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b) Historique du chantier (1376 – 1403) Le lancement probable du chantier (Pâques 1376)

Le vieux palais d’Alphonse de Poitiers était vétuste, mais certainement habitable au vu du nombre de séjours que le prince fit à Riom avant d’y engager des travaux (voir Graphique 4). En 1365, son conseil siégeait au palais et le contrat de mariage de son conseiller, Imbaud du Peschin, y fut signé la même année en sa présence500. Cependant les capacités du palais étaient vite dépassées lorsque Jean de Berry conviait à Riom un grand seigneur. Il fallait alors se rabattre sur Clermont ou sur le comté de Montpensier501.

Nous ne connaissons pas avec exactitude le début de la rénovation du palais de Riom, mais on peut déterminer qu’elle commença entre le mois de janvier 1375 et le mois d’août 1376502. On peut avancer avec quelque assurance qu’un tel chantier - le premier chantier palatial de Jean de Berry – aurait très bien pu être inauguré à l’occasion des festivités de Pâques 1376 auxquelles le duc prit part en y conviant la noblesse auvergnate. En effet, le prince marqua sa présence avec solennité. Le jeudi 10 avril, il fit un don au lecteur des Cordeliers qui prêcha pour la Cène. Le même jour, il versa l’aumône à treize pauvres. Le vendredi 11 avril, il fit une offrande à la « vraie Croix »503.

Il appliqua à Riom le principe qu’il avait inauguré à Nonette en 1371 et qui constituera la constante de ses grands programmes : la transformation d’une ancienne forteresse en un palais mettant en scène les symboles du pouvoir, mais aussi la mise en œuvre d’une somptueuse et confortable demeure pourvue de tous les agréments dont pouvait disposer alors une résidence aristocratique. Pour cette raison, les travaux commandés par Jean de Berry à Riom ne conférèrent aucune fonction défensive au palais, alors même que l’insécurité qui régnait en Auvergne dans la seconde moitié du XIVe siècle contraignait la « bonne ville » de Riom à organiser sa

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Lehoux Françoise, op. cit., t. I, p. 180, note 4 et 9.

501

Voir notes 464 et 1278.

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L’avis des dépenses pour l’année 1374 (Teilhard de Chardin Emmanuel, « Registre de Barthélemi de Noces, officier du duc de Berry (1374-1377)», Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. 52, 1891, p. 240-245) n’enregistre aucune dépense relative au palais de Riom. On sait qu’un payeur des œuvres était nommé à Riom avant le mois d’août (BnF, ms fr. 11488, fol. 1, voir Texte 5).

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défense504. Pour autant, le programme de ce palais est probablement le moins ambitieux des trois ensembles palatiaux légués par le prince. Le parcellaire qui environnait le palais était dense et conduisit le duc à faire procéder à de coûteuses expropriations en 1387 et 1403. On se contenta de reprendre la maçonnerie et la grande salle. La toiture des salles de parement fut rehaussée de 1,30 m505, on ajoute une galerie, des cheminées, on sculpte des décors de portes, etc. Le seul élément particulièrement remarquable remontant au principat de Jean de Berry est bien évidemment la chapelle palatine.

En avril 1376, le duc de Berry nomma un certain Robert Loyson pour conduire les finances du chantier riomois. Pour une raison inconnue, cet exécutant ne put « vaquer a faire le dit paiement ou office » et Jean de Berry, lors d’un séjour à Poitiers, désigna Jean de Savignon « de bouche » comme son remplaçant le premier août 1376506. Jean de Savignon appartenait à l’élite urbaine riomoise et détenait une part du pouvoir communal (il était consul de Riom entre 1379 et 1380 puis entre 1388 et 1389)507. Le 21 novembre 1377, le duc convoqua Jean de Savignon à Clermont afin de lui remettre officiellement sa lettre de commission508. Le payeur des œuvres était secondé dans sa tâche par un certain Perinet le Petit, dont les attributions demeurent floues509.

Un marché attribué par Guy de Dampmartin en juillet 1379 à Pierre Guobia, chaufournier et tailleur de pierre de Volvic510, est l’unique témoin des travaux menés dans la seconde moitié de la décennie 1370511. Bien que partiellement retranscrit dans la comptabilité de Jean de Savignon, ce contrat nous fournit un grand nombre d’informations précieuses sur l’architecture du palais. Nous apprenons dans ce document que la maçonnerie du corps de logis contenant les salles de parement, avait

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La ville fut directement menacée entre 1359 et 1360. Les compagnies rodent aux alentours en 1349, 1359, 1357 et 1373 (Teyssot Josiane, Riom capitale…, p. 269 et 272). En août 1410, les consuls s’inquiètent de nouveaux troubles dans la provinces et font procéder à la visite de l’enceinte urbaines afin d’y faire entreprendre des réparations (Ibid., p. 274).

