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e) Le palais ducal de Bourges Repères topographiques et chronologiques

Niché sur la partie sud-ouest du rempart de la cité, le palais du duc de Berry (actuelle préfecture du Cher) domine la ville basse ainsi que le faubourg et la vallée de l’Auron (voir Figure 4 et Carte 7). Depuis la plus haute époque, ce site a été le lieu d’exercice du pouvoir séculier. Au XIIe siècle, les sources mentionnent une « tour du roi » qui se situait face à l’église Saint-Jean-le-Vieux, un peu à l’est de l’emplacement où fut bâtie la grande salle de Jean de Berry123. Une autre source nous apprend que le complexe palatial intégrait en son enceinte une chapelle Sainte- Marie-Madeleine dont la localisation n’est pas déterminée124.

L’entreprise menée par Jean de Berry consista à bâtir un grand corps de logis abritant les salles d’apparat et la grande salle au bout de laquelle fut élevée la Sainte- Chapelle (voir Plan 2). Aucune représentation du projet original de Jean de Berry dans son ensemble ne nous est parvenue. La plus ancienne se trouve dans un livre d’heures peint par le berruyer Jean Colombe vers 1485125 (Figure 7). Il reproduit l’angle formé par la Sainte-Chapelle et la grande salle du palais tel que l’on aurait pu le voir depuis la cour intérieure du palais située à l’est de celui-ci. Au XVIe siècle, plusieurs vues panoramiques de la ville montrent les silhouettes élancées de la Sainte-Chapelle et du palais. Seule la grande salle a conservé sa haute toiture et les murs des salles d’appart apparaissent déjà sans couverture126. Deux croquis du XVIIe siècle (Figure 8 et Figure 9) et un tableau du XVIIIe siècle nous figurent les constructions de Jean de Berry vers la ville haute c'est-à-dire vues depuis l’orient127. Enfin un précieux tableau figure la galerie du Cerf c'est-à-dire l’entrée publique du

123

Raynal Louis, op. cit., t. II, p. 51, note 1. A l’est de la grande salle ont été découvertes les bases d’une ancienne tour (Dumoutet Jules, « Fouilles des caves du palais du duc Jean de Berry », Mémoires

du Comité des Travaux historiques et des Sociétés savantes, 1863).

124

Raynal Louis, op. cit.

125

Rodez, Société des lettres, sciences et art de l’Aveyron, Livre d’heures à l’usage de Troyes, ms 1, fol. 115v°.

126

Hoefnagel Joris, « Bourges 1562 », in Civitates Orbis Terrarum II, Braun & Hogenberg, (ed.), vers 1587-1589 ; « Pourtraict de la ville de Bourges », in Histoire du Berry, Jean Chaumeau (ed.), Lyon, 1566 ; « Bourges 1575 » (BnF, cab. est., Va 18, t. III) ; « Vue de Bourges », XVIIIe siècle, huile sur toile anonyme (Bourges, Musée de l’hôtel Lallemant).

127

Martellange Etienne, La Sainte-Chapelle et palais de Bourges, vers 1615 (BnF, cab. est., Ub 9, fol. 46) ; Vue du palais et de la Sainte-Chapelle après l’incendie de 1693 (Arch. nat., G7 125) ; Vue de la Sainte-Chapelle et de la grande salle, seconde moitié du XVIIIe siècle, huile sur toile anonyme (Bourges, musée du Berry).

palais à savoir depuis les grands degrés situés au nord du palais128 (Figure 10). Seule une partie des anciennes salles d’apparat a subsisté jusqu’à notre époque de même que les fondations de la grande salle toujours visitables aujourd’hui129.

