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1. LE CRIQUET PÈLERIN ET SON ENVIRONNEMENT

1.1. Le Criquet pèlerin

1.1.3. Données acridiennes récentes du CNLA (1988-2007)

1.1.3.1. Origine et méthode de collecte des données acridiennes (1988-2007)

Les équipes terrestres fournissent la plus grande partie des informations. Des équipes parcourent régulièrement les parties accessibles des zones de reproduction du pays. Ces zones sont prospectées pendant leurs périodes de fonctionnement liées à la pluviosité effective en fonction d'un calendrier saisonnier.

D’une année à l’autre, le nombre d’équipes déployées est variable en fonction des périodes de rémission ou d’invasion. En période de rémission, 4 à 10 équipes, en moyenne, prospectent la zone de reproduction estivale pendant 4 à 6 mois et 2 à 3 équipes explorent la zone de

reproduction hiverno-printanière pendant 2 à 4 mois, tandis qu’en période d'invasion le nombre d'équipe peut atteindre ou dépasser 40.

Fig. 8 : Comparaison des performances en matière d’information acridienne entre les pays.

Les éléments de base, nécessaires à l’aide à la décision de la planification du calendrier de la campagne de surveillance et de lutte anti-acridienne et au suivi de la collecte des données sur la dynamique des populations acridiennes dans le pays se résument aux 3 points suivants :

1. L’évolution des conditions écométéorologiques : le dispositif de surveillance est déployé en fonction des espaces de la distribution saisonnière des pluies puis progressivement en fonction du développement de la végétation.

La campagne de surveillance estivale commence soit en début juillet soit en début août et dure jusqu’à fin octobre, elle couvre le Sud et le Sud-Est du pays. La campagne hiverno-printanière la relaye de novembre à décembre en couvrant le Centre-Ouest du pays puis de janvier à avril dans le Nord.

2. L’évolution de l’augmentation du nombre d'équipes : en fonction de la situation, le CNLA entame les démarches nécessaires pour la mise en place de la campagne. Elle peut être rapide ou lente selon la gravité de la situation qui prévaut, d’une part et de la disponibilité des moyens financiers selon la rapidité et de l’importance de la mobilisation nationale et internationale, d’autre part.

3. L’évolution de la situation acridienne : La corrélation entre l’augmentation du dispositif et l’évolution de la situation acridienne, en période de recrudescence-invasion est symétrique, car au fur et à mesure du renforcement des équipes sur le terrain, la couverture des superficies infestées devient plus importante, ce qui accroît la collecte des informations sur le Criquet pèlerin.

D’une manière générale les campagnes de surveillance et de lutte prennent de l'ampleur dans les années de recrudescence et de déclin. En période d’invasion, la campagne dure presque toute l’année car le territoire est alors susceptible de se trouver concerné en permanence par le fléau acridien.

La composition de l’équipe en personnel, en véhicule et en matériel varie en fonction du rayon d’action et du niveau d’activité acridienne (invasion ou rémission) et des difficultés de

progression donc des risques encourus. Une équipe, quelle que soit sa taille, est toujours dirigée par un seul technicien ou ingénieur appelé prospecteur, ou chef-prospecteur. Celui-ci est formé aux différentes techniques de prospection et de lutte anti-acridiennes. Certains prospecteurs ont plus de 30 années d'expérience.

En mission, l'équipe travaille 7 jours sur 7. Elle effectue un déplacement quotidien d’environ 50 à 150 km, en fonction de l’accessibilité du terrain et de la présence ou l’absence de populations acridiennes ou des zones écologiquement favorables. Ces parcours n'incluent pas l’acheminement ou le rapatriement entre le lieu d’intervention et la base logistique.

La durée de séjour d’une même équipe sur le terrain est variable (de quelques semaines à plusieurs mois) en fonction de l’activité acridienne. Les arrêts pour observations sont effectués en fonction de la présence d’acridiens ou de conditions écométéorologiques plus ou moins favorables.

Toutes les observations sont notées par le prospecteur dans son carnet de mission. Le format de base initiale pour la collecte et la transmission de ces observations a été conçu en 1989, sur la base des structures d’informations acridiennes et écologiques contenues dans le Manuel du prospecteur de la CLCPANO/FAO (Fao 1975), de la structure des messages de l’OCLALAV, ainsi que de références bibliographiques scientifiques, des besoins et des contraintes de la description des structures de population et de gestion courante des opérations en lutte anti-acridienne. En 2000, une nouvelle version de la fiche standardisée d'observation a été adoptée pour répondre aux besoins de la base de données RAMSES (Reconnaissance And Management System of the Environnement of Schistocerca) et faciliter la transmission des informations par radio BLU (annexe I). Par la suite, cette fiche a été légèrement remaniée pour répondre aux besoins et remarques des prospecteurs comme des utilisateurs (Duranton 2005). Chaque message précise la position de l'équipe, résume l'itinéraire parcouru, les observations acridiennes, écologiques, météorologiques et les activités de lutte menées, toutes les signalisations récoltées pendant la journée, ainsi que les problèmes rencontrés et le programme de la journée suivante.

Les équipes disposent de quelques outils de navigation (boussoles, cartes et GPS), de collecte de données météorologiques (psychromètres, anémomètres, etc.) et biologiques (filets de captures, couches, etc.).