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« (…) convient lever pour le pignon devers la fontaine quatre pies de haut et la en ce comenceroit a esmortir le dit pignon aurra quatre toises de haut jusques a l’apointement » (Arch. nat., KK 255, fol. 46v°).

506

BnF, ms fr. 11488, fol. 1-1v°, voir Texte 5.

507

Teyssot Josiane, « Un grand chantier de construction…, p. 162.

508

BnF, ms fr. 11488, fol. 1v°.

509

« Item aven payat al dit Jehan de Savinho et a Perinet lo Petit maistre dau bastiment dau palays de riom (…) » (Arch. dép., Puy-de-Dôme, CC 170, fol. 156).

510

Pierre Guobia de Volvic fournissait le chantier en chaux (Arch. nat., KK 255, fol. 37 et 38).

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été reprise lors d’une phase de travaux conduite en régie, peut-être sous la responsabilité de Guy de Dampmartin512. La maçonnerie des deux étages des salles à parer était déjà en partie élevée pour moitié en juillet 1379, car il restait à monter sept toises sur les treize que devait compter le pan de mur vers les jardins513. Cependant, la signature de ce marché, le 20 juillet 1379, semble marquer un changement de rythme pour le chantier. Guy de Dampmartin était probablement tenu de quitter l’Auvergne pour rejoindre le chantier du palais de Bourges et dut prévoir de faire achever la maçonnerie des salles à parer par le biais du marché.

Une conjoncture difficile, 1379-1384

L’étude de la comptabilité de Jean de Savignon laisse à penser que le chantier traversa une période de difficulté entre 1379 et 1384. Par exemple, si le marché passé entre Guy de Dampmartin et Pierre Guobia était signé le 20 juillet 1379, il est fort probable que les travaux débutèrent plus tardivement. Peut-être même faut-il repousser sa mise en œuvre jusqu’aux années 1382-1384, au cours desquelles on solda à Pierre Guobia ce qui lui était dû514.

Durant cette période, l’activité du chantier fut fortement réduite voire nulle. Aucune journée d’ouvriers n’est comptabilisée entre août 1382 et le 5 janvier 1383. En dépit d’un financement déjà modeste (307 £ versées par Raymond Coustave), un tiers seulement des fonds alloués cette année furent utilisés et l’exercice (1 août 1382 – 31 juillet 1383) se solda par une balance largement excédentaire - 213 £ 9 s. 1 d.- et reportée sur l’exercice suivant515 (voir Tableau 26). Selon toute vraisemblance, aucun maître d’œuvre n’avait été dépêché pour assurer la conduite du chantier.

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« Item a l’autre pignon de la ditte chambre devers la chambre de retrait convient deux huysseries chanfraintes une pour le premier estage et l’autre pour le segont et se doit l’en la maniere de l’autre pignon don il en a ja leve entour quinze toizes faittes auz journees de monseigneur » (Ibid.).

513

Arch. nat., KK 255, fol. 46v°.

514

« A Pierre Guobia tailheur de pierra et maçon pour trois cens frans que luy estoient dehus pour marchié fait a luy pour maistre Guy de Dampmartin general mestre dez euvres [de] monseigneur le duc de Berry et d’Auvergne le vintiesme jour de juillet l’an mil trois cens soixant et dix et neuf de fere maçonnerie que faut a fere a present en lez chambres apparer de mondit seigneur au palays de Riom (…) », compte de Jean de Savignon, payeur des œuvres du palais de Riom, 1er août 1382 - 31 juillet 1384 (Arch. nat., KK 255, fol. 46v°).

515

En marge de la semaine du 27 juillet 1383 – la dernière du premier exercice - les auditeurs ont noté la mention suivante : Prima grossa totus expensis dicti computi 93 £ 15 s 9 d t. Debet dictus solutor

213 £ 9 s 1 d t. que ponuntur super ipsum solutorem in finite computis sequentis (…) » (Arch. nat.,

L’absence d’un lieutenant du général maître des œuvres explique les messages échangés entre Riom (probablement par Jean de Savignon) et Guy de Dampmartin à Bourges516. Par exemple, dans la seconde moitié de l’année 1382, on s’aperçut que l’érection de la grande cheminée de la grande salle devait être différé en raison de la faiblesse du mur pignon517. Le maçon chargé de l’ouvrage dut se rendre à Bourges en compagnie de son valet afin d’y recueillir l’avis de Guy de Dampmartin sur la question518.

