Jean de Huy331 et Hennequin le Flamand332. A la fin de la semaine du 16 janvier 1385, le général maître des œuvres et les deux tailleurs de pierre, ayant achevé leur ouvrage,

326

Semaine du 16 novembre 1384 : « Une grande peau de parchemin baillée a Jean Guerart pour pourtraire la devise des oeuvres que mon seigneur a ordonné faire en la tour de Maubergeon » (Arch. nat., KK 256, fol. 28).

327

« (…) grans hais de noher neccessaire pour l’ourdenance tracee de la maçonne[rie] et charpenterie de la tour de Mauberion pour ce que mon seigneur estoit ou pais qui le vouloit veoir hastivement », 19 décembre 1384 (Arch. nat., KK 256, fol. 37v°).

328

Jean Guérart était le premier tailleur de pierre de l’équipe travaillant à la grande vis de Bourges. Il arriva à Poitiers entre mars et septembre 1384 et prit alors la charge de lieutenant de Guy de Dampmartin pour les œuvres de maçonnerie (semaine du 19 septembre 1384, Arch. nat., KK 256, fol. 1v°).

329

Avant de rejoindre le chantier de Poitiers le 19 septembre 1384 (Arch. nat. KK 256, fol. 1v°), Robert Fouchier venait tout juste d’achever, en qualité de maître des œuvres de charpenterie du roi, la réfection du clocher de la Sainte-Chapelle de Paris (mars 1384) (Léon Laborde, Les ducs de

Bourgogne : études sur les lettre, les arts et l’industrie pendant le XVe siècle et plus particulièrement dans les Pays-Bas et le duché de Bourgogne, Seconde partie (pièces justificatives), tome III, Plon

frères, Paris, 1852, n° 7321).

330

Comptes de Jean de Savignon, payeur des œuvres du palais de Riom, semaine du 4 au 11 avril 1384 (arch. nat., KK 255, fol. 23v°-24v°).

331

Jean de Huy travaille au collège de Dormans-Beauvais sous la direction de Raymond du Temple puis à la grande vis du palais de Bourges (voir p. 409 et sq.).

332

Semaines du 2, 9 et 16 janvier 1385 : « Tailleurs de pierre es journees de mon dit seigneur pour fere les moles de la tour de Maubergeon », Jean de Huy, 10 s. le jour et Hennequin le Flamant, 6 s. le jour (Arch. nat. KK 256, fol. 42, 43v°et 46).

s’en retournèrent en Berry333. Avant de partir Guy de Dampmartin avait pris soin de faire installer une chambre aux traits destinée à Jean Guérart et à Robert Fouchier dans l’enclos des Cordeliers334.

La dernière semaine de janvier 1385, dix-sept tailleurs de pierre arrivèrent de Mehun-sur-Yèvre335 pour s’installer dans l’atelier des Cordeliers sous la direction de Jean Caillou336. Les travaux de taille de pierre sont mentionnés tout au long de l’année 1385 sans précision ni distinction particulière entre le chantier du château et celui de la tour Maubergeon337. Le compte suivant, plus loquace, montre que les tailleurs de pierres se rendaient en alternance sur les deux chantiers afin de ne pas bloquer l’avancement des tâches sur chacun des sites.

Pendant ce temps, les charpentiers s’affairèrent à la tour Maubergeon. Entre le 9 janvier et le 6 février 1385338, on livrait pour eux du bois vert tout juste abattu339. Le bois était entreposé au cimetière des Jacobins dans lequel les charpentiers Mery Bonnet et Jean Moreau avaient réalisé un enclos de 48 mètres de périmètre entre mai et juillet 1385340. A partir de ce moment, les comptes mentionnent des livraisons

333

Jean de Dampmartin retourne sur le chantier de Mehun-sur-Yèvre le 22 janvier (Arch. nat., KK 256, fol. 56) et les deux tailleurs de pierre disparaissent des comptes de Poitiers à partir du 23 de ce même mois. Jean de Huy continue très certainement de travailler à Bourges, ville dans laquelle on sait qu’il est propriétaire d’une maison en 1390 (voir p. 401 et sq.).