Le palais de Jean de Berry était constitué de trois entités disposées en U (voir Plan 1). Au sud se trouvait l’aile du « petit palais » contenant les appartements privés. Les salles d’apparat et la grande salle étaient contenues dans le corps de logis principal qui s’étendait sur plus de 100 mètres le long du rempart130. Le portique d’entrée et la Sainte-Chapelle opéraient un retour vers l’est. Les représentations du palais depuis l’orient, montrent qu’un mur séparait la Sainte-Chapelle du reste du palais délimitant ainsi une cour intérieure.

Les abords du palais de Jean de Berry formaient un parcellaire serré qui rendit difficile et coûteux l’extension du complexe palatial vers le nord. Pour y faire implanter des jardins, le prince était contraint de faire procéder à des expropriations dans le quartier de la porte Auronoise131. Vingt-cinq occupants durent ainsi être indemnisés de même que les propriétaires, principalement des établissements religieux de la ville : les chapitres Saint-Etienne, Saint-Fulgent, Saint-Hippolyte, Notre-Dame-de-Sales, Saint-Pierre-le-Puellier et Notre-Dame-de-Montermoyen). Enfin le duc avait accordé et tirait profit de l’installation d’étals volants et d’ateliers disposés le long du mur des Jacobins dans la rue Saint-Hippolyte (voir Carte 7, rue de la Sainte-Chapelle). Ainsi Jean de Berry encourageait une activité commerciale dans le proche secteur de son palais comme « devant les murs et closture du palaiz de mon seigneur le roy a Paris »132.

128

Seconde moitié du XVIIIe siècle, huile sur toile anonyme (Bourges, musée du Berry).

129

Les caves situées sous l’ancienne grande salle sont composées de trois nefs voûtées en berceau de 4,48 mètres de large et divisées en sept travées (Trombetta Pierre-Jean, « Bourges, le palais ducal et la Sainte-Chapelle », Archéologia, n°134, septembre 1979, p.16-25).

130

L’aile principale a été bâtie sur des constructions antiques sans pour autant en suivre l’exacte orientation (Trombetta Pierre-Jean, op. cit., p. 19 et Gauchery Paul, « Mémoire historique et descriptif du palais construit à Bourges par Jean de France, duc de Berry », Mémoires de la Société des

Antiquaires du Centre, t. XXI, 1897, p. 79).

131

« Apres s’ensuivent autre recompensacion de rentes perpetuelles deues que mondit seigneur doit faire pour maisons, jardins et places qui sont ordonnees estre prises pour les edifices et jardins de son dit palais (…) » (Arch. dep. 8G 1448, fol. C). Malheureusement ce document n’est pas daté, mais il est possible de proposer la décennie 1390 en raison de la mention de la chapelle du palais ainsi que de la présence de Drouet de Dampmartin. La volonté du prince de faire établir des jardins aux pieds des anciens murs est rappelée également par Catherinot Nicolas, Bituricensis inscriptio, Bourges, Jean Cristo, 1675, p.6).

132

Acte du duc de Berry, mois d’avril 1411 dans le quel il délaisse à la Sainte-Chapelle le droit de faire tenir ces étals et ateliers (Arch. dép., Cher 8 G 1833, fonds de la Sainte-Chapelle, titres relatifs à la paroisse de Saint-Hippolyte, chemise 15).

L’histoire de la construction du palais de Jean de Berry est étayée par de minces indices(voir Tableau 5). Les périodes renseignées sont courtes et les lacunes représentent parfois plusieurs années voire une décennie. L’historien dispose de deux sources principales : les comptes du payeur des œuvres et des notes assez vagues qu’un érudit du XVIIe siècle prit d’un compte de Guillaume de Chauvigny receveur de Berry.