La comptabilité trahit le peu d’activité du chantier. A titre de comparaison, à Riom on dépensa sur l’année (août 1382 – août 1383) une somme équivalant à une semaine sur le chantier de Poitiers (voir p. 361). Quand on compare le nombre de jours ouvrés entre Riom et Poitiers en 1383 et en 1384, il s’avère que l’on travailla un jour de moins en moyenne par semaine à Riom (voir Tableau 27). Cette situation s’explique en grande partie par la conjoncture difficile que traverse alors la ville. L’année 1383 fut marquée par une épidémie de peste d’une telle ampleur qu’elle conduisit le pouvoir royal à faire procéder à la réévaluation du nombre de feux, ce qui révèle une crise démographique autant que la paralysie des activités économiques et commerciales519. Cet épisode épidémique venait s’ajouter à une conjoncture défavorable qui sévissait depuis le début des années 1380 et qui perdura encore une dizaine d’années520.

Si Jean de Savignon clôtura son exercice 1382-1383 sur un excédent, l’exercice suivant souffrit quant à lui d’un manque de moyen criant. Les travaux accusèrent six mois de retard sur le calendrier prévu. En effet, une campagne de travaux devait commencer à la fin de l’été 1383, mais, probablement informé de la mauvaise

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Semaine du 20 avril 1383 : « Messager envoyé a Bourges a meistre Guy de Dampmartin general mestre des dictes euvres pour le fait dez euvres du dit palais (…) A Pierre du Cros qui fut envoyé au dit meistre Guy pour la dicte cause et en apourta response dez lettres (…) », quittance donnée le 19 mai suivant (Arch. nat., KK 255, fol. 2). Semaine du 26 octobre 1383 : « Messager envoyé qui apourta lettre a meistre Guy de Dampmartin par le fait des dictes euvres. A Pierre du Cros qui pourta lez dictes lettres au dit lieu de Bourges devers le dit meistre Guy et en rapourta responsse (…) », quittance rendue le vendredi après la Saint-Luc Evangéliste 1383 (Arch. nat., KK 255, fol. 12v°).

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Marché fait à Pierre Taquaing « pour abatre le pignon de la grant sale ou devoit estre la grande chaminee jusques entour lez tuaus [tuyaux] de la dite sale le quel pignon fu abatus pour ce qu’il estoit frebles et ne se povoit soubstenir (…) », quittance rendue le lundi 8 février 1389 (BnF, ms fr. 11488, fol. 4).

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« A Jean le Bon maçon pour ce qu’il ala devers le dit meistre Guy pour savoir avecques lui comment se gouverneroient lui et son compaignon et savoir sa voulante du prix fait de la grande cheminee, lequel demoura en alant de Riom a Bourges et d’illec et par son retour de soy et de son compaignon, doze jours (…), s.d. (BnF, ms fr. 11488, fol. 4).

519

Teyssot Josiane, Riom, capitale…, p. 262-282.

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volonté du trésorier général Raymond Coustave, Guy de Dampmartin préféra différer sa venue à Riom et intervint auprès de Jean de Berry pour décider l’officier récalcitrant521. Le général maître des œuvres avait connu semblable situation en 1381 à Bourges quand il avait alors ordonné l’arrêt des travaux durant tout le mois de janvier522. Cependant, à Riom, des lettres ducales eurent raison promptement des réticences du trésorier général. Guy de Dampmartin dépêcha aussitôt l’un des tailleurs de pierre travaillant à Bourges - Claus de Mayence – pour apporter « l’ordonnance du bâtiment »523. Claus de Mayence en apportant le projet de Guy de Dampmartin venait préparer le lancement prochain des travaux finalement reporté au printemps suivant. On lui avait également confié la réalisation de la voûte de la grande vis.