Les données météorologiques (températures minimales et maximales, hygrométrie,

direction et vitesse du vent, humidité et texture du sol) sont relevées trois fois par jour (à 07:00 h, 12:00 h et 18:00 h). La température et l'hygrométrie sont mesurées à 1,50 m de la surface du sol, tandis que l’humidité du sol est évaluée sommairement à l’aide d’un double décimètre à partir de la surface du sol en descendant en profondeur en appréciant l'épaisseur des horizons secs ou humides dans les 30 à 50 cm supérieurs. La nature du sol est notée. La vitesse et la force du vent sont mesurées par des anémomètres DWYER en mètres par seconde, la direction (la provenance) est évaluée à la boussole. Les pluies sont estimées sur la base d’un indice de quatre classes (traces, faible, moyenne, bonne ou forte).

La végétation est évaluée en pourcentage de verdure, de couverture et le développement

est décrit suivant deux échelles de 5 classes chacune. Les espèces annuelles et pérennes sont notées par ordre de dominance décroissant. Un nombre minimal de trois espèces par catégorie est trop souvent cité par le seul nom de genre, parfois par le nom d’espèce, en fonction des connaissances du prospecteur.

Les informations acridiennes sont récoltées de façon détaillées sur leur apparence

phasaire, leur stade, leur comportement, leur développement sexuel et leur densité, ainsi que la superficie occupée ou infestée. Les évaluations de densité sont réalisées avec les méthodes

courantes en fonction du niveau des populations : transect, densité moyenne intermédiaire ou quadrats. Les codes conventionnels de la FAO sont utilisés.

Des signalisations issues d’autres sources : les voyageurs, les nomades, les transporteurs, les touristes sont également collectées et éventuellement vérifiées par les équipes et transmises au niveau central.

Les traitements pesticides effectués sont notés avec précision : localisation (coordonnées géographiques du bloc), qualité et quantité des produits utilisés, nature des cibles et superficies traitées, protocole d'application, degré d’efficacité ou pourcentage de mortalité, le temps passé avant l’apparition de la mortalité.

Un message résumé de toutes ces observations est ensuite rédigé en fin de journée et transmis par radio le lendemain au niveau central de l’unité acridienne. En cas d’urgence opérationnelle, le message peut être transmis immédiatement. Trois à six rendez-vous d'écoute par jour, en fonction des périodes d’activité acridienne, sont fixés entre les équipes et le niveau central. La durée de transmission d’un message varie entre 5 à 15 minutes, en fonction de l’activité acridienne, de la position par rapport au lieu de réception, ainsi que des conditions météorologiques (vent de sable, chaleur, etc).

Des informations parviennent aussi au Centre en provenance d’autres structures régionales du Ministère, ou en dehors de celui-ci (l’Administration territoriale, l’Armée, etc.). Elles sont également validées, traitées et archivées.

Les messages radio reçus sont consignés dans le « Carnet Radio ». Les carnets sont soigneusement conservés et les données archivées dasn la base Ramses (Base de données relationnelles chrono- et géo-référencées).

Les messages sont traités et analysés immédiatement par le Centre et les actions nécessaires sont prises en fonction de leur degré d’urgence et de risque. Chaque donnée a un identifiant unique et attribuée à un point géographique avec la précision de coordonnées GPS (latitude et longitude) pour une date précise.

Ce format de collecte des données a été adopté depuis 2000 par l’ensemble des pays de la région occidentale sous forme de fiche appelée « fiche de la région Occidentale » (annexe I). Cette fiche a ensuite été simplifiée, puis informatisée dans un micro-ordinateur de terrain appelé « E-locust » et transmise via Radio HF. Enfin depuis 2005, dans une version n°2 d’E-locust sur lequel cette fiche peut être remplie et envoyée par l’équipe en utilisant, cette fois-ci le satellite via un système d’antenne connexe appelé Wayscor. La transmission parvient à un ordinateur central à travers l’Internet soit sous forme de courriel ou directement sous un format accepté directement par la base de données RAMSES. Ce système peut aussi être couplé à Google Earth. Ce qui permet de visualiser l'itinéraire suivi par chaque équipe à travers les positions géo-référencées d'où elles envoient les messages et celles dans lesquelles elles ont fait des enregistrements, des "arrêts" pour observations, etc.

L’analyse en temps réel de ces données conduit à produire des bulletins de synthèse rédigés en français et en anglais et parfois en arabe par l’unité centrale et rediffusés électroniquement en fonction de la période d’activité acridienne, sur un pas de temps journalier, hebdomadaire ou décadaire, au niveau national, régional et international et aussi mis sur le site internet du CNLA (www.claa.mr).

La qualité et la régularité de la diffusion de ces informations a été en progression permanente jusqu’en 2006. Il est à noter que les anciennes données sont moins bien structurées et organisées que les plus récentes. La quantité des détails des archives est

également en nette progression durant la dernière décennie. La gestion et l’analyse de ces données s’est beaucoup améliorée après la mise en œuvre, par la FAO, de la base RAMSES et l’élaboration et la diffusion de la fiche standard de surveillance et de lutte. Parallèlement la pression d'échantillonnage a fluctué et fluctue encore en fonction de la gravité de la situation acridienne, des périodes de rémission étant sous échantillonnées par rapport aux périodes de recrudescence, d'invasion ou de déclin.

1.1.3.2. Caractéristiques, structure et reconditionnement des données