La première source est capitale car elle émane directement du chantier de construction. Il s’agit d’un compte d’œuvre rédigé par le payeur des œuvres Huguenin Meschin, comptable des chantiers du palais et du château de Mehun-sur- Yèvre. Ce précieux document est en réalité le premier feuillet d’un compte commençant le 21 mai 1380 et finissant à la même date en 1381133. Ce feuillet couvre la semaine du 21 mai 1380 et le début de la suivante. L’étude du document montre que le chantier commença avant l’année 1380134, à une date qu’il faut probablement rapprocher de l’installation de la Chambre des comptes et du long séjour que Jean de Berry fit à Bourges au même moment (1379)135. On peut supposer qu’une partie de ce temps fut consacrée entre autres à la préparation de l’entreprise avec le général maître des œuvres qui s’installa à Bourges en janvier 1380136. D’autres feuillets du même payeur des œuvres furent découverts après Guerre par l’archiviste Paul Cravayat. Il s’agit de quatre feuillets détachés du compte suivant (21 mai 1381 – 21 mai 1382) et qui furent remployés afin de couvrir un registre du fonds de la Sainte-Chapelle de Bourges137. Les dates portées sur ces quatre feuillets vont du 29 juillet 1381 au 4 janvier 1382 avec de nombreuses lacunes138.

133

Ce feuillet fut inséré avec plusieurs autres fragments de comptes d’œuvre dans un volume avant fait partie de la collection Gaignière et aujourd’hui conservé dans le Fonds français de la Bibliothèque nationale (BnF, ms fr. 20686, fol. 8-8v°).

134

Dans le cas des comptes d’œuvres de Poitiers et de Riom, nous trouvons les lettres de commission des payeurs des œuvres dans le compte marquant le début des campagnes : 1382 à Riom (BnF, ms fr. 11488, fol. 1-1v°) et 1383 à Poitiers (BnF, ms fr. 20686, fol. 13-13v°). Dans le cas de Bourges, il est bien spécifié en préambule du compte que Huguenin Meschin est chargé du paiements des œuvres du palais de Bourges et du château de Mehun-sur-Yèvre par les « lettres incorporees es precedens comptes des dites œuvres » (BnF, ms fr. 20686, fol.8).

135

Du 8 mai au 10 juin 1379 et du 20 octobre 1379 au 13 juillet 1380.

136

Soyer Jacques, « Documents inédits sur le séjour et la demeure à Bourges de divers artistes »,

Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre, t. 27, 1903, p. 305-328.

137

Arch. dép., Cher, 8G 1166, fol. 1-4v°. (édité par Cravayat Paul, « Fragments d'un compte de l'œuvre du palais de Bourges (1381-1382) », Mémoires de l'Union des Sociétés Savantes de Bourges , 1953-1954, vol. 4, p. 7-23).

138

[29 juillet 1381]-5 août 1381 (fol. 1) ; 5 août – 12 août 1381(fol. 1v°) - [interruption] - [14 octobre 1381] – 21 octobre 1381 (fol. 2) ; 21 octobre 1381-28 octobre 1381 (fol. 2v°) ; [2 décembre 1381]-7 décembre 1381 (fol.3) ; 9 décembre 1381 – 14 décembre 1381 (fol. 3v°) ; 16 décembre 1381 – 21 décembre 1381(fol. 4) ; 23 décembre 1381 – 30 décembre 1381-4 janvier 1382(ns) (fol. 4v°).

La seconde source est un « gros registre » de comptes de Guillaume de Chauvigny, receveur de la sénéchaussée de Bourges139. Il couvre les années 1383 à 1386 et fut retrouvé « délié » dans le trésor de la Sainte-Chapelle de Bourges à la fin du XVIIe siècle140. Ce document est aujourd’hui perdu, mais quelques passages ont été copiés dont trois se rapportant au chantier du palais pour les années 1385 et 1386141.

Il ressort donc des sources comptables que le chantier du palais commença probablement en 1379 en présence de Jean de Berry. En mai 1380, commencèrent le gros œuvre de la grande vis et la démolition des vieux murs du palais. En 1381, le chantier se poursuivit par la maçonnerie de la salle à parer. Des indices archéologiques relevés par Pierre-Jean Trombetta supposent que la maçonnerie de la grande salle fut entreprise peu après142.