Le chantier 1384-1389

Le lancement d’une nouvelle campagne, avril 1384

Le 4 avril 1384, Guy de Dampmartin arrivait à Riom524. Le général maître des œuvres dirigeait alors les chantiers de Bourges et de Mehun-sur-Yèvre.Au même moment, il préparait une nouvelle campagne de travaux à Poitiers avec le maçon Jean Guérart et le charpentier Robert Fouchier. La visite fut de courte durée (il resta quinze jours) car elle n’avait pour objectif que de superviser la réalisation des gabarits du portail de la chapelle, destinés aux tailleurs de pierre. Outre ce portail, la campagne concernait l’achèvement des chambres du palais et la rénovation de la grande salle. A cette fin, Guy de Dampmartin fit livrer des papiers « de la grant

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Semaine du 7 septembre 1383, « Messages envoyés de Bourges a Clermont et a Riom de part meistre Guy de Dampmartin meistre dez dites euvres li quieux apourta lettres clouses de part mon seigneur et de part luy a Raymond Coustave tresorier general contenant qu’il baillast argent pour fere ouvrer aus bastimens de Riom et de Nonnete. A Huguenin Audrens qui apourta lez dictes lettres clouses de part meistre Guy au dit Raymond Coustave li quel meistre Guy ne voulast point venir pour fere ouvrer jusques ad ce qu’il eust response du dit treshaurier (…) » (Arch. nat., KK 255, fol. 9).

522

Arch. dép., Cher, 8G 1166, fol. 4v°.

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Semaine du 21 septembre 1383, « Journees d’ung maçon qui vint de Bourges a Riom et apourta l’ourdenance du dit bastiment pour fere ouver. A Claus de Mayense maçon six jours a 6 s. 8 d. pour jour de venir a (sic.) Bourges a Riom et pour son retour deux francs (…) » (Arch. nat., KK 255, fol. 9v°). En outre, la même année, Raymond Coustave était nommé receveur général du roi des aides ordonnées pour la guerre en Languedoc (BnF, PO 868, dossier Costane n° 19518, pièce n° 4).

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« Journees de tailheurs de pierre qui ont ouvre au dit palais et en la compagnie de meistre Guy de Dampmartin lequel leur monstra ce que y estoit a fere audit palais et aussi pour gouverner les œuvres dudit palais quant le dit meistre Guy non y seroit » (Arch. nat., KK 255, fol. 23v°).

fourme achaptes pour fere lez ourdonances et portaytures dez chambres du dit palais »525. Contrairement aux préparatifs du chantier de Poitiers, de novembre 1384 à janvier 1385, le général maître des œuvres faisait ici réaliser des tracés techniques et non des dessins destinés au maître d’ouvrage, lequel de son côté ne revint pas à Riom avant le mois de mai 1385.

Après sept mois de préparatifs conduits sous la responsabilité de Claus de Mayence, la venue de Guy de Dampmartin marqua le réel déclenchement de la campagne. Le général maître des œuvres procéda à la constitution et à l’installation d’une équipe de maîtres d’œuvres et d’ouvriers compétents, conjuguant des talents issus du milieu parisien, berrichon mais aussi issus d’un recrutement local. L’équipe chargée de la réalisation des gabarits réunit Claus de Mayence et Pierre Juglar (voir Tableau 28). Nous savons le premier occupé depuis plusieurs mois à la voûte de la grande vis. Il réalisa les gabarits sur des planches de chêne et de sapin526. Pierre Juglar, quant à lui, était le maître des œuvres de la cathédrale de Clermont, fonction qu’il continuait toujours d’occuper527. Guy de Dampmartin le désigna comme son lieutenant à Riom certainement en raison de son expertise dans l’élaboration de gabarits destinés au portail d’un monument religieux. Il assumait seul ses fonctions et n’était pas secondé par un maître des œuvres de charpenterie528. Cette fonction faisait de lui le maître le mieux rémunéré sur le chantier : 8 sous par jour (voir Tableau 31). Pour autant, son passage resta étonnamment limité dans le temps, car il quitta le chantier le 17 mai 1384 après seulement un mois et demi de service529.

525

Arch. nat., KK 255, fol. 24v°.

526

« A Claus de Mahense cinq jours (…) pour molles tailher enclaver et joindre (…) », semaines des 4 et 11 avril 1384 (Arch. nat., KK 255, fol. 23v°et 25). « Heys de chayne qui furent achaptés pour fere mollez auz ouvriers qui avoyent pris preffait au dit palais du dit meistre Guy en la dite semayne » (Ibid.). « Journees de charpentiers qui ont ouvre au dit palais a planer lez heys dessus dis et aussi pour six autres heys de sapin cousus ensembles sur lez quels se traissit la molleure des pourteaux de la sale [a] entrer en la chapelle (…) » (Ibid., fol. 23v°-24). Durant la semaine du 24 avril, on acheta encore sept planches de sapin pour faire les gabarits (Ibid., fol. 27). « Ataches de fer achaptes pour le fait du dit palais et une pièce de fer blanc d’Alemaigne pour aspe et a tenir les molles », semaine du 16 mai 1384 (Ibid., fol. 31).