334

Marché conclu le 24 janvier 1385 avec « Jehan Rabiner couvreur pour avoir arasé et enduit la place d’une chambre qui est en l’ouste[l] des Cordeliers a Poitiers la quelle est ordennee pour trasser les traiz de maçonnerie et charpenterie pour les dittes euvres », une première quittance est rendue le 5 mars suivant. La chambre aux traits possédait un pan de 12 mètres de long sur 6 mètres de haut (Arch. nat., KK 257a, fol. 37).

335

« La sepmaine commançant le 30 janvier l’an mil CCC IIIIxx et quatre en laquelle on ouvra que 5 jours pour cause de la purifficacion Notre Dame qui fut le jeudi excepté les tailleurs de pierres aux quielx fut compté 6 jours pour ce que il furent envoyez icelle sepmaine de Mehun a Poitiers par le commandement de maistre Guy de Dampmartin » (Arch. nat. KK 256, fol. 50). Parmi ces noms on connaît celui de Jean de Blois qui travailla à la grande vis du palais de Bourges.

336

La semaine du 21 novembre 1384, une semaine avant l’arrivée de Jean de Berry, Jean Caillou avait été appelé dans la hâte afin d’entreprendre des ouvrages qui n’avaient pu être pris en tâche (Arch. nat. KK 256, fol. 24 v°). A partir du 30 janvier 1385, il était le premier de l’équipe de tailleurs de pierre et reçut un salaire de 7 sous par jour (Ibid., fol. 50 et 52). Outre ces fonctions, il assura le remplacement de Jean Guérart, en certifiant le 14 août 1385, un marché au château de Poitiers (Arch. nat., KK 257a, fol. 37v°). Entre le 15 mars 1387 et le 20 avril 1388, il honora un marché pour la maçonnerie des fondations de la tour Maubergeon (Arch. nat., KK 257b, fol. 84v°).

337

Arch. nat., KK 257a.

338

Arch. nat., KK 256, fol. 45, 46v°, 49, 50v° et 53. Durant les semaines du 16 et du 23 janvier, une partie des charpentiers travailla le bois d’œuvre directement dans la forêt (Ibid. fol. 46v° et 49).

339

Semaines du 9 janvier au 6 février 1385 : journées de « Coppeurs et abateurs aus journees de mon dit seigneur ou bois de Coulombiers pour le fait de la charpenterie de la tour Maubergeon » (Arch. nat., KK 257b, fol. 45, 47, 49, 50 et 53).

340

Marché de 15 £ contracté le 5 mai 1385 avec « Mery Bonnet et Jean Moreau charpentiers pour avoir fait un palis de 24 toises ou environ etant en la cloison du cimetière des Jacobins de Poitiers et y a deux espaces pour entrer et yssir [sortir], lequel palis a este fait pour garder la charpenterie des salles et chambres de la tour de Maubergeon». Le marché est certifié le 10 juillet suivant (Arch. nat., KK 257b, fol. 83). On peut considérer que les 48 mètres correspondent au périmètre de l’enclos. L’emploi

hebdomadaires de bois provenant de la forêt de Coulombiers ou de Montreuil-Bonin qui se prolongèrent sans discontinuer, mais sans qu’il soit possible de distinguer le bois destiné au château ou à la tour Maubergeon341.

L’extraction des pierres débutait également à ce moment (mois de février 1385). Le rendement de la carrière de Chardonchamp avait été jugé inapproprié et on fit visiter les carrières du Breuil l’Abbesse, de Bouillet et des Lourdines342. Seul le site du Breuil l’Abbesse (environ 4 km à l’ouest de Poitiers) est finalement retenu comme exploitable et, dès la fin du mois, le pionnier (terrassier) Colinet de Saint-Riquier entreprit de le dégager avant l’arrivée des carriers343.

Guy de Dampmartin revint à Poitiers du 1er au 20 août 1385344. Bien que la comptabilité ne révèle pas l’objet de sa venue ni son emploi du temps, on peut imaginer qu’il vint s’assurer que tout était en place pour permettre le lancement des ouvrages de taille et de maçonnerie pour l’hiver suivant345. Il visita probablement

de bois vert mis en œuvre immédiatement ou peu de temps après l’abattage est une pratique courante