Selon toute vraisemblance, le gros œuvre des salles d’apparat et de la grande salle arriva à son terme à la fin de la décennie 1380. En 1386, on posa la couverture de la grande salle. Un an plus tard, Guy de Dampmartin quittait Bourges pour le chantier du palais de Poitiers143. Le 16 septembre 1387, le procureur d’Huguenin Meschin présenta toute la comptabilité du chantier devant la Chambre des comptes soit au moins huit années consécutives144. La reddition des comptes du payeur des œuvres ne signifie en rien que les travaux étaient arrivés à leur terme, mais il est possible que le chantier soit entré alors dans une autre phase, peut-être consacrée au décor. Plusieurs indices le laissent supposer : un atelier de tapisserie était installé dans la grande salle en 1386. La même année, les deux plus importants sculpteurs engagés par le prince – André Beauneveu et Jean de Cambrai - étaient déjà actifs à

139

BnF, PO 2580, dossier Le Roy n° 57437, pièces n° 133-136. On trouvera une édition assez libre dans Toulgoet-Treanna, op. cit., p. 270-321corrigée dans les pièces justificatives, voir Texte 11).

140

« Il estoit [le compte] dans le tresor de la Sainte Chappelle de Bourges et fut vendu par B [blanc] et [blanc] a un nommé Breton marchant a Bourges. On en ôta la couverture pour faire un portefeuille que j’ay vue en 1700 » (Ibid. n° 137).

141

Ibid., n° 135 (1385) et n° 134v° (1386).

142

Trombetta Pierre-Jean, op. cit., p. 23 : les marques lapidaires (alphabétique et figuratives) de la grande vis sont identiques à celles présentes dans les sous-sol de la grande salle.

143

Le 10 mai 1388, Guy de Dampmartin vend sa maison à Jean d’Etampes (Soyer Jacques, op. cit., pièces n°7 et 8). Au mois de mars 1387, des biens sont achetés à Poitiers pour installer une chambre aux traits et avant le mois de 1388, Guy de Dampmartin a rejoint cette ville (Arch. nat., J 182, n°109 et 111, voir Texte 19).

144

BnF, ms fr. 20686, fol. 8 : Traditus curie XVI° die mensis septembre anno ottogesimo VII per

Bourges145. Enfin la visite à Bourges, au mois de février 1389, de la cour du duc de Bourgogne et de celle de son fils, le comte de Nevers, pourrait bien marquer le

terminus ante quem pour la construction des salles d’apparat et de la grande salle146. Une deuxième campagne de construction occupa la décennie 1390 et fut consacrée à la construction de la Sainte-Chapelle (1391-1398). L’achèvement de cette œuvre majeure dans la symbolique déployée par Jean de Berry à Bourges est associé d’importants séjours du prince autant qu’à des visites de personnages prestigieux. En août 1400, le duc reçut l’empereur Byzantin Manuel Paléologue et le jeune Dauphin147. Le 16 juillet 1412, à l’issue du traité de paix qui mit fin au siège de Bourges, on fêta l’arrêt des hostilités au palais « ouquel il y avait grant appareil » et où les seigneurs furent « très excellentement et très grandement servis »148. A la fin du mois d’octobre 1414, alors que le vieux duc Jean ne quittait plus Paris, le duc Louis de Guyenne, Dauphin de Viennois et héritier du duché de Berry, séjourna quatre semaines durant dans la province. Il fut grandement fêté par les habitants « d’icelle ville, ou palais du duc de Berry »149.