527

Voir note 533.

528

Semaine du 25 avril 1384 « Journees d’ung charpentier qui ouvra au dit palais en la dicte semaine a cinq solz pour iour, en la compagnie du dit maistre Pierre Juglar » (Arch. nat., KK 255, fol. 27).

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« A Pierre Juglar meistre du bastiment de Clemont pour cinq jours (…) a luy taxés par le dit meistre Guy », quittance donnée le 17 mai 1384. Pierre Juglar est alors probablement âgé ou décédé car en 1386, Hugues Foucher le remplaça (Sanchez Pierre, op. cit. , p. 63).

A sa suite, la conduite des travaux fut confiée au berrichon Hugues Jolis530 qui remplit ses fonctions durant deux années jusqu’au mois d’août 1386531. Il fut alors remplacé par le troisième et dernier lieutenant de Guy de Dampmartin à Riom, Hugues Foucher. Ce maître tailleur de pierre venait selon toute vraisemblance du Bourbonnais532. Parallèlement au chantier de Riom, il conduisait le chantier de la cathédrale de Clermont en lieu et place de Pierre Juglar alors décédé533.

Certainement provoquée par l’impatience de Guy de Dampmartin, relayée par le duc de Berry, une profonde modification du financement intervint dès le mois de février 1384 : Jean de Savignon reçut dès lors des versements mensuels de 300 £ alloués directement par Etienne du Chastel, receveur des aides levés pour la guerre dans le diocèse de Clermont534. L’administration de Jean de Berry avait conçu un mode de financement original, propre au duché d’Auvergne, et qui garantissait pour les cinq années à venir d’importantes ressources aux chantiers de Riom et de Nonette535. A partir de ce moment, les montants des dépenses des chantiers

530

Semaine du 16 mai : Hugues Jolis travailla sept jours « inclus trois iours qu’il venist de Bourges a Riom pour ouvrer et estre lieutenant du dit meistre Guy et a prandre garde dez euvres » (Arch. nat., KK 255, fol. 30v°).

531

BnF, ms fr. 11488, fol. 8v°.

532

Morand Edmond, « Acquisitions par Jean duc de Berry et d’Auvergne de divers biens fonciers au voisinage du palais de Riom, 12 février 1387 (ns) », Bulletin Historique et Scientifique de l’Auvergne, t. 75, 1955, p. 118. Nous connaissons son origine grâce à plusieurs actes de vente en 1387 : « Hugues des Tertres », peut-être une commune du Bourbonnais (« entre Riom et Bourges : les Tertres du Verges, commune de Naves (Allier).

533

Ranquet Henri, La cathédrale de Clermont, Paris, H. Laurens, 1913, p. 20 (d’après Sanchez Pierre,

op. cit., p. 63).

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« Sachent tuit que Je Jehan de Savignon payeur des euvres du palaix de Riom par monseigneur le duc de Berry et d’Auvergne, conte de Poitou, confesse avoir eu et receu de honnorable homme et saige Estienne du Chastel, receveur par le roy notre sire au diocese de Clermont des aydes de la guerre la somme de trois cens livres tournois pour le moys de fevrier dannieremant passé pour mettre et convertir au payemant des dictes euvres dudit palaix. De la quelle somme des dictes 300 £ je suys contens et poyés et en quitte le dit receveur et tous ceux a qui quittance en puet et doit apparatenir. Donné soubz mon scel et seing manuel le XXIIe jour de mai l’an mil IIIc IIIIxx et quatre » (BnF, PO 2654, dossier Savignon n°58945, pièce n°2, voir Texte 9).

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Le 3 mars 1385, le duc de Berry alors à Paris ordonne à son nouveau trésorier général Nicolas Mengin de perpétuer ce système jusqu’à nouvel ordre. Ce mandement inédit de Jean de Berry fut versé aux Archives départementales en 1933 (Arch. dép., Puy-de-Dôme, 1 F 186, pièce n° 1). Durant la période s’étendant entre le mois de février 1384 et le mois d’octobre 1388, un grand nombre de pièces comptables ont été produites. Il reste aujourd’hui deux mandements – mars 1385 (Arch. dép., Puy-de-Dôme, 1 F 186, pièce n°1), janvier 1387 (BnF, PO 702, dossier Chastel (du), dossier n°16271, pièce n°9, voir Texte 16) - sept quittances – février 1384 (BnF PO 2654, dossier Savignon n°58945,