La grande salle : « une des plus belles salles du Royaume »

En dehors de la pose de la couverture en 1386150, aucune source contemporaine des travaux ne permet de renseigner l’histoire de la construction d’une « des plus belles salles du Royaume » aux dires de Gaspard Thaumas de la Thaumassière151. En revanche, un grand nombre de témoignages nous dépeint avec parfois un grand souci du détail la grande salle du palais qui marqua à plusieurs reprises l’histoire de la ville. L’immensité de ses proportions impressionnait les visiteurs. Par ses dimensions

145

André Beauneuveu et trois de ses aides sont au service du prince (BnF, PO 2580, dossier Leroy n°57437, pièce n° 133v°). Le maître occupera deux ans plus tard dans la maison de Guy de Dampmartin dans la paroisse Saint-Pierre-le-Puellier (Soyer Jacques, op. cit., p. 310). Jean de Cambrai est payé 15 £ par mois pour « ouvrer de son metier à Bourges » selon un mandement du 26 septembre 1386 (BnF, PO 2580…, n° 133v°).

146

L’itinéraire de la cour de Bourgogne et de Nevers mentionne qu’après la visite, les maîtres furent invités à se rendre à Mehun-sur-Yèvre tandis que les gens de leurs hôtels respectifs restèrent à Bourges. On peut imaginer, comme c’était courant, que la grande salle du palais servit de dortoir (Petit Ernest, op. cit., p. 207).

147

Lehoux Françoise, op. cit., t. II, p. 439, note 4 et 5.

148

La chronique d’Enguerran de Monstrelet, Douët-d’Arcq (ed.), Paris, Renouard, 1858, t. II, p. 289.

149

op. cit., p. 53 .

150

voir note 164.

151

Thaumassière Gaspard Thaumas (de la), Histoire du Berry, Bourges 1689, Bourges, Revue du Berry (reed.), 1865, t. I, p. 267.

(51,20 mètres de long sur 16,35 mètres), elle était la deuxième plus grande salle du royaume après celle du palais de Paris152. Avec une charpente culminant à plus de trente mètres et dépourvue de piliers153, la grande salle de Bourges offrait un gigantesque volume que le visiteur, arrivant par le portique nord, pouvait embrasser d’un seul regard. Les distributions dédiées au service domestique étaient cachées dans des passages muraux. En 1386, alors que les travaux n’étaient pas encore terminés, on apprend que la grande salle avait abrité la réserve de grains que le duc destinait à la vente et qu’on y installait dorénavant un atelier pour les tailleurs de pierre et un autre pour les tapissiers154. Une fois achevée, ses dimensions lui permirent d’accueillir les foires de Noël quinze jours durant155. La grande salle du palais de Bourges resta longtemps désignée comme « la salle du roi ». En 1461, Louis XI y reçut le serment des habitants de Bourges156. En revanche, en dépit d’une idée reçue, aucune donnée ne permet d’affirmer que Charles VII proclama la Pragmatique Sanction dans le palais157. Lors des Etats Généraux, la noblesse se réunissait dans la grande salle158. D’après Nicolas Catherinot, il en fut de même pour les années 1453, 1498, 1529, 1560, 1576, 1588, 1614, 1649 et 1651. Les coutumes du Berry y furent rédigées en 1538 et 1539. Avant les campagnes militaires, le ban et l’arrière ban se réunissaient dans la grande salle (1461, 1536 et 1635). Elle accueillit également les assemblées des Huguenots en 1562159.

Les dimensions remarquables de la grande salle n’ont eu d’égal que l’attention réservée à son décor intérieur. La distribution de la grande salle opposait dans un rapport frontal le duc, siégeant au pignon sud, et ses sujets entrant par le pignon nord160. Cette disposition différait de celles employées dans les grandes salles de

152

Mesqui Jean, op. cit., vol. 2, p. 43. L’auteur note la proximité entre la grande salle de Bourges et celle du château de Coucy (bâtie vers 1380).

153

Thaumassière Gaspard Thaumas (de la), op. cit.

154

BnF, PO 2580, dossier Leroy, n° 57437, pièce n° 134v°.

155

Thaumassière Gaspard Thaumas (de la), op. cit., t. I, p. 267. Après la disparition de la grande salle, les foires de Noël se déplacent au Jeu de Paume de la rue Jacques Cœur puis dans l’église des Carmes. Cependant elles continueront d’être désignées par « foires du palais » (Raynal Louis, op. cit., t. II, p. 411).

156

Raynal Louis, op. cit., t. II, p. 411.

157

Louis Raynal précise que les premières réunions que le roi convoqua se tinrent dans la salle capitulaire de la Sainte-Chapelle (op. cit., t. III, p. 183).

158

Thaumassière Gaspard Thaumas (de la), op. cit., t. I, p. 442. Le clergé tenait son assemblée à l’hôtel de l’archevêque et le Tiers Etat à l’hôtel de ville.

159

Notes de Paul Gauchery d’après les écrits de Nicolas Catherinot (Arch. dép., Cher, 36 J 28, carton 1, dossier 4, chemise « textes concernant la Sainte-Chapelle).

160

Poitiers ou de Riom dans lesquelles les visiteurs entraient par un mur gouttereau et devait tourner le regard de 90° pour découvrir l’estrade noble.

Au premier chef, le visiteur découvrait en levant les yeux une impressionnante structure charpentée dont le souvenir se trouve consigné avec tous les détails dans un devis de réparation de 1610161. Il s’agissait de deux berceaux en tiers-point superposés culminant à 33 mètres de hauteur. Le premier tiers-point faisait une dizaine de mètres de hauteur et le second tiers-point 6,50 mètres162. Le regard qui parcourait cette voûte n’était arrêté par aucun pilier, aucune poutre ni aucun tirant. Pour contenir les 16,40 mètres de portée, on conçut des murs épais de 2 mètres renforcés par quatorze contreforts faisant une saillie de 1,5 mètre et disposés tous les 8 mètres163.

En 1386 la pose de la couverture par Jean le Prestre164 a probablement précédé la mise en place du décor lambrissé qui recouvrait le double berceau165. Cette année marque justement la fin des travaux de lambrissage au château de Poitiers par le huchier parisien Guillaume Cirace, qui avait notamment réalisé le lambrissage du petit galetas et de la grande salle en bois d’Illande dont il assurait lui-même l’importation166. Guillaume Cirace est encore mentionné à Poitiers en mai 1392167, il a donc pu travailler au berceau de la grande salle de Bourges. L’hypothèse s’avère séduisante, mais en dehors de la coïncidence chronologique, aucune preuve ne permet de lui attribuer l’immense chantier du lambrissage de la grande salle de Bourges.

161

Ibid., p. 83-84 d’après un devis conservé aux Arch. dep., Cher, C 787.

162

Pierre-Jean Trombetta (op. cit., p. 21) présente une coupe transversale de la charpente d’après ce devis.

163

Gauchery Paul, op. cit., p. 82).

164

Compte de Guillaume de Chauvigny, receveur de la Sénéchaussée de Berry, 1386 : « A Jean le Prestre couvreur et enduiseur, pour avoir couvert a neuf la grant sale du palais de Bourges » (BnF, PO 2580, dossier Le Roy n° 57437, pièce n° 134v°). On trouve deux autres mentions se rapportant à l’année 1385 et concernant l’avancement des travaux du palais et les couvertures provisoires faites pour passer l’hiver : « le palais est tout desffermé et rompu pour ce que mondit seigneur y fait commencer de ouvrer pour son domicile » et « l’on fit couvrir de gluis [chaume] la dernier vis du palais » (Ibid., n° 135, voir Texte 11). Le devis de 1610 indique que la couverture était d’ardoise, mais, plus de deux siècles après l’ouvrage de Jean le Pretre, il y peu de chance pour qu’elle fût d’origine.

165

Devis de 1610 (Arch. dép., Cher, C 787). Le lambris était constitué de lattes de 16 cm de largeur. Le devis ne précise pas l’essence des bois ni s’ils avaient reçus un décor peint.